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39. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — [Notice] Maurice de Guérin, 1810-1839. » pp. 598-606

Les oiseaux qui s’aventuraient à voler étaient emportés comme des pailles ; je les voyais, marquant à peine leur faible lutte contre le courant et pouvant tout au plus tenir leurs ailes étendues, s’en aller à la dérive la plus rapide. […] Nous étions témoins de ces luttes étranges, du haut d’une falaise où nous avions peine à tenir contre les furies du vent. […] Je prévoyais bien, quand je mis le pied sur le premier degré de mes tentatives et de mes essais, que je m’estimerais heureux de rencontrer, après avoir tout parcouru, non pas un emplacement de médiocre étendue pour asseoir ma vie et respirer à mon aise, mais un petit trou pour m’y blottir et m’y tenir coi jusqu’à la fin. […] Nous étions postés sur une pointe qui porte une hutte de douanier, et nous nous tenions adossés à la hutte.

40. (1863) Discours choisis ; traduction française par W. Rinn et B. Villefore. Première partie.

si j’avais tenu le même langage au jeune et vertueux P.  […] est-ce en vertu de celui que vous devez tenir ou du sénat, ou du peuple romain ? […] Vous dites que pendant ces années-là vous n’en avez point tenu. […] Ne demandez pas que Verrès tienne toujours la même conduite. […] Sachant qu’on tenait ces discours, voici le parti qu’il prit.

41. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Poètes

Ce faisant, tu tiendras le lieu d’un Aristarque. […] pourquoy me tiens tu ? […] Mais Dieu qui tient en main de tous hommes la vie, Peut il pas empescher qu’elle te soit ravie ? […] Quand il tient une grappe en sa vigne choisie, Dont la couleur combat avec la cramoisie ! […] Mais quels vigoureux coups de rame quand il la tient !

42. (1873) Principes de rhétorique française

Elle tenait dans l’éloquence des anciens une place plus considérable que de nos jours. […] je le tiens ! […] Se tenir en garde contre tout exorde banal, commun, étranger. […] Là surtout, il convient de tenir un milieu entre une prolixité qui engendre la confusion et une brièveté qui supprime des détails indispensables. […] Sachons éviter et l’immobilité qui lient de la stupeur et la mobilité qui tient de la grimace.

43. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Molière. (1622-1673.) » pp. 29-34

Tenez toujours votre chapeau ainsi, lorsque vous servirez. […] Qu’il faut nettoyer mon carrosse, et tenir mes chevaux tout prêts pour conduire à la foire… Maître Jacques. […] Elle tient en effet un balai.

44. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Deuxième partie. Rhétorique. — Chapitre I. — Rhétorique »

  Voilà certes des traits d’éloquence remarquables qui peignent fortement les mouvements de l’âme, et qui en sont comme les éclairs rapides et brûlants ; mais ces lueurs éloquentes qui ont suffi quelquefois pour entraîner tout un peuple, comme le fit Scipion, et pour faire tomber à genoux des assassins, comme le fit Coligny, selon le poète, n’auraient pas suffi à nos grands orateurs, à nos illustres auteurs dramatiques pour émouvoir une assemblée, ou pour tenir, pendant plusieurs heures de suite, tout un auditoire sous le charme. Massillon, par exemple, ébranle puissamment les âmes par l’éloquence continue qui règne dans son admirable sermon Sur le petit nombre des Élus, et Racine est constamment sublime dans sa tragédie inimitable d’Athalie, où la grandeur des pensées et des sentiments, l’intérêt des situations et la majesté du style tiennent constamment les auditeurs dans l’admiration la plus profonde. […] C’est là que doivent tendre tous les efforts, tout le travail des orateurs ; et ceux qui l’ont cultivée avec succès ont toujours tenu Je premier rang parmi leurs concitoyens.

45. (1882) Morceaux choisis des prosateurs et poètes français des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Cours supérieur. Poètes (2e éd.)

Elles tiennent à l’art dramatique et à la pastorale. […] Aussi Corneille tient-il peu de compte de l’unité de lieu. […] Il vous tient sa parole. […] Plus brillant que les tiens ! […] nous autres bourgeois, nous tenons pour l’espèce.

46. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — La Fontaine (1621-1695.) » pp. 194-204

Le lion tint conseil, et dit : « Mes chers amis,     Je crois que le ciel a permis     Pour nos péchés cette infortune. […]   Faute d’assez priser les Grecs et les Romains, On s’égare en voulant tenir d’autres chemins. […] L’auteur commence sur un ton fort imposant, conforme à la grandeur de son sujet ; mais il n’aura garde de s’y tenir : il nous ménage un peu plus loin des contrastes pleins d’intérêt. […] J’ai tenu les exemplaires qu’il en avait ; ils sont notés de sa main à chaque page, et j’ai pris garde que la plupart de ses notes étaient des maximes de morale ou de politique qu’il a semées dans ses fables. » 2.

47. (1866) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de seconde

Durant cette tempête, monsieur le cardinal n’a-t-il pas toujours tenu le gouvernail d’une main et la boussole de l’autre ? […] Miracle de la force de Dieu, qui seul doit tenir lieu aux Juifs de tout autre miracle : Christum crucifixum, Dei virtutem. […] Là, être chrétien, et ne plus tenir à la terre, est la même chose. […] Il me fit appeler ; et, me tendant la main : « Lysimaque, me dit-il, je te rends mon amitié, rends-moi la tienne. […] Elle tient dignement sa place à côté des plus beaux vers du poète525.

48. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre VII. Des différents exercices de composition. »

Dès qu’il la tient, il se croit » trop heureux : Je verrai M. d’Argenson ! […] Pour moi, je ne sais ce que c’est que de manquer à ma parole, et je garde mon sérieux, comptant bien que vous tenez le vôtre : je trouverais fort mauvais qu’il en fût autrement. […] Quelquefois il laisse planer sur le sujet une sorte de mystère, et il tient l’esprit du lecteur enchaîné jusqu’au dénouement. […] Par quels nœuds étonnants, par quels secrets rapports Le corps tient-il à toi comme tu tiens au corps ? […] À quoi cela tient-il ?

49. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Origine et principe des beaux-arts »

Origine et principe des beaux-arts Les arts en général ont été inventés, les uns pour le seul besoin de l’homme ; ce sont les arts mécaniques : les autres pour son plaisir et son utilité tout à la fois ; ce sont les beaux-arts, appelés libéraux, parmi lesquels l’éloquence et la poésie tiennent le premier rang. […] Supposons que ce jardin existant, ou ce jardin possible, offre, dans sa forme, la plus exacte régularité dans ses compartiments, l’arrangement le plus convenable et la plus juste proportion ; dans les ornements dont il est décoré, la plus riche variété : fleurs, fontaines, cascades, allées, berceaux, grottes, cabinets de verdure, sièges de mousse, etc., rien d’agréable n’y manque ; tout y est de la plus grande beauté ; tout s’y réunit pour tenir nos yeux dans une espèce d’enchantement. […] Une campagne aride, hérissée de ronces et d’épines, et un coteau riant, couvert des fruits et de moissons, un reptile qui se traîne dans la fange des marécages, et un aigle qui plane au sommet des airs ; le caractère d’un Néron, l’opprobre du genre humain, et celui d’un Titus, les délices de son peuple ; le caractère du menteur, lâche et impudent, et celui de l’ami ferme et courageux de la vérité, tiennent également à la belle nature, lorsqu’ils sont bien imités, c’est-à-dire, représentés avec tous les traits qui les rendent parfaits chacun dans son espèce.

50. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Pascal. (1623-1662.) » pp. 35-39

Nous ne nous tenons jamais au temps présent. […] Lui seul est son véritable bien ; et depuis qu’il l’a quitté, c’est une chose étrange qu’il n’y a rien dans la nature qui n’ait été capable de lui en tenir la place, astres, ciel, terre, élément, plantes, animaux, insectes, fièvre, peste, guerre, famine, vices4. […] Malgré la vue de toutes nos misères, qui nous touchent, qui nous tiennent à la gorge, nous avons un instinct que nous ne pouvons réprimer, qui nous élève.

51. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Voltaire. (1694-1778.) » pp. 140-145

L’embrasement redoubla avec plus de rage : l’appartement du roi était consumé ; la grande salle où les Suédois se tenaient était remplie d’une fumée affreuse mêlée de tourbillons de feu qui entraient par les portes des appartements voisins ; la moitié du toit était abîmée dans la maison même ; l’autre tombait en dehors en éclatant dans les flammes. […] Les Turcs l’emmenèrent au quartier du bacha ; les uns le tenaient sous les jambes, les autres sous les bras, comme on porte un malade que l’on craint d’incommoder. […] Dès qu’il la tient, il se croit trop heureux. — « Je verrai M. d’Argenson ! 

52. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Voltaire 1694-1778 » pp. 445-463

Au théâtre, il tient sa place au-dessous de Corneille et de Racine dont il continue la tradition, tout en cherchant à introduire sur la scène plus d’action, plus de mouvement, des effets pathétiques, des allusions philosophiques, et le savoir faire d’une industrie timide qui corrige Shakespeare. […] Au bout de quatre-vingts hivers, Dans mon obscurité profonde, Enseveli dans mes déserts, Je me tiens déjà mort au monde. […] Serais-je un esclave échappé Qui tient encore un bout de chaîne ? […] L’antiquité tenait pour axiôme Que rien n’est rien, que de rien ne vient rien. […] Que de fois n’avons-nous pas vu nos fantassins, presque engloutis dans les marais et les fondrières, s’encourager à en sortir, en se disant les uns aux autres les motifs de la marche forcée, motifs que le chef était intéressé à tenir secrets, et que leur perspicacité avait devinés !

53. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre second. De la narration. »

Quoique ses yeux soient couverts d’un bandeau, ses regards pénètrent l’avenir ; quelquefois elle  tient des fleurs naissantes dans la main, quelquefois une  coupe pleine d’une liqueur enchanteresse. […] La précision n’est peut-être pas aussi bien observée, et ce défaut tient au vague que laisse dans l’esprit pendant le cours de la définition 1’incertitude de la chose définie dont le nom est rejeté à la fin. […] Le caractère par lequel un blâme devient donc une satire, s’il ne se tient pas dans la généralité ; le portrait ne peut ainsi dégénérer parce que sa première qualité est la fidélité, et qu’il est impossible de ne pas y reconnaître, quand il est bienfait, la physionomie du personnage dépeint. […] L’arbre tient bon, le roseau plie. […] L’archevêque, en racontant ceci disait : Si j’avais tenu ce maraud-là, je lui  aurais rompu les deux bras et coupé les oreilles.

54. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Massillon, 1663-1742 » pp. 205-215

Si l’on est maître de son sort, c’est la crainte du monde et de ses jugements qui en décide ; en un âge tendre, on regarde comme une loi la volonté de ceux de qui l’on tient la vie ; on n’ose produire des désirs qui contrediraient leurs desseins : on étouffe des répugnances qui deviendraient bientôt des crimes. Des parents barbares et inhumains, pour élever un seul de leurs enfants plus haut que ses ancêtres, et en faire l’idole de leur vanité, ne comptent pour rien de sacrifier tous les autres et de les précipiter dans l’abîme : ils arrachent du monde des enfants à qui l’autorité seule tient lieu d’attrait et de vocation pour la retraite ; ils conduisent à l’autel des victimes qui vont s’y immoler à la cupidité de leurs pères plutôt qu’à la grandeur du Dieu qu’on y adore ; ils donnent à l’Église des ministres que l’Église n’appelle point, et qui n’acceptent le saint ministère que comme un joug odieux qu’une injuste loi leur impose ; enfin, pourvu que ce qui paraît d’une famille éclate, brille et fasse honneur dans le monde, on ne se met point en peine que des ténèbres sacrées cachent les chagrins, les dégoûts, les larmes, le désespoir. […] La puissance de Dieu se fait sentir, en un instant, de l’extrémité du monde à l’autre ; la puissance royale agit, en même temps, dans tout le royaume ; elle tient tout le royaume en état, comme Dieu y tient tout le monde.

55. (1867) Rhétorique nouvelle « Introduction » pp. 2-33

Le père Anthimès les tient du père Macarios qui les tenait du père Nectarios, et ainsi de suite, en remontant jusqu’au père Pansélinos, qui les a inventées. — « Le corps d’un homme a neuf têtes en hauteur : divisez la tête en trois parties : la première pour le front, la seconde pour le nez, la troisième pour la barbe ; faites les cheveux en dehors de la mesure du nez, divisez de nouveau en trois parties la longueur entre le nez et la barbe, etc., etc. » A l’aide de ces principes et d’un compas, on fait un bonhomme, on arrive même par l’habitude à le faire sans compas, mais on ne fait pas une œuvre d’art1. […] Je pense en effet que l’éloquence ne peut s’apprendre, parce qu’elle est un don naturel que ni l’expérience ni l’étude ne sauraient donner, et qui tient à la délicatesse des organes, à la vivacité des impressions et à la facilité de les exprimer par des images sensibles. […] Je crains bien d’avoir fait fausse route en choisissant la profession d’avocat, et il ne tient à rien que je ne jette ma toge aux orties et ma toque par-dessus les moulins.

56. (1883) Morceaux choisis des classiques français (prose et vers). Classe de troisième (nouvelle édition) p. 

La lecture accentuée doit tenir le milieu entre un ânonnement insipide et la déclamation scénique. […] Des suivantes, attachées à leurs pas, d’une main étendaient un parasol au-dessus d’elles, et de l’autre tenaient un pliant. […] si l’on a bien cru que les dieux aient pu tenir les discours que vous leur avez fait tenir, pourquoi ne croira-t-on pas que les bêtes aient parlé de la manière dont je les ai fait parler ? […]     Ne tiens-je pas une lanterne en main ? […] Ne te tiens-tu pas fort de ma poltronnerie ?

57. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Calvin, 1509-1564 » pp. -

Après qu’elle eust ouy fort patiemment la doctrine que je luy proposay, selon que le temps le requeroit, elle dict : « l’heure approche, il fault que je parte du monde ; ceste chair ne demande que de s’en aller en pourriture, mais je me tiens certaine que mon Dieu se tient en son roiaume. […] Il veut dire : « Nous ne tenons pas autrement à la chose en elle-même. » 9.

58. (1883) Poétique et Rhétorique (trad. Ruelle)

Ainsi donc il ne faut pas affecter de s’en tenir de tout point aux fables traditionnelles sur lesquelles il existe déjà des tragédies. […] Ce qui tient à la réalité vaut mieux que ce qui tient à l’opinion. Définition de ce qui tient à l’opinion : c’est ce que l’on ne serait pas disposé à faire si l’action devait rester ignorée. […] Ils s’en prennent surtout à ceux qui tiennent peu de compte de leur mal actuel. […] Par amour-propre, ils ne supportent pas qu’on tienne peu de compte de leur personne, et se fâchent quand ils croient qu’on leur fait tort.

59. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Seconde partie. Moyens de former le style. — Chapitre II. De l’exercice du style ou de la composition » pp. 225-318

Dans sa description, qui est toute d’invention, le poète n’est tenu qu’à la vraisemblance, c’est-à-dire à l’apparence de la vérité. […] La description mixte tient le milieu entre les deux précédentes. […] … Le lion tint conseil, et dit… La fin de l’exposition est indiquée par le changement de temps. […] M. de Turenne revint, et dans l’instant, sans être arrêté, il eut le bras et le corps fracassés du même coup qui emporta le bras et la main qui tenaient le chapeau de Saint-Hilaire. […] La narration mixte, consistant à embellir, à agrandir un fait réel, tient comme on le voit, de la narration historique et de la narration fabuleuse.

60. (1811) Cours complet de rhétorique « Notes. »

Le public a fixé pour toujours le rang que tiendra sur notre Parnasse l’auteur de Warvick et de Mélanie, comme poète dramatique ; et s’il nous était permis d’ajouter une opinion à la décision générale, ce serait celle de M. de La Harpe lui-même, qui se rendait franchement la justice de n’avoir pas contribué, du moins, à la décadence du bel art de la tragédie, parmi nous185. […] Ainsi Coriolan, Philoctète, Icilius (dans Virginie) ont tous avec Warvick, ce trait premier de ressemblance qui tient à l’idée générale du rôle ; et malgré les efforts de l’auteur pour graduer les nuances qui devaient les différencier, tous ces personnages ont un défaut commun, l’exagération du sentiment de l’injure, plus de roideur que de véritable force, et d’âpreté que d’énergie. […] Soit qu’il fût persuadé que l’on ne doit pas plus composer avec le faux goût qu’avec les mauvaises mœurs, soit que le ton dur et tranchant tînt essentiellement à son caractère ou à l’inexpérience de l’âge, il crut qu’il suffisait d’avoir raison, et ne songea qu’à le prouver, insensible d’ailleurs, ou complètement sourd aux clameurs qu’il ne pouvait manquer d’exciter autour de lui. […] Rousseau, quelques traces de ces opinions erronées auxquelles M. de La Harpe ne devait plus tenir, même en les modifiant, dans un ouvrage destiné à faire époque, et où l’on veut trouver des règles générales, et non pas des manières de voir particulières. […] Il eût été seulement à désirer que l’auteur vécût assez pour en voir une seconde édition : il eût sans doute élagué bien des superfluités, donné une juste étendue aux articles faits pour tenir dans son ouvrage un rang distingué, et rédigé le tout sur un meilleur plan.

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