Je vous souhaite un sort qui ne vous force jamais à vous en souvenir. […] À la belle étoile Je me souviens d’avoir passé une nuit délicieuse hors de la ville, dans un chemin qui côtoyait le Rhône ou la Saône ; car je ne me rappelle pas lequel des deux.
Ce prince magnifique et généreux s’étant souvenu un soir qu’il n’avoit rien donné dans la journée, dit cette parole à jamais mémorable : Mes amis, voilà un jour que j’ai perdu.
Ces vers sont prosaïques et manquent d’élégance ; mais voyez comme Racine sait rendre la même pensée : Mon arc, mes javelots, mon char, tout m’importune ; Je ne me souviens plus des leçons de Neptune : Mes seuls gémissements font retentir les bois, Et mes coursiers oisifs ont oublié ma voix. […] Borné dans sa nature, infini dans ses vœux, L’homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux. […] Dans la Mort de Pompée, Cornélie, parlant à César, fait cette belle progression ascendante : De quelque rude coup qu’il (le destin) m’ose avoir frappée, Souviens-toi que je suis veuve du grand Pompée, Fille de Scipion, et, pour dire encor plus. […] Andromaque, captive de Pyrrhus, qui lui offre son trône et sa main, répond : Seigneur, tant de grandeurs ne nous touchent plus guère ; puis elle apostrophe les murailles de sa patrie, auxquelles la rattache son souvenir : Non, vous n’espérez plus de nous revoir encor, Sacrés murs que n’a pu conserver mon Hector !
Le premier, Cantemus Domino, est l’expression la plus sublime de la reconnaissance et de l’admiration des Hébreux, après le passage de la mer Rouge ; l’autre, Audite, cœli quæ loquor, fut prononcé par Moïse, quelque temps avant sa mort, pour graver profondément dans la mémoire du peuple le souvenir des bienfaits dont Dieu l’avait comblé. […] Destinée à exprimer la gaieté et la joie, à récréer l’esprit, à toucher le cœur par de gracieuses images, la chanson, infidèle à sa mission, s’inspire trop souvent de souvenirs dangereux et de peintures licencieuses. C’est pour faire contre-poids à ce désordre qu’elle est quelquefois consacrée aux souvenirs de l’innocence, aux saintes joies de la vertu, aux allégresses d’une bonne conscience. […] La romance, qui tient de l’élégie et de l’ode gracieuse, est une chanson tendre ou plaintive, presque toujours avec refrain, et ayant pour sujet une histoire tragique ou touchante, un regret, une plainte, un souvenir douloureux, une aventure amoureuse.
Que laissent-elles de réel dans votre souvenir ? […] Ils passeront dans nos annales jusqu’à nos derniers neveux ; mais pour vous, ce n’est plus qu’un éclair qui a disparu, et que chaque jour efface même de notre souvenir.
Ordinairement ce qu’il dit échappe à la mémoire, mais n’échappe pas au souvenir ; je veux dire qu’on ne se rappelle pas ses phrases, mais qu’on se souvient du plaisir qu’elles ont fait.
(Argas, poëte obscur, dont le souvenir est conservé dans Athénée et dans une ancienne vie de Démosthène.)
Dans le second cas, il faut stimuler son esprit, en secouer la paresse, creuser ses souvenirs, ses impressions, ses lectures passées, chercher tout ce qui se rattache de près ou de loin au sujet indiqué ; et si l’on y met de la bonne volonté, on ne restera jamais à sec, on sera même étonné de voir le sujet se féconder comme de lui-même. […] Écrire n’est pas créer dans le sens propre du mot ; c’est presque toujours se souvenir, et combiner les idées que l’on a acquises dans la société, dans la lecture, dans l’étude ; il n’y a que les hommes de génie qui créent véritablement, et les hommes de génie sont rares.
Parmi les Françaises illustres dont la postérité se souvient, nulle ne lui est supérieure par l’imagination, la sensibilité, la verve d’une gaieté qui coule de source, la franchise d’un naturel parfait, enfin par les qualités brillantes qui sont l’ornement d’une raison solide. […] Il n’y a point d’endroit, point de lieu, ni dans la maison, ni dans l’église, ni dans ce pays, ni dans ce jardin où je ne vous aie vue ; il n’y en a point qui ne me fasse souvenir de quelque chose, et de quelque façon que ce soit : aussi cela me perce le cœur.
De cette manière, ils auraient sous les yeux, et mieux encore dans leurs souvenirs, un texte modèle où ils puiseraient, pour faire leurs thèmes, des expressions justes, des tournures élégantes, des inversions conformes au génie de la langue latine.
Elle souffre, elle se retire dans quelque petit cabinet, elle meurt de peur de ne plus retrouver sa place ; elle vous attend dans quelque moment perdu pour vous faire au moins souvenir d’elle, et vous dire un mot en passant. « Hélas ! […] Il n’y a personne de nous qui ne se souvienne d’avoir ouï souvent raconter ce gémissement universel à son père ou à son grand-père, et qui n’ait encore le cœur attendri de tout ce qu’il a ouï réciter des bontés de ce grand roi envers son peuple et de l’amour extrême de son peuple envers lui. […] Le prince son époux lui fut ravi, et lui laissa trois princesses, dont les deux qui restent pleurent encore la meilleure mère qui fut jamais et ne trouvent de consolation que dans le souvenir de ses vertus. […] Tous ensemble, en quelque degré de sa confiance qu’il vous ait reçus, environnez ce tombeau ; versez des larmes avec des prières ; et, admirant dans un si grand prince une amitié si commode et un commerce si doux, conservez le souvenir d’un héros dont la bonté avait égalé le courage. […] Vous par qui je te suis, vous en souvient-il bien ?
Je répétais de souvenir, je commentais, j’amplifiais quelque morceau de poésie ou d’éloquence, que je venais de lire en notre langue. […] je m’en souviens ; et, après ce que vous avez entendu, comment osé-je parler ? […] Je crois que je me souviendrai de ses propres termes, tant je les ai relus, et tant ils m’ont fait d’impression. […] De bonne foi, je ne m’en souviens plus. […] Vous vous souvenez bien de ce que je vous ai rapporté tantôt de Cicéron.
Arbace prend le ciel à témoin de son innocence ; il invoque les souvenirs d‘Artaxerce qui connaît son cœur ; il lui adresse les paroles les plus touchantes, mais il ne dit pas un mot qui puisse compromettre son père. […] Le souvenir de la bonté paternelle l’enhardit ; le sentiment de son indigne conduite le décourage. […] La gloire et le souvenir du jeune héros seront la consolation et l’honneur de sa vieillesse. […] Le roi se souviendra qu’il est père et ne s’exposera pas à perdre pour jamais le cœur et l’estime même de son fils. […] Le souvenir de leur désolation au moment de son départ était toujours présent à sa pensée ; sans lui ils n’avaient pas de moyen d’existence ; et ils eussent été réduits à solliciter la commisération publique, s’il ne fût venu à leur secours.
Ce langage muet d’une chose inanimée, qui reproche perpétuellement l’ingratitude, est vif comme le remords, éloquent et profond comme le souvenir. […] L’allusion est un jeu de l’esprit ; au moyen de cette figure les mots dont on se sert pour exprimer une idée réveillent le souvenir d’une idée analogue existant dans les coutumes, les mœurs, le goût, le langage, les faits, etc., etc. […] Elle le remercie malgré nous par un élan de l’avoir faite si noble, puis se repliant sur elle-même, elle garde du mot qu’elle a entendu un souvenir profond que rien n’effacera désormais. […] Qu’on se souvienne donc qu’une épithète qui ne contribue en rien à donner à la pensée plus de force, plus de grâce, plus de mouvement, est un mot parasite. […] La mélancolie se plait à rassembler autour d’elle les images funestes, les tristes souvenirs, les noirs pressentiments.
. — En tout cas, monseigneur, ce renard dont je vous parlais n’était pas, je m’en souviens maintenant, plus gros qu’un mouton. […] Il y a dans ces traits du barbare idéalisé des souvenirs de la Germanie de Tacite, et comme un pressentiment lointain des colères de Rousseau contre la civilisation. […] Qui de nous ne revoit dans ses souvenirs du foyer domestique un de ces vieillards dont la sérénité est souriante et patriarcale ? […] On n’entend dans les funérailles que des paroles d’étonnement de ce que ce mortel est mort ; chacun rappelle en son souvenir depuis quel temps il lui a parlé, et de quoi le défunt l’a entretenu, et tout d’un coup il est mort… Voilà, dit-on, ce que c’est que l’homme, et celui qui le dit, c’est un homme, et cet homme ne s’applique rien ; il dissipe ses noires idées, et je puis dire que les mortels n’ont pas moins de soin d’ensevelir les pensées de la mort que d’enterrer les morts eux-mêmes. » 1.
Une fille, trois fils, ma superbe espérance3, Me furent arrachés dès leur plus tendre enfance : O mon cher Châtillon, tu dois t’en souvenir ! […] , X, 4. — Aujourd’hui même, par un souvenir du vieil usage, nous écrivons j’eus et nous disons j’us ; nous écrivons gageure et nous disons gajure.
Parmi les françaises illustres dont la postérité se souvient, nulle ne lui est supérieure par l’imagination, la sensibilité, la verve d’une gaieté qui coule de source, la franchise d’un naturel ennemi de toute affectation, de toute grimace, enfin par les qualités brillantes qui sont l’ornement d’une raison solide. […] Il n’y a point d’endroit, point de lieu, ni dans la maison, ni dans l’église, ni dans le pays, ni dans le jardin, où je ne vous ai vue ; il n’y en a point qui ne me fasse souvenir de quelque chose ; de quelque manière que ce soit, cela me perce le cœur : je vous vois, vous m’êtes présente ; je pense et repense à tout ; ma tête et mon esprit se creusent ; mais j’ai beau tourner, j’ai beau chercher, cette chère enfant que j’aime avec tant de passion est à deux cents lieues de moi, je ne l’ai plus.
Ils apprennent du fabuliste à reconnaître leurs impressions, à se représenter leurs souvenirs. […] Vieillards enfin, arrivés au terme « du long espoir et des vastes pensées », le fabuliste nous aide à nous souvenir.
C’est pourtant vrai, mais oubliez bien vite que je vous l’ai dit ; ne vous souvenez que d’une chose : Amour, tu perdis Troie, — et passons à l’apostrophe. […] Quoi qu’il en soit, le jeune rhétoricien aura facilement compris, je l’espère, quelles figures doivent principalement fixer son attention, et n’être employées par lui qu’avec un souvenir intelligent des préceptes qui s’y rattachent, la métaphore, l’antithèse, l’hyperbole, la périphrase ; ce ne sont plus là seulement des ornements de style, c’est presque le style tout entier.
Souvenez-vous d’eux, je vous conjure, toute votre vie : souvenez-vous-en le jour d’une bataille, et dans toutes les occasions où il s’agira de faire bien ; et si ce n’est pas assez, de faire mieux que les autres (car il faut porter jusques-là son ambition), dites-vous sans cesse : Je suis devant les yeux de mes ancêtres, ils me voient ; et ne soyez pas après cela digne d’eux si vous le pouvez : ma main tremble en vous écrivant ceci ; mais c’est moins de crainte que de courage. […] Je suis certaine encore que vous ne perdrez jamais le souvenir de ce que vous devez à ceux qui vous ont dirigé dans l’École que vous quittez, et principalement à ce Citoyen vertueuxa que ses grandes qualités ont, pour ainsi dire, associé à l’œuvre immortelle de ce règne.
Souvenirs d’enfance Pourquoi devant mes yeux revenez-vous sans cesse, O jours de mon enfance et de mon allégresse ? Qui donc t’ouvre toujours en nos cœurs presque éteints, O lumineuse fleur1, des souvenirs lointains ?
N’était le souvenir d’un petit nombre d’êtres dont la Providence m’a séparé, et qui me seront éternellement chers, rien ne troublerait la douceur des jours paisibles que je coule ici sans désirs terrestres, sans désirs au moins qui se rapportent à moi. […] Pourtant il me sera doux, aussi, de sortir de cette retraite, quand ce sera pour vous revoir, et madame de Coriolis, et monsieur votre fils, à qui je vous prie de dire combien je suis sensible à leur souvenir.