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2. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Seconde partie. Moyens de former le style. — Chapitre Ier. Des exercices préparatoires à la composition » pp. 209-224

Bossuet étudia les secrets de leur éloquence ; mais il puisa surtout aux sources nouvelles que la religion chrétienne a ouvertes aux lettres. […] Ces différentes sources de l’amplification prennent les noms de définition, d’énumération des parties, de circonstances, de causes et d’effets, de contrastes ou de contraires. Nous dirons quelques mots sur chacune de ces sources. […] En quoi consiste la définition considérée comme source d’amplification ? […] Une source féconde de beaux développements se trouve dans les causes et les effets, c’est-à-dire dans ce qui a produit l’objet ou dans ce qui en est le résultat.

3. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre II. Du Sublime dans les Choses. »

La source la plus féconde d’idées sublimes, dérive de l’action d’un grand pouvoir ou d’une force supérieure : de là, la grandeur des tremblements de terre, des volcans, des grandes conflagrations, de l’Océan soulevé par la tempête, d’un choc quelconque entre les éléments. […] Il a sa source dans certaines opérations de l’esprit humain, dans certaines affections ou actions de nos semblables. […] Un auteur très ingénieux a imaginé que la terreur est la source du sublime, et que les objets, pour avoir ce caractère, doivent produire une impression de douleur et de danger. […] Mais le péril ou la douleur ne saurait être la source unique du sublime.

4. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Massillon, 1663-1742 » pp. 205-215

En un mot, comme la première source de leur autorité vient de nous, les rois n’en doivent faire usage que pour nous… Ce n’est donc pas le souverain, c’est la loi, sire, qui doit régner sur les peuples : vous n’en êtes que le ministre et le premier dépositaire ; c’est elle qui doit régler l’usage de l’autorité, et c’est par elle que l’autorité n’est plus un joug pour les sujets, mais une règle qui les conduit, un secours qui les protége, une vigilance paternelle qui ne s’assure leur soumission que parce qu’elle s’assure leur tendresse. […] Emploi du temps La source de tous les désordres qui règnent parmi les hommes, c’est l’usage injuste du temps. […] Remontons à la source : d’où vient que cet homme est entré dans la robe ? […] C’est que sous les yeux du maître on est plus près de la source des grâces. […] Elle seule est la lumière de notre esprit, la règle de notre cœur, la source des vrais plaisirs, le fondement de nos espérances, la consolation de nos craintes, l’adoucissement de nos maux, le remède de toutes nos peines ; elle seule est la source de la bonne conscience, la terreur de la mauvaise, la peine secrète du vice, la récompense intérieure de la vertu ; elle seule immortalise ceux qui l’ont aimée, illustre les chaînes de ceux qui souffrent pour elle, attire des honneurs publics aux cendres de ses martyrs et de ses défenseurs, et rend respectables l’abjection ou la pauvreté de ceux qui ont tout quitté pour la suivre ; enfin, elle seule inspire des pensées magnanimes, forme des âmes héroïques, des âmes dont le monde n’est pas digne, des sages seuls dignes de ce nom.

5. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Massillon 1643-1743 » pp. 133-138

En un mot, comme la première source de leur autorité vient de nous, les rois n’en doivent faire usage que pour nous… Ce n’est donc pas le souverain, c’est la loi, Sire, qui doit régner sur les peuples : vous n’en êtes que le ministre et le premier dépositaire ; c’est elle qui doit régler l’usage de l’autorité, et c’est par elle que l’autorité n’est plus un joug pour les sujets, mais une règle qui les conduit, un secours qui les protége, une vigilance paternelle qui ne s’assure leur soumission que parce qu’elle s’assure leur tendresse. […] Elle seule est la lumière de notre esprit, la règle de notre cœur, la source des vrais plaisirs, le fondement de nos espérances, la consolation de nos craintes, l’adoucissement de nos maux, le remède de toutes nos peines ; elle seule est la source de la bonne conscience, la terreur de la mauvaise, la peine secrète du vice, la récompense intérieure de la vertu ; elle seule immortalise ceux qui l’ont aimée, illustre les chaînes de ceux qui souffrent pour elle, attire des honneurs publics aux cendres de ses martyrs et de ses défenseurs, et rend respectables l’abjection ou la pauvreté de ceux qui ont tout quitté pour la suivre ; enfin, elle seule inspire des pensées magnanimes, forme des âmes héroïques, des âmes dont le monde n’est pas digne, des sages seuls dignes de ce nom. […] Cette sage uniformité dans la pratique des devoirs, qui paraît si triste aux yeux du monde, est la source de leur joie et de cette égalité d’humeur que rien n’altère.

6. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre V. des topiques ou lieux. — lieux applicables aux parties du sujet  » pp. 64-74

Ces sources épuisées, d’autres se présentent. […] Ceux qui indiquent aux jeunes gens d’autres sources d’invention les abusent, et en voulant donner trop de perfection à la rhétorique, ils en font, en réalité, une étude insignifiante et puérile. » Nous avouons avec Blair, et nous l’avons posé en principe, que la méthode d’invention la plus féconde est l’examen approfondi du sujet ; qu’il y aurait puérilité à multiplier les lieux, à les faire entrer tous, de gré ou de force, dans chaque matière. Nous sommes convaincu que la méditation fait jaillir des sources imprévues et qui seraient restées rebelles à toutes les baguettes divinatoires de la rhétorique. […] Ce penchant infortuné, qui souille tout le cours de la vie des hommes, prend toujours sa source dans les premières mœurs : c’est le premier trait empoisonné qui blesse l’âme ; c’est lui qui efface sa première beauté, et c’est de lui que coulent ensuite tous les autres vices.

7. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre premier. Du Goût. »

Celui dont le goût est sur, ne s’en laisse jamais imposer par des beautés factices ; il a sans cesse devant les yeux la règle invariable du bon sens, qui doit le guider dans tout ce qu’il veut juger ; il apprécie exactement le mérite relatif des diverses beautés que lui offrent les ouvrages du génie ; il les classe avec ordre, assigne, autant qu’il est possible de le faire, les sources d’où elles tirent le pouvoir de nous charmer, et n’en est lui-même touché que précisément autant qu’il le doit être. […] Nous allons interroger maintenant les sources d’où dérivent les plaisirs du goût. […] Il donne à ces plaisirs trois sources principales : la beauté, la grandeur et la nouveauté.

8. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre premier. De l’invention. »

. — Le cœur est la source de nos affections, de nos sentiments. — Le sentiment est le mouvement du cœur qui décide de la convenance des objets, — L’esprit est la source de nos idées. — Le génie est le don exceptionnel qui produit les plus belles idées ; c’est la perfection de l’esprit […] Remarquons encore qu’il faut observer les mœurs d’âge : ceci coule de source. […] 1° Considéré en lui-même, le pathétique ne comprend que deux sentiments principaux : l’amour, source de la tendresse, du respect, de la pitié, de la reconnaissance, de l’orgueil, de l’avarice, etc., etc. ; la haine, mère de la colère, de la vengeance, de indignation, du mépris, etc. […] 2° Considéré dans l’orateur, le pathétique prend ses sources dans une imagination vive et frappée elle-même des grands objets qu’elle veut représenter ; dans la sensibilité naturelle à recevoir les impressions que les passions font sur l’âme, dans un grand discernement à placer les mouvements pathétiques convenablement, c’est-à-dire, dans les sujets qui les comportent.

9. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre premier. Beautés de détail. »

De là ces contrastes nombreux, ces contradictions perpétuelles qui défigurent plus ou moins tout ce qui est de l’homme, et dont Homère et Virgile ne sont pas exempts eux-mêmes, parce que tout ce qui ne porte pas l’empreinte de la vérité première, tout ce qui n’émane pas directement de la source unique du beau, ne saurait l’être ni longtemps, ni constamment. […] La Judée, par exemple, dont il est question ici, ne présente partout qu’un sol aride, coupé de ravins, hérissé de rochers : pendant les chaleurs de l’été, la terre était impitoyablement dévorée de l’ardeur du soleil ; la privation d’eau y était donc le plus grand malheur que l’on eût à redouter, et la découverte d’une source ou d’un peut ruisseau changeait pour un moment la face entière de la nature, et ramenait aux idées douces de plaisir et de bonheur. De là ces allusions si fréquentes, dans les livres saints, à une terre aride et brûlante, où il n’y a point d’eau, pour peindre l’excès du malheur : de là ces métaphores empruntées d’une rosée qui tombe du ciel, d’une source imprévue qui s’échappe du sein d’un rocher, pour décrire le passage du malheur à la prospérité, etc.

10. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Notes pour l’intelligence des exemples cités dans ce second volume. »

C’est au pied de cette montagne que le Rhin prend sa source. […] Charente, rivière de France qui prend sa source près de Rochechouart, sur les confins du Limosin ; traverse l’Angoumois et la Saintonge et se jette dans l’Océan, vis-à-vis l’île d’Oléron. […] Jourdain, fleuve très célèbre d’Asie, dans l’ancienne Palestine (aujourd’hui Sourie) et dont la vraie source est Phiala, auprès du mont Liban. […] Elle prend sa source au pied de l’Apennin du côté de l’Orient, et va se jeter dans la mer Adriatique, ou golfe de Venise. […] Il prend sa source au pied du mont Ida, dans la Troade, province de l’Asie mineure (aujourd’hui Natolie), et se jette dans la mer Égée (aujourd’hui l’Archipel).

11. (1827) Résumé de rhétorique et d’art oratoire

Ainsi la nature est le type suprême et la source du vrai goût. […] Telles sont, suivant, nous, les diverses sources du sublime. […] Mais dès que l’utile n’est plus le but de la nature, la variété devient la source du beau. […] La violation de cette règle est toujours une source de déplaisir et de dégoût pour le lecteur. […] La vraie source du style nerveux ou du style faible est dans la manière de penser d’un auteur.

12. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre II. Études du Prédicateur. »

Dans quelles sources plus abondantes et plus riches peut-il puiser la force et l’onction, la grandeur et l’élévation des idées, la magnificence de l’expression, le pittoresque et l’éclat du style ? […] Voyez quel exorde magnifique Fléchier a su tirer de la rare conformité que lui offraient les livres saints entre le héros des Machabées, et le grand homme (Turenne) qu’il allait célébrer : nous ne taririons pas sur ces exemples, et nous nous sommes arrêtés à quelques-uns des plus marquants, pour convaincre les jeunes orateurs de la nécessité de se familiariser de bonne heure avec ces sources inépuisables de tous les genres de beautés.

13. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre IV. des topiques ou lieux. — lieux applicables a l’ensemble du sujet. » pp. 48-63

Ce sont des sources où l’on peut puiser des arguments pour convaincre, plutôt que des moyens d’arracher en quelque sorte à une idée tout ce qu’elle renferme. […] Toujours est-il que vous avez trouvé une source d’invention dans le lieu étymologie. […] Les définitions données par quelques contemporains des mots république, bourgeoisie, peuple, oisif, capital, propriété, travail, et de tant d’autres, ont été et seront peut-être longtemps encore la source des plus épouvantables catastrophes. […] Vous comprenez aussi que, tout en aidant beaucoup au développement, la définition est en même temps une source d’argumentation dans les sujets qui exigent le raisonnement.

14. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Notes pour l’intelligence des exemples cités dans ce premier volume. » pp. 365-408

Il prend sa source dans la Forêt Noire en Souabe, cercle d’Allemagne ; traverse la Bavière, l’Autriche, la Hongrie, la Servie, la Bulgarie, la Moldavie, et se jette dans la Mer Noire par deux embouchures. […] Nil (le), fleuve qui prend sa source dans l’Abyssinie en Afrique. […] Il prend sa source au pied du mont Saint-Gothard, ou Adula, dans le pays des Grisons ; traverse le lac de Constance ; baigne la partie orientale de l’Alsace ; passe dans les électorats du Palatinat, de Mayence, de Trèves, de Cologne, dans le duché de Clèves, et enfin dans la Gueldre, où il se divise en quatre branches. […] Elle prend sa source dans un endroit nommé le Doui de Seine, c’est à-dire, la source de la Seine, à une lieue et demie du bourg Saint-Seine en Bourgogne ; traverse la Champagne, l’Île-de-France, la Normandie, et se jette dans cette partie de l’Océan qu’on appelle la Manche, près du Hâvre de Grâce, après avoir baigné les murs de Troyes, de Melun, de Paris et de Rouen. […] Tibre, fleuve d’Italie, qui prend sa source dans le mont Apennin et qui, après avoir passé près de Pérouse, d’Orviette, et dans Rome, se jette dans la mer à Ostie.

15. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre IX. De quelques autres figures qui appartiennent plus particulièrement à l’éloquence oratoire. »

Et si tout ce qui passe par tant de canaux, s’altère d’ordinaire, et ne revient jamais à nous comme il a été dit dans sa source ; pourquoi voudriez-vous que les discours qui vous regardent vous seul, fussent exempts de cette destinée, et méritassent plus d’attention et de silence » ? […] Quelque glorieuse que fût la source dont il sortoit, l’hérésie des derniers temps l’avait infectée ; il recevait avec ce beau sang des principes d’erreur et de mensonge et parmi ses exemples domestiques, il trouvait celui d’ignorer et de combattre la vérité ». […] La véhémence qui caractérise Bossuet ainsi que Démosthène, dit encore M. le cardinal Maury, me semble avoir sa principale source dans les interrogations accumulées qui leur sont si familières à l’un et à l’autre.

16. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — J. B. Rousseau. (1671-1741.) » pp. 254-266

Au préjudice de la réputation de Rousseau, qu’on a parfois trop déprimée de nos jours, la poésie lyrique devait trouver, vers la fin du dernier siècle et au commencement du nôtre, une source nouvelle d’inspirations touchantes et sublimes1. […] J’irai puiser sur ta trace Dans les sources de ta grâce : Et, de ses eaux abreuvé, Ma gloire fera connaître Que le Dieu qui m’a fait naître Est le Dieu qui m’a sauvé. […] Les Parques, Némésis, Cerbère, Phlégéthon, Et l’inflexible Hécate, et l’horrible Alecton3 Sur un autel sanglant l’affreux bûcher s’allume : La foudre dévorante aussitôt le consume ; Mille noires vapeurs obscurcissent le jour ; Les astres de la nuit interrompent leur course ; Les fleuves étonnés remontent vers leur source ; Et Pluton même tremble en son obscur séjour1.

17. (1886) Recueil des sujets de composition française donnés à la Sorbonne aux examens du baccalauréat ès lettres (première partie), de 1881 à 1885

C’est enfin pendant les guerres Médiques qu’on voit éclore deux genres nouveaux et qui devaient être la source de tant de chefs-d’œuvre : le genre lyrique et le genre dramatique. […] Pour l’une comme pour l’autre, il ne propose pas d’autre modèle, d’autre source de sujets que l’antiquité grecque. […] C’est principalement à la source latine qu’il puisa, dans l’antiquité. […] Voyons la part qu’il faut faire à ces critiques, et en indiquant les sources auxquelles il a puisé, cherchons à déterminer ce qui lui revient en propre. […] Si à ces trois pièces, imitées directement du théâtre grec, l’on ajoute Mithridate (1673) qui fut conçue en partie d’après Plutarque, nous avons énuméré toutes les tragédies que Racine a puisées à la source grecque.

18. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre premier. Division générale. »

L’étude la rend plus vive en l’appliquant à la contemplation des beautés de la nature et de l’art ; elle se fixe et se pose des règles ; alors le goût la dirige, et elle devient, pour un esprit cultivé, la source de douces jouissances. […] C’est le beau absolu, c’est la perfection, en un mot, c’est Dieu même, source première de toute poésie. […]Source du beau.

19. (1825) Rhétorique française, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes pp. -433

Elle trace la méthode, et l’éloquence la suit ; l’une indique les sources, et l’autre y va puiser. […] C’est ce qu’Aristote a très-bien remarqué, et il en a conclu que l’orateur doit tirer ses moyens de persuasion des trois sources que nous venons d’indiquer. […] Ils appelaient ces sources lieux d’argumens, loci argumentorum. […] Ceux-là sont les sources des preuves ; ceux-ci en sont le développement, l’ornement, en un mot l’amplification. […] La sympathie est la première et la principale source des sentimens moraux.

20. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre IV. Beautés morales et philosophiques. »

Ici, la morale est puisée à sa véritable source ; et le suprême législateur qui en donne des leçons si précieuses, par l’organe des écrivains sacrés, n’a pas voulu le bonheur seulement de telle ou telle peuplade en particulier, mais il embrasse l’univers dans l’immensité de son amour, comme il le créa et le protège par l’immensité de sa puissance. […] ) Personne n’admire plus que nous la riche profusion des allégories morales répandues dans Homère ; mais nous n’en sommes pas moins persuadés qu’une religion toute idéale, comme celle des Grecs et des Romains ; qu’une religion qui dit tout à l’esprit, sans presque jamais parler au cœur, ne peut offrir qu’un système de morale très incomplet ; et nous admettrons toujours une prodigieuse différence entre la vérité symbolique qui a tant de voiles à percer pour arriver jusqu’à nous, et la vérité première, qui s’élance de sa source avec la rapidité, et frappe avec l’éclat de la lumière. […] On verse quelques pleurs, suivis d’un prompt oubli : Le corps né de la fange y rentre enseveli ; Et l’esprit, remonté vers sa source divine, Va chercher son arrêt où fut son origine. […] Il fallait sans doute condamner l’avarice, qui tarit dans sa source la prospérité publique ; mais il fallait prescrire un autre cours à l’opulence, et c’est ce que va faire une philosophie bien supérieure à celle d’Horace.

21. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « Introduction » pp. -

Si le tudesque put se retremper à sa source, lorsque Charlemagne choisit Aix-la-Chapelle pour sa résidence, le démembrement de son empire rendit la prééminence à l’idiome roman, comme le prouvent les serments prêtés par Louis le Germanique en 842, et par Rollon qui, en 911, à Saint-Clair-sur-Epte, jurant fidélité à Charles le Simple, fut accueilli par un éclat de rire, lorsqu’il prononça, dans son jargon maternel, la formule consacrée, (By got). […] On dirait qu’avant de se raviver aux sources antiques, l’esprit humain hésite, et se tient en suspens. […] Si l’Italie fut, elle aussi, en proie aux luttes intestines, elle avait du moins le privilège d’être voisine des sources sacrées. […] Les romans de la Table-Ronde, qui commencèrent à être populaires surtout dans la seconde moitié du xiiie  siècle, n’appartenaient pas aux sources germaines, devenues françaises et chrétiennes.

22. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Bossuet 1627-1704 » pp. 65-83

Écolier extraordinaire, il allait d’instinct vers les intelligences royales, vers les plus divins des poëtes : Homère et Virgile furent ses maîtres, avant le jour où, dans la Bible, il reconnut le livre par excellence, la source même de son propre génie. […] Le néant des grandeurs Comme les fleuves, quelque inégalité qu’il y ait dans leur course, sont en cela tous égaux, qu’ils viennent d’une source petite, de quelque rocher, ou de quelque motte de terre, et qu’ils perdent tous leurs eaux dans l’Océan ; là on ne distingue plus ni le Rhin, ni le Danube dans les petites rivières et les plus inconnues ; ainsi les hommes commencent de même, et après avoir achevé leur course, après avoir fait, comme des fleuves, un peu plus de bruit les uns que les autres, ils sont tous enfin confondus dans ce gouffre infime de la mort et du néant, où l’on ne trouve plus ni César, ni Alexandre, ni tous ces grands noms qui nous étonnent, mais la corruption et les vers, la cendre et la poussière qui nous égalent1. […] Le coup est lâché ; l’enfer n’est pas loin de toi ; ses ardeurs éternelles nous touchent de près, puisque nous en avons en nous-mêmes et en nos propres péchés la source féconde. […] Heureuse au fond des bois la source pauvre et pure Heureux le sort caché dans une vie obscure !

23. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Racine 1639-1699 » pp. 415-440

Le premier comprend les sujets puisés aux sources grecques : (Andromaque 1667, Iphigénie 1674, Phèdre 1677.) […] Tout ce que vous voyez conspire à vos désirs : Vos jours toujours sereins coulent dans les plaisirs1 ; L’empire en est pour vous l’inépuisable source ; Ou, si quelque chagrin en interrompt la course, Tout l’univers, soigneux de les entretenir2, S’empresse à l’effacer de votre souvenir. […] Cette clarté est Dieu, source de toute lumière pour les intelligences et les cœurs. […] Les belles actions s’y font aisément, doucement, par nature ; le personnage ne s’exalte pas : la générosité coule de son cœur comme d’une source abondante et ouverte.

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