Il faut essayer de connaître celui qui nous est naturel, n’en point sortir, et le perfectionner autant qu’il nous est possible. […] Ils les changent et les corrompent, quand ils sortent de l’enfance ; ils croient qu’ils peuvent imiter ce qu’ils voient faire aux autres : or il y a toujours quelque chose d’incertain et de faux dans toute imitation1 ; chacun veut alors être un autre, et n’être pas ce qu’il est ; ils cherchent une contenance hors d’eux-mêmes, et un autre esprit que le leur2.
Là, je rassemblerais une société plus choisie que nombreuse d’amis3aimant le plaisir, et s’y connaissant, de femmes qui pussent sortir de leur fauteuil et se prêter aux jeux champêtres, prendre quelquefois, au lieu de la navette et des cartes, la ligne, les gluaux, le râteau des faneuses et le panier des vendangeurs4. […] Vous ne devez point vous estimer malheureux de vivre comme fait monsieur votre père2, et il n’y a point de sort que le travail, la vigilance, l’innocence et le contentement de soi ne rendent supportable, quand on s’y soumet en vue de remplir son devoir. […] Je vous souhaite un sort qui ne vous force jamais à vous en souvenir.
Puissent-ils vous réserver un sort pareil à celui que vous avez fait subir à vos généraux ! […] Au moment où nous en sortirons, sans que les rangs soient reformés, et en présentant un front très étroit, ce qui est la disposition la plus faible, la cavalerie ennemie nombreuse et en bon ordre se précipitera sur nous. […] Qui de nous doit s’attendre au sort le meilleur ? […] » À ces mots, son fils et quelques amis sortirent, en versant des pleurs. […] Avant la publication de ton arrêt, je n’ignorais pas que je devais mourir : n’est-ce pas le sort qui attend tous les humains ?
En effet, il est plus pénible peut-être de rentrer dans le devoir que de n’en pas sortir. […] je meurs content, et mon sort est rempli. […] Les figures de pensées, pour être belles, doivent sortir naturellement du sujet, et se présenter d’elles-mêmes, sans recherche et sans effort. […] C’est l’endroit du récit où l’on déclare le sort des personnages et le résultat des événements qui précèdent. […] Le dénouement a lieu lorsqu’un événement particulier met fin à l’action et fait connaître le sort des principaux personnages.
Horace, voulant représenter cette même pensée dans un autre endroit de ses ouvrages, s’est servi d’un autre tour qui n’est ni moins riche ni moins élégant que le précédent : Omnes eòdem cogimur ; omnium Versatur urnâ, seriùs, ociùs, Sors exitura, et nos in æternum Exilium impositura cymbæ. […] novi fluctus, de nouveaux troubles ; referent te, vont-ils te replonger ; in mare, dans les horreurs d’où tu sors à peine ? […] De la bonté des dieux c’est un gage fidèle ; C’est là qu’est renfermé le sort du genre humain : Nous serons tous des dieux… Elle l’ouvre ; et soudain Tous les fléaux ensemble inondent la nature. […] Noble et brillant anneau de la chaîne inégale Qui du néant à l’être embrasse l’intervalle, De l’ange et de l’insecte il partage le sort. […] Mais, quand nous trouverons dans Fléchier des soupirs contagieux qui sortent du sein d’un mourant, pour faire mourir ceux qui vivent ; quand il nous dira d’une grande princesse, qu’elle fut admirée dans un âge où les autres ne sont pas encore connues ; qu’elle eut de la sagesse, dans un temps où l’on n’a presque pas encore de la raison ; qu’on lui confia les secrets les plus importants, dès qu’elle fut en âge de les entendre ; que son naturel heureux lui tint lieu d’expérience, et qu’elle fut capable de donner des conseils, dans un temps où les autres le sont à peine d’en recevoir, etc. ; qui ne voit dans tous ces exemples la vérité sacrifiée à la démangeaison de faire contraster les mots ?
Ce n’est pas qu’il faille toujours choisir ses termes au point de paraître affecté et ridicule ; on sortirait par-là du naturel ; le mot propre vaut souvent mieux que les expressions détournées. […] Le poète peint ainsi le monstre qui sort de la mer : Sa croupe se recourbe en replis tortueux. […] Sortons, je veux aller quérir la justice, et faire donner la question à toute ma maison : à servante, à valets, à fils, à fille, et à moi aussi. […] je meurs content, et mon sort est rempli ! […] Gardons-nous du pédantisme en tous genres, mais ne sortons pas du bon goût, et ne frondons pas à plaisir les règles reçues !
Ce n’est pas que quelques étincelles de cette céleste lumière ne sortent par intervalles des écrits des philosophes anciens : mais ce ne sont que des lueurs fugitives, qui éclairent un moment, pour replonger bientôt le malheureux qui les suit dans les horreurs de ténèbres inexplicables. […] 179Le sage et l’imprudent, et le faible et le fort, Tous sont précipités dans les mêmes abîmes : Le cœur juste et sans fiel, le cœur pétri de crimes, Tous sont également les vains jouets du sort. […] le sophiste déclamera longuement des lieux communs, rebattus cent fois, sur le sort de l’habitant des campagnes, sur les charmes de la nature : il analysera les sensations qu’elle donne, et prodiguera les définitions, les descriptions, etc. ; ce qui est beaucoup plus facile, que de faire passer dans les autres le sentiment profond de la reconnaissance que le spectacle de la nature inspire pour son auteur. […] Sa fortune est durable autant que légitime, Elle passe aux neveux du fortuné vieillard ; Tandis que les enfants du crime et du hasard, Ces hommes sans pitié que les pleurs endurcissent, Et que les maux publics en un jour enrichissent, Dépouillés tout à coup d’un éclat passager, Ne sortent du néant que pour s’y replonger.
Je descends dans la ville, où je n’ai pas couché deux nuits, que je ressemble à ceux qui l’habitent : j’en veux sortir. […] Commence-t-il à chanceler dans le poste où on l’avait mis, tout le monde passe facilement à un autre avis ; en est-il entièrement déchu, les machines qui l’avaient guindé si haut, par l’applaudissement et les éloges, sont encore toutes dressées pour le faire tomber dans le dernier mépris ; je veux dire qu’il n’y en a point qui le dédaignent mieux, qui le blâment plus aigrement, et qui en disent plus de mal, que ceux qui s’étaient comme dévoués à la fureur1 d’en dire du bien2 Pamphile ou le vaniteux Un Pamphile est plein de lui-même, ne se perd pas de vue, ne sort point de l’idée de sa grandeur, de ses alliances, de sa charge, de sa dignité : il ramasse, pour ainsi dire, toutes ses pièces, s’en enveloppe3 pour se faire valoir ; il dit : Mon ordre, mon cordon bleu 4 ; il l’étale ou il le cache par ostentation : un Pamphile, en un mot, veut être grand ; il croit l’être, il ne l’est pas, il est d’après un grand1 Si quelquefois il sourit à un homme du dernier ordre, à un homme d’esprit, il choisit son temps si juste qu’il n’est jamais pris sur le fait ; aussi la rougeur lui monterait-elle au visage s’il était malheureusement surpris dans la moindre familiarité avec quelqu’un qui n’est ni opulent, ni puissant, ni ami d’un ministre, ni son allié, ni son domestique2 Il est sévère et inexorable à qui n’a point encore fait sa fortune : il vous aperçoit un jour dans une galerie, et il vous fuit ; et le lendemain, s’il vous trouve en un endroit moins public, ou, s’il est public, en la compagnie d’un grand, il vient à vous, et il vous dit : Vous ne faisiez pas hier semblant de nous voir. […] Je reviens avant le temps qu’ils m’ont marqué, et ils me disent que vous êtes sorti. […] Phédon, enrichi par un coup du sort, fait comme le trafiquant de la Fontaine : il attribue ses succès à son mérite, à son industrie ; et si ses compagnons d’hier continuent leur misère, c’est leur faute : ils sont paresseux ou sots ; voilà pourquoi ils ne réussissent pas.
Qui dira le sentiment qu’on éprouve en entrant dans ces forêts aussi vieilles que le monde, et qui seules donnent une idée de la création telle qu’elle sortit de la main de Dieu ? […] Un petit nombre de fermes délabrées se montrent sur la nudité des champs ; les fenêtres et les portes en sont fermées ; il n’en sort ni fumée, ni bruit, ni habitants. […] Le soleil, qui se couchait, versait des fleuves d’or par toutes ces galeries où roulait jadis le torrent des peuples ; de fortes ombres sortaient en même temps de l’enfoncement des loges et des corridors, ou tombaient sur la terre en larges bandes noires. […] Le fleuve cependant poursuit sa course immense : Tantôt, roulant ses flots dans un profond silence, Réfléchit, doucement agité par les vents, Les arbres, les rochers, les nuages errants ; Tantôt entre deux monts précipitant ses ondes, Fait éclater sa voix sous leurs voûtes profondes, Sort, d’écume, de fange et de débris couvert, De ses flots débordés inonde le désert, Arrose cent climats peuplés ou solitaires ; Et, portant dans ses eaux cent fleuves tributaires, Vers l’Océan jaloux, s’avance avec fierté, Ose du Dieu surpris braver la majesté ; Et, du flux impuissant brisant les faibles chaînes, Semble entrer en vainqueur dans ses vastes domaines.
Sortez pour un moment de cette enceinte, et transportez-vous au théâtre : figurez-vous le héraut s’avançant et faisant la proclamation du décret. […] Il assemble autour de la tribune les ombres de ces infortunés citoyens ; il les place entre le peuple et Démosthène : il l’investit de ces mânes vengeurs, et en forme autour de lui un rempart dont il semble lui défendre de sortir. […] Il courut, la bourse à la main, après Eschine, au moment où il sortait d’Athènes, et le força d’accepter un secours inespéré et une consolation solide.
On dirait de ces caricatures où le dessinateur termine une tête gigantesque par un corps et des jambes de nain, ou encore de ces plantes exotiques dans lesquelles la nature, paraissant oublier ses lois, fait sortir d’un tronc grêle et fragile des branches interminables et des appendices monstrueux. […] « Dans le discours, dit Pascal, il ne faut point détourner l’esprit d’une chose à une autre, si ce n’est pour le délasser, mais dans le temps où cela est à propos et non autrement ; car qui veut délasser hors de propos, lassc. » Que vos digressions sortent naturellement du fond même de l’écrit et semblent lui être nécessaires ; que jamais elles ne fassent naître dans l’esprit une série d’idées étrangères, à plus forte raison, d’idées contraires au sujet ; enfin qu’elles soient placées au lieu qui leur convient le mieux, qui les appelle en quelque sorte ; qu’elles se rattachent à ce qui précède et ramènent ce qui doit suivre par des transitions faciles et naturelles. […] « Or, je vous demande, et je vous le demande frappé de terreur, ne séparant pas en ce point mon sort du vôtre, et me mettant dans la même disposition où je souhaite que vous entriez ; je vous demande donc : si Jésus-Christ paraissait dans ce temple, au milieu de celle assemblée, la plus auguste de l’univers, pour vous juger, pour faire le terrible discernement des boues et des brebis, croyez-vous que le plus grand nombre de tout ce que nous sommes ici fût placé à la droite ?
Les mots terminés par t, d, c, ne riment bien qu’avec des mots terminés par une de ces lettres ; ainsi, les rimes suivantes sont vicieuses : tyran, courant ; sort, cor ; sang, puissant ; long, salon ; mais on peut faire rimer ensemble les mots suivants : flanc, franc, banc, rang, sang. […] J’eus un frère, seigneur, illustre et généreux, Digne par sa valeur du sort le plus heureux. […] Exemple : C’est promettre beaucoup ; mais qu’en sort-il souvent ?
Sûr désormais de tenir la vérité, il force à dessein ses couleurs, il sent qu’il triomphe, que la conscience de l’homme s’émeut, que la vérité va sortir de sa bouche. […] je meurs content et mon sort est rempli. […] Le peuple dit d’un homme qui sort du bagne qu’il a eu des malheurs.
Raisonner, c’est faire sortir de propositions connues une proposition nouvelle. […] Veut-il prouver qu’il ne faut pas prendre au hasard les magistrats ; autant vaudrait tirer au sort les athlètes pour le combat, le pilote pour le gouvernail. […] — Les preuves ou manières d’établir la vérité de la proposition avancée doivent sortir du sujet même : la meilleure manière de les couver est la méditation sérieuse du sujet. […] Va-t’en, monstre exécrable ; Va, laisse-moi le soin de mon sort déplorable. […] je meurs content et mon sort est rempli.
Admoneri se etiam ab infimæ sortis hominibus æquo animo ferebat. […] Erat res spectaculo digna, et æstimatione sortis humanæ, rerum varietate, miranda, in exiguo latentem videre navigio, quem paulo ante vix æquor omne capiebat ; carentem etiam omni servorum ministerio, cujus exercitus propter multitudinem terris graves erant.
De sa fermentation bruyante et féconde il est sorti un ensemble d’idées politiques, sociales et religieuses qui ont attendu plus d’un siècle pour germer et se développer, et une langue qui a attendu deux siècles pour qu’on lui rendit pleine justice. […] De là sort le vieil proverbe : Une foy, une loy, un roy. […] Le matin ils nous laissèrent sortir, ayants bordé toute la rue de gens armez. […] Ceux que l’on avoit jetés dedans ont été bien aises que le roi leur ait permis d’en sortir, et ont quitté avec joie ces bastions qu’ils avoient élevés, et sous lesquels il sembloit qu’ils se voulussent enterrer. […] Sophocle, toutefois, ne l’a pas observée dans son Ajax, qui sort du théâtre afin de chercher un lieu écarté pour se tuer.
Lorsque Voltaire a dit : Du devoir il est beau de ne jamais sortir, Mais plus beau d’y rentrer avec le repentir, il a exprimé une pensée vraie dans le premier vers, tandis que celle du second est évidemment fausse. […] La pensée est hardie lorsqu’elle présente les objets avec des tours ou des traits frappants, des expressions ou des couleurs extraordinaires, qui paraissent sortir de la règle. […] La mort en mille éclats en sort avec furie. […] Tout sentiment doit être vrai, c’est-à-dire n’être ni contrefait, ni affecté, mais sortir du cœur. […] Reboul a eu tort de dire : Cependant le soleil se montre à l’horizon, Mais triste comme un roi que l’on sort de prison, parce que le verbe sortir n’est pas actif.
Quelle Jérusalem nouvelle Sort du fond des déserts brillante de clartés, Et porte sur son front une marque immortelle ? […] Nous verrons plus loin que c’est du dithyrambe que sortit chez les Grecs l’art dramatique.
Puisque l’âme est immortelle, puisque c’est un ridicule pour le vrai philosophe, et un blasphème pour le chrétien que d’en douter, il n’est pas moins certain qu’un sort quelconque attend dans l’avenir cette âme, quand elle aura brisé les liens qui l’arrêtent ici-bas : l’un est une conséquence indispensable de l’autre. […] » Ô vous, qui croyez être un amas de boue, sortez donc du monde, où vous vous trouvez seul de votre avis ; allez donc chercher dans une autre terre des hommes d’une autre espèce, et semblables à la bête ; ou plutôt, ayez horreur de vous-même, de vous trouver comme seul dans l’univers, de vous révolter contre toute la nature, de désavouer votre propre cœur ; et reconnaissez, dans un sentiment commun à tous les hommes, l’impression commune de l’auteur qui les a tous formés ». […] Il sort de ses yeux mourans je ne sais quoi de sombre et de farouche qui exprime les fureurs de son âme ; il pousse, du fond de sa tristesse, des paroles entrecoupées de sanglots, qu’on n’entend qu’à demi, et qu’on ne sait si c’est le désespoir ou le repentir qui les a formées ; il jette sur un Dieu crucifié des regards affreux, et qui laissent douter si c’est la crainte ou l’espérance, la haine ou l’amour qu’ils expriment : il entre dans des saisissements ou l’on ignore si c’est le corps qui se dissout, ou l’âme qui sent l’approche de son juge : il soupire profondément, et l’on ne sait si c’est le souvenir de ses crimes qui lui arrache ces soupirs, ou le désespoir de quitter la vie.
Quelle ressource, quel espoir, quelle consolation nous resterait-il contre les rigueurs du sort, et contre les injustices des hommes ? […] que le sort dont j’ai joui n’est-il connu de tout l’univers ! […] La justice sortira de la foule, et le tribunal de Dieu s’y dressera vengeur en face de Westminster outragé. […] Le bonheur entre et sort. […] Je ne demandais pour moi qu’une vie innocente et tranquille, exempte du vice, de la douleur, des pénibles besoins, la mort des justes et leur sort dans l’avenir.
Notre sort est beaucoup plus rude Chez les grands que chez les petits5. […] dis-moi quel est leur sort ? […] J’ai du bien2, je suis jeune, et sors d’une maison Qui se peut dire noble avec quelque raison ; Et je crois, par le rang que me donne ma race, Qu’il est fort peu d’emplois dont je ne sois en passe3 : Pour le cœur4, dont surtout nous devons faire cas, On sait, sans vanité, que je n’en manque pas ; Et l’on m’a vu pousser, dans le monde, une affaire5 D’une assez vigoureuse et gaillarde manière. […] Jamais on ne le voit sortir du grand seigneur1 ; Dans le brillant commerce il se mêle sans cesse, Et ne cite jamais que duc, prince ou princesse.
Dès lors, ces grands débats fixèrent sur l’assemblée les regards de l’Europe incertaine, qui voyait son sort présent et ses destinées futures entre les mains de deux orateurs, dont l’un dirigeait à son gré l’opinion publique, et dont l’autre s’efforçait en vain de la ramener à des idées plus saines, à des principes plus judicieux. […] Tels sont, en effet, le caractère et le sort de cette portion de l’art oratoire, qu’il lui faut de grandes passions à émouvoir, de grands intérêts à démêler, pour qu’elle brille de tout son éclat, pour qu’elle déploie toute son énergie.