« Connaître, a dit madame de Staël, sert beaucoup pour inventer. » Et Buffon : « L’esprit humain ne produit qu’après avoir été fécondé par l’expérience et la méditation ; ses connaissances sont les germes de ses productions. » Une nouvelle science acquise est une somme de pensées ajoutées à celles que l’on possédait déjà. […] Que l’élève, de son côté, s’exerce à analyser, c’est-à-dire à ressaisir, par la décomposition, les sentences capitales, les idées mères, et à les dégager successivement de tout ce qui ne sert qu’à les développer et à les embellir. […] Encore quelques avis sur ces travaux préparatoires qui servent d’exercice au jeune écrivain et remplissent ce que l’on nomme dans les colléges l’année de rhétorique. […] « Le côté du style (le crayon des anciens) qui sert à effacer est plus grand que celui qui sert à écrire, major styli pars quæ delet quam quæ scribit, » dit saint Jérôme.
La première des fables de Lafontaine va nous servir d’exemple de la disposition régulière d’une narration. […] On doit prendre garde dans l’exorde 1° de se servir de pensées peu saillantes et dépourvues de mœurs ; 2° de dire des choses inutiles qui font perdre le temps ; 3° de parler de choses étrangères au sujet ou à la situation. […] Celles-ci servent beaucoup aux causes criminelles ; elles inspirent les questions du juge, de sorte que l’accusé, s’en trouvant accablé, est forcé de faire des aveux. […] Les preuves faibles sont la plupart étrangères au sujet ; s’en servir, ce serait faire soupçonner que l’on manque de preuves fortes et conciliantes. […] 6° Il met chacun à sa place les matériaux qui doivent servir à chaque partie du palais. — C’est l’ordre de la disposition.
L’orateur s’en sert lorsqu’il veut développer une vérité, la rendre plus claire et plus sensible en l’assimilant à une autre. […] L’un fait servir ses devoirs à ses projets ; l’autre, sans être distrait par ses projets, n’envisage que son devoir. […] Saint Louis a été un grand saint, parce qu’étant né roi, il a fait servir sa dignité à sa sainteté : première partie. Saint Louis a été un grand roi, parce qu’il a su, en devenant saint, faire servir sa sainteté à sa dignité : deuxième partie. […] C’est le corps qui parle au corps ; tous les mouvements, tous les signes concourent et servent également.
. — Défauts et qualités de la phrase Nous venons de passer en revue les différentes constructions des phrases, et nous avons pu remarquer comment l’écrivain peut s’en servir pour exprimer à son gré ses pensées. […] Section II. — Pureté La Pureté consiste en général à parler purement sa langue et à ne se servir que des locutions autorisées par l’usage ou par la grammaire. […] C’est une créature qui renonce à son être pour n’exister que par la volonté d’un autre, qui sait même la prévenir ; qui, par la promptitude et la précision de ses mouvements, l’exprime et l’exécute ; qui sent autant qu’on le désire, et ne rend qu’autant qu’on veut ; qui, se livrant, sans réserve, ne se refuse à rien, sert de toutes ses forces, il s’excède, et même meurt pour mieux obéir. […] On fait un barbarisme de mot, lorsqu’on se sert d’un mot étranger à la langue qu’on parle, ou complètement estropié. […] Cicéron veut que le style coupé soit parsemé de phrases périodiques qui lui servent d’appui.
On s’en sert pour peindre un objet, non tel qu’il est, mais tel qu’il devrait être, ou pour mieux faire comprendre la différence qui existe entre deux idées. […] La Bruyère se sert ingénieusement de ce moyen pour nous faire connaître la différence Qui existe entre la Personne à la mode et la Personne de mérite. […] La Vanité et la Sagesse humaines La faute que nous faisons n’est pas de nous servir de ces noms, c’est de les appliquer à des objets trop indignes. […] On se sert quelquefois du mot regret dans le même sens pour signifier un chagrin causé par la perte d’une personne aimée, etc. […] On se sert du mot de répugnance pour les choses.
Elle porta simplement une haute fortune, et s’en servit pour faire le bien, surtout lorsqu’elle fonda Saint-Cyr (1685), création qui suffirait à honorer à jamais son nom. […] Si la prière et le recueillement manquent, toute la régularité extérieure, même la plus édifiante, ne servira de rien ; c’est un corps sans âme. […] Vous êtes assurément très-désagréable à Dieu ; voyez son exemple ; vous savez l’Évangile par cœur ; à quoi vous serviront tant d’instructions, si vous vous perdez comme Lucifer ? […] Non, vous ne serez jamais contente, ma chère fille, qu’au jour où vous aimerez Dieu de tout votre cœur ; je ne vous parle pas ainsi à cause de la profession où vous êtes engagée ; Salomon nous a dit, il y a longtemps, qu’après avoir cherché, trouvé et goûté de tous les plaisirs, il confessait que tout n’est que vanité et affliction d’esprit, hors aimer Dieu et le servir.
Ainsi, l’on dit servitus pour servi, custodia pour custodes. […] pierre qui sert de borne. […] Metuebant eum servi, verebantur liberi. […] Les premiers hommes, n’ayant point d’armes, se servaient de leurs poings. […] La tige servait d’instrument pour châtier les enfants. — Fustis était un bâton pour frapper.
mais, tandis que les autres plaisirs ne sont ni de tous les temps, ni de tous les âges, ni de tous les lieux, les lettres, dit Cicéron, servent d’aliment à l’adolescence, et à la vieillesse d’agréable passe-temps ; elles ajoutent aux douceurs de la prospérité, et offrent dans l’infortune un refuge et une consolation ; enfin, elles prêtent aux diverses situations de la vie de l’agrément et des charmes. […] Quant aux auteurs qui nous ont servi de guides, ils sont nombreux et d’un grand poids. […] D’illustres princes de l’Église n’ont pas dédaigné d’applaudir à nos efforts ; de nous féliciter d’avoir publié ce travail consciencieux, qui non seulement ne contient rien de contraire aux principes de la saine doctrine en ce qui concerne la foi et les bonnes mœurs, mais encore est très propre à éclairer l’esprit des jeunes humanistes, à épurer leur goût et à orner leur cœur, et qui mérite une place distinguée parmi les livres classiques édités de nos jours ; de nous louer d’avoir mis de la netteté dans notre plan, de la clarté dans notre méthode, de la justesse dans nos définitions, et surtout d’avoir rattaché à notre enseignement les modèles si parfaits qu’offrent les poètes bibliques et liturgiques, trop indignement méconnus ; de nous permettre de compter sur leurs plus favorables dispositions à l’égard de nos travaux, et sur la reconnaissance de tous les amis des lettres, mais surtout des lettres chrétiennes ; d’apprécier toute l’importance de notre œuvre, et d’appeler sur elle les bénédictions les plus abondantes ; enfin, de nous exhorter à servir la cause des bonnes-lettres avec un zèle qui ne se ralentisse jamais.
combien d’animaux paisibles et tranquilles, qui ne servent qu’à nourrir d’autres animaux ! […] Combien de chevaux, qu’on emploie a tant d’ouvrages, et qu’on abandonne quand ils ne servent plus ! […] Si un excellent ouvrier a fait quelque rare machine, aucun ne peut s’en servir que par les lumières qu’il donne. […] Que vous servirait, Sire, d’être redouté et victorieux au dehors, si vous êtes au dedans vaincu et captif ? […] Leur vie est si précieuse à l’État, que leur mort est une perte publique, et le regret universel pourrait servir de consolation particulière.
Sire, Pénétré de servir, depuis neuf ans, sans espérance, dans les emplois subalternes de la guerre, avec une faible santé, je me mets aux pieds de Votre Majesté, et la supplie très-humblement de me faire passer du service des armées, où j’ai le malheur d’être inutile, à celui des affaires étrangères, où mon application peut me rendre plus propre. […] Et qui doit, en effet, servir Votre Majesté avec plus de zèle qu’un gentilhomme qui, n’étant pas né à la cour, n’a rien à espérer que de son maître et de ses services ? […] M. le duc de Biron, sous qui j’ai l’honneur de servir, pourra faire connaître ma naissance et ma conduite à Votre Majesté, lorsqu’elle le lui ordonnera ; et j’espère qu’elle ne trouvera rien, dans l’une ni dans l’autre, qui puisse me fermer l’entrée de ses grâces2. […] Je ne vous dis pas à quel point j’aurais été flatté d’être compté parmi ceux qui serviront la province dans ces circonstances ; je crois que vous ne doutez pas de mes sentiments.
L’orateur s’en sert, lorsqu’il veut développer une vérité, la rendre plus claire et plus sensible, et la mettre à la portée des esprits les plus ordinaires. […] Voici une autre imitation qui peut bien servir de modèle, quoiqu’elle ne soit pas aussi adroitement déguisée que la première. […] Se sert-elle de moyens injustes et violents ? […] La beauté du style ne sert qu’à les faire valoir davantage ; et l’auditeur, dont l’oreille et l’imagination sont agréablement flattées, n’en est que mieux disposé à suivre et à goûter les raisonnements de l’orateur. […] Ainsi puisse-t-il toujours vous être un cher entretien : ainsi puissiez-vous profiter de ses vertus ; et que sa mort, que vous déplorez, vous serve à la fois de consolation et d’exemple.
Souvent on se sert de l’infinitif, lorsqu’il s’agit d’exprimer une action prompte et subite. […] Pour bien faire comprendre en quoi consiste cet exercice, nous citerons quelques sujets qui pourront servir de texte de développements, et qui pourront donner une juste idée de l’importance de la dissertation. […] Madame de Sévigné nous sert encore d’exemple. […] La lettre de madame de Scudéry au comte de Bussy, quoique brève, peut nous servir de modèle. […] abusez, dit-il ; je voudrais être à lui, s’il va en ambassade : je ne demande rien, je le servirai à tout ce qu’il voudra ; je suis diligent, je suis bon garçon, je suis de fatigue ; enfin donnez-moi une lettre pour lui.
Tibulle, Ovide et Properce la réduisirent à peu près aux seuls intérêts de l’amour : elle servit à exprimer ses plaintes et ses succès. […] La poésie dramatique elle-même nous offre des pièces élégiaques, par exemple, le monologue si beau et si touchant gui sert de début à l’Andromaque d’Euripide. […] Le dithyrambe sert à exprimer avec impétuosité les sentiments actuels d’une passion ardente, comme la joie, l’indignation. […] Chez nous, la chanson de Roland a servi jusqu’à la bataille de Poitiers, à animer le soldat dans le combat. […] D’après certains auteurs, la mythologie sert à répandre de l’agrément dans ces sortes de poésies.
Par là, vous ne vous inspirez que de vous, et quand vous passez ensuite aux autres, ils ne servent plus qu’à amplifier ou corriger votre pensée native ; celle-ci reste vôtre, au milieu des transformations que ce second travail peut lui faire subir. […] Dans l’exemple cité, vous comprenez quel parti vous pourrez tirer du mot république (res publica) ; « c’est la chose publique, le bien de tous, l’intérêt commun… Ce n’est pas sans motif que les anciens, si prudents et si ingénieux, ont voulu que ce nom servît à désigner une forme particulière de gouvernement, exclusivement à toute autre… c’était donc la seule où se rencontrât le bien commun, la chose de tous, etc… » Il en est de même des mots humanités au second chapitre de ce livre, philosophie, amour-propre, religion, etc. […] C’est un corps animé d’une infinité de passions différentes qu’un homme habile fait mouvoir pour la défense de la patrie ; c’est une troupe d’hommes armés qui suivent aveuglément les ordres d’un chef dont ils ne savent pas les intentions ; c’est une multitude d’âmes pour la plupart viles et mercenaires, qui, sans songer à leur propre réputation, travaillent à celle des rois et des conquérants ; c’est un assemblage confus de libertins qu’il faut assujettir à l’obéissance, de lâches qu’il faut mener au combat, de téméraires qu’il faut retenir, d’impatients qu’il faut accoutumer à la confiance. » Vous pressentez la conclusion, et vous voyez comment la définition de l’idée armée sert de développement à cette proposition : le commandement est chose difficile. […] C’est ainsi qu’Eudore, dans les Martyrs de M. de Chateaubriand, décrit la Rome des Empereurs : « Analyse : Que de fois j’ai visité ces thermes ornés de bibliothèques, ces palais, les uns déjà croulants, les autres à moitié démolis pour servir à construire d’autres édifices ! […] Dans les compositions qui lui servent d’exercice, qu’il songe moins à ajouter des idées à la matière donnée, pour peu que cette matière soit bien faite, qu’à développer par l’analyse celles qui y sont contenues ; que, sans tomber dans la prolixité et la redondance, il poursuive chacune d’elles dans ses derniers résultats, et ne l’abandonne qu’après l’avoir forcée de rendre, pour ainsi dire, tout ce qu’elle contient.
« Je ne puis, Messieurs, vous donner une plus haute idée du triste sujet dont je viens vous entretenir, qu’en recueillant ces termes nobles et expressifs dont l’Écriture se sert pour louer la vie et déplorer la mort du sage et vaillant Macchabée. Cet homme qui portait la gloire de sa nation jusqu’aux extrémités de la terre, qui couvrait son camp d’un bouclier, et forçait celui des ennemis avec l’épée ; qui donnait à des rois ligués contre lui des déplaisirs mortels, et réjouissait Jacob par ses vertus et par ses exploits, dont la mémoire doit être éternelle ; cet homme qui défendait les villes de Juda, qui domptait l’orgueil des enfants d’Ammon et d’Esaü, qui revenait chargé des dépouilles de Samarie, après avoir brûlé sur leurs propres autels les dieux des nations étrangères ; cet bomme que Dieu avait mis autour d’Israël comme un mur d’airain où se brisèrent tant de fois toutes les forces de l’Asie ; et qui, après avoir défait de nombreuses armées, déconcerté les plus forts et les plus habiles généraux des rois de Syrie, venait tous les ans, comme le moindre des Israélites, réparer avec ses mains triomphantes les ruines du sanctuaire, et ne voulait d’autre récompense des services qu’il rendait à sa patrie, que l’honneur de l’avoir servie ; ce vaillant homme, poussant enfin avec un courage invincible les ennemis qu’il avait réduits à une fuite honteuse, reçut le coup mortel, et demeura comme enseveli dans son triomphe. […] Son ombre eût pu encore gagner des batailles : et voilà que dans son silence son nom même nous anime ; et ensemble il nous avertit que, pour trouver à la mort quelque reste de nos travaux, et n’arriver pas sans ressource à notre éternelle demeure, avec le roi de la terre il faut encore servir le roi du ciel.” « Servez donc ce roi immortel et si plein de miséricorde, qui vous comptera un soupir et un verre d’eau donné en son nom, plus que tous les autres ne feront jamais tout votre sang répandu ; et commencez à compter le temps de vos utiles services du jour que vous vous serez donnés à un maître si bienfaisant. […] Ainsi, puissiez-vous profiter de ses vertus, et que sa mort, que vous déplorez, vous serve à la fois de consolation et d’exemple !
Qui veut s’en servir, et ne connaît pas à fond son sujet, ou ne possède pas une érudition vaste et variée, est semblable à celui qui sait les lettres, mais ne sait pas les réunir en mots. […] » L’idée, — les soldats français sont braves, — servira à la fois de développement et de preuve à celle-ci : tous les Français sont braves. […] La différence est qu’il sert plutôt à prouver, et le conséquent à développer ; celui-ci est plutôt le post hoc, celui-là le propter hoc. […] Combien ces accessoires ne servent-ils pas à l’éclaircir en même temps qu’à la développer !
L’homme peut donc non-seulement faire servir à ses besoins tous les individus de l’univers, mais, avec le temps, changer, modifier et perfectionner les espèces : c’est le plus beau droit qu’il ait sur la nature. […] L’homme Tout marque dans l’homme, même à l’extérieur, sa supériorité sur tous les êtres vivants ; il se soutient droit et élevé, son attitude est celle du commandement, sa tête regarde le ciel1 et présente une face auguste2 sur laquelle est imprimé le caractère de sa dignité ; l’image de l’âme y est peinte par la physionomie ; l’excellence de sa nature perce à travers les organes matériels, et anime d’un feu divin3 les traits de son visage ; son port majestueux, sa démarche ferme et hardie, annoncent sa noblesse et son rang4 ; il ne touche à la terre que par ses extrémités les plus éloignées, il ne la voit que de loin5, et semble la dédaigner ; les bras ne lui sont pas donnés pour servir de piliers d’appui à la masse de son corps ; sa main ne doit pas fouler la terre, et perdre par des frottements réitérés la finesse du toucher dont elle est le principal organe ; le bras et la main sont faits pour servir à des usages plus nobles, pour exécuter les ordres de la volonté, pour saisir les choses éloignées, pour écarter les obstacles, pour prévenir les rencontres et le choc de ce qui pourrait nuire, pour embrasser et retenir ce qui peut plaire, pour le mettre à portée des autres sens. […] Il serait superflu de vous raconter comme il sait ménager les éléments, après tant de sortes de miracles qu’il fait faire tous les jours aux plus intraitables, je veux dire au feu et à l’eau, ces deux grands ennemis, qui s’accordent néanmoins à nous servir dans des opérations si utiles et si nécessaires.
La vraie et la fausse éloquence Il y a une faiseuse de bouquets et une tourneuse de périodes, je ne l’ose nommer éloquence, qui est toute peinte et toute dorée1 ; qui semble toujours sortir d’une boîte2 ; qui n’a soin que de s’ajuster, et ne songe qu’à faire la belle : qui, par conséquent, est plus propre pour les fêtes que pour les combats, et plaît davantage qu’elle ne sert, quoique néanmoins il y ait des fêtes dont elle déshonorerait la solennité, et des personnes à qui elle ne donnerait point de plaisir. […] Il disait qu’en vain on députait des ambassadeurs pour résister à Démosthène, aux assemblées où il se trouvait, vu qu’ils n’y pouvaient servir leurs maîtres qu’en s’accommodant à ses opinions ; que la valeur pouvait combattre la force, et avoir l’avantage sur le nombre ; mais qu’il était également impossible au nombre, à la force et à la valeur d’ériger de trophée contre l’éloquence de Démosthène. […] Serve, forme latine. Nous dirions : elle se sert.
Lorsque l’omelette qu’on me faisait fut en état de m’être servie, je m’assis tout seul à une table. […] J’en ordonnai une seconde, qui fut faite si promptement, qu’on la servit comme nous achevions, ou plutôt comme il achevait de manger la première. […] Je m’en sentais offensé, et je dis fièrement à Corcuélo : « Apportez-nous votre truite, et ne vous embarrassez2 pas du reste. » L’hôte, qui ne demandait pas mieux, se mit à nous l’apprêter, et ne tarda guère à nous la servir.
Songez qu’ils ne doivent servir qu’à votre récréation, et non pas à faire votre véritable étude. […] Quant à votre épigramme2, je voudrais que vous ne l’eussiez point faite ; outre qu’elle est assez médiocre, je ne saurais trop vous recommander de ne vous point laisser aller à la tentation de faire des vers français, qui ne serviraient qu’à vous dissiper l’esprit ; surtout il n’en faut faire contre personne. […] Despréaux a un talent qui lui est particulier, et qui ne doit point vous servir d’exemple, ni à vous ni à qui que ce soit.
Le critique même le plus ingénieux s’expose au piquant reproche de Molière : Il prend soin d’y servir des mets fort délicats ; Oui, mais je voudrais bien qu’il ne s’y servît pas. […] Il aima la force, non par le besoin qu’en a la faiblesse, mais par le goût qu’elle inspire à l’habileté qui sait la comprendre et s’en servir. Il s’associa aux divers pouvoirs, mais il ne s’attacha point à eux ; les servit, mais sans se dévouer. […] Il s’entretenait sans aucune gêne des gouvernements qu’il avait servis et quittés. […] Rarement on trouve des hauteurs assez élevées au-dessus des autres coteaux pour servir de point d’observation et commander le pays.
(Qui ne vous sert bien, on vous trahit = l’homme qui ne vous sert point vous trahit.) […] s’il y a une braveté laquelle nous soit instrument pour nous servira licence de mœurs ? […] Peusse ie ne me servir que de ceulx qui servent aux haies à Paris ! […] Soyez resolus de ne servir plus ; et vous voylà libres. […] Mais, lui dit le malade, ai-je toute la force nécessaire pour m’en servir ?