Saint-Marc Girardin a dit : « Le portrait du riche et du pauvre, de La Bruyère, est encore de mise de nos jours, comme il le sera de tout temps. […] L’enrichi n’est pas le riche, et l’homme ruiné n’est pas le pauvre. Phédon, devenu millionnaire, a bien “l’ample mouchoir” de Giton, et “le fauteuil où il s’enfonce en croisant les jambes l’une sur l’autre” ; mais, s’il prend la plupart des vices et des ridicules du riche, il ne perd pas aussitôt ceux du pauvre, ce qui fait qu’il est un parvenu au lieu d’être un riche. Il n’y a qu’une chose qu’il oublie de la meilleure foi du monde : ce sont ses plaintes d’hier sur la condition que la société fait aux pauvres, sur l’injustice et la dureté des riches. […] Giton a aujourd’hui l’égoïsme du pauvre, comme il avait autrefois l’égoïsme du riche.
Les rimes, considérées quant à leur richesse, sont pauvres, suffisantes, riches ou superflues. […] Les rimes riches ou pleines sont celles où le son consonnant est précédé de la même articulation, comme dans captif et rétif, consumer et rimer, mesure et césure. On voit pourquoi ces rimes sont appelées riches : c’est qu’elles embrassent la syllabe consonante tout entière, indépendamment de la syllabe muette qui la suit dans les vers féminins. […] On ne doit ni les rechercher ni les fuir ; mais c’est dans la catégorie des rimes riches et des rimes suffisantes que les poètes doivent constamment chercher leurs fins de vers. […] Il faut que celles-ci soient toujours nobles, riches, douces, gracieuses, agréables, selon la diversité des sujets, et qu’elles n’aient jamais rien de commun ni de trivial.
Mais il n’y a plus de ces choses-là dans le monde : les riches mêmes sont vagabonds3 comme les autres. […] Riche ou pauvre, qu’il donne ou qu’il reçoive, il se prépare un tombeau où nul n’accusera son passage d’avoir été un malheur. […] Là où la vie publique est établie, tout homme riche est patricien, ou peut le devenir.
J’ai vu les riches cités de l’Angleterre. […] Un homme riche et généreux se charge d’un jeune orphelin, nommé Joseph. […] Un jeune homme riche et sans occupation s’ennuyait mortellement. […] Grâce à cette somme, le marchand rétablit complètement ses affaires, et se trouva riche. […] Il adresse à ce riche efféminé et fastueux de vifs reproches.
C’était surtout vers la fin du jour qu’ils développaient toute leur beauté en se réunissant au couchant, où ils se revêtaient des plus riches couleurs, et se combinaient sous les formes les plus magnifiques. […] Tous ces objet n’étaient point revêtus de ces riches teintes de pourpre, de jaune doré, de nacarat1, d’émeraudes, si communes le soir dans les couchants de ces parages ; ce paysage n’était point un tableau colorié : c’était une simple estampe, où se réunissaient tous les accords de la lumière et des ombres. […] La vue de mon pays, de ce pays si chéri, où des torrents de plaisirs avaient inondé mon cœur, l’air des Alpes, si salutaire et si pur : le doux air de la patrie, plus suave que les parfums de l’Orient ; cette terre riche et fertile, ce paysage unique, le plus beau dont l’œil humain fût jamais frappé ; ce séjour charmant auquel je n’avais rien trouvé d’égal dans le tour du monde ; l’aspect d’un peuple heureux et libre ; la douceur de la saison, la sérénité du climat ; mille souvenirs délicieux qui réveillaient tous les sentiments que j’avais goûtés ; tout cela me jetait dans des transports que je ne puis décrire, et semblait me rendre à la fois la jouissance de ma vie entière. »
Là pourrait se terminer la narration, et on ne doit regarder ce qui suit que comme un détail riche, que comporte l’oraison funèbre et le genre historique, mais qui serait superflu dans toute autre narration. […] … — De la terre étrangère, Seul dans ta nuit, et pâle de frayeur, S’en revenait un riche voyageur. […] Rimes riches. — La rime riche est celle qui commence au moins à la pénultième dans le vers masculin, et à l’anté-pénultième dans le vers féminin. […] Alors une rime sera riche si les lettres qui servent d’appui à la voyelle sont semblables dans les deux vers correspondants : Stu-peur, va-peur, cou-rage, rage.
Quel avantage n’aura-t-il pas lorsqu’il lui faudra décrire un beau lever ou un magnifique coucher du soleil, une redoutable tempête, une belle campagne couverte de riches moissons, ou une vallée riante située au milieu des Alpes ? […] Exemple : Les rois sont les sujets de la mort ; les riches, les pauvres lui doivent payer le même tribut ; donc tous les hommes sont les sujets de la mort. […] Rousseau a si bien exprimé dans ces deux vers : Le riche et l’indigent, l’imprudent et le sage, Sujets à même loi subissent même sort. […] Sachez, monsieur, que tant va la cruche à l’eau qu’enfin elle se brise ; et, comme dit fort bien cet auteur que je ne connais pas, l’homme est, en ce monde, ainsi que l’oiseau sur la branche ; la branche est attachée à l’arbre ; qui s’attache à l’arbre suit de bons préceptes ; les bons préceptes valent mieux que les belles paroles ; les belles paroles se trouvent à la cour ; à la cour sont les courtisans : les courtisans suivent la mode ; la mode vient de la fantaisie ; la fantaisie est une faculté de l’Âme : l’âme est ce qui nous donne la vie ; la vie finit par la mort ; la mort nous fait passer au ciel ; le ciel est au-dessus de la terre ; la terre n’est point la mer ; sa mer est sujette aux orages ; les orages tourmentent les vaisseaux ; les vaisseaux ont besoin d’un bon pilote ; un bon pilote a île la prudence ; la prudence n’est pas dans les jeunes gens ; les jeunes gens doivent obéissance aux vieux ; les vieux aiment les richesses ; les richesses font les riches ; les riches ne sont pas pauvres ; les pauvres ont de la nécessité ; la nécessité n’a point de loi ; qui n’a pas de loi vil en bête brute ; et, par conséquent, vous serez damné à tous les diables. […] « Ce riche est bien heureux, ses enfants lui sourient !
Il a de grands biens, il est riche. […] Fortuné, signifie qui est heureux ou qui procure le bonheur ; il ne signifie pas riche.
Voyez de quel secours les Pères et l’Ecriture ont été, par exemple, à Bossuet, le plus original assurément de tous les orateurs de la chaire et le plus riche de son propre fond ! […] Vous vous hasardez à mériter le reproche adressé par Boileau à ces poëtes riches d’imagination, mais pauvres d’études préliminaires, Dont le feu, dépourvu de sens et de lecture, S’éteint à chaque pas, faute de nourriture. […] On l’emploie, parce que de tous les modes de développement, celui-ci est de l’application la plus fréquente et de la plus riche fécondité, ou plutôt parce qu’il les résume tous en lui seul. […] « Sans doute, dit-il, celui qui se borne à dire qu’une ville a été prise embrasse dans ce seul mot toutes les horreurs que comporte un pareil sort ; mais il ne remue pas les entrailles, et a l’air d’annoncer purement et simplement une nouvelle : mais développez tout ce qui est renfermé dans ce mot, alors on verra les flammes qui dévorent les maisons et les temples ; alors on entendra le fracas des toits qui s’abîment, et une immense clameur formée de mille clameurs ; on verra les uns fuir à l’aventure, les autres étreindre leurs parents dans un dernier embrassement ; d’un côté, des femmes et des enfants qui gémissent, et de l’autre, des vieillards qui maudissent le sort qui a prolongé leur vie jusqu’à ce jour ; puis, le pillage des choses profanes et sacrées, les soldats courant en tout sens pour emporter ou pour chercher leur proie, chacun des voleurs poussant devant soi des troupeaux de prisonniers chargés de chaînes, des mères s’efforçant de retenir leurs enfants, enfin les vainqueurs eux-mêmes se battant entre eux à la moindre apparence d’un plus riche butin.
Amyot 1513-1593 [Notice] Né à Melun, de parents très-pauvres, qui, chaque semaine, lui envoyaient son pain au collége de Montaigu, où il fut réduit à servir de domestique à de riches écoliers, et à travailler, dit-on, la nuit, à la lueur de charbons embrasés, Amyot devint maître ès-arts à l’âge de dix-neuf ans, et dut à la protection de Jacques Colin, lecteur du roi, une chaire de grec à l’université de Bourges. […] Traducteur de génie, il fit une riche moisson sur le sol qu’avaient défriché les érudits de la Renaissance. […] Un sage Les riches crierent et se courroucerent contre Lycurgus1, jusques à ce que, voyant qu’ilz se ruoient tous ensemble contre luy, il fut contrainet de s’en fouir2 de la place.
« Le riche et le pauvre s’avancent d’un pas égal vers les sombres demeures de la mort ». […] Cette figure, qui est la plus riche de toutes, doit son origine à notre disposition habituelle de rapporter nos affections morales à nos impressions physiques, et à faire servir les unes à fortifier l’expression des autres. […] Ajoutez à ce mérite du fonds des choses, celui d’un langage toujours noble dans sa belle simplicité, et riche encore, après avoir passé à travers deux ou trois traductions différentes, qui ont nécessairement affaibli le caractère de l’expression originale. […] Nos plus riches trésors marcheront devant nous. […] Dans la Guerre des Dieux anciens et modernes, poème, où la poésie la plus riche et les détails du style le plus heureusement poétique, sont prodigués sur un fonds que réprouvent également la morale et le goût.
Il fait en sorte que les expressions soient toujours nobles, riches, naïves, douces, gracieuses, agréables, selon la diversité des sujets, et qu’elles n’aient jamais rien de commun ni de trivial. […] Quand la rime n’a rien de plus que les sons essentiels, on l’appelle suffisante, régulière ou commune ; elle est riche ou heureuse lorsqu’elle offre une grande conformité de sons ou d’articulations. Plus la ressemblance est grande, plus la rime est parfaite : ainsi le mot plaideur qui forme une rime suffisante avec pêcheur, formera une rime riche avec laideur. […] Que faut-il pour que la rime soit riche ou heureuse ? La rime est riche lorsqu’elle présente à la fin de deux vers deux ou trois sons semblables, comme préférer, différer, charitable, profitable, carrière, arrière, impétueux, tortueux.
La pièce de vers suivante, intitulée la Prière, se fait remarquer par une multitude de pensées brillantes et riches. […] » 16° Pensées magnifiques Si la pensée grande est revêtue d’expressions riches, pompeuses, poétiques, elle s’appellera alors pensée magnifique. […] Rousseau, dans une pièce de vers intitulée Aveuglement des hommes, demande aux riches de la terre à quoi leur serviront leurs richesses, lorsque la mort viendra les frapper : Que deviendront alors, répondez, grands du monde, Que deviendront ces biens où votre espoir se fonde, Et dont vous étalez l’orgueilleuse moisson ? […] L’admirable fiction du dieu Qui d’aiguillons pressait leurs flancs poudreux est toute poétique et atteste combien l’imagination de Racine était plus riche que celle de Pradon.
Non, non ; tout doit franchir ce terrible passage6 : Le riche et l’indigent, l’imprudent et le sage, Sujets à même loi, subissent même sort1. […] Dans la même faiblesse ils traînent leur enfance ; Et le riche et le pauvre, et le faible et le fort Vont tous également des douleurs à la mort. […] Personne, on l’a déclaré avec raison, n’a su tirer un parti plus riche et des accords plus harmonieux de ces petits vers si aisés en apparence et cependant si difficiles à bien faire.
Il est reconnu que toutes les langues, même les plus riches, manquent quelquefois des termes nécessaires pour représenter chaque idée particulière Lorsqu’une idée nouvelle demande à être exprimée, on emprunte à tort le mot propre de l’idée qui a le plus de rapport avec ce que l’on veut représenter. […] C’est la plus variée dans ses formes, et la plus riche : on images et eu beautés ; elle est faite pour plaire à. l’esprit et nous faire connaître les objets avec les qualités qui leur appartiennent et les circonstances qui s’y rattachent ; elle rappelle les événements passés et nous les place sous les yeux comme s’ils s’accomplissaient au moment où nous les lisons ; elle nous fait partager toutes les sensations que les écrivains ou leurs héros ont éprouvées eux-mêmes. […] Riches voluptueux, assis à des tables chargées des mets les plus délicats, ces Lazares qui vous importunent de loin par leurs cris ne vous demandent que les miettes qui tombent de vos tables. […] J’ajoute à ces tableaux la peinture effroyable De leur concorde impie, affreuse, inexorable, Funeste aux gens de bien, aux riches, au sénat, Et, pour tout dire enfin, de leur triumvirat. […] C’est loi qui, me flattant d’une vengeance aisée, M as vingt fois en un jour à moi-même opposée ; Tantôt pour un enfant excitant mes remords, Tantôt m’éblouissant de tes riches trésors, Que j’ai craint de livrer aux flammes, au pillage.
Nul ne prend plus d’intérêt que lui à tout ce qu’il raconte ; et la race humaine n’est pas le seul objet sur lequel il épanche le riche fonds de sa bienveillance : les animaux sont pour lui des hôtes de cette terre, auxquels il n’est pas étranger. […] Elle est ancienne ; l’animal ne faisait que passer ; il n’a point eu l’intention de mal faire ; s’il a pris, au moins il a pris aux riches. — Il sera curieux de voir la confession de l’âne, dans Gueroult : c’est de beaucoup la meilleure partie de sa fable : Quelque temps fut que j’étais en servage Sous un marchand qui bien se nourrissait, Et au rebours pauvrement me pansait, Combien qu’il eût de moi grand avantage. […] Outre le mérite de l’exécution, qui dans son genre est aussi parfaite que celle du Chêne et du Roseau, cette fable a l’avantage d’un fonds beaucoup plus riche et plus étendu ; et les applications morales en sont bien autrement importantes.
Pour forcer ta prison tu fais de vains efforts : La rage de tes flots expire sur tes bords1… La voix de l’univers à ce Dieu me rappelle, La terre le publie. « Est-ce moi, me dit-elle, Est-ce moi qui produis mes riches ornements ? […] Que d’ouvrages parfaits, Que de riches présents t’annoncent sa puissance ! […] est-ce un riche vallon ?
Si j’étais riche Si j’étais riche, je n’irais pas me bâtir une ville en campagne, et mettre au fond d’une province les Tuileries devant mon appartement. […] Prière Les riches et les puissants croient qu’on est misérable et hors du monde, quand on ne vit pas comme eux ; mais ce sont eux qui, vivant loin de la nature, vivent hors du monde.
Je vois les jardins du riche, je vois les moissons dorées ; mais ma route à moi est tracée par les soucis dévorants. […] O Dieu riche, tu ne m’as pas pourtant privé de toute joie ; une douce consolation se répand pour tout le monde du haut des cieux. […] Je lis ailleurs cette belle page du grand poëte sur le curé de campagne : « Il a dans ses attributions les fautes, les repentirs, les misères, les nécessités, les indigences de l’humanité ; il doit avoir le cœur riche et débordant de tolérance, de miséricorde, de mansuétude, de compassion, de charité et de pardons ! […] Il ne doit y avoir devant lui, comme devant Dieu, ni riche, ni pauvre, ni petit, ni grand, mais des hommes, c’est-à-dire des frères en misères et en espérances.
On dit que ce luxe sert à nourrir les pauvres aux dépens des riches ; comme si les pauvres ne pouvaient pas gagner leur vie plus utilement, en multipliant les fruits de la terre, sans amollir les riches par des raffinements de volupté… « Qui remédiera à ces maux ? […] Celui qui est fort riche, mais qui ne possède pas le bonheur, est supérieur à l’homme heureux, seulement en deux points : celui-ci est au-dessus du riche, pour plusieurs raisons. […] Aujourd’hui, tu es si heureux, si riche, que les vainqueurs sont jaloux du bonheur du vaincu. […] C’est pour lui que je viens près des vaisseaux des Grecs, afin de le racheter, et je t’apporte de riches présents. […] — Pyrrhus ne devinant pas encore où Cinéas voulait en venir : « la Sicile, dit-il, est tout près ; c’est une île riche, remplie d’une population considérable : elle nous tend les bras.
Etait-il riche ou pauvre ? […] vivrais-je comme je vis, si j’étais riche ? […] Il n’est point aussi riche qu’il le dit, mais il veut paraître tel. […] En un mot, le riche et le pauvre, dans l’ordre de la Providence, sont le contraire de nos idées : le riche en est le ministre, le pauvre en est le bien-aimé ; le riche a ses ordres, et le pauvre a ses droits, l’un pour donner, l’autre pour recevoir. […] Vous êtes riche ?
N° 59. — Le Riche et le Pauvre. […] Cette description sous forme d’apostrophes à l’Océan, est riche en détails de tout genre. […] Auffrédi, riche marchand armateur de la Rochelle au commencement du XIIIe siècle, avait expédié dix navires dans le Levant. […] Auffrédi devient plus riche qu’auparavant ; avec ses bénéfices immenses il fonda à la Rochelle l’hôpital qui porte son nom. […] Le pays n’est pas riche, donnez peu.