Sa tête regarde le ciel, et présente une face auguste sur laquelle est imprimé le caractère de sa dignité : l’image de l’âme y est peinte par la physionomie ; l’excellence de sa nature perce à travers les organes matériels, et anime d’un feu divin les traits de son visage. […] « Le juste regarde sa vie, tantôt comme la fumée qui s’élève, qui s’affaiblit en s’élevant, qui s’exhale et s’évanouit dans les airs ; tantôt comme l’ombre qui s’étend, se rétrécit, se dissipe : sombre, vide et disparaissante figure » !
Cependant les aberrations même de ces écrivains prouvent qu’ils ne regardent pas le choix du sujet comme indifférent. […] Francis Wey, a consacré plus de soixante pages de son livre aux préceptes sur le choix du sujet, et ce n’est pas trop, si l’on admet cet axiome que je regarde comme fondamental en rhétorique : Autant vaut le sujet, autant vaut le style.
Prophétie du dieu de seine Stances 1630 Va-t’en1 à la malheure2, excrément de la terre3, Monstre qui dans la paix fais les maux de la guerre, Et dont l’orgueil ne connaît point de lois ; En quelque haut dessein que ton esprit s’égare, Tes jours sont à leur fin, ta chute se prépare, Regarde-moi pour la dernière fois. […] Allez, fléaux de France, et les pestes du monde ; Jamais un seul de vous ne reverra mon onde : Regardez-la pour la dernière fois.
On l’appelle encore Pallas, et on la regarde aussi comme la déesse de la guerre. […] Momus, fils du Sommeil et de la Nuit, et regardé par les poètes comme le Dieu de la raillerie, parce qu’il ne s’occupait qu’à examiner et à critiquer les actions des Dieux et des hommes. […] Mais il eut la douleur de la perdre une seconde fois, n’ayant pas rempli la condition qui lui avait été imposée, de ne pas tourner la tête pour la regarder jusqu’à ce qu’il fût arrivé sur la terre. […] De toutes ses campagnes, la dernière est regardée par les gens du métier comme son chef-d’œuvre. […] C’est lui qui a fait le fameux port de Dunkerque, regardé comme son chef-d’œuvre et celui de l’art.
Sur un nuage ardent, au sommet de ces tours, Regarde : c’est Pallas, dont la main homicide Agite dans les airs l’étincelante égide ; Jupiter même aux Grecs souffle un feu belliqueux ; Excite les mortels et soulève les dieux. […] La biche le regarde ; elle pleure et supplie ; Sa bruyère l’attend ; ses faons sont nouveau-nés ; Il se baisse, il l’égorge, il jette à la curée Sur les chiens en sueur son cœur encor vivant. […] On l’a regardé comme un homme incapable de céder à l’ennemi, de plier sous le nombre ou sous les obstacles ; comme une âme du premier ordre, pleine de ressources et de lumières, qui voyait encore où personne ne voyait plus. […] Plus on avance vers ce moment fatal où tout cet amas sordide doit disparaître et nous être enlevé, plus on s’y attache ; plus la mort approche, plus on couve des yeux son misérable trésor, plus on le regarde comme une précaution nécessaire pour un avenir chimérique. […] Prêts à verser du sang, regardez-vous des pleurs ?
S’il ne les donne pas comme un ouvrage entièrement original, il ne veut pas non plus qu’on les regarde comme une compilation des ouvrages des autres. […] Aussi voyons-nous que, chez les peuples policés, cette étude est regardée comme très importante, et mise au premier rang dans tous les projets d’éducation libérale. […] Le seul goût que l’on doive regarder comme juste et vrai, est celui qui coïncide avec le sentiment de tous les hommes. […] On regarderait, sans doute, comme dépravé le goût d’un tel homme, uniquement parce qu’il diffère évidemment du goût de ses semblables. […] Voilà la cause de cette autorité qu’ont acquise quelques ouvrages de poésie, et qui les a fait regarder comme l’étendard que doivent suivre ceux qui s’exercent à des compositions du même genre.
Il faudrait avoir une raison bien épurée pour regarder comme un autre homme le Grand Seigneur environné, dans son superbe sérail, de quarante mille janissaires7. […] Je vois d’autres personnes auprès de moi, d’une semblable nature : je leur demande s’ils sont mieux instruits que moi ; ils me disent que non, et sur cela, ces misérables égarés5, ayant regardé autour d’eux et ayant vu quelques objets plaisants6, s’y sont donnés, et s’y sont attachés.
La Fontaine, ce charmant auteur, qu’on regarde comme inimitable, a imité, lui-même, les plus célèbres fabulistes anciens, et presque tous les bons écrivains du siècle d’Auguste. […] qu’ils regardent comme un droit acquis à la prospérité, d’accabler encore du poids de leur humeur, des malheureux qui gémissent déjà sons le joug de leur autorité et de leur puissance ? […] Mais au moment même où ceux-ci sont persuadés, ils se rappellent malheureusement que celui qui leur donne des préceptes si sages, est bien loin de les mettre en pratique ; et de là, ils croient pouvoir conclure qu’il regarde, lui-même, ces préceptes comme vains et frivoles. […] Le monde jusqu’à présent n’a regardé ce mystère, que comme une folie ; et moi, je vais vous faire voir que c’est dans ce mystère, que Dieu a fait éclater plus hautement sa sagesse : ce sera la seconde partie ». […] La fortune, surtout, se croit en droit de s’en attribuer la plus grande partie, et se regarde presque comme la seule et unique cause des heureux succès.
On demandoit à Socrate d’où il estoit : il ne respondit pas, d’Athenes ; mais, du monde128 : luy qui avoit l’imagination plus pleine et plus estendue, embrassoit l’univers comme sa ville, jectoit ses cognoissances, sa société et ses affections à tout le genre humain ; non pas comme nous, qui ne regardons que soubs nous. […] Ce grand monde, que les uns multiplient encores comme espèces soubs un genre, c’est le mirouer où il nous fault regarder, pour nous cognoistre de bon biais. […] Ce sont les ailes dont les escrits des hommes volent au ciel… Regarde nostre imitateur premierement ceux qu’il voudra imiter, et ce qu’en eux il pourra et qui se doit imiter, pour ne faire comme ceux qui, voulans apparoistre semblables à quelque grand seigneur, imiteront plustost un petit geste et façon de faire vicieuse de luy que ses vertus et bonnes graces. […] De descrire les insolances et opprobres que d’autres firent à son corps, cela est indigne de la plume et escriture d’un honneste cavalier : mais tant y a que telz luy firent des injures, des vilainies, insolances et opprobres, lesquelz auparadvant ne l’osoient regarder et trembloient devant luy. […] Mais à quoy despends-je le temps, que je ne prens ma bourse, puis que je ne voy personne qui me regarde ?
C’est chaque lettre considérée en elle-même qui pourrait, jusqu’à un certain point, être regardée comme un tout ayant son commencement, son milieu, sa fin ; alors on pourrait essayer de la rapporter à l’un des genres étudiés jusqu’ici ou de ceux qu’on étudiera plus tard. […] Les lettres familières, dont nous nous occupons uniquement ici, sont celles qu’un particulier écrit à un particulier, pour s’entretenir avec lui de ce qui les regarde ou les intéresse tous deux.
Je gouvernais mes yeux avec lenteur, et ne regardais qu’horizontalement pour le plus haut. […] Les anciens regardaient trop exclusivement l’histoire comme un art. […] Il fait construire ce beau pont où les peuples regardent aujourd’hui sa statue avec tendresse. […] Elle regardait au loin les bateaux, dont quelques-uns s’apercevaient à peine au milieu d’un horizon fort noir. […] Mais de tous un peu : nous regardons notre individu, notre influence, notre chose, comme infiniment importants.
Trop indulgent pour nos passions, il les regarda comme des forces qu’on peut tourner à la vertu, et crut trop à la bonté originelle de notre nature ; mais ne lui reprochons pas l’idée généreuse de concilier cette grandeur et cette misère qui avaient effrayé l’imagination de Pascal. […] Je vous remets, mon cher ami, la disposition de tout ce qui me regarde : offrez mes services, pour quelque emploi que ce soit, si vous le jugez convenable, et n’attendez point ma réponse pour agir ; je me tiendrai heureux et honoré de tout ce que vous ferez pour moi et en mon nom.
On croit en eux, parce qu’ils croient en eux-mêmes, parce qu’ils parlent et agissent, sans songer au spectateur qui les regarde, qui les écoute. […] S’éloignant à grands pas du village, elle prit un chemin creux qui serpentait dans les vignes, après avoir envoyé devant elle le chien, à qui elle fit un signe qu’il semblait bien connaître ; car aussitôt il se mit à courir en zigzag, passant dans les vignes, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, toujours à cinquante pas de sa maîtresse, et quelquefois s’arrêtant au milieu du chemin pour la regarder en remuant la queue.
Quant à la poésie, lés Anglais le regardent comme un des plus beaux morceaux qu’ils aient en leur langue. […] Mais observons en même temps que tout ce qui est vrai, ou regardé comme tel selon l’opinion, n’est pas toujours propre à être exposé sur le théâtre. […] Voilà ce qui le fait regarder à si juste titre, (nous pouvons nous donner la vanité de le répéter) comme le premier poëte comique de tous les théâtres connus. […] Agamemnon paroît, suivi d’Iphigénie, qu’il ne regarde qu’en soupirant, et dont il reçoit à peine les embrassemens. […] Il faut que ce soit une passion véritablement tragique, regardée comme une foiblesse et combattue par des remords.
Aussi Euripide, quoiqu’il ne soit pas toujours heureux dans la conduite de ses pièces, est-il regardé comme le plus tragique des poètes. […] On trouve ce qui regarde les pensées dans nos livres sur la rhétorique, à qui cette matière appartient. […] Il y a encore, par rapport à l’expression, une autre partie à considérer, c’est celle des figures ; mais elle regarde principalement les maîtres de la déclamation, car c’est à eux de savoir avec quel ton et quel geste on ordonne, on prie, on raconte, on menace, on interroge, on répond, etc. […] Nous ne répondrons point à cette critique, qui ne regarde point la poésie. […] Dites que c’était l’opinion : comme dans ce qui regarde les dieux.
« Tiens, lui dit Jupiter, ton sort est en tes mains : Contentons un mortel une fois en la vie ; Tu n’en es pas trop digne, et ton murmure impie Méritait mon courroux plutôt que mes bienfaits ; Je n’y veux pas ici regarder de si près. […] « Malheur à ceux que ce poids-ci regarde, Cria notre homme, et que le ciel m’en garde ! […] Ainsi, pour peindre l’origine De nos caprices renaissants, Regarde une troupe enfantine Qui, par des tuyaux différents, Dans l’onde où le savon domine, Forme des globes transparents. […] De cette situation dans laquelle le poète peut être, mais n’est pas nécessairement, comme l’ont dit à tort quelques critiques, découlent à peu près toutes les règles spéciales à la poésie lyrique, et qui regardent le début de l’ode, le sublime dans les sentiments ou les images, les écarts de l’ode et ses digressions. […] L’hymne a un sens plus général : c’est une pièce lyrique adressée à une divinité, ou à ce qu’on regarde actuellement comme tel : hymne à Mercure, hymne à la paix.
Le théâtre est le lieu d’où l’on peut voir la scène et les acteurs ; il comprend donc à la fois et ceux qui jouent et ceux qui regardent jouer. […] Mais tous les deux doivent représenter les mœurs grecques, où ce que nous consentons à regarder comme ces mœurs. […] Pour qu’il soit digne de la tragédie, il faut que ce soit une passion véritablement tragique, regardée comme une faiblesse et combattue par des remords ; il faut, ou que l’amour conduise aux malheurs et aux crimes, pour faire voir combien il est dangereux ; ou que la vertu en triomphe, pour montrer qu’il n’est pas invincible. » Ces derniers mots nous conduisent à parler de la fin morale ou moralité de la tragédie. […] Nous avons encore des comédies de caractère mixtes, c’est-à-dire formées de plusieurs caractères opposés entre eux, mais qui sont tous également importants de manière qu’il n’y en a aucun qui brille assez pour être distingué des autres et pour être regardé comme le caractère principal166 ; nous en avons surtout où le poète, sans s’attacher à peindre un de ces défauts inhérents à l’esprit humain, et qui se retrouvent ainsi à toutes les époques, représente des travers d’un certain temps ou d’un certain endroit : comme quand Picard, dans sa Petite ville, montre les ridicules des provinciaux et les caquets des lieux où tout le monde se connaît.
Ce qui fait à Hérodote, historien et observateur, autant d’honneur au moins que les éloges de ses propres concitoyens, c’est la vérification récemment faite sur les lieux, par des savants dignes de foi, de ce qu’il avait écrit sur l’Égypte, et que l’on était convenu de regarder comme fabuleux. […] Découragés, abattus par le double fléau de la guerre et de la peste, les Athéniens murmuraient hautement contre Périclès, qu’ils regardaient comme l’auteur de leurs maux, parce qu’il avait conseillé la guerre. […] Insensé celui qui ne regarde que leurs fruits, sans mesurer leur hauteur !
En partageant l’admiration du professeur du Lycée pour l’expression et l’harmonie de ce morceau, nous sommes loin d’en regarder la disposition comme irrépréhensible. […] Les occasions préviennent presque leurs désirs : leurs regards, si j’ose parler ainsi, trouvent partout des crimes qui les attendent : l’indécence du siècle et l’avilissement des cours honorent même d’éloges publics les attraits qui réûssissent à les séduire : on rend des hommages indignes à l’effronterie la plus honteuse : un bonheur si honteux est regardé avec envie, au lieu de l’être avec exécration ; et l’adulation publique couvre l’infamie du crime publie. […] La distance qu’il y a d’eux au peuple le leur montre dans un point de vue si éloigné, qu’ils le regardent comme s’il n’était pas : Ils méprisent des traits partis de si loin et qui ne sauraient venir jusqu’à eux ; et, presque toujours devenus les seuls objets de la censure publique, ils sont les seuls qui l’ignorent.
Il se trouble, il regarde, et partout sur ses rives, Il voit fuir à grands pas ses Naïades135 craintives, Qui toutes accourant vers leur humide roi, Par un récit affreux redoublent son effroi. […] Je dois dire néanmoins que cette manière de placer les rimes n’est pas absolument regardée comme une faute. […] On vient de voir les différentes formes du discours mesuré, les règles générales qui regardent le mécanisme des vers, et qu’il faut exactement, observer pour être un bon et agréable versificateur.
» Ainsi, tout est vain dans l’homme, si nous regardons le cours de sa vie mortelle ; mais tout est précieux, tout est important, si nous contemplons le terme où elle aboutit, et le compte qu’il en faut rendre ». […] C’est pourquoi, quand je vous ai dit que la grandeur et la gloire n’étaient parmi nous que des noms pompeux, vides de sens et de choses, je regardais le mauvais usage que nous faisons de ces termes, etc. » Toute cette seconde partie n’est qu’une suite de raisonnements toujours fortifiés de leurs preuves, et appuyés partout du témoignage irréfragable des livres saints.
… L’Académie a regardé la mort de M. […] C’est que Louis XIV a mérité d’être regardé comme le centre de tout ce qui s’est fait, dit, écrit pour lui, par lui, autour de lui. » Voy. notamment, à ce sujet, l’Histoire de la Littérature française, par M.