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108. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Modèles

J’ai mieux aimé paraître manquer aux bienséances, qu’au devoir de la soumission, j’ai voulu vous laisser le temps de réfléchir seul avec votre conscience. […] Comparer un général, qui est au début de sa carrière, à Alexandre, c’est manquer de tact, et le prince a du être humilié plutôt qu’exalté par un semblable parallèle. […] Mais le ciel me sera témoin, que j’ai fait pour toi tout ce que j’ai pu, et que si tu manques à être racheté, il n’en faut accuser que le peu d’amitié d’un père. […] Le sol emporté devant nous manque à nos pas, tandis que d’autres colonnes de sables, enlevées derrière nous, roulent sur nos têtes. […] Comme il m’a manqué !

109. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre II. Du genre didactique. » pp. 161-205

Quand le poète vent établir des principes de morale ou de physique, il doit, sans manquer en aucune manière à l’exactitude et à la précision, les orner de toutes les images, de toutes les comparaisons, de toutes les figures propres à donner de l’intérêt et de l’agrément à sa composition. […] Il ne peut donc manquer de tomber dans le domaine de la satire. […] Ce fabuliste a manqué de justesse dans sa fable intitulée les deux Moineaux, parce que deux oiseaux encagés par force ne représentent pas exactement deux époux qui se sont unis par un consentement réciproque. […] La Fontaine, en associant la génisse, la chèvre, la brebis et le lion, a manqué à la vraisemblance, parce que la société de pareils animaux est impossible.

110. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre III. Du genre épique » pp. 207-250

D’ailleurs, le génie assez vaste pour composer un poème épique ne pourra manquer de trouver dans son imagination assez de richesse et de vivacité pour créer les situations les plus diverses et les scènes les plus variées. […] Ce merveilleux moral est loin d’être admirable, et est fort près de manquer de poésie. […] Ces ornements épisodiques sont loin de manquer d’intérêt, lorsqu’ils sont présentés avec art. […] Quant au Dante et au Tasse, ils-ont adopté un vers plus court, qui néanmoins ne manque pas de noblesse et qu’ils nomment aussi vers héroïque.

111. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre premier. Division générale. »

La lecture, l’étude, la comparaison, prêtent à l’imagination ce qui lui manque réellement ; elle peut même sortir tout à fait du monde réel pour s’élancer dans le monde de la fantaisie, où elle échappe aux lois positives de la raison. […] Elle n’a plus que par intervalles des élans d’enthousiasme ; son lyrisme est mêlé de froides abstractions ; son épopée est une imitation calculée des siècles héroïques, à laquelle il manque la véritable inspiration.

112. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Montesquieu. (1689-1755.) » pp. 130-139

Cette année la sécheresse fut très-grande, de manière que les terres qui étaient dans les lieux élevés manquèrent absolument, tandis que celles qui purent être arrosées furent très-fertiles : ainsi les peuples des montagnes périrent presque tous de faim, par la dureté des autres, qui leur refusèrent de partager la récolte. […] Il ne partit qu’après avoir assuré la Macédoine contre les peuples barbares qui en étaient voisins et achevé d’accabler les Grecs : il ne se servit de cet accablement que pour l’exécution de son entreprise ; il rendit impuissante la jalousie des Lacédémoniens ; il attaqua les provinces maritimes ; il fit suivre à son armée de terre les côtes de la mer, pour n’être point séparé de sa flotte ; il se servit admirablement bien de la discipline contre le nombre ; il ne manqua point de subsistances, et, s’il est vrai que la victoire lui donna tout, il fit aussi tout pour se procurer la victoire.

113. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — La Fontaine (1621-1695.) » pp. 194-204

Ce sont des projets qui manquent de réalité, d’accomplissement, comme l’Espagne manque de châteaux : c’est effectivement le pays du monde où, par suite des longs ravages qu’y exercèrent les Maures, on en aperçoit le moins dans la campagne ; à cet égard, on pourrait consulter les Œuvres choisies de Pasquier, t. 

114. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Guizot. Né en 1787. » pp. 469-478

Dès que la querelle s’éleva, Washington fut convaincu que la cause de son pays était juste, et qu’à une cause si juste, dans un pays déjà si grand, le succès ne pouvait manquer. […] Elle porte en tous lieux son immortel flambeau, Plane au sommet des monts, plonge au fond des abîmes, Et souvent fonde un temple où manquait un tombeau.

115. (1854) Éléments de rhétorique française

La vertu et le malheur de l’un et de l’autre sont semblables ; et il ne manque aujourd’hui à ce dernier qu’un éloge digne de lui. […] Ils croiront que je suis un méchant, un brutal, que je te laisse manquer de tout, que je le bats, que je l’assomme. […] Quelquefois le mot propre manque pour désigner un objet, et l’on est obligé d’employer une expression figurée. […] On dit qu’un homme manque de pain, pour dire qu’il manque des choses nécessaires à la vie. […] Quand on peint ce que l’on a vu soi-même, le langage prend quelque chose de naturel et de vivant, tandis qu’à une description empruntée il manque toujours la vie et la couleur.

116. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Molière 1622-1672 » pp. 379-400

J’ai du bien2, je suis jeune, et sors d’une maison Qui se peut dire noble avec quelque raison ; Et je crois, par le rang que me donne ma race, Qu’il est fort peu d’emplois dont je ne sois en passe3 : Pour le cœur4, dont surtout nous devons faire cas, On sait, sans vanité, que je n’en manque pas ; Et l’on m’a vu pousser, dans le monde, une affaire5 D’une assez vigoureuse et gaillarde manière. […] Une pauvre servante, au moins, m’était restée, Qui de ce mauvais air n’était point infectée ; Et voilà qu’on la chasse avec un grand fracas, A cause qu’elle manque à parler Vaugelas. […] C’est un enfant de l’orgueil qui naît tout élevé, qui manque d’abord d’audace, mais qui n’en pense pas moins.

117. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre VI. — Différents genres d’exercices »

 » 7° Une pensée fine ne peut manquer de plaire : « Nous fîmes bien tous deux notre devoir de vous louer ; et cependant nous ne pûmes jamais aller jusqu’à la flatterie. […] Ne laissez jamais entrevoir, à moins que vous ne correspondiez avec un ami, qu’à la première occasion vous userez de retour ; vous manqueriez de délicatesse, vous auriez l’air de regarder le bienfait comme un emprunt que vous promettez d’être exact à rembourser ; vantez plutôt avec finesse le crédit, la générosité, l’obligeance de celui qui vous a fait un plaisir ; assurez-le de votre reconnaissance. […] « Pardonnez-moi si je vous mets souvent sur ce chapitre : vous savez combien il me tient au cœur : et je puis vous assurer que plus je vais en avant, plus je trouve qu’il n’y a rien de si doux que le repos de la conscience, et que de regarder Dieu comme un père qui ne nous manquera pas dans nos besoins. » Lecture. — J. […] Voici quels sont les écueils à éviter : 1° Rejetez les locutions basses, communes, triviales ; 2° Ne manquez jamais d’égards, de respect, de ménagements pour rage et le sexe auxquels vous vous adressez ; 3° Que le jugement, le bon goût éloignent les épigrammes, les malices, les sarcasmes, tout ce qui peut froisser les sentiments.

118. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Avertissement de l’auteur sur la seconde édition. » pp. -

Je n’ai pas manqué depuis de le faire, pour contribuer de plus en plus à la saine instruction de la jeunesse ; et je crois devoir dire ici que j’ai été encouragé à continuer ce travail, par les suffrages dont les bons instituteurs ont honoré la première Édition ; par le jugement favorable qu’en ont rendu les journalistes français ; par la mention flatteuse qu’en a faite l’auteur de la Bibliothèque (allemande) des Sciences et des Arts, et par l’annonce de la Traduction qui en a été publiée en cette langue à Léipsick, avec des additions sur la littérature allemande.

119. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Avant-propos de la première édition. » pp. -

Ce caractère de scrupuleuse exactitude manquait souvent aux anciennes traductions de la Poétique : je l’ai recherché, même au détriment d’une élégance qui eût pu rendre plus agréable la lecture de ce petit ouvrage.

120. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre III. » p. 77

Il y manque sans doute ce qui devait concerner la tragédie.

121. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre VI. des mœurs  » pp. 75-88

Le résultat de vos observations à cet égard sera un vif désir de connaître et un profond sentiment d’admiration, qui ne peuvent manquer d’agrandir et de multiplier vos idées. […] Ce ne sont pas, en effet, les livres sur les variétés caractéristiques des siècles et des nations qui nous manquent ; mais parfois l’esprit de flatterie, celui de dénigrement, les préjugés en un sens quelconque ont guidé les auteurs, ou bien ils ont tracé des portraits de fantaisie.

122. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XI. du corps de l’ouvrage. — narration, description  » pp. 146-160

Manque-t-elle de l’une ou de l’autre des vertus que lui demandent les rhéteurs, clarté, précision, vraisemblance, intérêt, le défaut influe souvent sur l’ouvrage entier. […] Le récit de l’avocat de Milon manque de précision et d’intérêt ; et quant à la clarté et à la vraisemblance, elles touchent à la puérilité.

123. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) «  Chapitre XXIV. des figures. — figures par rapprochement d’idées opposées  » pp. 339-352

L’antithèse, si fréquente dans la nature, ne peut manquer de l’être dans le discours. […] Pour que cette figure ajoute au discours de la valeur et de l’énergie, elle devra être présentée de façon que le lecteur ne puisse manquer, d’une part, d’interpréter les paroles dans le sens voulu, et se plaise, de l’autre, au facile travail de cette interprétation.

124. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Massillon, 1663-1742 » pp. 205-215

Un seul jour perdu devrait nous laisser des regrets mille fois plus vifs et plus cuisants qu’une grande fortune manquée ; et cependant ce temps si précieux nous est à charge ; toute notre vie n’est qu’un art continuel de le perdre ; et, malgré toutes nos attentions à le dissiper, il nous en reste toujours assez pour ne savoir encore qu’en faire ; et cependant la chose dont nous faisons le moins de cas sur la terre, c’est de notre temps ; nos offices, nous les réservons pour nos amis ; nos bienfaits, pour nos créatures ; nos biens, pour nos proches et pour nos enfants ; notre crédit et notre faveur, pour nous-mêmes ; nos louanges, pour ceux qui nous en paraissent dignes ; notre temps, nous le donnons à tout le monde, nous l’exposons, pour ainsi dire, en proie à tous les hommes : on nous fait même plaisir de nous en décharger ; c’est comme un poids que nous portons au milieu du monde, cherchant sans cesse quelqu’un qui nous en soulage. […] Ne remplacerait-il pas par le sérieux, par la vivacité, par la continuité des soins, ce qui manquerait à la brièveté du temps qu’on lui aurait accordé ?

125. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Première section. Des genres secondaires de poésie — Chapitre II. Du genre pastoral » pp. 96-112

Les bergers emploient souvent des comparaisons tirées des objets qui frappent leurs yeux, au lieu des expressions propres qui quelquefois leur manquent. […] Comme les bergers sont surtout frappés par les choses extérieures, ils ne peuvent manquer d’avoir un style très figuré.

126. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Seconde partie. Moyens de former le style. — Chapitre II. De l’exercice du style ou de la composition » pp. 225-318

Or, si les idées ne sont pas exactes, si les images manquent de justesse et les sentiments de vérité, l’ouvrage ne saurait être complètement beau. — Si à la vérité des idées, des images, des sentiments qu’il renferme, un ouvrage joint le mérite de l’ordre, qui consiste dans la bonne disposition et dans l’assortiment convenable des différentes parties ; s’il présente de la nouveauté dans le tour, de l’élévation dans les pensées, de la justesse, de l’agrément ou de l’éclat dans les expressions ; s’il est inspiré par la vertu, si l’on y respire partout, pour ainsi dire, un parfum d’honnêteté et de délicatesse, il ne pourra manquer de plaire à tous les esprits bien faits, à tous les cœurs droits et honnêtes. […] Si cette facilité n’autorise jamais la négligence et le manque de soin, elle permet d’omettre les transitions et de passer brusquement d’une idée à une autre. […] L’autre défaut consiste dans le manque de soin. […] Si l’on est vraiment sensible au service reçu, on ne manquera ni d’expressions ni de tours pour montrer que l’on est reconnaissant, et pour louer la générosité du bienfaiteur. […] Parmi les écrivains épistolaires dignes d’être proposés comme modèles, nous citerons les suivants : Cicéron, qui a laissé près de 900 lettres, remarquables par la simplicité, la finesse et la beauté d’élocution ; Sénèque et Pline le Jeune, qui ont écrit pour la postérité, et qui, à cause de cela, manquent souvent de naturel et de simplicité ; Saint Basile le Grand, saint Grégoire de Nazianze, saint Jérôme, saint Augustin, saint Bernard, sainte Thérèse, saint François de Sales, qui présentent de beaux modèles épistolaires, surtout dans le genre pieux ; Balzac, appelé par Ménage le Grand Épistolier, et Voiture auquel on ne peut refuser beaucoup d’esprit, qui se font trop souvent remarquer dans leurs lettres par les défauts les plus opposés au genre épistolaire, l’affectation et l’enflure ; Bussy-Rabutin, qui a en général trop d’esprit dans ses lettres ; Boileau, qui est dépourvu d’aisance dans le genre épistolaire ; Racine, qui offre de beaux modèles de lettres familières ; Mme de Sévigné, qui possède au plus haut degré l’animation du récit, la vivacité des tournures, la justesse des expressions et l’éclat des peintures ; Mme de Maintenon, vrai modèle de correction, de noble simplicité en même temps que de bon sens et de raison ; Bossuet et Fénelon, qui se font remarquer en ce genre par les qualités qui les distinguent ordinairement dans leurs écrits ; Enfin, Lamotte, qui se montre spirituel et agréable dans ses lettres ; Voltaire qui, à défaut de sentiments honorables, brille par la forme ; Et M. de Maistre, dont la correspondance présente l’enjouement ou la haute raison, suivant la nature du sujet.

127. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre I. Du style. » pp. 181-236

Si elle était trop longue, elle manquerait de mouvement, et fatiguerait l’attention du lecteur. […] Si l’on est obligé de le chercher, le style manque de la clarté, et par-là même est vicieux. […] Tout homme qui les a lus avec quelque attention, a dû voir, non seulement que leurs plus beaux morceaux sont précisément ceux, où les lois grammaticales sont observées avec la plus grande exactitude ; mais encore qu’il y en a bien d’autres, auxquels il ne manque, pour être vraiment beaux, que l’arrangement des mots et des phrases selon ces mêmes lois. […] Fracassées plient encore sous l’effort des vents, et que tu manques de cordages, pour soutenir la violence et l’impétuosité des flots ?

128. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre troisième. Du discours. »

Placé dans le sein même de la patrie, au-dessus de toutes les craintes, ou parce quelle peut les garantir de tous les dangers, ou parce qu’elle offre des motifs suffisants pour les braver tous ; au-dessus de tous les intérêts particuliers, parce qu’aux yeux de la raison, il se réunissent tous alors dans l’intérêt général, rien ne lui manque de ce qui peut échauffer le cœur, élever et fortifier l’âme, et donner à l’esprit des lumières nouvelles ; ni la grandeur des sujets, puisqu’ils embrassent les destinées publiques et les générations futures ; ni ce double aiguillon des difficultés et des encouragements, selon les anciens maîtres, si nécessaire à l’orateur : car il est ici en présence de toutes les passions ou connues ou cachées, généreuses ou abjectes ; il est de toutes parts assiégé, pressé, heurté par la contradiction, ou poussé, entraîné, enlevé par l’ assentiment général. […] Ce ne sont pas seulement des hommes à combattre, ce sont des montagnes inaccessibles ; ce sont des ravins et des précipices d’un côté, c’est de l’autre un bois impénétrable ; dans le fond est un marais ; et derrière des ruisseaux, de prodigieux retranchements ; ce sont partout des forts élevés et des forêts  abattues qui traversent des chemins affreux, et au dedans, c’est Merci avec ses braves Bavarois, enflés de tant de succès et de la prise de Fribourg ; Merci qu’on ne vit jamais reculer dans les combats ; Merci que le prince de Condé et le vigilant Turenne n’ont jamais surpris dans un mouvement irrégulier, et à qui ils ont rendu ce témoignage que jamais il n’avait perdu un seul moment favorable, ni manqué de prévenir  leurs desseins comme s’il eut assisté à leurs conseils. […] Si une syllabe manque à un vers, il y a défaut de mesure, la mesure n’y est pas. […] Si la césure est placée sans goût pour le simple besoin de la phrase, pour obtenir un effet puéril, ridicule, ou pour arrêter la pensée sur un objet horrible, monstrueux, etc., elle manque totalement son but et devient une faute impardonnable. […] Le juge prétendait qu’à tort et à travers On ne saurait manquer, condamnant un pervers.

129. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « PREMIÈRE PARTIE. DE L'ÉLÉGANCE LATINE. — CHAPITRE III. De la disposition des mots qui composent le discours. » pp. 78-143

Or, nous disons que la force, l’intérêt, la naïveté du discours demandent que l’objet principal se montre à la tête, et qu’il mène à sa suite tous ceux qui lui sont subordonnés, et chacun selon le degré d’importance ou d’intérêt qu’il renferme. » Les peintres ne manquent pas de placer le personnage principal dans le lieu le plus apparent de leur tableau ; ils groupent ensuite les figures accessoires de telle sorte, que l’attention du spectateur, partant de l’objet principal, se porte successivement sur tous les objets qui l’environnent. […] Mais il y a une idée principale qui domine toutes les autres, et que Cicéron ne manque pas de placer en tête de la phrase : c’est la mort, ad mortem. […] Liv., il ne manque pas de mettre le sujet en premier lieu ; il le répète même à chaque proposition, pour le faire sentir davantage. […] J'avoue qu’une période pleine et nombreuse m’enchante ; que mon oreille veut des phrases cadencées et parfaitement arrondies ; qu’elle est choquée, s’il y manque quelque chose, ou s’il y a du superflu. […] Un maître habile et familiarisé avec le génie de la langue latine, ne manquera pas de diriger ses élèves dans cette voie si intéressante pour eux, et si utile au progrès de leurs études.

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