Plaideur par nécessité dans un procès contre les héritiers de Paris Duverney, il y trouve prétexte à jouer un rôle retentissant : cette mince affaire de quelques louis devient par son adresse une question de liberté publique et d’intérêt général. […] Il s’élève une question sur la nature des richesses ; et, comme il n’est pas nécessaire de tenir les choses pour en raisonner, n’ayant pas un sou, j’écris sur la valeur de l’argent et sur son produit net ; sitôt, je vois du fond d’un fiacre se baisser pour moi le pont d’un château fort, à l’entrée duquel je laissai l’espérance et la liberté. […] Je lui dirais que les sottises imprimées n’ont d’importance qu’aux lieux où l’on en gêne le cours1 ; que sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur, et qu’il n’y a que les petits hommes qui redoutent les petits écrits. […] Pour profiter de cette douce liberté, j’annonce un écrit périodique, et croyant n’aller sur les brisées d’aucun autre, je le nomme Journal inutile. […] Le comte Almaviva doit être joué très-noblement, mais avec grâce et liberté.
Ce spectacle de la grandeur et de la liberté de leur patrie est bien fait pour agrandir leurs âmes, mais aussi pour les intimider. […] Certes, j’admire ce miracle d’une volonté opiniâtre, mais ce que j’admire encore bien plus, ce qui fait la force de ce caractère et sa grandeur, c’est d’avoir compris que la puissance d’Athènes fondée par la liberté ne pouvait se relever que par la liberté. […] Il fait plus, il s’en arme comme le prisonnier s’arme de ses fers pour conquérir sa liberté. […] Ils condamnèrent l’accusateur, ils justifièrent la politique de Démosthène en lui accordant de nouveaux honneurs ; ils le récompensèrent par de magnifiques décrets de n’avoir pas désespéré de la liberté, même quand la liberté était perdue pour jamais. […] Ce n’est plus un prince de Macédoine qui est en lutte avec une petite république : c’est l’esprit de liberté aux prises avec l’esprit de conquête et d’oppression.
Si vos bras sont engourdis, rendez-moi l’une de mes deux mains ; j’aurai assez de l’une ou de l’autre pour conquérir la liberté par le glaive. […] Les lois sont étouffées par la force, les droits sacrés sont anéantis, la liberté gémit accablée sous des armes sacrilèges ! […] Notre victoire sera la gardienne de la liberté et des lois. […] Soyons vainqueurs, la liberté nous attend, et l’esclavage, si nous sommes vaincus. La liberté !
Gouvernés dans le principe par des rois, qu’ils appelaient des tyrans, ces peuples, naturellement inquiets et remuants, chassèrent leurs petits despotes, et formèrent une multitude de gouvernements démocratiques, basés sur le même plan, animés du même esprit de gloire et de liberté, mutuellement jaloux, et nécessairement rivaux les uns des autres. […] C’était dans les luttes perpétuelles des factions et de la liberté, dans le torrent d’une vie toujours active, au milieu enfin du tumulte des affaires, que l’éloquence des Athéniens acquérait cette vigueur, cette énergie qui sont devenues son caractère distinctif, et qu’elle n’eût point contractées dans le calme de la retraite et de la méditation. […] Il pensa, parla et vécut toujours pour la liberté de son pays, et travailla quarante ans à ranimer la fierté d’un peuple devenu, par sa mollesse, le complice de ses tyrans. […] Leur but était d’enflammer l’indignation des Athéniens contre la politique ambitieuse de Philippe, roi de Macédoine, l’ennemi déclaré de la liberté de la Grèce, et de les prémunir contre les mesures insidieuses dont ce prince se servoit pour leur dissimuler le danger qui les menaçait.
Les Épitres de Boileau sont datées des conquêtes de Louis XIV ; Racine porte sur la scène les faiblesses et l’élégance de la cour ; Molière doit à la puissance du trône la liberté de son génie ; La Fontaine lui-même s’aperçoit1 des grandes actions du jeune roi, et devient flatteur pour le louer. Mais un ordre social, où tout semblait animé par un homme et fait pour sa gloire, pouvait-il assez inspirer l’éloquence, cette altière élève des révolutions et de la liberté ? […] La magistrature avait perdu la grande autorité qu’elle eut dans le seizième siècle : réduite au soin de la justice, elle n’opposait plus de résistance ni même de plainte ; elle était encore un exemple de probité antique ; elle n’était plus la sauvegarde des libertés que ses pères avaient défendues ; Lamoignon avait le profond savoir et la vertu, mais non le patriotisme de l’Hôpital et d’un Molé. […] La liberté du pinceau se trouva jusque dans les copies qui semblaient le plus fidèles ; et La Fontaine fut le plus original des poëtes en croyant imiter Phèdre. […] « Il faudrait donc, pour l’instruction de nos contemporains, mettre à profit cette liberté que nous pouvons prendre sur les auteurs qui ne sont plus.
Mais, malgré les orages de la liberté, les grands intérêts, et le plaisir de gouverner par la parole un peuple libre, il n’y eut pas, avant Caton, un orateur que l’on pût citer. […] Chez les anciens, d’ailleurs, la liberté républicaine permettait plus d’énergie aux sentiments, et laissait plus de franchise au langage. […] Rien de moins surprenant : la liberté n’était plus, et l’empire romain devenait la proie d’une longue suite de tyrans, l’opprobre tour à tour ou l’effroi, et toujours le fléau de l’humanité. […] Quelques-uns des beaux-arts, qui dépendent moins essentiellement de la liberté, se soutinrent quelque temps encore.
S’il n’a pas assez de suite et de méthode, si l’on a pu dire qu’il faisait de l’esprit sur les lois, cependant il égale souvent la majesté de son sujet, il découvre les principaux ressorts des sociétés ; il forme des vœux généreux d’humanité, de justice et de liberté réglée. […] Ce qui fait que les États libres durent moins que les autres, c’est que les malheurs et les succès qui leur arrivent leur font presque toujours perdre la liberté ; au lieu que les succès et les malheurs d’un État où le peuple est soumis confirment également sa servitude. […] Demander, dans un État libre, des gens hardis dans la guerre et timides dans la paix, c’est vouloir des choses impossibles ; et, pour règle générale, toutes les fois qu’on verra tout le monde tranquille dans un État qui se donne le nom de république, on peut être certain que la liberté n’y est pas. […] Elle perdit sa liberté parce qu’elle acheva trop tôt son ouvrage2. […] On peut voir dans Démosthène quelle peine il fallut pour la réveiller : on y craignait Philippe, non pas comme l’ennemi de la liberté, mais des plaisirs.
Chantre des vaincus et des morts, il sut, par des notes attendries ou légères, allier la sensibilité à l’ironie, et faire venir une larme aux yeux, un sourire aux lèvres : en célébrant la bravoure, la gloire et l’amour de la patrie, il trouva le secret d’associer dans une sorte d’idéal les mots d’Empire et de Liberté. […] La liberté mêlait à la mitraille Des fers rompus et des sceptres brisés7. […] La liberté déserte avec ses armes ; D’un trône à l’autre ils vont offrir leurs bras ; A notre gloire on mesure nos larmes1 : Dieu, mes enfants, vous donne un beau trépas ! […] Il a gravé pour l’immortalité des vers comme ceux-ci : La liberté mêlant à la mitraille Des fers rompus et des sceptres brisés.
La liberté est une conquête funeste à qui n’est point digne de la recevoir. […] La destinée et le nom de Napoléon sont maintenant de l’histoire, je ne ressens pas le moindre embarras à en parler, et à en parler avec liberté. […] C’est au prix de son sang que la postérité Doit recueillir un jour la sainte liberté. […] Mais l’amour de ton cœur s’appelle d’un beau nom : La liberté ! […] Oui, la liberté meurt sur le fumier des villes.
Les ruines, dont la chute de l’empire romain couvrit l’Europe entière, achevèrent d’étouffer le peu qui restait encore, dans un petit nombre d’âmes privilégiées, d’amour de la gloire et de la liberté. […] Comme on peut dire qu’il n’y eut plus de Grecs ni de Romains, dès l’instant qu’il ne fut plus permis, à Athènes ou à Rome, d’exposer publiquement, et de défendre avec courage les intérêts de la liberté et la forme du gouvernement ; on peut dire aussi que tout fut perdu pour l’éloquence, dès qu’il n’y eut plus de peuples essentiellement libres. La servitude et l’ignorance, sa compagne nécessaire, consommèrent donc l’ouvrage que la corruption des mœurs avait commencé depuis longtemps ; et lorsqu’après des siècles de barbarie, la lumière voulut enfin se remontrer ; lorsque les peuples, fatigués par tous les genres d’oppression, essayèrent enfin de sortir de ce long sommeil de l’esclavage, il fallut un choc terrible et des crises affreuses pour lutter contre tant d’obstacles réunis, et pour reconquérir une ombre au moins de l’ancienne liberté.
Les theatres, les jeux, les farces, les spectacles, les gladiateurs, les bestes estranges, les medailles, les tableaux, et aultres telles drogueries, estoient aux peuples anciens, les appasts9 de la servitude, le prix de leur liberté, les utils10 de la tyrannie. […] Les Romains tyrans s’adviserent encores d’un aultre poinct, de festoyer souvent les dixaines1 publicques, abusants ceste canaille comme il falloit, qui se laisse aller, plus qu’à toute aultre chose, au plaisir de la bouche : le plus entendu de tous n’eust pas quitté son escuelle de soupe pour recouvrer la liberté de la Republique de Platon. […] Ce qu’on ne trouvera pas estrange, si l’on considere ce que ce peuple là mesme avoit faict à la mort de Jules Cæsar, qui donna congé8 aux lois et à la liberté : auquel personnage ils n’y ont trouvé, ce me semble, rien qui valeust9, que son humanité ; laquelle, quoiqu’on la preschast10 tant, fut plus dommageable que la plus grande cruauté du plus sauvage tyran qui feust oncques, pour ce que, à la verité, ce fut ceste venimeuse doulceur qui, envers le peuple romain, sucra1 la servitude.
Nous vous avons donné la liberté… sachez la conserver… Pour être dignes de votre destinée, ne faites que des lois sages et modérées ; faites-les exécuter avec force et énergie ; favorisez la propagation des lumières, et respectez la religion. […] Le génie de la liberté, qui a rendu, dès sa naissance, la république l’arbitre de l’Europe, veut qu’elle le soit des mers et des nations les plus lointaines. […] Soldats, nous ne déposerons point les armes que la paix générale n’ait affermi et assuré la puissance de nos alliés, n’ait restitué à notre commerce sa liberté et ses colonies. […] Mais Votre Majesté, qui a un grand commerce aujourd’hui, est intéressée à l’indépendance et à la liberté des mers. […] La Liberté mêlait à la mitraille Des fers rompus et des sceptres brisés.
Le parlement confirma la régence de la reine, mais sans limitation ; tous les exilés furent rappelés ; tous les prisonniers furent mis en liberté, tous les criminels furent justifiés, tous ceux qui avaient perdu des charges rentrèrent ; on donnait tout, on ne refusait rien, et madame de Beauvais, entre autres, eut permission de bâtir dans la place Royale. […] Le premier président parla à la reine avec toute la liberté que l’état des choses lui donnait. […] Le parlement étant sorti du Palais-Royal, et ne disant rien au peuple de la liberté de Broussel, ne trouva d’abord qu’un morne silence au lieu des acclamations passées. […] messieurs du parlement, voyez donc ce qu’il est à propos de faire. » L’on s’assembla en même temps dans la grande galerie ; l’on délibéra, et l’on donna arrêt par lequel la reine serait remerciée de la liberté accordée aux prisonniers.
L’imitation des maîtres qui excellent ou qui ont excellé en chaque temps, consiste dans l’art de transporter dans ses propres écrits leurs pensées, leurs sentiments, leurs images, leur plan, mais avec une certaine liberté, c’est-à-dire en les déguisant avec esprit ou en les embellissant. […] Il faut d’abord éviter cette imitation servile, qui consiste à se traîner sur les pas d’un écrivain et qui a fait tant de mauvaises copies des meilleurs modèles, et imiter d’une manière noble, généreuse, pleine de liberté et d’aisance, comme La Fontaine qui dit de lui-même : Mon imitation n’est point un esclavage. […] On trouve de magnifiques amplifications par les causes et les effets dans la description de la mort d’Euryale, par Virgile, et dans la peinture de la peste des animaux, par La Fontaine ; et par les effets seulement, dans l’Oraison funèbre de Turenne, lorsque Fléchier rappelle les suites de la bonne fortune sur un général vainqueur ; dans celle de la reine d’Angleterre, lorsque Bossuet décrit les effets de la persécution protestante ; dans l’Enfant prodigue, de Massillon, lorsque celui-ci énumère les suites funestes de la volupté ; dans le premier acte d’Athalie, quand Joad expose les effets de la puissance de Dieu, et dans les Pensées de M. de Bonald, lorsque cet illustre philosophe fait justice en ces termes d’une des maximes de la Révolution : La liberté, l’égalité, la fraternité ou la mort ont eu dans la Révolution une grande vogue. La liberté a abouti à couvrir la France de prisons ; l’égalité, à multiplier les titres et les décorations ; la fraternité, à nous diviser ; la mort seule a réussi.
La sublimité de son discours ne laissera pas à l’auditeur transporté hors de lui-même, le temps et la liberté de remarquer ses défauts : ils seront cachés dans l’éclat de ses vertus ; on sentira son impétuosité, mais on ne verra point ses démarches : on le suivra comme un aigle dans les airs, sans savoir comment il a quitté la terre ». […] Si quelquefois il n’a pas la liberté de mesurer le style et les expressions de ses discours, il en médite toujours l’ordre et les pensées ; et souvent même la méditation simple prenant la place d’une exacte composition, et la justesse des idées produisant celle des paroles, l’auditeur surpris croit que l’orateur a travaillé longtemps à perfectionner un édifice, dont il a eu à peine le loisir de tracer le premier plan. […] Liberté de penser, voilà leur cri, et ce cri s’est fait entendre d’une extrémité du monde à l’autre.
— Pour la régénérer et lui redonner l’âme, De son orgueil éteint pour rallumer la flamme, Pour qu’elle sente en soi florir3 sa puberté, Il n’est qu’un seul moyen, et c’est la liberté. […] La liberté, cher George, est le suprême bien. […] La liberté ne vit que par les bonnes mœurs3 ; Pour réformer l’État, réformez donc les cœurs, Sinon, vainqueurs d’un roi, mais vaincus par le vice, Vous n’aurez fait bientôt que changer de service. […] la liberté ne sera pas fondée, Si l’on ne suit ma simple et lumineuse idée. […] — la liberté ne veut pas de despotes.
Il trouve si douce la liberté d’opinion, qu’il ne cherche pas querelle aux dissidents. […] Dans ses lettres familières, c’est lui qui encourage tout le monde à défendre la liberté. […] Son âme a pu être abattue, déchirée ; son patriotisme et son amour de la liberté n’ont pas fléchi. […] Par cette mort il a confirmé toute sa vie, imprimé à ses ouvrages le sceau de la vérité ; il a fini comme devait finir l’homme qui, trente ans plus tôt, s’écriait dans ses Verrines, avec une sensibilité si profonde : O doux nom de liberté !
Mais quand je considère cette infinie multitude de peuples qui attend de leur protection son salut et sa liberté ; quand je vois que, dans un état policé, si la terre est bien cultivée, si les mers sont libres, si le commerce est riche et fidèle, si chacun vit dans sa maison doucement et avec assurance2, c’est un effet des conseils3 et de la vigilance du prince ; quand je vois que, comme un soleil, sa munificence porte sa vertu jusque dans les provinces les plus reculées, que ses sujets lui doivent, les uns leur honneur et leurs charges, les autres leur fortune et leur vie, tous la sûreté publique et la paix, de sorte qu’il n’y en a pas un seul qui ne doive le chérir comme un père : c’est ce qui me ravit, chrétiens ; c’est en quoi la majesté des rois me semble entièrement admirable ; c’est en cela que je les reconnais pour les vivantes images de Dieu, qui se plaît de remplir le ciel et la terre des marques de sa bonté, ne laissant aucun endroit de ce monde vide de ses bienfaits et de ses largesses4. […] Celui-là qui se plaint qu’il travaille trop, s’il était délivré de cet embarras, ne pourrait souffrir son repos ; maintenant les journées lui semblent trop courtes, et alors son grand loisir lui serait à charge : il aime sa servitude, et ce qui lui pèse lui plaît ; et ce mouvement perpétuel, qui les engage en mille contraintes, ne laisse pas de les satisfaire, par l’image d’une liberté errante. Comme un arbre que le vent semble caresser en se jouant avec ses feuilles et avec ses branches : bien que ce vent ne le flatte qu’en l’agitant, et le jette tantôt d’un côté, tantôt d’un autre, avec une grande inconstance, vous diriez toutefois que l’arbre s’égaye par la liberté de son mouvement. Ainsi, encore que3 les hommes du monde n’aient pas de liberté véritable, étant presque toujours contraints de céder au vent qui les pousse, toutefois ils s’imaginent jouir d’un certain air de liberté et de paix, en promenant deçà et delà leurs désirs vagues et incertains4.
Elle la sent inaltérable, et pourtant dépendante de la vertu, qui en est le principe, et qui elle-même dépend de la liberté venue de Dieu et assistée de lui. […] Il ne dédaigne pas les lettres ; car les lettres, il le sait, c’est la suprématie de l’esprit, c’est, avec l’éloquence et le goût, l’histoire du monde, la science des tyrannies et des libertés, la lumière reçue des temps, l’ombre de tous les grands hommes descendant de leur gloire dans l’âme qui veut leur ressembler, et lui apportant, avec la majesté de leur souvenir, le courage de faire comme eux. […] La parole l’a mis au monde ; la parole a donné l’éveil et le premier cours à sa pensée ; quoi qu’il veuille, quoi qu’il fasse, pour son bonheur ou son malheur, la parole achèvera son œuvre ; elle en fera une victime de l’orgueil ou de la charité, un esclave des sens ou du devoir ; et si la liberté lui demeure toujours contre le mal, ce sera pourtant à la condition d’appeler à son aide une meilleure parole que la parole qui l’aura trompé. […] Ils ont trouvé des complices jusque dans les traditions de la liberté, et le forum, la tribune, le sénat, ont été les noms dont ils ont couvert l’avilissement des âmes et l’opprobre de leur tyrannie. […] Ils ont besoin de prouver à la France que leur cœur n’a point faibli, et que leur parole a conservé toute sa liberté.
Quand Brutus inspirait au peuple romain un amour immense de la liberté, il ne songeait pas qu’il jetait dans les esprits le principe de cette licence effrénée par laquelle la tyrannie qu’il voulait détruire devait être un jour rétablie plus dure que sous les Tarquins. […] Comme un arbre que le vent semble caresser en se jouant avec ses feuilles et avec ses branches : bien que ce vent ne le flatte qu’en l’agitant, et le jette tantôt d’un côté, tantôt d’un autre, avec une grande inconstance, vous diriez toutefois que l’arbre s’égaye par la liberté de son mouvement. Ainsi, encore que les hommes du monde n’aient pas de liberté véritable, étant presque toujours contraints de céder au vent qui les pousse, toutefois ils s’imaginent jouir d’un certain air de liberté et de paix, en promenant deçà et delà leurs désirs vagues et incertains1 Voilà, si je ne me trompe, une peinture assez naturelle de la vie du monde et de la vie de la cour. […] Et toutefois, grâce à la mort, nous en pouvons parler avec liberté. […] On voit par cette lettre que Bossuet sait concilier la liberté du prédicateur avec le respect du sujet.
Comment nier théoriquement la liberté de l’homme et la rétablir dans l’ordre pratique des faits ? […] Mais il a voulu sincèrement la justice, il a défendu l’humanité, réformé la pénalité, créé la science sociale, préparé la liberté politique : ce sont là ses gloires durables. […] Cet accord de l’ordre avec la liberté voulu par la nation, renonçait-elle définitivement à l’atteindre ? […] Retardé par l’Empire, le mouvement intellectuel, commencé par Chateaubriand et par Madame de Staël, se développe, grâce à la liberté des institutions nouvelles et à la faveur même des passions que cette liberté soulève ou combat. […] quels titres avez-vous à la liberté ?
A sa noble aisance, à la facilité, à la liberté de ses mouvements sur l’eau, on doit le reconnaître non-seulement comme le premier des navigateurs ailés, mais comme le plus beau modèle que la nature nous ait offert pour l’art de la navigation. […] Aux avantages de la nature, le cygne réunit ceux de la liberté ; il n’est pas du nombre de ces esclaves que nous puissions contraindre ou renfermer ; libre sur nos eaux, il n’y séjourne, et ne s’y établit qu’en jouissant d’assez d’indépendance pour exclure tout sentiment de servitude et de captivité ; il veut à son gré parcourir les eaux, débarquer au rivage, s’éloigner au large, ou venir, longeant la rive, s’abriter sous les bords, sc cacher dans les joncs, s’enfoncer. dans les anses les plus écartées ; puis, quittant sa solitude, revenir à la société, et jouir du plaisir qu’il paraît prendre et goûter en s’approchant de l’homme, pourvu qu’il trouve en nous ses hôtes et ses amis, et non ses maîtres et ses tyrans1. […] Il convient de lire après cette page celle de Bossuet que voici : « L’homme a presque changé la face du monde ; il a su dompter par l’esprit les animaux qui le surmontaient par la force ; il a su discipliner leur humeur brutale, et contraindre leur liberté indocile ; il a même fléchi par adresse les créatures inanimées : la terre n’a-t-elle pas été forcée par son industrie à lui donner des aliments plus convenables, les plantes à corriger en sa faveur leur aigreur sauvage, les venins même à se tourner en remèdes pour l’amour de lui ?