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91. (1867) Rhétorique nouvelle « Introduction » pp. 2-33

Les Grecs du mont Athos ont conservé le goût de la peinture. […] Ainsi se modifient les goûts des sociétés aux différents degrés de leur enfance, de leur adolescence, de leur maturité et de leur vieillesse. […] Voulez-vous avoir une idée de la puissance du courant qui emporte les œuvres humaines, jetez les yeux sur votre siècle et arrêtez-vous un instant à considérer avec moi les étonnantes modifications que les mœurs ont apportées dans nos goûts littéraires.

92. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section deuxième. La Tribune du Barreau. — Chapitre VI. D’Aguesseau et Séguier. »

Dans un autre discours sur la décadence du barreau, il parle des vices de style qui défiguraient alors l’éloquence, et trace, à ce sujet, les règles du goût le plus sur, et de la critique la plus exercée. […] Il s’agissait, dans ce réquisitoire, d’une foule d’ouvrages, dont le goût et la morale ont fait justice depuis longtemps.

93. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — La Rochefoucauld. (1613-1680.) » pp. 15-19

La vie brillante de ce grand seigneur ne l’eût pas sauvé de l’oubli ; mais il avait le goût de l’observation, et le petit volume des Maximes que lui inspira l’étude des hommes a suffi pour l’immortaliser. […] Bien loin de les contredire et de les interrompre, on doit au contraire entrer dans leur esprit et dans leur goût, montrer qu’on les entend, louer ce qu’ils disent autant qu’il2 mérite d’être loué, et faire voir que c’est plutôt par choix3 qu’on les loue que par complaisance.

94. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Nisard Né en 1806 » pp. 296-300

Au lieu de flatter les goûts dominants qui récompensent leurs courtisans par la popularité, M. […] Aussi est-il un maître dans toute la force du mot : par l’accent et l’autorité de ses doctrines, nul n’est plus propre à diriger, à féconder sûrement les esprits ; nul ne forme plus sûrement le goût par la ferveur de ses convictions persuasives.

95. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Racine, 1639-1699 » pp. 150-154

Sa langue est souple, élégante, unie, riche de demi-teintes ; elle allie la force à la grâce, mais ses hardiesses n’effrayent point le goût. […] Nul goût, nulle connaissance des véritables beautés du théâtre ; les auteurs aussi ignorants que les spectateurs ; la plupart des sujets extravagants et dénués de vraisemblance ; point de mœurs, point de caractères ; la diction encore plus vicieuse que l’action, et dont les pointes et de misérables jeux de mots faisaient le principal ornement ; en un mot, toutes les règles de l’art, celles même de l’honnêteté et de la bienséance, partout violées.

96. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre troisième. De l’élocution. »

3° On ne peut mieux comparer une bonne composition qu’à ces parterres disposés symétriquement et avec goût. […] Quelqu’un a dit que leur emploi multiplié était un signe de la dégénérescence du goût. […] Le goût sera le premier guide, il les placera il propos ; le second sera, pour les figures de mots proprement dites, la grammaire, et pour les tropes, l’usage. […] La bassesse de l’expression n’est que de convention : car tel mot qui autrefois a été convenable peut être aujourd’hui regardé comme bas ; il faut sur ce point consulter l’usage et le goût. […] Prenez un livre de votre goût, lisez quelque beau passage ; cela éveillera votre talent qui sommeille et vous retrouverez bientôt vos inspirations.

97. (1845) Les auteurs latins expliqués... Horace. Art poétique pp. -72

Ainsi, faute de talent et de goût, on n’évite un défaut, que pour tomber dans un vice. […] Délicat et châtié dans son style, l’auteur d’un poëme que le public attend, doit montrer un goût sévère à l’égard des mots qu’il emploie. […] Mais vous, noble sang de Pompilius, soyez impitoyables pour ces poëmes faits à la hâte et sans corrections, essais imprudents qu’un goût sévère n’a pas dix fois retouchés. […] Il avait deux fils qui partageaient son goût prononcé pour les belles-lettres, et qui, comme lui, faisaient des vers. […] N’importe le genre où l’on s’exerce, le goût, ce goût sévère, qui sait en prendre et en laisser (hoc amet, hoc sernat), le goût est la première loi de l’écrivain : Le style le moins noble a pourtant sa noblesse.

98. (1825) Rhétorique française, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes pp. -433

Comme la logique est ici destinée à diriger les élèves dans l’étude des belles-lettres, à former leur discernement et leur goût, je n’ai eu en vue que cette fin dans les applications que j’ai faites des principes du raisonnement. […] Le talent de lire avec grâce, avec goût, avec intérêt ; l’art de donner à ce qu’on lit le ton de la nature et de la vérité, sont un mérite précieux qu’on ne doit pas négliger dans l’éducation des jeunes gens. […] Sans cette justesse il n’y a ni talent, ni goût en littérature. […] Notre intention, en ce moment, n’est que de donner une logique applicable à l’art d’écrire et de parler ; une logique propre à diriger et à former le discernement et le goût, relativement aux matières littéraires. […] L’enthymème est très-bien assorti à la nature et au goût de l’éloquence ; aussi Aristote (Rh. l. 

99. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre second. Définition et devoir de la Rhétorique. — Histoire abrégée de l’Éloquence chez les anciens et chez les modernes. — Chapitre II. De l’Éloquence chez les Grecs. »

Athènes ne tarda pas à se distinguer au milieu d’eux, par son goût pour tous les beaux-arts, et pour l’éloquence en particulier. […] Avec Démosthène disparurent les beaux jours de l’éloquence des Grecs : les rhéteurs et les sophistes achevèrent de corrompre le goût, et la Grèce esclave cessa de compter des grands hommes.

100. (1868) Morceaux choisis des écrivains contemporains à l’usage des classes supérieurs de l’enseignement classique et spécial. Prose et poésie

Notre goût personnel s’accordait en cela avec notre respect filial. […] Donner à la jeunesse le sens de l’admiration est une œuvre meilleure que d’éveiller chez elle le goût de la critique et le stérile plaisir d’un ingénieux dénigrement. […] Toutes ces gradations, ces manières prudentes et nuancées pour préparer les grands effets, ne sont point de mon goût. […] En général, un grand écrivain, dans les questions de goût, a pour type involontaire son propre talent. […] Son goût vif pour les arts, son instinct de l’antiquité, comme d’une patrie, se montrèrent d’abord.

101. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Supplément aux exemples. »

garde pour toi seul ton scrupule frivole : Sois captif dans le cercle obscur et limité Qui fut tracé des mains de l’uniformité ; Aux lois de ton compas asservis Melpomène, Et la douleur de Phèdre et l’amour de Chimène, Ravale à ton niveau l’essor audacieux De l’oiseau du tonnerre égaré dans les cieux ; Meurs d’ennui, j’y consens : sois barbare à ton aise ; Mais ne m’accable pas sous un joug qui me pèse ; N’exige pas du moins, insensible lecteur, Que jamais je me plie à ton goût destructeur. Va, d’un débit heureux l’innocente imposture, Sans la défigurer embellit la nature ; Et les traits que la muse éternise en ses chants, Récités avec art, en seront plus touchants : Ils laisseront dans l’âme une trace durable Du génie éloquent empreinte inaltérable, Et rien ne plaira plus à tous les goûts divers Qu’un organe flatteur déclamant de beaux vers.

102. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Origine et principe des beaux-arts »

Le temps, l’expérience et le goût les ont élevés à ce point de grandeur et de beauté où nous les voyons. […] Ici ce sont des arbres chargés de fruits d’un goût exquis : là, ce sont des herbes odoriférantes, et des végétaux, qui peuvent nous servir d’aliment : plus loin, ce sont des plantes salutaires, dont l’usage peut soulager ou guérir les maux de l’humanité souffrante.

103. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre V. — Qualités particulières du Style »

Le Style élégant « Le style élégant choisit les coupes de phrases les plus vives et les plus rapides, les chutes harmonieuses et variées, et se montre partout fidèle au goût le plus pur et le plus délicat. […] Bien écrire, c’est tout à la fois bien penser, bien sentir, bien rendre ; c’est avoir en même temps de l’esprit, de l’âme et du goût. […] Si les ouvrages qui les contiennent ne roulent que sur de petits objets, s’ils sont écrits sans goût, sans noblesse et sans génie, ils périront, parce que les connaissances, les faits et les découvertes s’enlèvent aisément, se transportent, et gagnent même à être mis en œuvre par des mains plus habiles. […] Les premiers ont réuni au plus haut degré l’imagination, c’est-à-dire, le génie qui crée, et le goût, c’est-à-dire, la faculté qui fait discerner le bon et le beau du mauvais et de la laideur. […] Parmi les hommes de goût qui lui ont fait une guerre acharnée, nous devons mentionner les louables efforts que M. 

104. (1867) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de rhétorique

que cette amertume me semble bien de meilleur goût que toutes les douceurs fades et tout le sucre des beaux parleurs ! […] Quel roi a répandu plus de bienfaits, a marqué plus de goût, s’est signalé par de plus beaux établissements ? […] Dites-moi, je vous prie, dans quelle cour Charles II puisa tant de politesse et tant de goût ? […] N’est-ce pas d’eux que votre sage Addison, l’homme de votre nation qui avait le goût le plus sûr, a tiré souvent ses excellentes critiques ? […] Croiriez-vous bien, milord, que Louis XIV a réformé le goût de sa cour en plus d’un genre ?

105. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre V. Beautés oratoires. »

à qui nous avons cru plus utile encore de donner des leçons de morale, que de citer des modèles d’éloquence, apprenez de bonne heure et n’oubliez jamais, que l’esprit est essentiellement faux, le goût essentiellement dépravé, quand le cœur est corrompu ; et le cœur est corrompu, quand rien de bon ou d’utile n’y a germé dans l’enfance, ou que ces germes précieux ont été tristement étouffés, dans la suite, par la séduction des mauvais exemples et l’empire des mauvaises habitudes. Nous avons tâché de vous prouver, dans le cours de cet ouvrage, que les progrès du goût et de l’éloquence étaient nécessairement attachés à ceux de la morale, et que la ruine de l’une entraînait la décadence inévitable de l’autre : nous vous avons montré que les plus beaux morceaux, que l’on pût offrir à votre admiration, étaient ceux où respire le sentiment de la vertu, la haine du vice ou l’amour éclairé de la patrie ; que tout ce qui ne porte pas ces grands caractères du vrai beau, ne peut qu’être froid, languissant, inanimé ; et qu’enfin, en tout genre comme en tout sens, dans la conduite, comme dans les ouvrages, L’esprit se sent toujours des bassesses du cœur.

106. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Massillon 1643-1743 » pp. 133-138

Les terreurs cruelles marchent partout devant nous ; la solitude nous trouble ; les ténèbres nous alarment ; nous croyons voir sortir de tous côtés des fantômes qui viennent toujours nous reprocher les horreurs secrètes de notre âme ; des songes funestes nous remplissent d’images noires et sombres ; et le crime, après lequel nous courons avec tant de goût, court ensuite après nous comme un vautour cruel, et s’attache à nous pour nous déchirer le cœur et nous punir du plaisir qu’il nous a lui-même donné1 Sur l’ennui L’ennui, qui paraît devoir être le partage du peuple, ne s’est pourtant, ce semble, réfugié que chez les grands : c’est comme leur ombre qui les suit partout1 Les plaisirs, presque tous épuisés pour eux, ne leur offrent plus qu’une triste uniformité qui endort ou qui lasse ; ils ont beau les diversifier, ils diversifient leur ennui2 En vain ils se font honneur3 de paraître à la tête de toutes les réjouissances publiques ; c’est une vivacité d’ostentation ; le cœur n’y prend presque plus de part ; le long usage des plaisirs les leur a rendus inutiles : ce sont des ressources usées, qui se nuisent chaque jour à elles-mêmes. […] Les amitiés Les trois principes les plus communs qui lient les hommes les uns avec les autres, et qui forment toutes les unions et les amitiés humaines, sont le goût, la cupidité et la vanité.

107. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section II. Des Ouvrages en Vers. — Chapitre II. Des petits Poèmes. »

Plus on est éclairé, et plus on a de goût, plus on est capable de sentir les beautés qui nous enchantent et nous intéressent dans ses fables. […] Les jeunes gens surtout doivent pour se former le cœur et le goût, les lire, et les relire sans cesse. […] Boileau a décrit en vers héroïques le passage du Rhin : il a fait les peintures les plus gracieuses des douceurs de la paix et des agréments de la campagne : à l’imitation d’Horace, il a développé, dans un style noble et plein de dignité, les lois de la morale et du goût. […] Là, c’est l’impie qui, voyant un glaive suspendu par un fil au-dessus de sa tête, ne trouve aucun goût aux mets les plus exquis, et à qui le chant des oiseaux, la plus douce harmonie ne peuvent ramener le sommeil. […] Hist. et Crit. sur le goût.

108. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre IV. Du genre dramatique. » pp. 252-332

Mais, en général, aucun homme de goût ne pourra admirer une pièce ou le héros, Enfant au premier acte, est barbon au dernier. […] Il est certain que de bons drames dans le goût romantique valent mieux que de froides compositions, symétriques, tirées au cordeau, sans intérêt, sans âme, sans accent, et qui veulent se faire admirer uniquement par leur sagesse. […] Voltaire s’élève avec force contre l’usage continuel de cette passion dans la tragédie : Vouloir de l’amour dans toutes les tragédies, dit-il, me paraît un goût efféminé… L’amour n’est souvent chez nos héros que de la galanterie. […] La diction doit être naturelle, mais de ce naturel que le goût rectifie, où il ne laisse rien de froid, de négligé de diffus, de plat, d’insipide. […] Pour exceller en ce genre, il faut un jugement fin, un goût sûr, et une imagination vive et enjouée.

109. (1843) Nouvelle rhétorique, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes (7e éd.)

On a donc besoin d’un goût délicat pour discerner ce qui suffit et ce qui dégénèrerait en surabondance nuisible. […] Il faut beaucoup d’esprit et de goût il serait difficile de donner des leçons de l’un et de l’autre. […] Le goût consiste à ne pas s’y tromper. […] Ces figures sont tellement fondues dans le style, qu’elles ne blessent point le goût le plus sévère. […] On pouvait reprocher à Despréaux son goût pour la satire, et la manière dont il traitait Chapelain.

110. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre XVI. Genre du roman. »

Il dispose à son gré de sa matière, il n’est guère soumis qu’aux lois générales du bon sens et du goût ; pour le reste, il ne reçoit de règles que de lui-même et de son sujet. […] Leur âme ne doit recevoir que les inspirations bienfaisantes de la vertu, leur goût ne doit contempler que ce qui est pur et beau.

111. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — D’Aubigné, 1550-1630 » pp. -

Il a surtout le goût du grandiose et du terrible ; mais chez lui, le sublime touche au trivial. […] On dirait une lave pleine de scories. — Aussi a-t-il effarouché le goût du xviie  siècle autant par ses témérités littéraires que par ses incartades politiques.

112. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Balzac, 1596-1655 » pp. 2-8

Boileau ne se mêla point aux thuriféraires ; il prit la revanche du bon sens et du goût. […] L’heureuse combinaison des tours et la noblesse des termes sont entrés dans le trésor de la prose oratoire : l’exagération emphatique, le faux goût, la recherche, sont demeurés sur le compte de Balzac, et l’on n’a plus compris la gloire de cet écrivain, parce que les fautes seules lui restaient, tandis que ses qualités heureuses étaient devenues la propriété commune de la langue qu’il avait embellie. » 3.

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