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2. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie —  Vauvenargues, 1715-1747 » pp. 336-343

Ses talents, son travail continuel, son application à bien faire, n’ont pu fléchir la dureté de sa fortune. […] Faut-il demander la raison pourquoi des joueurs très-habiles se ruinent au jeu, pendant que d’autres hommes y font leur fortune ? […] La fortune peut se jouer de la sagesse des gens vertueux ; mais il ne lui appartient pas de faire fléchir leur courage3. […] « Grandissant au milieu d’une ambition stérile, enlevé au seuil de la maturité, et déposant dans chaque page qu’il écrit sa protestation contre la fortune, il inspire la compassion la plus vive. […] La fortune, qui l’a réduit à les écrire, me paraît injuste.

3. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Bossuet, 1627-1704 » pp. 89-123

Ne parlons plus de hasard ni de fortune, ou parlons-en seulement comme d’un nom dont nous couvrons notre ignorance. […] Pour lui, il appuie sa famille sur des fondements plus certains, sur des charges considérables, sur des richesses immenses, qui soutiendront éternellement la fortune de sa maison. […] C’est trop parler de la fortune dans la chaire de vérité. […] ô les belles suites de ta fortune ! […] Le bien de la fortune est un bien périssable ; Quand on bâtit sur elle, on bâtit sur le sable.

4. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Fléchier. (1632-1710.) » pp. 69-75

Il passe le Rhin5 et trompe la vigilance d’un général habile et prévoyant6 ; il observe les mouvements des ennemis ; il relève le courage des alliés ; il ménage la foi suspecte et chancelante des voisins ; il ôte aux uns la volonté, aux autres les moyens de nuire ; et, profitant de toutes ces conjonctures importantes qui préparent les grands et glorieux événements, il ne laisse rien à la fortune de ce que le conseil et la prudence humaine lui peuvent ôter. […] Turenne meurt ; tout se confond, la fortune chancelle, la victoire se lasse, la paix s’éloigne, les bonnes intentions des alliés se ralentissent, le courage des troupes est abattu par la douleur et ranimé par la vengeance ; tout le camp demeure immobile2. […] Il allait porter son encens avec peine sur les autels de la fortune, et revenait chargé du poids des pensées qu’un silence contraint avait retenues. […] Ne pouvant s’autoriser encore contre l’usage, il fit connaître à ses amis qu’il allait à l’armée faire sa cour, qu’il lui coûtait moins d’exposer sa vie que de dissimuler ses sentiments, et qu’il n’achèterait jamais ni de faveur, ni de fortune, aux dépens de sa probité. […] L’envie est une passion désordonnée qui ne peut souffrir ni grâce ni vertu dans les âmes : il n’y a point d’autorité, point de réputation, point de bonheur qu’elle n’étouffât, si elle pouvait, dès leur naissance Comme elle n’a pas toujours la force en main, elle s’aide de tous les artifices de la langue : soit qu’elle cherche à détruire un crédit qui lui fait ombrage, à ternir une gloire qui brille un peu trop à son gré, à ruiner une fortune dont les débris peuvent servir à grossir la sienne, à décrier une probité qui lui fait obstacle dans ses prétentions, quoique injustes ; le moyen ordinaire et le ressort presque universel dont elle se sert, c’est la médisance et la calomnie : ce sont les préventions qu’elle donne, ce sont les piéges qu’elle tend, ce sont les coups qu’elle frappe contre l’honneur et le repos de ses rivaux.

5. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — La Bruyère, 1646-1696 » pp. 155-177

Il est sévère et inexorable à qui n’a point encore fait sa fortune : il vous aperçoit un jour dans une galerie, et il vous fuit ; et le lendemain, s’il vous trouve en un endroit moins public, ou, s’il est public, en la compagnie d’un grand, il vient à vous, et il vous dit : Vous ne faisiez pas hier semblant de nous voir. […] Le sage guérit de l’ambition par l’ambition même ; il tend à de si grandes choses, qu’il ne peut se borner à ce qu’on appelle des trésors, des postes, la fortune et la faveur. […] Bossuet a dit : « Par la profondeur de son génie et les incroyables ressources de son courage, il s’élève au-dessus des plus grands périls, et sait même profiter de toutes les infidélités de la fortune. » 1. […] Bossuet a dit : « Ces terres et ces seigneuries qu’il avait ramassées comme une province, avec tant de soins et de travail, se partageront en plusieurs mains, et tous ceux qui verront ce grand changement diront, en levant les épaules et en regardant avec étonnement les restes de cette fortune ruinée : Est-ce là que devait aboutir toute cette grandeur formidable au monde ? […] Vous avez des enfants, il est vrai, dignes de vous, j’ajoute même capables de soutenir toute votre fortune ; mais qui peut vous en promettre autant de vos petits-fils ?

6. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Montesquieu, 1689-1755 » pp. 235-252

Quand j’ai voyagé dans les pays étrangers, je m’y suis attaché comme au mien propre ; j’ai pris part à leur fortune, et j’aurais souhaité qu’ils fussent dans un état florissant. […] Je suis un bon citoyen, parce que j’ai toujours été content de l’état où je suis, que j’ai toujours approuvé ma fortune, que je n’ai jamais rougi d’elle ni envié celle des autres. […] S’il m’est permis de prédire la fortune de mon ouvrage3, il sera plus approuvé que lu : de pareilles lectures peuvent être un plaisir, elles ne sont jamais un amusement. […] Une république sage ne doit rien hasarder qui l’expose à la bonne où à la mauvaise fortune : le seul bien auquel elle doit aspirer, c’est à la perpétuité de son état. […] Si cela est sincère, il faut avouer que Montesquieu eut bien de la bonhomie quand il croyait avoir négligé le soin de faire la fortune de son nom.

7. (1872) Recueil de compositions françaises pour préparer au discours latin les candidats au baccalauréat ès-lettres. Première série

L’action s’engagea près de Thapsus ; mais les partisans de Pompée furent là encore trahis par la fortune. […] les fortunes privées peuvent-elles subsister, quand la fortune publique périclite ? […] Aussi, Crésus, l’homme quelque grand qu’il soit, est-il exposé aux coups de la fortune. […] Quelles que soient les alternatives de la fortune, l’autorité suprême nous suivra partout et l’empire nous accompagne. […] Pourquoi accuser la fortune, de ce qu’elle ne m’a pas accordé des trésors dont je n’ai pas besoin ?

8. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Regnard. (1655-1709.) » pp. 242-253

Une fortune aisée, dont il usait largement, lui permit de ne l’être que pour son plaisir. […] Peut-être Je deviendrais un jour aussi gras que mon maître ; J’aurais un bon carrosse à ressorts bien liants2 ; De ma rotondité j’emplirais le dedans : Il n’est que ce métier pour brusquer la fortune ; Et tel change de meuble et d’habit chaque lune, Qui, Jasmin autrefois, d’un drap du sceau3 couvert, Bornait sa garde-robe à son justaucorps vert. […] Tu peux me faire perdre, ô fortune ennemie ! […] « La fortune offre aux yeux des brillants mensongers : « Tous les biens d’ici-bas sont faux et passagers ; « Leur possession trouble et leur perte est légère : « Le sage gagne assez lorsqu’il peut s’en défaire. » Lorsque Sénèque fit ce chapitre éloquent, Il avait, comme vous, perdu tout son argent. […] « On dit dans le style comique, remarquent les auteurs du Dictionnaire de Trévoux, incaguer le destin, incaguer la fortune, pour braver, défier le destin, la fortune. » Toutefois Molière n’a pas fait usage de ce mot, qui est complétement tombé en désuétude. — Le substantif incagade désignait une bravade et aussi le mauvais succès d’une entreprise.

9. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre VIII. de la disposition. — unité, enchainement des idées  » pp. 98-117

3° L’ambition et l’amour de la fortune dans les autres hommes partagent l’amour du plaisir. […] Dans les autres hommes, cette passion déplorable n’exerce jamais qu’à demi son empire : les obstacles la traversent ; la crainte des discours publics la retient ; l’amour de la fortune la partage. […] quels obstacles a jamais trouvés là-dessus la volonté de ceux qui tiennent en leurs mains la fortune publique ? […] Enfin, l’ambition et l’amour de la fortune dans les autres hommes partagent l’amour du plaisir. […] Mais les princes et les grands, qui n’ont plus rien à désirer du côté de la fortune, n’y trouvent rien aussi qui gêne leurs plaisirs.

10. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre VI. Des éloges funèbres. »

» Si je me suis étendu sur les louanges de notre république, c’est que je voulais faire concevoir que le combat n’est pas égal entre nous et des hommes à qui la fortune n’offre aucun avantage pareil à défendre. […] Tous unanimement, préférant à des charmes illusoires l’honneur de vaincre l’ennemi, regardant le péril même qui se montrait à leurs yeux comme une faveur de la fortune, tous ils se hâtaient de s’en saisir, et pour se venger, et pour couronner à la fois tous leurs vœux. […] Quelquefois la fortune trompa leurs projets ; mais jamais ils ne crurent qu’un revers dût priver la patrie de leur vertu. […] » Aussi ne sont-ce pas des pleurs, mais des consolations et une leçon que j’offre maintenant aux pères des guerriers dont nous célébrons la mémoire : ils savent que leurs fils naquirent soumis aux viscissitudes de la fortune.

11. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Madame de Maintenon 1635-1719 » pp. 94-99

Cette subite grandeur lui suscita bien des ennemis, et l’on ne saurait nier que ses incontestables vertus ressemblent parfois au talent de se rendre nécessaire ; mais si elle ne fut pas étrangère à toute arrière pensée d’ambition, s’il est plus facile de la respecter que de l’aimer, on doit pourtant reconnaître qu’elle n’a jamais séparé l’honnêteté de l’habileté Elle excella par la tenue, la justesse, la mesure et le bon sens pratique ; elle porta simplement une haute fortune, et s’en servit pour faire le bien, surtout lorsqu’elle fonda Saint-Cyr (1685), création qui suffirait à honorer son nom. […] Songez, mon cher frère, au voyage d’Amérique, aux malheurs de notre père, aux malheurs de notre enfance, à ceux de notre jeunesse, et vous bénirez la Providence au lieu de murmurer contre la fortune. […] Songez que c’est uniquement la fortune de votre tante qui a fait celle de votre père et la vôtre. […] Ne voyez-vous pas que je meurs de tristesse dans une fortune qu’on aurait peine à imaginer, et qu’il n’y a que le secours de Dieu qui m’empêche d’y succomber ?

12. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Retz, 1614-1679 » pp. 38-42

Enfin il faut confesser que tous ses vices ont été de ceux que la grande fortune rend aisément illustres, parce qu’ils ont été de ceux qui ne peuvent avoir pour instruments que de grandes vertus1. […] La fortune, en le donnant à un siècle de guerre, a laissé au second toute son étendue. […] Fléchier disait avec plus de raison : « Déjà, pour l’honneur de la France, était entré dans l’administration des affaires un homme plus grand par son esprit et par ses vertus que par ses dignités et par sa fortune ; toujours employé, et toujours au-dessus de ses emplois ; capable de régler le présent et de prévoir l’avenir ; d’assurer les bons événements et de réparer les mauvais ; vaste dans ses desseins, pénétrant dans ses conseils, juste dans ses choix, heureux dans ses entreprises, et, pour tout dire en peu de mots, rempli de ces dons excellents que Dieu fait à certaines âmes qu’il a créées pour être maîtresses des autres, et pour faire mouvoir ces ressorts dont sa providence se sert pour élever ou pour abattre, selon ses décrets éternels, la fortune des rois et des royaumes. » 1.

13. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Massillon, 1663-1742 » pp. 205-215

Nous regarderions comme un insensé dans le monde un homme, lequel héritier d’un trésor immense, le laisserait dissiper faute de soins et d’attentions, et n’en ferait aucun usage, ou pour s’élever à des places et à des dignités qui le tireraient de l’obscurité, ou pour s’assurer une fortune solide, et qui le mît pour l’avenir dans une situation à ne plus craindre aucun revers. […] Un seul jour perdu devrait nous laisser des regrets mille fois plus vifs et plus cuisants qu’une grande fortune manquée ; et cependant ce temps si précieux nous est à charge ; toute notre vie n’est qu’un art continuel de le perdre ; et, malgré toutes nos attentions à le dissiper, il nous en reste toujours assez pour ne savoir encore qu’en faire ; et cependant la chose dont nous faisons le moins de cas sur la terre, c’est de notre temps ; nos offices, nous les réservons pour nos amis ; nos bienfaits, pour nos créatures ; nos biens, pour nos proches et pour nos enfants ; notre crédit et notre faveur, pour nous-mêmes ; nos louanges, pour ceux qui nous en paraissent dignes ; notre temps, nous le donnons à tout le monde, nous l’exposons, pour ainsi dire, en proie à tous les hommes : on nous fait même plaisir de nous en décharger ; c’est comme un poids que nous portons au milieu du monde, cherchant sans cesse quelqu’un qui nous en soulage. […] Une liaison d’amitié nous fait suivre la fortune et la destinée d’un ami. […] Ce sont des vues de fortune, d’élévation, de plaisir, qui vous ont frayé la route par où vous marchez ; vous y trouverez donc des occasions d’orgueil, d’ambition, de mollesse, de volupté, d’autant plus inévitables pour vous, que votre choix déclare vos penchants infortunés pour ces vices. […] Telle, sans aucun attrait pour la retraite, se consacre au Seigneur par pure fierté, parce que n’ayant pas de quoi soutenir son nom et s’établir convenablement dans le monde, un asile saint lui paraît plus honorable aux yeux des hommes qu’une fortune obscure et rampante.

14. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre II. Des différentes Espèces de Style, et des Figures de Pensées. » pp. 238-278

Poursuivi à toute outrance par l’implacable malignité de la fortune, trahi de tous les siens, il ne s’est pas manqué à lui-même. […] On fut longtemps à délibérer ; et dans une affaire aussi délicate, on crut qu’il fallait tout donner au conseil, et ne rien laisser à la fortune. […] De tant de coups affreux la tempête orageuse Tient un temps sur les eaux la fortune douteuse. […] L’attachement à la personne de Louis XIII, n’était pas la voie la plus sûre pour faire fortune ; on réussissait beaucoup mieux en se dévouant à toutes les volontés du Cardinal. […] Mais il faut avouer pour sa justification, que l’intérêt de l’État se trouva presque toujours heureusement enchaîné à celui de sa fortune et de ses passions.

15. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Voltaire. (1694-1778.) » pp. 277-290

Doué de tous les genres d’esprit, de celui des affaires presque autant que de celui des lettres, Voltaire acquit par des spéculations heureuses non moins que par ses travaux une fortune considérable qui augmenta sa puissance. […] Mayenne, en ce tumulte, incapable d’effroi, Affligé, mais tranquille, et maître encor de soi, Voit d’un œil assuré sa fortune cruelle, Et, tombant sous ses coups, songe à triompher d’elle. D’Aumale, auprès de lui, la fureur dans les yeux, Accusait les Flamands, la fortune et les cieux. […] A la cour de Louis, guidé par son courage, De la guerre sous lui j’ai fait l’apprentissage : Ma fortune et mon rang sont un don de ce roi, Si grand par sa valeur et plus grand par sa foi. […] Toi qui seul as conduit sa fortune et la mienne, Mon Dieu qui me la rends, me la rends-tu chrétienne ?

16. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — J. B. Rousseau. (1671-1741.) » pp. 254-266

A la Fortune. Fortune, dont la main couronne Les forfaits les plus inouïs, Du faux éclat qui t’environne Serons-nous toujours éblouis1 ? […] L’effort d’une vertu commune Suffit pour faire un conquérant : Celui qui dompte la fortune Mérite seul le nom de grand. […] Ivre de ses grandeurs et de son opulence, L’éclat de sa fortune enfle sa vanité.

17. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Nisard Né en 1806 » pp. 296-300

Aujourd’hui, l’idéal, c’est le bien-être par une fortune rapide. […] Dans le temps où nous vivons, et où il semble que l’instabilité nous donne la soif de la stabilité, il n’est qu’une sorte de gens dont on puisse dire qu’ils font leur fortune ; ce sont les élèves laborieux de nos lycées. […] Faites donc ces efforts si profitables, qui vous mettront en possession d’une fortune sans vicissitude.

18. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Montesquieu. (1689-1755.) » pp. 130-139

Les accidents de la fortune se réparent aisément : on ne peut pas parer à des événements qui naissent continuellement de la nature des choses. Mais la nature ni la fortune ne furent jamais si fortes contre lui que lui-même. […] Dans le commencement de son entreprise, c’est-à-dire dans un temps où un échec pouvait le renverser, il mit peu de chose au hasard : quand la fortune le mit au-dessus des événements, la témérité fut quelquefois un de ses moyens. […] Fallait-il payer les dettes des soldats, faire part de sa conquête aux Grecs, faire la fortune de chaque homme de son armée : il était Alexandre.

19. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Guizot. Né en 1787. » pp. 469-478

C’est de lui que date l’ère de la science proprement dite. » Le goût des spéculations générales, la profondeur et la gravité des maximes, des vues supérieures, des leçons éloquentes sur la part qui revient à chacun dans la bonne ou la mauvaise fortune des sociétés, l’art magistral de classer les idées, de les faire manœuvrer avec puissance et précision, l’autorité qui domine un sujet et juge de haut toutes les questions : tels sont les mérites éminents de ce grand esprit qui aborda l’histoire en homme d’État, prédestiné aux luttes et aux triomphes de la parole. […] Dès le premier jour, il aimait dans la guerre, bien plus que le plaisir du combat, ce grand emploi de l’intelligence et de la volonté armées de la force pour un beau dessein, ce mélange puissant d’action humaine et de fortune, qui saisit et transporte les âmes les plus hautes comme les plus simples. […] Fier et passionné, il s’égara sans jamais s’abaisser ; infidèle à la cause de son pays, il se dévoua sans réserve, quel que fût le péril, à la cause de son maître ; ambitieux, capricieux, déréglé, il savait pourtant aimer, estimer, résister et servir le roi contre la cour, et tout en poussant avec ardeur sa fortune, braver de puissantes défaveurs. […] Ses contemporains le pressentaient : « Votre santé et votre fortune sont le toast de toutes les tables », lui écrivait dès 1756 le colonel Fairfaix, son premier patron.

20. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre I. Du Discours oratoire. »

Ovide a dit de la fortune : « Elle n’est constante que dans son inconstance même ». […] » Si l’âge, dit le même Rhéteur30, influe sur les mœurs, la fortune et la condition n’y influent pas moins. […] Persuadés que leur bonheur consiste dans l’opulence, ils dédaignent tout ce qui ne leur ressemble pas ; et rien ne contribue plus à les entretenir dans cette illusion, qu’une cour nombreuse de vils flatteurs qui les applaudissent, ou qui en attendent leur fortune. […] Mais rien n’est plus commun que de l’oublier dans l’ivresse que cause une riante fortune ». […] La fortune, surtout, se croit en droit de s’en attribuer la plus grande partie, et se regarde presque comme la seule et unique cause des heureux succès.

21. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre IV. Thomas. »

Si tu t’occupes de fortune, tu te mets toi-même à l’enchère. — Si ton âme est noble, ta fortune est l’honneur ; ta fortune est l’estime de ta patrie, l’amour de tes concitoyens, le bien que tu peux faire.

22. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Massillon 1643-1743 » pp. 133-138

On cherche des amis utiles ; ils sont dignes de notre amitié dès qu’ils deviennent nécessaires à nos plaisirs ou à notre fortune ; l’intérêt est un grand attrait pour la plupart des cœurs ; les titres qui nous rendent puissants se changent bientôt en des qualités qui nous font paraître aimables ; et l’on ne manque jamais d’amis, quand on peut payer l’amitié de ceux qui nous aiment. […] Des amis qui nous font honorer nous sont toujours chers3, il semble qu’en les aimant nous entrons en part4 avec eux de la distinction qu’ils ont dans le monde ; nous cherchons à nous parer, pour ainsi dire, de leur réputation ; et, ne pouvant atteindre à leur mérite, nous nous honorons de leur société, pour faire penser du moins qu’il n’y a pas loin d’eux à nous5 L’emploi du temps 6 Nous regarderions comme un insensé dans le monde un homme, lequel héritier d’un trésor immense, le laisserait dissiper faute de soins et d’attentions, et n’en ferait aucun usage, ou pour s’élever à des places et à des dignités qui le tireraient de l’obscurité, ou pour s’assurer une fortune solide, et qui le mît pour l’avenir dans une situation à ne plus craindre aucun revers. […] Un seul jour perdu devrait nous laisser des regrets mille fois plus vifs et plus cuisants qu’une grande fortune manquée ; et cependant ce temps si précieux nous est à charge ; toute notre vie n’est qu’un art continuel de le perdre, et, malgré toutes nos attentions à le dissiper, il nous en reste toujours assez pour ne savoir encore qu’en faire ; et cependant la chose dont nous faisons le moins de cas sur la terre, c’est de notre temps ; nos offices, nous les réservons pour nos amis ; nos bienfaits, pour nos créatures ; nos biens, pour nos proches et pour nos enfants ; notre crédit et notre faveur, pour nous-mêmes ; nos louanges, pour ceux qui nous en paraissent dignes ; notre temps, nous le donnons à tout le monde, nous l’exposons, pour ainsi dire, en proie à tous les hommes ; on nous fait même plaisir de nous en décharger : c’est comme un poids que nous portons au milieu du monde, cherchant sans cesse quelqu’un qui nous en soulage.

23. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — La Rochefoucauld, 1613-1680 » pp. 32-37

La Rochefoucauld 1613-1680 [Notice] Grand seigneur, homme d’intrigue, mêlé à toutes les cabales de la Régence et de la Fronde, ambitieux déçu dans ses rêves et précipité du faîte de ses espérances, malheureux à la guerre, dupe de ses amis et victime de ses ennemis, trahi, méconnu dans ses affections et son dévouement, échappé du naufrage avec une fortune compromise et une santé détruite, n’ayant plus de ressources que du côté de l’esprit, le duc de La Rochefoucauld consola ses disgrâces par un livre où ses ressentiments lui inspirent la misanthropie d’une morale pessimiste. […] L’amour-propre L’amour-propre est l’amour de soi-même et de toutes choses pour soi : il rend les hommes idolâtres d’eux-mêmes, et les rendrait tyrans des autres, si la fortune leur en donnait les moyens. […] Il en change selon le changement de nos âges, de nos fortunes et de nos expériences ; mais il lui est indifférent d’en avoir plusieurs ou de n’en avoir qu’une, parce qu’il se partage en plusieurs, et se ramasse en une quand il le faut et comme il lui plaît.

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