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2. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Madame de Sévigné 1626-1696 » pp. 52-64

. — Monsieur, lui dit-il, vous avez raison ; je ne veux point du tout être tué aujourd’hui, cela sera le mieux du monde. » Il eut à peine tourné son cheval qu’il aperçut Saint-Hilaire, le chapeau à la main, qui lui dit : « Monsieur, jetez les yeux sur cette batterie que je viens de faire placer là2. » M. de Turenne revint, et dans l’instant, sans être arrêté, il eut le bras et le corps fracassés du même coup qui emporta le bras et la main qui tenaient le chapeau de Saint-Hilaire. Ce gentilhomme, qui le regardait toujours, ne le voit pas tomber ; le cheval l’emporte où il avait laissé le petit d’Elbeuf ; il n’était point encore tombé, mais il était penché le nez sur l’arçon. Dans ce moment, le cheval s’arrête, le héros tombe entre les bras de ses gens ; il ouvre deux fois de grands yeux et la bouche, et demeure tranquille pour jamais : songez qu’il était mort, et qu’il avait une partie du cœur emportée. […] On couvre le corps d’un manteau, on le porte dans une haie, on le garde à petit bruit ; un carrosse vient, on l’emporte dans sa tente. […] Le coup de canon vint donc ; il emporte le bras de M.

3. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Madame de Sévigné, 1626-1696 » pp. 76-88

. — Monsieur, lui dit-il, vous avez raison ; je ne veux point du tout être tué aujourd’hui, cela sera le mieux du monde. » Il eut à peine tourné son cheval qu’il aperçut Saint-Hilaire, le chapeau à la main, qui lui dit : « Monsieur, jetez les yeux sur cette batterie que je viens de faire placer là4. » M. de Turenne revint, et dans l’instant, sans être arrêté, il eut le bras et le corps fracassés du même coup qui emporta le bras et la main qui tenoient le chapeau de Saint-Hilaire. Ce gentilhomme, qui le regardoit toujours, ne le voit pas tomber ; le cheval l’emporte où il avoit laissé le petit d’Elbeuf ; il n’étoit point encore tombé, mais il étoit penché le nez sur l’arçon. Dans ce moment, le cheval s’arrête, le héros tombe entre les bras de ses gens ; il ouvre deux fois de grands yeux et la bouche, et demeure tranquille pour jamais : songez qu’il étoit mort, et qu’il avoit une partie du cœur emportée. […] On couvre le corps d’un manteau, on le porte dans une haie, on le garde à petit bruit ; un carrosse vient, on l’emporte dans sa tente. […] Le coup de canon vint donc ; il emporte le bras de Saint-Hilaire qui montrait cette batterie, et tue M. de Turenne ; le fils de Saint-Hilaire se jette à son père, et se met à crier et à pleurer.

4. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre VI. Massillon. »

C’est que la vengeance leur semblait traîner après elle je ne sais quoi de bas et d’emporté, qui eût défiguré le portrait et l’orgueilleuse tranquillité de leur sage ; c’est qu’il leur paraissait honteux de ne pouvoir se mettre au-dessus d’une offense. […] Mais ce qui est plus déplorable cent fois que le reste, c’est que ces mêmes vérités, appuyées de leurs preuves, ne laissent souvent aucune trace dans les cœurs ; et que les sophistes, qui ne prouvent rien, l’emportent si aisément sur le philosophe religieux, qui raisonne et qui prouve. […] L’éducation fortifia ces sentiments de la nature : on lui apprit à connaître un Dieu, à l’aimer, à le craindre ; on lui montra la vertu dans les règles ; on la lui rendit aimable par des exemples ; et quoiqu’il trouvât en lui des penchants opposés au devoir, lorsqu’il lui arrivait de s’y laisser emporter, son cœur prenait en secret le parti de sa vertu contre sa propre faiblesse. […] Voilà les raisons insurmontables que l’impie oppose à la foi de tout l’univers ; voilà cette évidence qui l’emporte, dans son esprit, sur tout ce qu’il y a de plus évident et de mieux établi sur la terre » !

5. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Buffon. (1707-1788.) » pp. 146-152

Mais, docile autant que courageux, il ne se laisse point emporter à son feu, il sait réprimer ses mouvements : non-seulement il fléchit sous la main de celui qui le guide, mais il semble consulter ses désirs ; et, obéissant toujours aux impressions qu’il en reçoit, il se précipite, se modère ou s’arrête, et n’agit que pour y satisfaire. […] A peine aperçoit-on leurs pieds, tant ils sont courts et menus : ils en font peu d’usage ; et ils ne se posent que pour passer la nuit, et se laissent, pendant le jour, emporter dans les airs ; leur vol est continu, bourdonnant et rapide : on compare le bruit de leurs ailes à celui d’un rouet. […] On les voit poursuivre avec furie des oiseaux vingt fois plus gros qu’eux, s’attacher à leur corps, et, se laissant emporter par leur vol, les becqueter à coups redoublés jusqu’à ce qu’ils aient assouvi leur petite colère.

6. (1853) Exercices de composition et de style ou sujets de descriptions, de narrations de dialogues et de discours

L’ermite, en se retirant, emporte en secret une superbe coupe d’or. […] Le poste est emporté. […] Le château fut emporté d’assaut. […] Les Vendéens emportent leurs généraux mourants et se retirent à Beaupréau. […] Avez-vous emporté des effets appartenant à l’État ?

7. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — De Retz. (1614-1679.) » pp. 20-28

C’est par où je devais commencer, mais le fil du discours m’a emporté. […] Il donna toutes les apparences nécessaires pour faire croire qu’on l’avait forcé à cette résolution ; que les conseils de Monsieur et de M. le prince l’avaient emporté dans l’esprit de la reine sur son avis. […] La reine, qui ne craignait rien parce qu’elle connaissait peu, s’emporta, et elle lui répondit avec un ton de fureur plutôt que de colère : « Je sais bien qu’il y a du bruit dans la ville ; mais vous m’en répondrez, messieurs du parlement, vous, vos femmes et vos enfants. » En prononçant cette dernière syllabe, elle rentra dans sa petite chambre grise et elle en ferma la porte avec force.

8. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Alfred de Musset 1810-1857 » pp. 564-575

Pas un sanglot ne sort de sa gorge oppressée2 ; Muet et chancelant, sans force et sans pensée, Il s’asseoit à l’écart, les yeux sur l’horizon, Et, regardant s’enfuir sa moisson consumée, Dans les noirs tourbillons de l’épaisse fumée L’ivresse du malheur emporte sa raison. […] que ferai-je moi-même, Quand celui qui peut tout défendra que je t’aime, Et quand mes ailes d’or, frémissant malgré moi, M’emporteront à lui pour me sauver de toi2 ? […] Elle se trouvait à Manchester, lorsqu’elle fut emportée par une fièvre nerveuse.

9. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre II. Défense de Fouquet, par Pélisson. »

« Et quant au particulier de qui j’ai entrepris la défense, particulier maintenant et des moindres et des plus faibles, la colère de votre majesté, sire, s’emporterait-elle contre une feuille sèche que le vent emporte ?

10. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Mézeray. (1610-1683.) » pp. 12-14

On peut bien dire que vos espérances s’en iront au vent avec le vaisseau qui vous emportera ; et il ne faut point parler de retour : il serait aussi impossible que de la mort à la vie. […] Enfin, sire, nous sommes en France, il nous y faut enterrer : il s’agit d’un royaume, il faut l’emporter ou y perdre la vie.

11. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Modèles

Cet homme parlait bas, d’un ton doux et ne s’emportait jamais. […] La première est : Ne t’emportes-tu rien ? Dans la conversation familière, lorsqu’un ami s’éloigne, on lui dit : Ne m’emportes-tu rien ? […] L’avare s’y montre vif, empresse, hautain et emporté. […] Le petit tableau de ces deux amis qui meurent frappés du même coup, alors que l’un emporte emporte l’autre dans ses bras, est attendrissant.

12. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Première partie. De la poésie en général — Chapitre premier. Des caractères essentiels de la poésie » pp. 9-15

Mais ce n’est pas assez pour lui ; emporté par son inspiration, il s’élance au delà des choses réelles pour créer un monde plus beau et plus séduisant. […] Mais l’âme du poète ne peut rester insensible à ce tableau ; ces bois qui se dépouillent en gémissant de leur parure, ces feuilles jaunies qui tombent emportées par les vents, ces ruisseaux qui précipitent leurs eaux troublées, ces vents qui murmurent à travers les rameaux desséchés, lui paraissent exprimer la souffrance et le deuil.

13. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre second. Définition et devoir de la Rhétorique. — Histoire abrégée de l’Éloquence chez les anciens et chez les modernes. — Chapitre III. De l’Éloquence chez les Romains. »

Cicéron peut l’emporter devant les lecteurs, parce qu’il leur donne plus de jouissances : mais devant les auditeurs, nul ne l’emportera sur Démosthène, parce qu’en l’écoutant, il est impossible de ne pas lui donner raison, et c’est là certainement le premier but de l’art oratoire. » Un homme bien fait pour juger les anciens, puisque c’est de tous les modernes celui qui s’en est approché le plus près, l’illustre auteur du Télémaque, ne balance pas à se décider en faveur de Démosthène.

14. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Deuxième partie. Rhétorique. — Chapitre II. — Division de la rhétorique : Invention, Disposition, Élocution »

Ne vous étonnez donc pas si l’Ecclésiaste dit si souvent : « tout est vanité ; » il s’explique, « tout est vanité sous le soleil, » c’est-à-dire, tout ce qui est mesuré par les années, tout ce qui est emporté par la rapidité du temps. […] La sagesse dont il parle en ce lieu est cette sagesse insensée, ingénieuse à se tourmenter, habile à se tromper elle-même, qui se corrompt dans le présent, qui s’égare dans l’avenir, qui, par beaucoup de raisonnements et de grands efforts, ne fait que se consumer inutilement en amassant des choses que le vent emporte. […] Monsieur, cette dernière ci m’emporte, et je ne puis m’empêcher de parler. […] Les Passions ou le Pathétique Leur caractère D’après ce que nous venons de dire sur la nécessité de soulever les passions pour être éloquent, nous les définirons ainsi : Les Passions sont des mouvements impétueux de l’âme qui l’emportent vers un objet, ou qui l’en détournent. […] 12° Colère La Colère est un mouvement désordonné de l’âme par lequel nous nous emportons avec violence contre ce qui nous déplaît ou ce qui nous blesse.

15. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre IX. Parallèle des Oraisons funèbres de Condé, par Bossuet et de Turenne, par Fléchier et Mascaron. »

L’un, par de vifs et continuels efforts, emporte l’admiration du genre humain, et fait taire l’envie : l’autre jette d’abord une si vive lumière qu’elle n’ose l’attaquer. — Et afin que l’on vît toujours dans ces deux hommes de grands caractères, mais divers, l’un emporté d’un coup soudain, meurt pour son pays comme un Judas Machabée ; l’autre, élevé par les armes au comble de la gloire, comme un David, comme lui meurt dans son lit, en publiant les louanges de Dieu et instruisant sa famille, et laisse tous les cœurs remplis tant de l’éclat de sa vie que de la douleur de sa mort ».

16. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Fénelon 1651-1715 » pp. 118-132

Ces deux royaumes ne sont donnés qu’aux violents qui les emportent d’assaut5. […] Il s’imagine souvent que tous ceux qui lui parlent sont emportés, et que c’est lui qui se modère : comme un homme qui a la jaunisse croit que tous ceux qu’il voit sont jaunes, quoique le jaune ne soit que dans ses yeux2. […] Nous n’emportons de cette vie que la perfection que nous avons donnée à notre âme ; nous n’y laissons que le bien que nous avons fait.

17. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Victor Hugo Né à Besançon en 1802 » pp. 540-556

Un souffle les emporte ; La force la plus forte, C’est un cœur innocent ! […] La meilleraie 2 Mon frère, la tempête a donc été bien forte ; Le vent impétueux qui souffle, et nous emporte De récif en récif, A donc, quand vous partiez, d’une aile bien profonde Creusé le vaste abîme, et bouleversé l’onde,   Autour de votre esquif, Que1 tour à tour, en hâté, et de peur du naufrage, Pour alléger la nef en butte au sombre orage,   En proie au flot amer, Il a fallu, plaisirs, liberté, fantaisie, Famille, amour, trésors, jusqu’à la poésie,   Tout jeter à la mer ! […] Lorsque pour moi vers Dieu ta voix s’est envolée, Je suis comme l’esclave, assis dans la vallée, Qui dépose sa charge aux bornes du chemin ; Je me sens plus léger ; car ce fardeau de peine, De fautes et d’erreurs qu’en gémissant je traîne, La prière en chantant l’emporte dans sa main1 !

18. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre V. » pp. 82-88

Homère les emporte avec lui, comme Hercule emportait les pygmées cachés dans sa peau de lion. » Plus de cent poëtes comiques, parmi lesquels Aristophane, Antiphane, Alexis, Ménandre, Philémon  plusieurs milliers de comédies, parmi lesquelles tant de chefs-d’œuvre  enfin, la définition si nette et si précise d’Aristote suffisent bien pour faire apercevoir dans l’antiquité cet élément du comique dont M.

19. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre VII. des passions  » pp. 89-97

Emporté par une indignation véritable et sentie, celui-ci s’élance à la tribune. […] Dès qu’ils entrent dans nos passions, colère ou faveur, haine ou pitié, notre affaire devient la leur ; le torrent les emporte et ils se laissent aller.

20. (1839) Manuel pratique de rhétorique

L’exorde est véhément lorsque l’orateur, emporté par quelque mouvement qu’il ne peut contenir, trouve ses auditeurs dans la même disposition. […] « Le cruel Dieu des Juifs l’emporte aussi sur toi. […] La frayeur les emporte, et sourds à cette fois, Ils ne connaissent plus ni le frein, ni la voix. […] Contre qui s’emporte tait l’ardeur de votre courage ? […] L’un, par de vifs et continuels efforts, emporte l’admiration du genre humain, et fait taire l’envie ; l’autre jette d’abord une si vive lumière, qu’elle n’osait l’attaquer.

21. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre VII. Des différents exercices de composition. »

Il est vrai que le temps passe partout et passe vite ; vous criez après lui, parce qu’il vous emporte toujours quelque chose de votre belle jeunesse ; mais il vous en reste beaucoup. […] Jeune brave, tu mérites d’emporter la marque du fer au palais de Teutatès. […] Encouragé par son innocence, il se défendit d’abord avec assez de tranquillité ; mais comme toutes les apparences étaient contre lui, et qu’on refusait de croire à sa justification, il finit par s’emporter jusqu’à donner un démenti à sa bonne. […] Au fond de son tombeau croit retrouver la vie ; Et dans le tourbillon, au néant emporté, Abattu par le temps, rêve l’éternité !  […] Cette dernière pensée semble révéler une émotion intime, une sorte d’aveu détourné : si André Chénier emporte un regret dans la tombe ouverte sous ses pas, ce sera sans doute celui de la douce captive.

22. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre II. Les Oraisons ou discours prononcés. »

Les passions sont des mouvements impétueux de l’âme qui l’emportent vers un objet ou qui l’en détournent. […] Aussi véhément que l’orage, aussi pénétrant que la foudre, aussi rapide que le torrent, il emporte, il renverse tout par les flots de sa vive éloquence. […] Jusqu’où s’emportera ton audace effrénée ? […] Et ce qu’il y a ici de plus déplorable, c’est que l’existence de Dieu, sa nature, l’immortalité de l’âme, la fin et la félicité de l’homme, tous points si essentiels à sa destinée, si décisifs pour son malheur ou pour son bonheur éternel, étaient pourtant devenus des problèmes qui, de part et d’autre, n’étaient destinés qu’à amuser le loisir des écoles et la vanité des sophistes ; des questions oiseuses où l’on ne s’intéressait pas pour le fond de la vérité, mais seulement pour la gloire de l’avoir emporté. […] Mirabeau l’emporta sur tous les autres ; et, en effet, on lit encore avec admiration quelques-uns de ses discours.

23. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Bossuet. (1627-1704.) » pp. 54-68

Il y a une raison qui fait que le plus grand poids emporte le moindre ; qu’une pierre enfonce dans l’eau plutôt que du bois ; qu’un arbre croît en un lieu plutôt qu’en un autre ; et que chaque arbre tire de la terre, parmi une infinité de sucs, celui qui est propre pour le nourrir. […] Certains arbres, comme les ormeaux et une infinité d’autres, renferment leurs semences dans des matières légères que le vent emporte ; la race s’étend bien loin par ce moyen, et peuple les montagnes voisines. […] Ainsi nous pouvons dire, messieurs, que la justesse est devenue par vos soins le partage de notre langue, qui ne peut plus rien endurer d’affecté ni de bas : si bien qu’étant sortie des jeux de l’enfance et de l’ardeur d’une jeunesse emportée, formée par l’expérience et réglée par le bon sens, elle semble avoir atteint la perfection qui donne la consistance.

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