Ils crurent l’enrichir et l’anoblir en s’ingéniant à transvaser dans son vocabulaire si expressif et sa syntaxe jusqu’alors si logique, non-seulement toute la poésie et toute la science des anciens, mais tous les vocables de Rome et d’Athènes, tous les procédés qui ne pouvaient convenir qu’à une langue née de la synthèse. […] Lorsque Joachim Du Bellay, défiant les anciens et les modernes, convia les descendants de Brennus à l’escalade du Capitole et au pillage de Delphes, ce cri de guerre ne fut que trop entendu ; car ces conquérants se conduisirent en barbares. […] La contraction es (dans les), qui se retrouve dans le mot bachelier es lettres, n’est plus aussi qu’une relique de l’ancienne déclinaison que nul ne songe à ressusciter. […] Il serait amusant de résumer les rêveries des étymologistes anciens. […] Guillaume de Salluste du Bartas (1544-1590) est connu par la Semaine de la création, poëme en sept livres, où il y a de la verve, mais peu de goût et par la Seconde semaine, qui comprend l’histoire de l’Ancien Testament.
Guesclin (Bertrand du), né d’une ancienne et noble famille de Bretagne, en 1311, et l’un des plus grands généraux qu’ait eus la France. […] Ce digne chevalier força le fameux roi de Navarre, Charles-le-Mauvais, à demander la paix, et battit par-tout les Anglais, auxquels il enleva leurs anciennes conquêtes.
Il n’est donc pas étonnant qu’une telle machine soit plus vaste et plus compliquée que les fables du théâtre ancien. […] Le premier acte, que les anciens appelaient protase parce qu’il contient la proposition du sujet, doit exposer avec clarté et intérêt la chose dont il s’agit. […] Les anciens avaient reconnu que la poésie dramatique exigeait un langage plus naturel que le poème lyrique et l’épopée ; et ils avaient pris pour la scène celui de leurs vers dont Je rythme approchait le plus de la prose. […] De plus, elles doivent être représentées avec toute la majesté que leur donnent les poètes anciens. […] Qu’est-ce que les anciens appelaient vis comica ?
En visitant chaque année toutes les paroisses de la Flandre, l’ancien maître de l’héritier des rois ne dédaignait pas d’y monter en chaire pour expliquer l’Évangile à quelques villageois ou faire le catéchisme aux enfants2. […] Voyez-vous ces vastes forêts qui paraissent aussi anciennes que le monde ? […] Pline l’ancien, liv. […] , v. 638 : Devenere locos lætos et amœna vireta Fortunatorum nemorum… Le style de Fénelon est partout nourri et animé d’idées et d’images empruntées aux poëtes anciens.
L’estimable et laborieux écrivain à qui nous devons la traduction de presque tous les orateurs anciens, l’abbé Auger, remarque avec raison qu’il y a, entre les harangues des historiens grecs et celles des historiens latins, une différence qui tourne tout entière à l’avantage des premiers. […] Un coup d’œil plus réfléchi sur les productions vraiment estimables de nos grands maîtres, leur apprendrait que c’est en se formant à l’école des anciens, qu’ils se sont rendus dignes de former à leur tour des élèves, et des rivaux de leur gloire et de leurs succès. […] Mais celui des historiens anciens que Racine paraît avoir affectionné le plus, et qu’il a étudié, du moins avec le plus d’avantage, c’est Tacite ; et peut-être le suffrage d’un homme tel que Racine, et surtout la belle tragédie de Britannicus, à laquelle Tacite eut tant de part, ne contribuèrent pas médiocrement à accélérer la justice rendue enfin, par les modernes, au mérite supérieur de ce grand écrivain. […] Ces derniers avis d’un père à ses enfants, ces réflexions si sages d’un grand conquérant sur le néant de la gloire et la réalité de la seule vertu, sont un des plus précieux monuments de la philosophie des anciens. […] C’est Caton l’ancien qui le cite, dans ce petit traité si précieux, si philosophique, où la vieillesse est peinte de couleurs si aimables et si intéressantes !
Mais il se formait insensiblement, dans le silence du cabinet, des hommes qui devaient bientôt honorer leur pays et étonner l’Europe, par la profondeur de leurs vues et l’éclat d’une éloquence qui ne nous laisse presque plus rien à envier aux anciens, à cet égard. […] « Son esprit (dit l’abbé Sicard) était brûlant comme le soleil qui éclaira son berceau, sa tête remplie de principes justes et sains ; homme étonnant, qui mieux que lui les eût fait triompher, si d’anciens ressentiments ne l’avaient jeté dans un parti dont il faisait la force, dont il était la gloire, et dont il était sur le point de déserter les drapeaux, quand la mort vint empêcher cette réparation solennelle à la cause qu’il avait combattue jusqu’alors avec tant de courage, de talent et de persévérance. » Cependant cet athlète si redoutable, dont la seule apparition à la tribune semblait en devoir écarter tous ceux qui n’y monteraient pas pour soutenir ou défendre ses opinions ; ce turbulent tribun du peuple, qui jouissait et abusait même insolemment de toute l’influence que donne une grande popularité, trouva un adversaire digne de son talent, dans un homme qui, célèbre jusque-là par des succès dans la chaire évangélique, et par de pacifiques triomphes d’académie, ne laissait pas soupçonner en lui le publiciste profond, l’homme d’état complètement familiarisé avec tous les ressorts et tous les secrets de l’administration. […] Heureuse toutefois, lorsqu’à la faveur d’un grand talent, elle rappelle encore quelques souvenirs de ses beaux jours, quelques traces de ses anciens triomphes !
Les poètes anciens ont beau tout remplir de leur Jupiter, Jovis omnia plena, l’idée de l’immensité les accable, et leur génie étonné s’y perd. […] L’homme est à peu près dans les anciens ce qu’il peut, ce qu’il doit être, soit que le poète décrive, ou que le philosophe analyse les orages de son cœur, ou les bizarreries de son caractère. […] beautés qui n appartiennent point exclusivement, comme l’Iliade ou l’Énéide, à telle ou telle contrée, mais qui sont le patrimoine universel du genre humain, parce qu’Abraham, Jacob, Joseph, sont des hommes : au lieu qu’Achille, Hector, Priam, Ulysse, Agamemnon, sont des Grecs : beautés qui ne tiennent point absolument à l’idiome primitif, puisqu’elles sont belles et attachantes dans tous les idiomes ; au lieu qu’une grande partie du charme des poètes anciens dépend de l’harmonie du vers et du choix heureux de l’expression, mérite qui disparaît presque entièrement dans une traduction, quelque bien faite qu’elle soit d’ailleurs.
Depuis la publication de cette doctrine, nous disons hautement et affirmativement que le monde ne s’est pas bâti lui-même, mais qu’il y a je ne sais quoi de plus vieux et de plus ancien qui a travaillé à une si admirable architecture. […] Il s’exprime ici comme un ancien, ou plutôt d’après le souvenir des anciens, qui appellent l’âme : divinæ particulam auræ.
[Notice] Né à Limoges en 1668, d’une ancienne et honorable famille, François d’Aguesseau eut le bonheur de trouver dans son père un excellent maître qui forma également son cœur et son esprit. […] Vous ne sauriez mieux réussir à l’éviter qu’en vous attachant aux deux vues générales que je viens de vous marquer : l’une, de vous convaincre toujours de plus en plus du bonheur que vous avez d’être né dans la seule véritable religion, en vous appliquant à considérer les caractères éclatants qui en démontrent la vérité ; l’autre, de vous remplir le cœur et l’esprit des préceptes qu’elle renferme, et qui sont la route assurée pour parvenir au souverain bien, que les anciens philosophes ont tant cherché et que la religion seule peut nous faire trouver. […] Non-seulement cette étude affermit et fortifie notre foi, mais elle nous remplit d’une juste reconnaissance envers Dieu, qui a fait tant de profiges, et dans l’ancienne loi et dans la nouvelle, soit pour révéler aux hommes la véritable manière de l’adorer et de le servir, soit pour les convaincre de la vérité et de la certitude de cette révélation.
Ce fut un problème chez les anciens. […] Voyez combien ces anciens-là avaient des idées plus hautes et plus solides que nous ! […] Cicéron et tous les autres anciens l’assurent. […] Les plus habiles d’entre les anciens les ont méprisées. […] Mais les anciens orateurs ne faisaient-ils pas ce que vous condamnez ?
Ce caractère de scrupuleuse exactitude manquait souvent aux anciennes traductions de la Poétique : je l’ai recherché, même au détriment d’une élégance qui eût pu rendre plus agréable la lecture de ce petit ouvrage. […] Le Commentaire a pour objet : 1° de justifier sur quelques points importants la leçon adoptée dans le texte 2° d’expliquer certaines locutions difficiles, et de signaler des ressemblances notables entre le style de la Poétique et celui des autres ouvrages d’Aristote 3° de faire quelques rapprochements entre Aristote et les plus célèbres auteurs, soit anciens, soit modernes, sur des questions d’histoire ou de critique littéraire.
Ce sont donc des stances dans la rigueur du terme, et non des strophes, qui entrent dans nos odes ; et si nous les appelons des strophes, il faut au moins nous souvenir que ces strophes différent essentiellement de celles des anciens. […] Tels sont humains pour hommes ; forfaits pour crimes ; coursier pour cheval ; glaive pour épée ; ondes pour eaux ; antiques pour ancien ; jadis pour autrefois ; soudain pour aussitôt, etc. […] Nous écarterons toute difficulté en acceptant ici, sans la louer ni la blâmer, cette division pratique, reçue généralement, et d’ailleurs assez commode, qui met d’abord les petites pièces anciennes fondées sur une disposition particulière des mots ou des rimes, comme le rondeau, la ballade, le sonnet, etc. ; ce sont là plutôt des formes particulières que des genres de poèmes, et qui appartiennent spécialement à notre vieille langue.
C’étaient le chanoine Pierre Le Roy, le facétieux rimeur Gilles Durand, le conseiller Jacques Gillot, Florent Chrestien, l’ancien précepteur d’Henri IV, Nicolas Rapin, prévôt de la connétablie, le jurisconsulte Pierre Pithou, émule de l’Hôpital, et Passerat, savant helléniste, poète ingénieux, buveur émérite, en un mot la fleur des érudits et des honnêtes gens. […] Lenient1, a les proportions d’une farce de notre ancien théâtre, d’un de ces grands drames populaires au cadre libre et flottant, composés de plusieurs morceaux, dont l’annonce, l’exposition et le jeu remplissaient deux ou trois journées. […] Le sieur de Rieux, ancien petit commis des vivres, avait obtenu des Seize, par ses intrigues, la garde du château de Pierrefonds, pris par les ligueurs en 1588.
Cours complet de littérature à l’usage des séminaires et des colléges rédigé d’après les meilleurs critiques anciens et modernes par M. l’abbé A. Piron Chanoine, Vicaire général, Membre de l’Académie des Arcades, ancien Professeur de littérature. […] Il renferme, en substance, tous les préceptes légués par les anciens, et reproduits par les modernes, sur l’art d’écrire, sur la poésie et sur l’éloquence.
L’histoire cependant est peut-être le seul genre qui ait plutôt perdu que gagné à se proposer comme modèles les chefs-d’œuvre des anciens. […] Les anciens ne comptaient que mille vingt-deux étoiles ; mais personne aujourd’hui n’ose les compter. […] C’était dans l’ancienne chapelle. […] » Le petit homme rebondi ne fait qu’un saut et court embrasser son ancien camarade. […] Ce dévouement digne des anciens Romains aurait été immortalisé par eux.
Ce qui est certain, c’est qu’il existait un drame de l’Ancienne Comédie intitulé ІІέρσαɩ, et que l’on attribuait vulgairement à Phérécrate (voyez Meineke, livre cité, p. 70) d’où l’on peut conclure que ce sujet avait été traité dans le genre comique. […] (Argas, poëte obscur, dont le souvenir est conservé dans Athénée et dans une ancienne vie de Démosthène.)
L’ancien texte est τῷ γένει, d’où Vettori avait déjà tiré la conjecture τῷγ’ ένί. […] Le plus ancien des poëmes ainsi intitulés paraît être celui que citent Plutarque (Vie de Thésée, chap.
Reiske, et par d’autres auteurs anciens. […] Dacier s’y résigne Batteux, d’après d’anciennes éditions, lit οὺϰ ἄτεχνοι, en s’appuyant sur un passage de la Rhétorique, 1, 2, qui ne me paraît rien prouver en faveur de cette leçon.
L’audace de l’ancienne comédie a eu beaucoup plus d’applaudissements que la modestie de la nouvelle. […] Des régions immenses qui s’ouvrent tout à coup ; un nouveau monde inconnu à l’ancien et plus grand que lui274. […] ô beauté des anciens jours que Dieu ramène sur la terre, et dont il ne reste plus parmi nous qu’un triste et honteux souvenir277 ! […] Le fleuve de la grâce ne tarit jamais, il est vrai ; mais souvent, pour arroser de nouvelles terres, il détourne son cours et ne laisse dans l’ancien canal que des sables arides. […] C’était, dit Denys d’Halicarnasse319, une ancienne coutume des Romains d’accorder toujours leur secours à quiconque venait l’implorer.
De Maistre 1753-1821 [Notice] Né à Chambéry, dans une province où notre langue fut souvent parlée avec distinction, patricien de vieille roche, ancien sénateur du Piémont, représentant d’un souverain à demi-dépouillé, ministre plénipotentiaire de Sardaigne à la cour de Russie, Joseph de Maistre voua une haine mortelle à toutes les idées de la révolution, et s’instituant le défenseur du droit divin sous toutes ses formes, recula jusqu’aux siècles des Grégoire VII et des Innocent III. […] L’empire de cette langue ne tient point à ses formes actuelles : il est aussi ancien que la langue même ; et déjà, dans le treizième siècle, un Italien écrivait en français l’histoire de sa patrie, « parce que la langue française courait parmi le monde, et était plus dilettable à lire et à oïr que nulle autre1 ». […] Il ne faut pas oublier, que de Maistre est un partisan fougueux de l’ancien régime. […] Il me semble que cela ne peut être dans les desseins du Seigneur, qui successivement a fait Rome pour l’homme ancien et Paris pour l’homme nouveau.
A la nécessité il faut pourtant joindre une autre cause, aussi ancienne et aussi puissante. […] Une allégorie ancienne représentait l’éloquence sous les traits d’Hercule, conduisant les hommes avec un fil d’or. […] C’est la forme extérieure de l’art, et, comme disaient les anciens, l’éloquence du corps. […] Démosthène, parmi les anciens, et chez nous Voltaire, dans ses ouvrages historiques, sont des modèles de précision. […] Nous adopterons donc la division ancienne ; mais nous aurons soin de subdiviser en plusieurs espèces particulières chacun des genres dont elle se compose.
Le goût des modèles anciens, les traductions qui se multiplient, la vogue de la mythologie et la fureur de l’érudition sont déjà des symptômes précurseurs de la crise qui se prépare. […] Entre les années 1457 et 1500, plus de treize cents auteurs anciens furent livrés ainsi à l’ardente et studieuse curiosité d’une foule qui était une élite. […] A défaut de solides conquêtes, les aventureuses expéditions entreprises en Italie par des rois trop chevaleresques eurent du moins l’avantage de propager aussi parmi nous le culte des anciens. […] Prince « plus spécieux que solide », comme disait Henri IV, il alliera la bravoure irréfléchie des anciens chevaliers à une volonté despotique et étourdie ; âme fastueuse sans être grande, il associera le bruit des armes à l’éclat des tournois, des mascarades et des fêtes. […] Edwards, les sons è, e, étrangers au latin, seraient aussi de provenance gauloise, comme la voyelle u, dont l’usage s’est perpétué au nord de l’Italie, dans l’ancienne Gaule Transpadane ; car c’est seulement au sud du Pô que commence la prononc ation toute latine de l’ou italien. — On explique par la même origine les articulations ch et j, le son nasal des lettres m et n, enfin l’emploi des u mouillées.