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89. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Molière, (1622-1673.) » pp. 205-211

Une pleine lumière ici nous est offerte ; Et ce dôme pompeux est une école ouverte Où l’ouvrage, faisant l’office de la voix, Dicte de ton grand art les souveraines lois. […] Mon étourdi se met à sonner comme il faut, Et crie à pleine voix : Tayaut, tayaut, tayaut !

90. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Introduction »

Identité du mot avec l’objet représenté Animé du désir de donner un nom à l’objet qu’il voulait désigner, l’homme chercha naturellement à imiter par le son de sa voix la nature de cet objet pour faire comprendre sa pensée. Et de même qu’à l’aide du crayon ou du pinceau l’artiste représente fidèlement l’image qu’il a sous les yeux où à laquelle il pense, de même l’homme se servit de l’inflexion de sa voix pour exprimer ce qui frappait ses sens.

91. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Bernardon de Saint-Pierre 1737-1814 » pp. 203-209

Il n’y a point de voix dominantes, mais des sons monotones, parmi lesquels se font entendre des bruits sourds et profonds, qui nous jettent dans une tristesse pleine de douceur. […] Mais bientôt émues elles-mêmes par ces scènes religieuses de lumière et d’ombre, et surtout par le sentiment du tombeau de Jean-Jacques, elles se mirent à chanter une romance ; leurs voix douces, se mêlant aux chants lointains des rossignols1 me firent sentir que s’il y avait des harmonies entre la lumière de l’astre des nuits et les forêts, il y en avait encore de plus touchantes entre la vie et la mort.

92. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre VIII. Des Figures en général. »

 5), dit qu’à la voix d’un ami, son âme mourante se ranime, comme la lampe prête à s’éteindre, quand on y verse Pallas . […] C’est là que ce Romain, dont l’éloquente voix D’un joug presque certain sauva sa république, Fortifiait son cœur dans l’étude des lois, Et du lycée et du portique. […] Près du maître des dieux leur gémissante voix Accuse l’insensé qui méconnut leurs droits. […] Elle enflamme les yeux de cette ardeur qui touche ; D’un sourire enchanteur elle anime la bouche, Passionne la voix, en adoucit les sons, Prête ces tours heureux, plus forts que les raisons, Inspire, pour toucher, ces tendres stratagèmes, Ces refus attirants, l’écueil des sages mêmes ; Et la nature enfin y voulut renfermer Tout ce qui persuade, et ce qui fait aimer41. […] (Car je n’ai plus que vous à qui ma voix, hélas !

93. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre second. De la narration. »

Rien n’approche du charme de sa voix, de la grâce de son sourire ; plus on avance vers le tombeau, plus elle se  montre pure et brillante aux mortels consolés. […] Elle a la voix encourageante, le sourire enchanteur, pour éloigner le désespoir et la crainte des malheurs ; elle paraît plus belle à mesure quelle vieillit car elle nous montre le ciel, séjour du bonheur parfait. […] Ces deux voix opposées qui crient, l’une : meurs ; l’autre : montez au ciel, font tressaillir en même temps d’épouvante et de  consolation. […] Les bouleaux, s’agitent, les feuilles tombent, le vent passe dans la forêt, la hulotte gémit, et le Niagara fait entendre dans le lointain un roulement solennel : c’est la grande voix de la cataracte qui trouble par intervalles le calme de la nuit, et il semble par un effet d’harmonie imitative que cette voix roule d’échos en échos.

94. (1867) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de rhétorique

Prétendent-ils nous avoir bien réjouis, de nous dire qu’ils tiennent que notre âme n’est qu’un peu de vent et de fumée, et encore de nous le dire d’un ton de voix fier et content ? […] Que le prédicateur vienne à paraître : si la nature lui a donné une voix enrouée et un tour de visage bizarre, que son barbier l’ait mal rasé, si le hasard l’a encore barbouillé de surcroît, quelques grandes vérités qu’il annonce, je parie la perte de la gravité de notre sénateur. […] Que nous crie donc ce chaos et cette confusion monstrueuse, sinon la vérité de ces deux états, avec une voix si puissante qu’il est impossible de résister ? […] Le prince se ressouvint de toutes les fautes qu’il avait commises ; et, trop faible pour expliquer avec force ce qu’il en sentait, il emprunta la voix de son confesseur, pour en demander pardon au monde, à ses domestiques et à ses amis. […] Agréez ces derniers efforts d’une voix qui vous fut connue224.

95. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Buffon. (1707-1788.) » pp. 146-152

La fauvette à tête noire est de toutes les fauvettes celle qui a le chant le plus agréable et le plus continu : il tient un peu de celui du rossignol, et l’on en jouit plus longtemps ; car, plusieurs semaines après que ce chantre du printemps s’est tu, l’on entend les bois résonner partout du chant de ces fauvettes ; leur voix est facile, pure et légère, et leur chant s’exprime par une suite de modulations peu étendues, mais agréables, flexibles et nuancées : ce chant semble tenir de la fraîcheur des lieux où il se fait entendre ; il en peint la tranquillité, il en exprime même le bonheur : car les cœurs sensibles n’entendent pas sans une douce émotion les accents inspirés par la nature aux êtres qu’elle rend heureux. […] Ils n’ont d’autre voix qu’un petit cri fréquent et répété ; ils le font entendre dans les bois dès l’aurore, jusqu’à ce qu’aux premiers rayons du soleil tous prennent l’essor et se dispersent dans les campagnes.

96. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome I (3e éd.)

Nous faut-il recueillir les voix de tout le monde avant de pouvoir juger par nous-mêmes du mérite des ouvrages de prose ou de poésie ? […] Pallas fait retentir sa voix. […] Un esprit bouillant, en effet, est toujours prêt à prodiguer dans ses discours les gestes ou les inflexions de voix. […] On n’y reconnut plus ce mélange merveilleux de gestes et d’inflexions de voix qui distinguaient les peuples anciens. […] Ce sentiment se réveille bien plus vivement, si nous entendons la voix de l’orateur, que si nous lisions son livre dans le silence du cabinet.

97. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Prosper Mérimée. Né en 1803. » pp. 558-565

O douce voix ! […] Les dix mille, jetés au cœur de l’Asie. sans chefs et sans organisation, se formaient en assemblée dans leur camp, discutaient leurs marches, leurs mouvements de retraite, et exécutaient à la lettre les mesures prises à la pluralité des voix.

98. (1881) Rhétorique et genres littéraires

On doit y ajouter l’Action (voix, geste, physionomie), et la Mémoire. […] L’action se compose de la voix, du geste, de la physionomie et même de la mémoire. […] La voix est une des plus puissantes ressources de l’action. […] Le temps fort sur lequel la voix montait s’appelait ἀρσὶς, et le temps faible où la voix s’abaissait prenait le nom de θέσις. […] Cieux, écoutez ma voix ; terre, prête l’oreille.

99. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « PREMIÈRE PARTIE. DE L'ÉLÉGANCE LATINE. — CHAPITRE III. De la disposition des mots qui composent le discours. » pp. 78-143

Les rochers et les solitudes répondent à la voix du poète ; les animaux même les plus féroces se laissent fléchir par ses accords et suspendent leur fureur. […] 7° Enfin, il faut savoir mélanger les mots harmonieux avec ceux qui le sont moins, tempérer la trop grande force des uns par la douceur des autres, faire en sorte que la prononciation des mots précédents dispose la voix à celle des mots suivants, et que la phrase se termine par une finale habilement ménagée pour le repos de l’oreille. […] Si Milon n’a pas mêlé une seule larme aux pleurs que nous versons tous ; si vous remarquez toujours la même fermeté sur son visage, dans sa voix, dans ses discours, n’en soyez pas moins disposés à l’indulgence. […] Je puis encore vous voir, je puis entendre vos douces paroles ; vous pouvez répondre encore à la voix de votre père !  […] La période est une phrase composée de plusieurs membres disposés avec symétrie, de manière à former des espaces à peu près égaux, à la fin desquels l’esprit et la voix se reposent agréablement, pour arriver à un dernier repos qui satisfait également la pensée et l’oreille des auditeurs.

100. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Bossuet, 1627-1704 » pp. 89-123

Rome même entendra sa voix ; et un jour cette ville maîtresse se tiendra bien plus honorée d’une lettre du style de Paul, adressée à ses concitoyens, que de tant de fameuses harangues qu’elle a entendues de son Cicéron. […] Agréez ces derniers efforts d’une voix qui vous fut connue, vous mettrez fin à tous ces discours. Au lieu de déplorer la mort des autres, grand prince, dorénavant je veux apprendre de vous à rendre la mienne sainte : heureux si, averti par ces cheveux blancs du compte que je dois rendre de mon administration, je réserve au troupeau que je dois nourrir de la parole de vie les restes d’une voix qui tombe et d’une ardeur qui s’éteint2 Lettre a Louis XIV Votre Majesté m’a fait une grande grâce, d’avoir bien voulu m’expliquer ce qu’elle souhaite de moi, afin que je puisse ensuite me conformer à ses ordres, avec toute la fidélité et l’exactitude possibles. […] Un grand roi vous va prêter sa voix, afin que vous vous fassiez entendre aux oreilles, et que vous portiez dans les cœurs des vérités plus articulées3. […] « Ainsi Dieu est puissant ; il change et renouvelle à son gré la figure du monde ; et, à la voix de Bossuet, l’antiquité semble se réveiller du tombeau pour l’entendre révéler ce Dieu inconnu, qui présidait à ses destinées, et qui est le seul qu’elle n’ait point adoré. »(M.

101. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Lacordaire, 1802-1861 » pp. 542-557

On a dit qu’il avait « du clairon dans la voix et que l’éclair du glaive brillait dans sa parole ». […] Quand les consuls regardaient le Capitole, le temple de Jupiter se montrait à eux au-dessus des destinées de la République, et, si chère que Rome leur fût, telle place qu’elle occupât dans leurs cœurs, ils entendaient une voix obscure qui leur demandait davantage et leur prophétisait au delà. […] C’est sans doute afin qu’unis entre eux par ce lien aimable de la société, ils puissent en quelque sorte prêter leur voix à toute la nature pour célébrer en commun les louanges et les bienfaits de celui qui les a comblés de ses dons avec tant de magnificence et de profusion.

102. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre VII. De l’Harmonie imitative. »

Mais lorsque ce langage des signes s’est trouvé insuffisant (et il a dû l’être dans une foule de circonstances), il a bien fallu recourir à un langage plus expressif ; alors l’organe de la voix a nécessairement agi avec plus de force, et a fait entendre des sons rapides, perçants, sourds, éclatants, etc., tous figurés par les différentes impressions qu’ils recevaient de l’air diversement modifié par les organes de la parole. […] À peine a retenti la trompette éclatante, À peine sur les tours de l’antique Laurente Turnus a de la guerre arboré les drapeaux, Frappé son bouclier, animé ses chevaux ; En tumulte à sa voix tous les Latins s’unissent, De leurs cris conjurés les champs au loin frémissent.

103. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre VIII. De l’Oraison funèbre. »

Mais aussi qu’elle doit être imposante et majestueuse, la voix qui se fait entendre aux hommes, entre la tombe de l’homme et l’autel du Dieu qui juge et le héros et le panégyriste ! […] et ma triste voix était réservée à ce déplorable ministère !

104. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre VI. Analyse du discours sur l’esprit philosophique, par le P. Guénard. »

« Si j’osais dire que le génie des beaux-arts est tellement ennemi de l’esprit philosophique, qu’il ne peut jamais se réconcilier avec lui, combien d’ouvrages immortels où brille une savante raison, parée de mille attraits enchanteurs, élèveraient ici la voix de concert, et pousseraient un cri contre moi ? […] Il faut que la philosophie, quand elle veut nous plaire dans un ouvrage de goût, emprunte le coloris de l’imagination, la voix de l’harmonie, la vivacité de la passion : les beaux-arts, enfants et pères du plaisir, ne demandent que la fleur, et la plus douce substance de votre sagesse.

105. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre premier. de la rhétorique en général  » pp. 13-23

Mais l’usage de la voix, comme manifestation de la pensée littéraire, ne s’arrêtait pas là. […] N’avez-vous jamais entendu les jeunes oiseaux gazouiller d’une voix incertaine et s’essayer difficilement à leurs premiers airs ?

106. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Racine. (1639-1699.) » pp. 83-90

Dans cette enfance ou, pour mieux dire, dans ce chaos du poëme dramatique parmi nous, votre illustre frère, après avoir quelque temps cherché le bon chemin et lutté, si je l’ose ainsi dire, contre le mauvais goût de son siècle, enfin, inspiré d’un génie extraordinaire et aidé de la lecture des anciens, fit voir sur la scène la raison, mais la raison accompagnée de toute la pompe, de tous les ornements dont notre langue est capable, accorda heureusement la vraisemblance et le merveilleux, et laissa bien loin derrière lui tout ce qu’il avait de rivaux, dont la plupart, désespérant de l’atteindre, et n’osant plus entreprendre de lui disputer le prix, se bornèrent à combattre la voix publique déclarée pour lui, et essayèrent en vain, par leurs discours et par leurs frivoles critiques, de rabaisser un mérite qu’ils ne pouvaient égaler1. […] Suivant son fils, ce remercîment, très-simple et très-court, fut lu d’une voix si basse, que presque personne ne l’entendit.

107. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Madame de Staël, 1766-1817 » pp. 399-408

Une certaine habitude leur rend nécessaires les sons harmonieux, ils en jouissent comme de la saveur des fruits, du prestige des couleurs ; mais leur être entier a-t-il retenti comme une lyre, quand, au milieu de la nuit, le silence a tout à coup été troublé par des chants ou par ces instruments qui ressemblent à la voix humaine ? […] Il faut de l’enthousiasme dans la voix pour être une grande cantatrice, dans la couleur pour être grand peintre, dans les sons pour être grand musicien, dans les mots pour être grand écrivain.

108. (1866) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de seconde

La voix publique nous reproche le vice contraire, et toute l’antiquité les en a blâmés. […] Mais le grand nombre des juges décide à la longue d’après les voix du petit nombre éclairé ; vous me paraissez, monsieur, fait pour être à la tête de ce petit nombre. […] qu’à votre voix la discorde et la guerre cessent de faire retentir leurs clameurs orgueilleuses ! […] qui de nous n’entendit jamais cette importune voix ? […] Pour vous encourager, ma voix manque de termes.

109. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre III. Du genre épique » pp. 207-250

A sa voix les fleuves rebroussent leur cours, le ciel se roule comme un livre, les mers s’entrouvrent, les murs des cités se renversent, les morts ressuscitent, les plaies descendent sur les nations. […] Mais quel essaim de vénérables ombres, à la voix d’un poète chrétien, se réveille dans la caverne de Membré ? […] Dans le second cas, les êtres surnaturels se mêlent aux hommes ; ils prennent une voix, ou plus souvent une figure humaine, ordinairement même un visage connu, parce qu’un inconnu causerait du trouble dans l’action qui se fait. […] N’allez pas dès l’abord sur Pégase monté Crier à vos lecteurs d’une voix de tonnerre : Je chante le vainqueur des vainqueurs de la terre.

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