Son corps reste encore un moment debout, étendant des mains convulsives, objet d’épouvante et de pitié. […] Ces guerriers allaient répandre pour leurs princes les restes d’un sang dont ces princes avaient presque tari la source ! […] Mais, soldats, vous n’avez rien fait, puisqu’il vous reste à faire. […] S’il reste encore des défenseurs de notre gloire, c’est parmi ces mêmes ennemis que nous avons combattus sur le champ de bataille. […] Ce qui reste vrai, c’est que M.
Reste enfin l’argument dit personnel ou ad hominem. […] D’une main brisez ce joug honteux, de l’autre attaquez les Espagnols et ne répandez pas dans une querelle stérile les précieux restes d’un sang qui fut réservé pour la vengeance. […] Il y a délicatesse dans la pensée, lorsque l’objet qu’elle représente ne se peint qu’en partie, de manière pourtant qu’on devine aisément le reste. […] » Pleurez donc sur ces faibles restes de la vie humaine, pleurez donc sur cette triste immortalité que nous donnons aux héros. […] « Que Mantoue nous reste seulement, Mantoue, trop voisine de la malheureuse Crémone !
Au reste, M. de La Harpe paraît avoir réduit cette portion de ses œuvres à sa juste valeur, puisqu’il n’a conservé, dans l’édition actuelle, que quatre de ces discours en vers. […] Soyons donc moins surpris que M. de La Harpe soit resté quelquefois si loin de son modèle, et gardons-nous surtout de juger à la rigueur ce qui ne peut être considéré que comme un simple essai, où l’on rencontre néanmoins de beaux vers, des morceaux assez heureux, et des corrections même qui décèlent partout le grand sens et le goût exquis du traducteur, Le Tasse, il est vrai, reste encore à traduire : Exoriare aliquis ! […] Il faut établir le principe de ces fréquentes inégalités ; faire voir en quoi consistent précisément ces beautés et ces défauts : et s’il reste démontré que leur imitation introduirait parmi nous une école d’autant plus dangereuse qu’elle s’appuierait d’un grand nom et d’exemples séduisants, il en faudra bien conclure que M. de Chateaubriand occupe et conservera un rang à part, et qu’il a traité un genre dans lequel il n’est point à désirer qu’il fasse des imitateurs. […] Détracteurs et panégyristes se sont également arrêtés sur les détails, avec l’intention louable de trouver des beautés, ou le plaisir malin de révéler des fautes : mais l’ensemble de cette composition d’un ordre et d’un style tout particuliers, le genre auquel il faut rapporter un ouvrage à la fois théologique, moral, littéraire et poétique, sans être rigoureusement rien de tout cela, voilà des points qui devaient, ce me semble, être discutés d’abord, et à la faveur desquels on eût peut-être expliqué les écarts fréquents de l’auteur, et les nombreuses disparates d’un style, dont rien n’approche quand il s’élève, et qui reste au-dessous de bien des écrivains, quand il tombe.
Excusez ma douleur, Sire ; le voix me manque à ce récit funeste : Mes pleurs et mes soupirs vous diront mieux le reste. […] Le lieu s’accorde, et l’heure ; et le reste n’est rien. […] Comme si c’était peu pour mon reste de vie De n’avoir à rougir que de son infamie, L’infâme, se jouant de mon trop de bonté, Me fait encor rougir de ma crédulité ! […] Excellent tour dont Voltaire loue avec raison la concision énergique et regrette la désuétude. — Pour la plupart des observations dont ces vers ont été le sujet et pour leurs variantes assez nombreuses, nous nous contenterons au reste, en général, de renvoyer à l’édition Lefèvre déjà citée.
Cependant Milon est accusé, et ce procès devient, comme tout le reste, une affaire de parti. […] Ici commence le rôle si noble par lui-même, et que Cicéron va rendre si intéressant dans le reste du plaidoyer, d’un ami courageusement dévoué à la cause de son ami, ne séparant plus ses intérêts des siens et bravant, sans balancer, toute la rigueur du sort qui l’attend. […] « Quant au reste des auditeurs (et je parle ici des vrais citoyens), tous nous sont favorables ; et dans cette multitude nombreuse de Romains, dont les regards viennent de tous les points du Forum se fixer sur vous, et qui attendent avec tant d’impatience l’issue de cette affaire, il n’en est pas un qui n’applaudisse au courage de Milon, et qui ne pense que ce jour va décider de son sort, de celui de ses enfants, de celui, enfin, de la patrie elle-même.
Partout, à côté du sens littéral, se présente le sens mystique ; et ce voile allégorique est partout si facile à percer, les événements obscurément indiqués ou clairement prédits ont si complètement justifié le prophète, ou plutôt le génie qui l’inspirait, qu’il ne reste pas plus de doute sur le fond même des choses, que sur la manière sublime dont elles sont annoncées. […] Ce qui suit y ajoute encore : Je parcours lentement cette affreuse carrière, Et contemple en silence, épars sur la poussière, Ces restes desséchés d’un peuple entier détruit. […] Rentre dans le fourreau, et restes-y en silence. — Comment le glaive s’arrêterait-il quand Jéhova lui a commandé de marcher, quand il a dévoué à sa fureur Ascalon et le rivage des mers » !
Le sujet une fois choisi, il reste à le développer. […] L’antonomase, sorte de synecdoque, qui substitue un nom commun à un nom propre, et réciproquement, ou bien un nom propre ou commun à un autre moins expressif ; La métalepse qui emploie l’antécédent, le conséquent, une accessoire quelconque de l’idée pour l’idée elle-même ; La catachrèse, qui, prenant un mot dans un sens extensif, abusif, l’applique à une idée qui, elle-même, n’a point ou n’a plus de signe propre et exclusif dans la langue ; L’hyperbole, qui compare, comme la métaphore, une idée à des idées semblables, mais d’une manière exagérée, en allant au delà de la vérité, pour la faire mieux saisir ; La litote qui, dans la même intention, reste au contraire en deçà de la vérité ; L’euphémisme et l’antiphrase que l’on rapproche de la litote, le premier se contentant d’adoucir l’idée par l’expression, l’autre disant précisément le contraire de ce qu’elle veut dire. […] Ces dernières figures sont : L’exclamation, espèce d’élan du cœur, qui substitue l’expression d’un sentiment à celle d’une opinion ; L’épiphonème, qui donne à l’idée une forme sentencieuse ; L’apostrophe, qui détourne la parole de ceux à qui s’adresse le reste du discours pour la reporter à d’autres ; La parenthèse, l’interruption, la réticence, la suspension, qui arrêtent l’expression d’une idée et passent à une autre, soit pour abandonner tout à fait la première, soit pour y revenir plus tard ; Et en dernier lieu, tout ce qu’on nomme figures de construction ou de syntaxe.
Il dispose à son gré de sa matière, il n’est guère soumis qu’aux lois générales du bon sens et du goût ; pour le reste, il ne reçoit de règles que de lui-même et de son sujet. […] L’esclavage domestique formait une première et grande uniformité ; le reste de la vie des citoyens, se passant sur la place publique, était trop ouvert à tous les yeux pour que l’on y pût supposer avec vraisemblance quelque aventure extraordinaire, quelque grande singularité de caractère ou de destinée, enfin, la condition inférieure des femmes, leur vie retirée, affaiblissaient la puissance de cette passion, qui joue un si grand rôle dans les romans modernes. » Pourtant la littérature grecque n’est pas absolument dépourvue de romans : la Cyropédie de Xénophon est un véritable roman philosophique, comme le remarque Cicéron ; c’est le Télémaque réduit aux formes de l’histoire.
Il ne faut réfuter que ce qui est digne de réfutation, et abandonner le reste à la justice de l’auditoire ; mais, en revanche, il faut présenter dans toute sa force l’objection qu’on veut réfuter. […] La pensée naïve s’échappe sans effort : c’est la nature qui parle ; reste à choisir la tournure qui rendra la naïveté plus saillante. […] Il nous reste à parler de la narration merveilleuse ; qu’entendez-vous par le mot merveilleux ? […] Si, la mesure divers étant complète, le son appuie sur la dernière syllabe, la rime est masculine, qu’il reste ou non des lettres purement orthographiques. Si, au contraire, le son plein expire sur la pénultième, et qu’il ne reste qu’une syllabe muette, la rime est féminine.
Les figures de pensées, dit Cicéron, dépendent uniquement du tour de l’imagination ; elles ne consistent que dans la manière particulière de penser ou de sentir, en sorte que la figure reste toujours la même, quoique l’on change les mots qui l’expriment27. […] On va voir quel parti il tire de cette première idée, et comme tout le reste de l’allégorie s’y rapporte naturellement. […] car c’est toujours là qu’il en faut revenir, pour avoir en tout genre l’exemple et le modèle du vrai beau ; et quoique de nos jours même on ait prostitué un talent enchanteur, et justement célèbre jusqu’alors, pour essayer d’avilir jusqu’au mérite poétique et littéraire des livres saints,40 il n’en reste pas moins vrai que c’est là, et là seulement que la poésie est constamment un langage céleste, quelque sujet qu’elle traite, et qu’Homère et Pindare sont les seuls qui puissent rivaliser Moïse et les prophètes, par l’élévation de leur génie et la majesté de l’expression. […] Les autres rabattent ce qu’il leur plaît de notre exagération, et notre idée reste dans leur esprit à peu près ce qu’elle est en effet. […] Il s’est déjà placé bien au-dessus de Rochefort ; mais il lui reste du chemin à faire encore pour arriver auprès d’Homère ; il le sent ; et l’on s’en apercevra sans doute.
Il est vrai que le temps passe partout et passe vite ; vous criez après lui, parce qu’il vous emporte toujours quelque chose de votre belle jeunesse ; mais il vous en reste beaucoup. […] Quelques nuages étaient jetés sans ordre dans l’orient, où la lune montait avec lenteur ; le reste du ciel était pur ; vers le nord, formant un glorieux triangle avec l’astre du jour et celui de la nuit, une trombe, brillante des couleurs du prisme, s’élevait de la mer comme un pilier de cristal supportant la voûte du ciel. […] Il n’est pas défendu de semer les réflexions dans un récit, mais il faut en user sobrement : toute réflexion qui n’est pas amenée naturellement, qui ne fait pas corps avec le reste de la narration, qui se prolonge outre mesuré, ne sert qu’à jeter du froid dans l’action et à en entraver la marche. […] La tête du guerrier se partage, sa cervelle se répand des deux côtés, ses yeux roulent à terre ; son corps reste encore un moment debout, étendant des mains convulsives, objet d’épouvanté et de pitié. […] Reste à savoir si, quand il s’agit de sa vie ou de celle d’autrui, l’honnête homme se règle sur la mode, et s’il n’y a pas alors plus de vrai courage à la braver qu’à la suivre.
Il reste du barbare encore dans les héros d’Homère, et nous sommes loin des siècles de Périclès et de Platon. […] Les huées du peuple le reconduisaient jusqu’à sa maison, et les traits des comiques le clouaient au ridicule pour le reste de ses jours. […] J’ai essayé de faire revivre devant vos yeux des types d’hommes dont il ne nous reste plus qu’un nom et quelques rares traits, pieusement recueillis par leurs contemporains. […] Certes, voilà bien des siècles que s’est éteinte cette grande voix, la plus forte peut-être qui ait jamais remué les entrailles humaines ; il ne reste plus des passions qui l’ont inspirée qu’un écho vague et lointain ; et cependant, tel est l’empire de la vraie éloquence, qu’aujourd’hui même où ces événements sont si loin de nous, nous ne pouvons lire sans une émotion profonde ce sublime plaidoyer. […] Le reste de la population se composait d’étrangers, appelés métèques.
— C’est assez : le temps passe à tenir ces propos ; Quand la langue se meut, la main reste en repos. […] Je n’ai pas, comme vous, voitures et valets ; Il faut que ce soit moi qui porte mes billets ; Et, si je leur livrais mes rentes en pâture, Les gants, et les habits, et les frais de voiture, Et le reste, bientôt auraient tout dévoré, Sans plaisir pour moi-même, et sans qu’on m’en sût gré. […] Nous le pouvons. — Pourtant songez-y, vous dirai-je ; Nous avons abattu le dernier privilége : Que reste-t-il encor qui puisse être emporté, Sinon les fondements de la société ?
La garde du roi avait seule des chevaux et portait des lances du modèle romain ; le reste des troupes était à pied, et leur armure paraissait misérable. […] Il venait de communier avec son clergé ; le reste du peuple présent communiait encore, et le pape n’avait pas dit l’oraison dernière. […] et qu’enfin je reste votre enfant. […] Honte à qui reste en route et finit le dernier ! […] Après onze heures il s’éleva dans la forêt voisine un tel vacarme, qu’il fallut renoncer à tout sommeil pour le reste de la nuit.
Nous devons travailler à nous rendre très-dignes de quelque emploi : le reste ne nous regarde point ; c’est l’affaire des autres. […] Une naissance auguste, un air d’empire et d’autorité, un visage qui remplisse la curiosité des peuples empressés de voir le prince6, et qui conserve le respect dans le courtisan ; une parfaite égalité d’humeur ; un grand éloignement pour la raillerie piquante, ou assez de raison pour ne se la permettre point1 : ne faire jamais ni menaces ni repròches ; ne point céder à la colère, et être toujours obéi ; l’esprit facile, insinuant ; le cœur ouvert, sincère, et dont on croit voir le fond, et ainsi très-propre à se faire des amis, des créatures et des alliés ; être secret toutefois, profond et impénétrable dans ses motifs et dans ses projets ; du sérieux et de la gravité dans le public ; de la brièveté, jointe à beaucoup de justesse et de dignité, soit dans les réponses aux ambassadeurs des princes, soit dans les conseils ; une manière de faire des grâces2 qui est comme un second bienfait ; le choix des personnes que l’on gratifie ; le discernement des esprits, des talents et des complexions3, pour la distribution des postes et des emplois ; le choix des généraux et des ministres ; un jugement ferme, solide, décisif dans les affaires, qui fait que l’on connaît le meilleur parti et le plus juste ; un esprit de droiture et d’équité qui fait qu’on le suit jusqu’à prononcer quelquefois contre soi-même en faveur du peuple, des alliés, des ennemis ; une mémoire heureuse et très-présente qui rappelle les besoins des sujets, leurs visages, leurs noms, leurs requêtes ; une vaste capacité qui s’étende non-seulement aux affaires de dehors, au commerce, aux maximes d’État, aux vues de la politique, au reculement des frontières par la conquête de nouvelles provinces, et à leur sûreté par un grand nombre de forteresses inaccessibles ; mais qui sache aussi se renfermer au dedans, et comme dans les détails4 de tout un royaume ; qui en bannisse un culte faux, suspect et ennemi de la souveraineté, s’il s’y rencontre ; qui abolisse des usages cruels et impies5, s’ils y règnent ; qui réforme les lois et les coutumes6, si elles étaient remplies d’abus ; qui donne aux villes plus de sûreté et plus de commodités par le renouvellement d’une exacte police, plus d’éclat et plus de majesté par des édifices somptueux ; punir sévèrement les vices scandaleux ; donner, par son autorité et par son exemple, du crédit à la piété et à la vertu ; protéger l’Église, ses ministres, ses droits, ses libertés1 ; ménager ses peuples comme ses enfants2 ; être toujours occupé de la pensée de les soulager, de rendre les subsides légers, et tels qu’ils se lèvent sur les provinces sans les appauvrir ; de grands talents pour la guerre ; être vigilant, appliqué, laborieux ; avoir des armées nombreuses, les commander en personne ; être froid dans le péril3, ne ménager sa vie que pour le bien de son État, aimer le bien de son État et sa gloire plus que sa vie ; une puissance très-absolue, qui ne laisse point d’occasion aux brigues, à l’intrigue et à la cabale ; qui ôte cette distance infinie4 qui est quelquefois entre les grands et les petits, qui les rapproche, et sous laquelle tous plient également ; une étendue de connaissances qui fait que le prince voit tout par ses yeux, qu’il agit immédiatement par lui-même, que ses généraux ne sont, quoique éloignés de lui, que ses lieutenants, et les ministres que ses ministres ; une profonde sagesse qui sait déclarer la guerre, qui sait vaincre et user de la victoire, qui sait faire la paix, qui sait la rompre, qui sait quelquefois, et selon les divers intérêts, contraindre les ennemis à la recevoir ; qui donne des règles à une vaste ambition, et sait jusqu’où l’on doit conquérir ; au milieu d’ennemis couverts ou déclarés, se procurer le loisir des jeux, des fêtes, des spectacles ; cultiver les arts et les sciences, former et exécuter des projets d’édifices surprenants ; un génie enfin supérieur et puissant qui se fait aimer et révérer des siens, craindre des étrangers ; qui fait d’une cour, et même de tout un royaume, comme une seule famille unie parfaitement sous un même chef, dont l’union et la bonne intelligence est redoutable au reste du monde. […] Bossuet a dit : « Ces terres et ces seigneuries qu’il avait ramassées comme une province, avec tant de soins et de travail, se partageront en plusieurs mains, et tous ceux qui verront ce grand changement diront, en levant les épaules et en regardant avec étonnement les restes de cette fortune ruinée : Est-ce là que devait aboutir toute cette grandeur formidable au monde ? […] il n’en reste plus qu’un tronc inutile !
Vous reste-t-il encor quelque scrupule en l’âme ? […] Je vous laisse y penser tout ce reste du jour. […] Il ne nous reste qu’à résumer en quelques mois les principaux mérites qui font son originalité et sa supériorité. […] À mes nobles projets je vois tout conspirer ; Il ne me reste plus qu’à vous les déclarer. […] Il veut fonder un cloître, et destiné le reste À vivre sans éclat, toujours simple et modeste.
La pensée est délicate, lorsque l’objet qu’elle représente, ne se peint qu’en partie, de manière pourtant que le reste puisse être aisément deviné. […] Il ne me reste à faire qu’une courte, mais assez importante observation concernant les pensées ; c’est que le fond en est presque toujours le même dans tous les écrivains qui traitent le même sujet. […] « S’il y a une occasion au monde, où l’âme pleine d’elle-même, soit en danger d’oublier son Dieu (premier membre), c’est dans ces postes éclatants, où un homme, par la sagesse de sa conduite, par la grandeur de son courage, par le nombre de ses soldats, devient comme le Dieu des autres hommes (second membre) et rempli de gloire, en lui-même, remplit tout le reste du monde d’admiration, d’amour ou de frayeur » (troisième membre). […] Mais ces débordements de parricides ; ces champs empestés ; ces montagnes de morts privés d’honneurs suprêmes, et que la nature force à se venger ; ces troncs pourris, qui font la guerre au reste des vivants, ont été regardés comme une véritable enflure. […] Il ne te reste pas seulement une voile qui soit entière.
Au reste, en disant que la critique doit être judicieuse, j’ai voulu dire aussi qu’elle doit être réfléchie ; c’est-à-dire, que celui qui veut juger une production littéraire ne saurait la lire et l’examiner avec une attention trop scrupuleuse. […] Au reste, l’art du dialogue peut convenir à tous les sujets, soit graves, soit badins, soit littéraires, soit scientifiques.
Au reste, quand nous parlons ici. […] Que reste-t-il à faire quand l’auditeur est convaincu ? […] Pour tout le reste, la poésie n’est autre chose qu’une fiction vive qui peint la nature. […] Quel asile me reste-t-il ? […] Je ne sais où aller dans mon malheur ; il ne me reste aucun asile.
Mais au sort des humains la nature insensible Sur leurs débris épars suivra son cours paisible : Demain, la douce aurore, en se levant sur eux, Dans leur acier sanglant réfléchira ses feux ; Le fleuve lavera sa rive ensanglantée ; Les vents balayeront leur poussière infectée, Et le sol, engraissé de leurs restes fumants, Cachera sous des fleurs leurs pâles ossements1. […] De cet asile de travail, de silence et de paix, le curé doit peu s’éloigner pour se mêler aux sociétés bruyantes du voisinage ; il ne doit que dans quelques occasions solennelles tremper ses lèvres avec les heureux du siècle dans la coupe d’une hospitalité somptueuse ; le reste de sa vie doit se passer à l’autel, au milieu des enfants auxquels il apprend à balbutier le catéchisme, ce code vulgaire de la plus haute philosophie, cet alphabet d’une sagesse divine, dans les études sérieuses, parmi les livres, société morte du solitaire ; le soir, quand le marguillier a pris les clefs de l’église, quand l’Angelus a tinté dans le clocher du hameau, on peut voir quelquefois le curé, son bréviaire à la main, soit sous les pommiers de son verger, soit dans les sentiers élevés de la montagne, respirer l’air suave et religieux des champs et le repos acheté du jour, tantôt s’arrêter pour lire un verset des poésies sacrées, tantôt regarder le ciel ou l’horizon de la vallée, et redescendre à pas lents dans la simple et délicieuse contemplation de la nature et de son auteur. […] … J’en conserve précieusement les restes, la paille, les mousses, le duvet ; et, bien qu’il soit maintenant vide, désert et refroidi de toutes ces délicieuses tendresses qui l’animaient, j’aime à le revoir, j’aime à y coucher encore quelquefois, comme si je devais y retrouver à mon réveil la voix de ma mère, les pas de mon père, etc. » 1.
Seul et dernier anneau de deux chaînes brisées, Je reste. […] Dans toutes ses compositions, roman, poésie ou drame, prose ou vers, la conception toujours élevée domine le reste.