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2. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Delille 1738-1813 » pp. 464-472

dans quel lieu n’avez-vous droit de plaire ? […] Rien n’est si vaporeux que ses teintes légères : L’œil se plaît à saisir ses formes passagères ; Elle brille à demi, se fait voir un moment ; C’est ce parfum dans l’air exhalé doucement ; C’est cette fleur qu’on voit négligemment éclore, Et qui, prête à s’ouvrir, semble hésiter encore ; L’esprit, qui sous son voile aime à la deviner, Joint au plaisir de voir celui d’imaginer. […] Je ne sais quoi nous plaît dans ces traits indécis, Que la beauté n’a point dans ses contours précis1. […] Sa négligence plaît, et son désordre enchante. […] Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux Que des palais romains le front audacieux ; Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine ; Plus mon Loire gaulois que le Tibre latin, Plus mon petit Liré que le mont Palatin, Et plus que l’air marin la douceur angevine.

3. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Voltaire, 1694-1778 » pp. 158-174

Plus soucieux encore de plaire que d’instruire, de charmer que d’être utile, il chercha surtout le bruit, l’éclat, la gloire, la première place dans un siècle sur lequel il régna, et dont l’influence régnait elle-même sur l’Europe. […] Tenez-vous-en, Mademoiselle, à tout ce qui plaît en eux. […] Vous plairez aux hommes, à qui vous dites leurs vérités, mais vous ne les corrigerez pas2. […] Mon triste état m’interdit tout commerce avec les humains ; mais, quoique vous n’ayez point traduit les Géorgiques 1, hasardez de venir à Ferney quand il vous plaira. […] Oui, la langueur d’un repos trop prolongé eût été pour lui une souffrance ; même à Ferney, il tenait une sorte de cour, dont l’animation excitait sa verve, par le désir de plaire, et d’entretenir sa renommée européenne.

4. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Nisard. Né en 1806. » pp. 585-597

Œuvre de talent, de science et de volonté courageusement soutenue pendant vingt-cinq années d’études, ce beau travail est un exemple considérable dans un temps qui se plaît à l’improvisation et à la fantaisie, ou répugne à la discipline comme à une servitude. […] Aussi, ne donne-t-elle pas de rangs ; elle se plaît aux talents aussi divers que les visages. […] Si un certain degré de culture est nécessaire pour en goûter toutes les beautés, il suffit d’avoir l’esprit sain pour s’y plaire. […] Les enfants y reconnaissent les mœurs du chien qu’ils caressent, du chat dont ils abusent, de la souris dont ils ont peur ; toute la basse-cour, où ils se plaisent mieux qu’à l’école. […] Il s’y plaît aux antithèses morales, d’où ressortent des aperçus vifs et pénétrants.

5. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Bourdaloue 1632-1704 » pp. 89-93

Écrivain juste, clair, exact, uni, probe comme sa pensée, il a l’expression ferme, nette, appropriée, simple sans bassesse, noble sans recherche ; il songe à instruire plus qu’à plaire, et nous émeut par la force pénétrante de la vérité. […] J’ai achevé ma course, et plût à Dieu que je pusse ajouter : J’ai été fidèle ! […] La Flèche, ou quelque autre maison qu’il plaise au supérieur sera le lieu de mon repos. […] Bourdaloue m’a souvent ôté la respiration par l’extrême attention avec laquelle on est pendu à la force et à la justesse de ses discours, et je ne respirais que quand il lui plaisait de les finir pour en recommencer un autre de la même beauté. » 2.

6. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — La Rochefoucauld. (1613-1680.) » pp. 15-19

On doit aller au-devant de ce qui peut plaire à ses amis, chercher les moyens de leur être utile, leur épargner des chagrins, leur faire voir qu’on les partage avec eux quand on ne peut les détourner, les effacer insensiblement, sans prétendre de les arracher3 tout d’un coup, et mettre à la place des objets agréables ou du moins qui les occupent. […] Pour plaire aux autres, il faut parler de ce qu’ils aiment et de ce qui les touche, éviter les disputes sur les choses indifférentes, leur faire rarement des questions et ne leur laisser jamais croire qu’on prétend avoir plus de raison qu’eux. […] Ce qui fait que la plupart des petits enfants plaisent, c’est qu’ils sont encore renfermés dans cet air et dans ces manières que la nature leur a donnés, et qu’ils n’en connaissent point d’autres2. […] Boileau a fait la même remarque dans son épître ix : La simplicité plaît sans étude et sans art.

7. (1879) L’art d’écrire enseigné par les grands maîtres

Expliquez-les donc, s’il vous plaît. […] Il servira à plaire. […] Distinguons, s’il vous plaît. Ce qui sert à plaire pour persuader, est bon ; les preuves solides et bien expliquées plaisent sans doute. […] Ainsi les trois choses que nous admettons dans l’éloquence plaisent ; mais elles ne se bornent pas à plaire.

8. (1825) Rhétorique française, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes pp. -433

La persuasion s’opère par trois moyens : instruire, plaire et toucher. […] Ce que c’est que de plaire. Plaire, c’est récréer l’esprit au moyen de certains agrémens que l’on réunit dans le discours. […] Les moyens de plaire et les moyens d’émouvoir ont un principe commun. […] Des moyens de plaire.

9. (1866) Cours élémentaire de rhétorique et d’éloquence (5e éd.)

D’autres fois il faut instruire et plaire. […] Nécessité de plaire ou ornements de la prédication. […] C’est une erreur de croire que le prédicateur ne doit point songer à plaire. […] Ce n’est point assez pour l’orateur sacré d’instruire et de plaire. […] mes chers auditeurs, plût à Dieu que cela fût ainsi !

10. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre IV. Genre dramatique. »

Nous savons que ce but n’est pas souvent atteint, et que l’on sort rarement du théâtre, corrigé et amélioré ; c’est que les auteurs dramatiques cherchent plus souvent à plaire qu’à instruire, et que, pour avoir du succès, ils flattent les passions au lieu de les réprimer. […] Mais dans les endroits où la passion est moins excitée, l’oreille se plaît à retrouver la cadence et l’harmonie : c’est un charme continu auquel l’imagination est sensible17. […] Même liberté, dans le style : la noblesse, la correction sont pour le dramaturge des obstacles qu’il se plaît à braver, sous prétexte qu’il faut donner aux personnages un langage en harmonie avec leur position et leur éducation. […] Sa voix, son geste, son regard, tout est tendu et forcé : elle ne cherche à plaire que par l’effroi qu’elle inspire. […] Une comédie de caractère est d’autant meilleure qu’elle peint des mœurs plus générales, parce qu’ainsi elle est sûre de plaire dans tous les temps et dans tous les pays : c’est ce qui assure l’immortalité aux grandes œuvres de Molière.

11. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Seconde partie. Moyens de former le style. — Chapitre II. De l’exercice du style ou de la composition » pp. 225-318

Si la description doit plaire, elle doit encore et surtout être utile. […] Le narrateur, comme tout écrivain, doit avoir pour but d’instruire et de plaire. […] De plus, les faits qui méritent d’être racontés doivent être présentés et exprimés de manière à plaire et à persuader. […] L’agrément est surtout nécessaire à la narration poétique qui, sans cette qualité, ne pourra réussir à plaire. […] Les contrastes plaisent beaucoup, parce qu’ils frappent vivement l’esprit.

12. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Origine et principe des beaux-arts »

Il faut qu’ils soient parfaits en eux-mêmes, pour qu’ils plaisent à notre esprit ; voilà le beau ; qu’ils aient un rapport intime avec nous, pour qu’ils intéressent notre cœur ; voilà le bon. […] S’il nous représente ce caractère aussi élevé, aussi vertueux qu’il puisse l’être, et comme ayant été le principe des plus grandes et des plus brillantes actions que ce souverain a faites, ou qu’il a pu faire vraisemblablement ; il imitera la belle nature, il nous montrera le beau qui plaira à notre esprit. […] Qui, par l’art imité, ne puisse plaire aux yeux4. Ce n’est cependant point cet objet odieux qui nous plaît en lui-même.

13. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Deuxième partie. Rhétorique. — Chapitre II. — Division de la rhétorique : Invention, Disposition, Élocution »

Faites-moi tout ce qu’il vous plaira ; battez-moi, assommez-moi de coups, tuez-moi, si vous le voulez ; il faut que je décharge mon cœur, et qu’en valet fidèle je vous dise ce que je dois. […] L’imagination se plaît dans la lecture des bons auteurs dont elle recherche les beautés les plus saillantes, et dont elle apprécie les effets les plus saisissants, surtout lorsqu’elle est accompagnée de la sensibilité. […] Tous nos repas seraient des festins, où l’abondance plairait plus que la délicatesse. […] Nous nous plaisons à rapporter ici quelques strophes de ce dernier poète sur ce sujet. […] Voire fille me plut ; je prétendis lui plaire ; Elle est de mes serments seule dépositaire : Content de son hymen, vaisseaux, armes, soldats, Ma foi lui promit tout, et rien à Ménélas.

14. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Regnard. (1655-1709.) » pp. 242-253

Vous plairait-il, monsieur… Valère, se promenant. […] Mais, monsieur, s’il vous plaît, pour changer le propos, Aimeriez-vous toujours la charmante Angélique ? […] Pour mettre quelque chose à l’abri des orages, S’il vous plaisait du moins de me payer mes gages ? […] Oui, s’il vous plaît. […] Oui, s’il vous plaît.

15. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Bossuet 1627-1704 » pp. 65-83

Ainsi l’homme, petit en soi et honteux de sa petitesse, travaille à s’accroître, et à se multiplier dans ses titres, dans ses possessions, dans ses vanités : tant de fois comte, tant de fois seigneur, possesseur de tant de richesses, maître de tant de personnes, ministre de tant de conseils, et ainsi du reste ; toutefois, qu’il se multiplie tant qu’il lui plaira : il ne faut toujours, pour l’abattre, qu’une seule mort. […] Dieu n’a pas résolu de parler toujours quand il plaira à l’homme de lui commander. « Il souffle où il veut », quand il veut, et la parole de vie qui commande à nos volontés ne reçoit pas la loi de leurs mouvements : Voulez-vous savoir, chrétiens, quand Dieu se plaît de parler ? […] Celui-là qui se plaint qu’il travaille trop, s’il était délivré de cet embarras, ne pourrait souffrir son repos ; maintenant les journées lui semblent trop courtes, et alors son grand loisir lui serait à charge : il aime sa servitude, et ce qui lui pèse lui plaît ; et ce mouvement perpétuel, qui les engage en mille contraintes, ne laisse pas de les satisfaire, par l’image d’une liberté errante. […] c’est la maladie qui se joue, comme il lui plaît, de nos corps, que le péché a donnés en proie à ses cruelles bizarreries ; et la fortune, pour être également ombrageuse, ne se rend pas moins féconde en événements fâcheux. […] Tout s’y fait par une chaleur inconsidérée ; et comment accoutumer à la règle, à la solitude, à la discipline, cet âge qui ne se plaît que dans le mouvement et dans le désordre, qui n’est presque jamais dans une action composée5, « et qui n’a honte que de la modération et de la pudeur : et pudet non esse impudentem ?

16. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Lacordaire, 1802-1861 » pp. 542-557

Ne croyez pas que la gloire soit un mouvement d’orgueil par lequel nous nous plaisons en nous-mêmes et considérons avec joie au-dessous de nous ceux qui n’ont pas atteint la même élévation. […] Le jeune patricien s’y plaît et s’y donne ; il s’y plaît comme Démosthène, il s’y donne comme Cicéron ; et toutes ces images du beau, en le préparant aux devoirs de la cité, lui font déjà une arme présente contre les erreurs trop précoces de ses sens. […] S’il lui plaît que je prêche à Notre-Dame, j’y prêcherai ; s’il m’en ferme les portes, je prêcherai ailleurs ; si toutes les chaires de France me sont successivement interdites, j’attendrai d’autres temps et je ferai le bien qui me restera possible. […] Or, pour plaire à quelques-uns, il suffit de petites choses ; pour plaire au grand nombre, il en faut de grandes. […] Il exige, il suppose, avec des dons extérieurs qui plaisent ou qui touchent, le sang-froid, le tact, la présence d’esprit, la fermeté, le courage, la promptitude de la décision, la connaissance des hommes, l’art de les deviner et de les conduire ; comment ne serait-il pas une grande qualité politique, un moyen pratique de gouvernement ?

17. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre premier. De l’invention. »

L’unité d’action plaît à l’esprit, on aime à voir le fait raconté s’accomplir sans incidents et malgré tous les obstacles ; la duplicité d’action affaiblit au contraire l’intérêt : car, si deux ou plusieurs actions marchent ensemble, elles partagent l’attention ; et, si toutes deux ne sont pas également intéressantes, l’une donne du dégoût pour l’autre. […] plût au ciel que vous eussiez vécu ! […] Tout le travail de l’invention oratoire consiste à trouver les moyens de persuader, c’est-à-dire d’instruire, de plaire et de toucher. […] Il plaira en se conciliant les esprits ; il touchera en s’adressant aux cœurs : son devoir d’inventeur est donc 1° de découvrir ses preuves ; 2° de rechercher les moyens qui feront ressortir ce qu’on nomme les mœurs ; 3° de trouver le secret d’émouvoir les passions. […] Par mœurs oratoires on entend d’abord quatre qualités essentielles à tout orateur qui a la prétention légitime de plaire, savoir : la probité, la modestie, la bienveillance et la prudence.

18. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) «  Chapitre XXIV. des figures. — figures par rapprochement d’idées opposées  » pp. 339-352

Par la comparaison et toutes les figures qui s’y rattachent, nous nous plaisions à rapprocher deux idées homogènes, et cette homogénéité arrivait graduellement à ce point que la catachrèse finissait par les confondre en une seule. […] M. de la Rochefoucauld avait dit : « Nous n’avons pas assez de force pour suivre toute notre raison. » Madame de Grignan retourna la pensée : « Nous n’avons pas assez de raison pour employer toute notre force. » Ces contrastes symétriques plaisent à l’esprit, pourvu qu’ils soient présentés sobrement et à propos. […] Celte espèce d’antithèse se nomme dérivation, quand les mots, différents entre eux, ont une origine commune, Ton bras est invaincu mais non pas invincible… Et le combat cessa faute de combattants ; et polypiote, quand ce sont diverses formes du même mot : Il plaît à tout le monde, et ne saurait se plaire. […] Pour que cette figure ajoute au discours de la valeur et de l’énergie, elle devra être présentée de façon que le lecteur ne puisse manquer, d’une part, d’interpréter les paroles dans le sens voulu, et se plaise, de l’autre, au facile travail de cette interprétation.

19. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre III. — Ornements du Style, qui consistent dans les Mots ou Figures »

Ne se plaît qu’à courir de victoire en victoire. […] Oreste, après avoir tué Pyrrhus pour plaire à Hermione, apprend qu’elle a pu lui survivre et qu’elle vient de se donner la mort. […] Les autres plaisent par la suspension ; ce sont : la réticence, la suspension et la dubitation. D’autres plaisent par la symétrie ; ce sont : l’antithèse, la comparaison, le parallèle et l’adjonction, D’autres encore plaisent par la passion qui en fait le caractère, et elles pourraient alors prendre le nom de figures passionnées ; ce sont : l’exclamation, l’apostrophe, la prosopopée, l’imprécation et la déprécation. […] La périphrase plaît beaucoup quand elle est employée avec choix.

20. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre II. De l’Éloquence. » pp. 318-338

Ce n’est pas la nature brute et sauvage qu’il demande : c’est la nature sans pompe, sans ornements affectés, sans dessein formé de plaire. […] Il joint aux grâces du sentiment le coloris de l’imagination ; et en s’attachant à plaire par tout ce que l’élocution a de plus séduisant, il contribue merveilleusement à la persuasion. […] L’Orateur devant instruire, plaire et toucher, est obligé de les entremêler, parce que chacun de ces trois genres a un rapport plus marqué à chacun de ces trois devoirs. Dans les endroits du discours où il veut instruire, il doit s’exprimer d’une manière simple : dans les endroits où il veut plaire, il doit répandre les plus belles fleurs de l’élocution : dans les endroits où il veut toucher, il doit parler fortement au cœur, élever l’âme par le sublime des pensées et des sentiments. […] Le genre fleuri est plus particulièrement propre à plaire, quoiqu’il pénètre aussi quelquefois jusqu’au cœur.

21. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Saint-Simon 1625-1695 » pp. 144-147

La complaisance lui était naturelle, coulait de3 source ; elle en avait jusque pour sa cour4 Régulièrement laide, les joues pendantes, le front trop avancé, un nez qui ne disait rien, de grosses lèvres mordantes, des cheveux et des sourcils châtain-brun fort bien plantés, des yeux les plus parlants et les plus beaux du monde, peu de dents, et toutes gâtées, dont elle parlait et se moquait5 la première, le plus beau teint du monde, le cou long avec un soupçon de goître6 qui ne lui seyait point mal, un port de tête galant, gracieux, majestueux, et le regard de même, le sourire le plus expressif, une taille longue, ronde, menue, aisée, parfaitement coupée, une marche de déesse sur les nues7 ; elle plaisait au dernier point. […] Elle voulait plaire même aux personnes les plus inutiles et les plus médiocres 1, sans qu’elle parût le rechercher. […] Le tact est ici de haute importance, pour qui veut plaire.

22. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre IV. »

Cette division est à peu près celle des anciens rhéteurs, qui ramènent l’éloquence à ces trois points : plaire, toucher, instruire. […] Tel autre, au contraire, moins façonné aux convenances, a des manières lourdes et disgracieuses : s’il veut plaire, il se rend ridicule ; il ne dit rien à propos, il fait des bévues grossières, il manque d’éducation. […] Si quelque chose plaît, on le recherche, on le désire, on l’aime ; si quelque chose déplaît, on le fuit, on le repousse, on le hait. […] Ce n’est pas tout de plaire et de toucher, il faut aussi Bavoir convaincre par les preuves : c’est le but du raisonnement.

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