On pense, avec raison selon nous, que, sans négliger des exercices extrêmement utiles, il est bon de les lier entre eux par une théorie générale ; en d’autres termes, que faire sa rhétorique, ce n’est pas seulement faire avec succès les devoirs donnés dans cette classe, c’est aussi apprendre la science qui porte ce nom, et qui fait connaître et distinguer les diverses sortes de discours, leurs parties, les lieux oratoires qu’on y emploie, etc. […] Personne ne le pensera.
Le goût est pour lui une sorte de conscience morale, et ses jugements nous font comprendre les relations nécessaires qui unissent le bien dire au bien penser. […] Ils disent bien, parce qu’ils pensent bien.
Peut-être que, familiarisés davantage avec le style de ceux de tous les hommes qui ont parlé de la religion et de la morale de la manière la plus digne d’elles, ils concevront mieux qu’un grand prédicateur, qu’un véritable apôtre de l’Évangile, peut devenir un homme utile à la société ; et que celui qui, du haut de la tribune sacrée, annonce au peuple les paroles de la sagesse, contribue plus efficacement qu’ils ne le pensent à la félicité commune. […] Mais pour le faire dignement, il faut que cet orateur pense qu’il a pour juges Dieu et les hommes : Dieu, dont il ne doit ni trahir la cause, ni négliger les intérêts par de frivoles égards, ou par de lâches complaisances ; les hommes, en qui il ne doit voir que, des frères égarés, que l’indulgence ramènera, et que trop de sévérité aigrirait peut-être pour toujours.
Il sait que les apparences trompent, qu’il n’est rien de stable sous le soleil ; au lieu donc de s’aventurer à penser encore ce qu’il avait toujours pensé jusque-là, ce qui était certain pour lui comme pour tout le monde, il s’approche modestement du régulateur de sa raison législative7, se penche à son oreille, puis dresse les siennes pour recueillir sans en rien perdre la réponse à cette question profonde et délicate : Monseigneur, qu’est-ce qui est vrai aujourd’hui ?
Les pronoms y et en suppléent au nom des personnes et des choses : = pensez-vous à moi ? Oui, j’y pense : = souvenez-vous de mon ami. […] Mais après un mûr examen, je pense qu’on ne peut employer que son, sa, ses, parce que le verbe est sous-entendu après chacun. […] Quoi qu’il en soit, je pense avec eux que, quand le sujet du second verbe est séparé de ce verbe par plusieurs mots, la phrase n’est réellement pas correcte. […] Il veut ne pas, lorsqu’il signifie, faire réflexion. = Prenez garde que l’auteur ne dit pas ce que vous pensez.
L’hypocrisie Quand je parle de l’hypocrisie, ne pensez pas que je la borne à cette espèce particulière qui consiste dans l’abus de la piété, et qui fait les faux dévots ; je la prends dans un sens plus étendu, et d’autant plus utile à votre instruction que peut-être, malgré vous-mêmes, serez-vous obligés de convenir que c’est un vice qui ne vous est que trop commun ; car j’appelle hypocrite quiconque, sous de spécieuses apparences, a le secret de cacher les désordres d’une vie criminelle. […] Voici un petit sermon de Madame de Sévigné sur la Providence : « Qui m’ôterait la vue de la Providence m’ôterait mon unique bien ; et si je croyais qu’il fût en nous de songer, de déranger, de faire, de ne pas faire, de vouloir une chose ou une autre, je ne penserais pas à trouver un moment de repos.
Cet exorde est sublime dans sa simplicité ; c’est le langage de la vérité et de l’innocence ; l’invocation aux Dieux, qui le commence et le termine, devait produire le plus grand effet auprès d’un peuple qui comptait pour quelque chose le respect des choses respectables, et qui ne pensait pas que l’on pût se jouer impunément de la majesté des Dieux. […] Pensez-vous que les parents de nos malheureux guerriers versent plus de larmes pendant les tragédies, sur les infortunes des héros qui paraîtront ensuite, que sur l’ingratitude de la république ! […] Ce trait lui fait, sans doute, aux yeux de l’homme qui pense, autant d’honneur que les plus beaux morceaux de sa harangue.
Cousin aux auditeurs de son Cours d’histoire de la philosophie, quel est celui de vous qui pense que les lieux, la terre qu’il habite, l’air qu’il respire, les montagnes ou les fleuves qui l’avoisinent, le climat, le chaud, le froid, toutes les impressions qui en résultent, en un mot, que le monde extérieur lui est indifférent et n’exerce sur lui aucune influence ?… Pensez-vous, quelqu’un a-t-il jamais pensé que l’homme des montagnes ait et puisse avoir les mêmes habitudes, le même caractère, les mêmes idées, que l’homme de la plaine, que le riverain, que l’insulaire ?
Descartes est un grand écrivain, parce qu’on ne peut pas ne pas l’être, quand on pense et quand on sent avec grandeur : mais s’il est permis de le dire, l’écrivain dans Descartes a moins d’art que de génie ; et en prose c’est Pascal qui doit être considéré comme le premier grand artiste qu’ait produit la France. […] Quoi qu’il fasse, quoi qu’il sente, quoi qu’il pense, il pense à l’infini, il aime l’infini, il tend à l’infini.
Je pense avec Cicéron qu’elles sont les auxiliaires utiles du génie, qu’elles l’éclairent, qu’elles guident sa marche, qu’elles lui montrent le but auquel il doit tendre, qu’elles l’empêchent de s’égarer ; mais je pense aussi comme lui qu’elles n’ont jamais formé un orateur. […] Je pense en effet que l’éloquence ne peut s’apprendre, parce qu’elle est un don naturel que ni l’expérience ni l’étude ne sauraient donner, et qui tient à la délicatesse des organes, à la vivacité des impressions et à la facilité de les exprimer par des images sensibles.
qu’eût pensé votre grande âme, si, pour votre malheur, rappelé à la vie, etc. » Une troupe d’amateurs jouait autrefois à Rouen la Mort d’Abel, tragédie en cinq actes. […] L’allusion. — On effleure en passant le souvenir d’une idée, soit qu’on craigne d’y insister, soit qu’on veuille donner à penser à ceux qui nous écoutent : — Cependant Claudius penchait sur son déclin… Il murut. oMille bruits en courent à ma honte. […] Dis, Valère, dis-nous, si tu veux qu’il périsse, Où tu penses choisir un lieu pour son supplice : Sera-ce entre ces murs que mille et mille voix Font retentir encor du bruit de ses exploits ?
Racine lui-même disait à ses amis : Je ne pense pas mieux que Pradon et Coras, mais j’écris mieux qu’eux. […] Ce n’est plus Virgile que vous écoutez ; vous êtes trop attentif aux dernières paroles de la malheureuse Didon pour penser à lui. […] Pensez-vous par des pleurs prouver votre tendresse ? […] On est austère par la manière de vivre, sévère par la manière de penser, rude par la manière d’agir. […] Dis, Valère, dis-nous, si tu veux qu’il périsse, Où tu penses choisir un lieu pour son supplice ?
La logique, dit Batteux, est l’art de bien penser ; la grammaire est l’art de bien parler ; la rhétorique est l’art de bien dire. Bien penser, c’est mettre de la précision et de la netteté dans ses idées, de la vérité dans ses jugements, de la justesse dans ses raisonnements. […] Pour persuader les autres, il importe de penser avec eux, en même temps qu’eux, c’est-à-dire qu’il faut improviser. […] Rien de grand, rien de sublime n’éveille leurs désirs ; ils ne pensent qu’à ce qui peut les faire vivre. […] Faites plutôt que les ignorants qui vous écoutent se rengorgent en eux-mêmes de penser qu’ils vous comprennent, si bien vous vous mettez à leur portée.
Se faire un jugement sain, un sens droit un esprit loyal, premier devoir de quiconque veut penser et écrire, première condition pour n’écrire et ne dire que ce qu’on pense sérieusement et au fond du cœur. […] Les mœurs de celui qui parle doivent se peindre dans son discours, sans qu’il y pense. […] Que faut-il que j’en pense ? […] Ce n’est plus Virgile que vous écoutez ; vous êtes trop attentif aux dernières paroles de la malheureuse Didon pour penser à lui. […] Tout appliqué à ses devoirs en les comprenant immenses, il ne pensa plus qu’à allier les devoirs de fils et de su ……… e voyait destiné.
Mais, loin de penser à cette affreuse catastrophe, ils semblent n’être parvenus au faîte des grandeurs que pour abuser de la licence qu’elles donnent et assouvir leurs passions. […] On croirait que vous seriez quelque Grec ou quelque Latin, et on ne s’aviserait jamais de penser que Paracelse était un philosophe suisse. […] Et quittant le bon dogue, il pense, il marche, il court. […] Lafontaine pensait-il à cet effet ? […] Voilà de quels pensers les cercueils m’environnent.
L’Orne3, comme autrefois, nous reverrait encore, Ravis de ces pensers que le vulgaire ignore, Egarer à l’écart nos pas et nos discours, Et couchés sur les fleurs, comme étoiles semées, Rendre en si doux ébat les heures consumées, Que les soleils nous seraient courts4. […] Le début manque à cette pièce, qui est de 1604 : elle n’a pas été achevée. — On sait que l’Orne est une rivière qui coule auprès de Caen, et l’on doit penser que Malherbe déplore ici la perte d’un de ses compatriotes.
Ironie L’Ironie est une figure par laquelle ou dit tout le contraire de ce que l’on pense et de ce que l’on veut faire penser aux autres. […] Allusion L’Allusion est une figure par laquelle on dit une chose qui a du rapport avec une autre dont on ne parle pas, mais à laquelle on veut faire penser. […] Mais oses-tu penser que les Serviliens, Les Cosses, les Métels, les Pauls, les Fabiens, Et tant d’autres, enfin, de qui les grands courages Des héros de leur sang sont les vives images. […] » Érox, qui de son maître a servi tous les crimes, Érox qui dans son sang voit ce monstre nager, Lève une main hardie, et pense le venger. […] qu’eût pensé votre grande âme, etc.
Voici le début de l’orateur : « Plusieurs des orateurs que vous venez d’entendre à cette tribune, n’ont pas manqué de préconiser le législateur qui, en consacrant l’ancienne loi sur la sépulture des citoyens moissonnés dans les combats, crut devoir y ajouter celle qui ordonne de prononcer leur éloge : sans doute ils pensaient que c’est une belle institution de louer en public les héros morts pour la patrie. […] Mais puisque cette institution est consacrée par l’approbation de nos ancêtres, m’y conformer est un devoir que je vais m’efforcer de remplir, en me rapprochant, autant qu’il me sera possible, de ce que pense et veut chacun de vous ».
Pour être véritablement éloquent, il faut donc non seulement penser avec noblesse, mais encore sentir vivement et avec chaleur : on n’aura pas de peine à s’exprimer de même. […] Quel plaisir de penser et de dire en vous-même : « Partout en ce moment on me bénit, on m’aime ; « On ne voit point le peuple à mon nom s’alarmer. […] Mais le temps s’écoule ; le tombeau s’ouvre devant le monarque ; le tombeau l’attend et le demande : il pense donc à se remplacer auprès de son successeur.
On peut lui appliquer ce trait : « qui dit auteur, dit oseur. » Exorde de son quatrième mémoire 1 Si l’être bienfaisant qui veille à tout m’eût un jour honoré de sa présence et m’eût dit : « Je suis Celui par qui tout est ; sans moi tu n’existerais point ; je te douai d’un corps sain et robuste ; j’y plaçai l’âme la plus active ; tu sais avec quelle profusion je versai la sensibilité dans ton cœur et la gaieté sur ton caractère ; mais tu serais trop heureux si quelques chagrins ne balançaient pas cet état fortuné : aussi tu vas être accablé sous des calamités sans nombre ; déchiré par mille ennemis ; privé de ta liberté, de tes biens ; accusé de rapines, de faux, d’imposture, de corruption, de calomnie ; gémissant sous l’opprobre d’un procès criminel ; garrotté dans les liens d’un décret ; attaqué sur tous les points de ton existence par les plus absurdes on dit ; et ballotté longtemps au scrutin de l’opinion publique, pour décider si tu n’es que le plus vil des hommes ou seulement un honnête citoyen », je me serais prosterné, et j’aurais répondu : « Être des êtres, je te dois tout, le bonheur d’exister, de penser et de sentir ; je crois que tu nous as donné les biens et les maux en mesure égale ; je crois que ta justice a tout sagement compensé pour nous, et que la variété des peines et des plaisirs, des craintes et des espérances, est le vent frais qui met le navire en branle et le fait avancer gaiement dans sa route. […] Le désespoir m’allait saisir : on pense à moi pour une place ; mais, par malheur, j’y étais propre : il fallait un calculateur, ce fut un danseur qui l’obtint1. […] J’ai donné ma pièce au public pour l’amuser et pour l’instruire, mais non pour offrir à Arsinoë le plaisir d’en aller penser du bien en petite loge, à condition d’en dire du mal en société.
Le goût est pour lui une sorte de conscience morale, et ses jugements nous font comprendre les relations nécessaires qui unissent le bien dire au bien penser. […] C’est un admirateur passionné des classiques qui le pense et qui ose le dire. […] Ils disent bien, parce qu’ils pensent bien.