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56. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Gresset. (1709-1777.) » pp. 291-296

Mais trop de vers entraînent trop d’ennui1 Les Muses sont des abeilles volages ; Leur goût voltige2, il fuit les longs ouvrages, Et, ne prenant que la fleur d’un sujet3, Vole bientôt sur un nouvel objet. […]     Qui l’aurait dit, en ces jours pleins de charmes, Qu’en pure perte on cultivait ses mœurs ; Qu’un temps viendrait, temps de crime et d’alarmes, Où ce Ver-Vert, tendre idole des cœurs, Ne serait plus qu’un triste objet d’horreurs ? […] La Fontaine, inspiré par ce souvenir, et à qui il semble que Gresset ait pris quelquefois sa naïveté et son abandon, s’est peint lui-même dans les vers suivants : Papillon du Parnasse et semblable aux abeilles, A qui le bon Platon compare nos merveilles, Je suis chose légère et vole à tout sujet ; Je vais de fleur en fleur et d’objet en objet. […] C’est ce que recommande Fénelon : « Il ne faut prendre, si je ne me trompe, que la fleur de chaque objet, et ne toucher jamais que ce qu’on peut embellir. » Ce précepte est surtout applicable à la poésie, qui, remarque un critique moderne, « est l’essence des choses : or, il faut bien se garder d’étendre la goutte d’essence dans une masse d’eau ou dans des flots de couleur.

57. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre IV. Du genre dramatique. » pp. 252-332

Dans le drame comme dans l’épopée, le dialogue a pour objet une action, et non une vérité, comme le dialogue philosophique. […] Un personnage qui décrit un objet, doit avoir un grand intérêt à le faire. […] Les objets ne sont vus au théâtre que dans le lointain. […] Faites connaître l’objet de chaque genre de comique ? […] Ainsi, selon Platon, la tragédie trouble l’esprit, le livre à l’erreur en faisant voir les objets autrement qu’ils ne sont, et affaiblit, amollit, énerve l’âme.

58. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Seconde partie. Moyens de former le style. — Chapitre Ier. Des exercices préparatoires à la composition » pp. 209-224

De plus, il faut lire peu à la fois ; les objets se fixent plus aisément dans l’esprit. […] L’amplification par l’énumération des parties a lieu lorsqu’on divise l’objet, et qu’on remplace l’idée simple par l’énumération successive des parties qui le composent. […] Les circonstances consistent dans les particularités accidentelles qui déterminent l’objet, et comprennent ce qui le précède, ce qui l’accompagne et ce qui le suit. […] Une source féconde de beaux développements se trouve dans les causes et les effets, c’est-à-dire dans ce qui a produit l’objet ou dans ce qui en est le résultat. […] Le développement d’un sujet par les contraires, contrastes ou répugnants, se fait en mettant en opposition deux personnes ou deux choses, ou en plaçant le même objet dans deux situations différentes.

59. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Introduction »

Il nous a semblé que, nous occupant de la langue française, nous devions la prendre à sa formation, en commençant par donner une idée des mots qui la composent ; aussi la leçon qui suit contient-elle quelques explications sur : 1° Les mots ; 2° Les langues ; 3° L’identité du mot avec l’objet qu’il représente ; 4° L’Écriture ; 5° La Grammaire ; 6° La Phrase et la Proposition. […] À mesure que les siècles s’écoulèrent, les hommes devinrent étrangers les uns aux autres, puis cherchèrent à établir entre eux des communications utiles : le commerce, les arts, les richesses, la paix, la guerre, les alliances furent autant de sources d’où jaillirent de nouvelles idées, et de là de nouvelles expressions qui constituèrent des idiomes particuliers : ici un objet était connu sous un certain nom ; là il prenait et admettait une dénomination différente, et ainsi les langues se multiplièrent. […] Identité du mot avec l’objet représenté Animé du désir de donner un nom à l’objet qu’il voulait désigner, l’homme chercha naturellement à imiter par le son de sa voix la nature de cet objet pour faire comprendre sa pensée.

60. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre V. — Qualités particulières du Style »

quelle horreur le saisit, quel désespoir s’empare de son âme, lorsque, accourant vers un objet sombre qu’il a pris pour le toit de sa chaumière, élevé au-dessus de la neige, il reconnaît son erreur, et se trouve au milieu d’une solitude inconnue, loin de tout asile, loin de tous vestiges humains ! […] L’ironie douce et l’allusion lui sont très ordinaires, il tire ses métaphores d’objets familiers, mais agréables. […] Ton pouvoir s’étend sur tout ce qui respire : l’animal qui rugit au fond des forêts, celui qui partage la retraite de l’homme, obéissent à tes saintes lois ; tous sont sensibles aux soins dont ils sont l’objet, tous flattent et caressent la main qui les protège ou qui leur donne la pâture. […] Si les ouvrages qui les contiennent ne roulent que sur de petits objets, s’ils sont écrits sans goût, sans noblesse et sans génie, ils périront, parce que les connaissances, les faits et les découvertes s’enlèvent aisément, se transportent, et gagnent même à être mis en œuvre par des mains plus habiles. […] La poésie, l’histoire et la philosophie ont toutes le même objet, et un très grand objet : l’homme et la nature.

61. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXI. des figures  » pp. 289-300

Si l’on peut en effet hasarder quelques conjectures sur les origines du langage, on est porté à croire que les hommes n’ont point donné arbitrairement et au hasard des noms aux objets qui les frappaient le plus vivement et le plus souvent. […] Ainsi tout objet rendant un son quelconque a été représenté par un mot analogue au son produit : le serpent a sifflé, le bourdon a bourdonné, l’onde a murmuré, le tonnerre a grondé. […] Les noms consacrés aux objets matériels ont sans doute précédé ceux qui expriment les abstractions, comme dans le discours les gestes ont précédé la parole, comme les hiéroglyphes ont précédé l’écriture alphabétique. […] A mesure que l’homme a découvert un plus grand nombre d’objets, à mesure que des rapports plus multipliés avec ses semblables ou avec ces objets ont fait naître en lui des sentiments nouveaux, il lui a fallu créer des mots pour rendre les uns et les autres, et il a procédé à ces nouvelles créations par la méthode déjà employée. […] En général, comme je l’ai déjà dit, je fais assez bon marché des nomenclatures, persuadé que dans toutes les sciences de création humaine et qui n’ont point pour objet la nature réelle, le point essentiel est de bien saisir le fond des idées, et laissant d’ailleurs aux gens du métier liberté entière de ranger et de classer à leur goût.

62. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre troisième. De l’élocution. »

L’élocution est la partie de la composition qui a pour objet le choix, l’arrangement et l’ornement des mots. […] Mais il y en a aussi où les objets matériels sont comparés entre eux. […] Dans la métonymie, la pensée de l’objet dont on change le nom existe indépendante de l’objet qui fournit un autre nom. […] Tantôt l’hyperbole augmente les objets, comme dans cet exemple qui est une métaphore hyperbolique ! […] Il n’est pas nécessaire qu’elles relèvent les objets ; si elles les peignent vivement, justement, cela suffit.

63. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XV. de l’élocution  » pp. 203-216

Si l’on s’est élevé aux idées les plus générales, et si l’objet en lui-même est grand, le ton pourra s’élever à la même hauteur. » Ceci me semble aussi juste qu’intelligible. […] Enfin, le jeune écrivain, bien pénétré de tout ce qui vient d’être dit, aura trois objets en vue dans l’étude de l’expression : se former un style, saisir le ton convenable au sujet, et, enfin, quels que soient le style et le ton, acquérir préalablement les qualités essentielles et accidentelles de l’élocution, et apprendre à y distribuer avec habileté les ornements dont elle est susceptible. […] Pour saisir le ton convenable, considérez attentivement l’objet de votre ouvrage ; appliquez-vous à en apprécier la nature, à en pressentir les développements, à saisir d’avance le point de généralisation auquel vous pourrez porter vos idées. « La poésie, l’histoire et la philosophie, dit Buffon, que je ne puis rappeler assez, ont toutes le même objet, et un très-grand objet, l’homme et la nature. […] Mais le ton de l’orateur et du poëte, dès que le sujet est grand, doit toujours être sublime, parce qu’ils sont les maîtres de joindre à la grandeur de leur sujet autant de couleur, autant de mouvement, autant d’illusion qu’il leur plaît, et que devant toujours peindre et toujours agrandir les objets, ils doivent aussi partout employer toute la force et déployer toute l’étendue de leur génie. » Maintenant, il nous reste à étudier les qualités essentielles de l’élocution, c’est-à-dire celles qui conviennent à tous les tons ; les qualités accidentelles, c’est-à-dire celles qui ne conviennent que dans tel ou tel ton ; et enfin les ornements dont l’élocution est susceptible, et que l’on comprend sous le nom général de figures.

64. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Première partie. De la poésie en général — Chapitre premier. Des caractères essentiels de la poésie » pp. 9-15

On peut les envisager dans leurs rapports avec nos sens, avec notre être matériel, avec notre existence visible, bornée par le temps et l’espace : c’est le côté positif, qui nous fait considérer les objets par leurs qualités sensibles. On peut encore les considérer dans leurs rapports avec notre âme, nos idées, nos sentiments et nos passions, en un mot, avec notre vie intellectuelle et morale : c’est le point de vue moral qui laisse apercevoir le côté mystérieux des objets, et les liens qui les unissent au monde invisible ; c’est la manière poétique. […] Il saisit le côté merveilleux des objets qui l’environnent ; il découvre, à chaque instant, des phénomènes qui surpassent son intelligence. […] Pour trouver cet objet, il revient sur ses pas, il s’élance dans l’avenir, il le cherche en lui-même, il le demande à la société, à la nature, aux choses invisibles ; et, si quelquefois il croit apercevoir quelque reflet de ce bien suprême, de cette beauté inaltérable qu’il a rêvée, c’est un de ses plaisirs les plus doux, une de ses plus vives jouissances que de le contempler.

65. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Buffon, 1707-1788 » pp. 282-302

Ce sont des pensées qui ne brillent que par l’opposition1 ; l’on ne présente qu’un côté de l’objet, on met dans l’ombre toutes les autres faces ; et ordinairement ce côté qu’on choisit est une pointe, un angle sur lequel on fait jouer l’esprit avec d’autant plus de facilité, qu’on l’éloigne davantage des grandes faces sous lesquelles le bon sens a coutume de considérer les choses. […] Aussi, plus on mettra de cet esprit mince et brillant dans un écrit, moins il aura de nerf, de lumière, de chaleur et de style ; à moins que cet esprit ne soit lui-même le fond du sujet, et que l’écrivain n’ait pas eu d’autre objet que la plaisanterie ; alors l’art de dire de petites choses devient peut-être plus difficile que l’art d’en dire de grandes. […] Dieu de bonté, auteur de tous les êtres, vos regards paternels embrassent tous les objets de la création ; mais l’homme est votre être de choix : vous avez éclairé son âme d’un rayon de votre lumière immortelle ; comblez vos bienfaits en pénétrant son cœur d’un trait de votre amour. […] Par exemple, remarquez ce que font les yeux, ce que font les mains, ce que fait tout le corps, et quelle est sa posture ; ce que fait la voix d’un homme, quand il est pénétré de douleur, ou surpris à la vue d’un objet étonnant. […] Citons encore Condorcet : « En peignant la nature sublime ou terrible, douce ou riante ; en décrivant la fureur du tigre, la majesté du cheval, la fierté et la rapidité de l’aigle, les couleurs brillantes du colibri, la légèreté de l’oiseau-mouche, son style prend le caractère des objets : mais il conserve sa dignité imposante : c’est toujours la nature qu’il peint, et il sait que même dans les petits objets elle a manifesté toute sa puissance. » 2.

66. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre IV. »

Pour bien déterminer l’objet dont on parle, il faut le définir. […] Si l’on veut définir en philosophe, on caractérisera l’objet le plus brièvement possible ; mais l’orateur, le poète donnera à sa définition plus d’étendue et d’ornements : il pourra peindre l’objet par des traits caractéristiques et saillants, et faire une sorte d’accumulation des causes, des effets et des circonstances. […] Une opposition, une différence fait souvent mieux ressortir l’objet dont on parle ; en disant ce qu’une chose n’est pas, on fait comprendre ce qu’elle est : c’est en cela que consistent les contraires. […] On entend généralement par passions, de vifs mouvements de l’âme qui nous portent vers un objet ou nous en détournent.

67. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXIII. des figures. — tropes d’invention et tropes d’usage  » pp. 323-338

La métonymie est une métaphore dans laquelle les expressions substituées au mot propre supposent non-seulement une similitude quelconque, mais une correspondance bien marquée entre les deux objets comparés. […] La métonymie exige donc que les deux objets métaphoriquement comparés se correspondent mutuellement, chacun d’eux existant d’ailleurs indépendamment l’un de l’autre ; la synecdoque va plus loin, sa condition essentielle est une connexion, une cohésion des deux idées ; non-seulement les objets comparés se correspondent, mais ils ne forment qu’un tout. Qu’il s’agisse d’un individu, d’une espèce, d’un genre quelconque, la synecdoque suppose l’emploi du plus pour le moins, du moins pour le plus, d’une partie pour une autre, dans un objet unique. […] Ou le tout pour la partie : lorsqu’on désigne, par exemple, un instrument ou un objet par le nom de la matière dont il est fait : le fer, pour l’épée ou les chaînes, et en combinant encore la synecdoque avec la métonymie, pour l’esclavage, Tu dors, Brutus, et Rome est dans les fers ; l’airain, pour les trompettes, les cloches, le canon, etc. ; la fougère, pour le verre fait avec la cendre de fougère ; un castor pour un chapeau de poils de castor ; L’ivoire trop hâté deux fois rompt sur sa tête, etc. […] Elle-même avec art dessina le fauteuil, Qui, par un double appui, soutenant sa faiblesse, Sur un triple coussin reposait sa vieillesse ; Elle-même à son père offrait ses vêtements… Un peu plus loin, la jeune fille dit qu’elle préfère cette vie de sacrifices à toutes les joies du mariage : Pour moi, mon cœur jouit des biens qu’il se refuse ; Je jouis, quand le jour, appuyé sur mon bras, Mes secours attentifs aident ses faibles pas ; Dans des liens nouveaux ma jeunesse engagée Par deux objets chéris se verrait partagée… etc.

68. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Principes généraux des belles-lettres. » pp. 1-374

Le personnage plein de son objet, ou ne répond point, ou ne répond qu’à son idée. […] Les objets ne sont vus au théâtre, que dans le lointain. […] Cette action est héroïque dans son principe, dans son objet, et par l’état des acteurs. […] Nous verrons un amant poignarder dans sa jalouse fureur l’objet innocent de son amour. […] Un personnage qui décrit un objet, doit toujours avoir un grand intérêt à le faire.

69. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Première partie. De la poésie en général — Chapitre III. De la forme extérieure de la poésie » pp. 22-70

Ainsi donc, pour être véritablement poète, il ne suffit pas d’inventer, c’est-à-dire de trouver les objets qui existent et qui peuvent exister et de présenter des actions, des images, des sentiments réels, possibles et vraisemblables ; il faut encore rendre ces objets aussi sensibles à l’esprit et au cœur, que l’est aux yeux du corps un objet représenté sur la toile. […] Ils voient en tous lieux des objets enchanteurs. […] : Un auteur quelquefois trop plein de son objet, Jamais sans l’épuiser n’abandonne un sujet. […] Ici tous les objets vous blessent, vous irritent. […] : Chaque objet frappe, éveille et satisfait mes sens : Je reconnais les dieux au plaisir que je sens.

70. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « SECONDE PARTIE. DE LA VERSIFICATION LATINE. — CHAPITRE IV. De la composition des vers. » pp. 295-331

En effet, ces mots virides, olentia latè, spirantis graviter, irriguum, peignent admirablement les divers objets dont parle Virgile, et répondent parfaitement au but qu’il s’est proposé. […] On souffre, en effet, en le voyant s’amuser et se jouer avec ces objets qui vont être si dangereux pour lui. […] « Le prince, dit-il, était pour tous ses sujets un objet d’admiration et de terreur. […] Si cet objet est grand et noble, il faut que tous les rapports de similitude concourent à en soutenir la dignité ; si son caractère est la beauté, il faut qu’ils servent à l’embellir ; si l’objet est effrayant, qu’ils soient capables de redoubler la terreur. […] La répétition s’emploie particulièrement, quand on veut s’appesantir davantage sur un objet et le rendre plus sensible.

71. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre IV. Genre didactique. »

Dans un second instant, nous n’aurions fait que recevoir les mêmes impressions que les objets ont faites sur nous dans le premier. […] Mais ce premier instant ne suffit pas pour faire connaître cette campagne, c’est-à-dire pour nous faire démêler les objets qu’elle renferme. […] Mais si, semblables à des hommes en extase, nous continuons, comme au premier instant, de voir à la fois cette multitude d’objets différents, nous n’en saurons pas plus, lorsque la nuit surviendra, que nous n’en savions lorsque les fenêtres qui venaient de s’ouvrir se sont tout à coup refermées. […] Il en faut voir chaque partie l’une après l’autre, et, au lieu de tout embrasser d’un coup œil, il faut arrêter ses regards successivement d’un objet sur un autre objet. […] Son objet est de faire connaître les beautés et les défauts d’un ou de plusieurs ouvrages, et de rendre raison du jugement qu’il en porte.

72. (1843) Nouvelle rhétorique, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes (7e éd.)

Le premier a, le plus souvent, pour objet le présent ; le second, l’avenir ; le troisième, le passé. […] Il n’y a quelquefois dans un discours qu’un objet simple, et qu’un moyen qu’on ne peut pas décomposer. […] Si l’orateur a rempli cet objet en peu de mots, il a vraiment et solidement amplifié. […] Dans tous les arts, la belle imagination est toujours naturelle ; la fausse est celle qui assemble des objets incompatibles ; la bizarre peint des objets qui n’ont ni analogie, ni allégorie, ni vraisemblance. […] La poésie, l’histoire et la philosophie ont toutes le même objet, et un très grand objet, l’homme et la nature.

73. (1883) Poétique et Rhétorique (trad. Ruelle)

La troisième forme, c’est la reconnaissance par souvenir, lorsqu’on se rend compte de la situation à la vue d’un objet. […] Voilà ce qui nous fait dire qu’elle n’a pas de règles applicables à un genre d’objets déterminé. […] Tous ces biens doivent être l’objet d’une possession assurée, d’une jouissance libérale, utile. […] Grand et petit, beaucoup et peu sont des termes qui se rapportent à la grandeur de nombre d’objets. […] Voilà pour les objets d’envie et pour les envieux de cette sorte.

74. (1866) Cours élémentaire de rhétorique et d’éloquence (5e éd.)

La disposition influe sur tout l’ensemble du discours, mais elle embrasse deux objets principaux. […] La proposition est simple lorsqu’elle ne renferme qu’un seul objet à prouver. La proposition est composée quand elle renferme plusieurs objets dont chacun doit être prouvé séparément. […] Quand un homme parle sur un objet qui le touche vivement, il a toujours les inflexions de voix convenables. […] Origine et objet de la rhétorique.

75. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Résumé. » pp. 388-408

L’étude des mœurs et des passions n’est pas moins féconde pour l’invention, puisque les observations à cet égard ont pour objet l’homme et la nature dans un temps, un lieu et des circonstances données, et que le sujet le plus habituel de l’écrivain est nécessairement la nature et l’homme. […] Pour connaître l’homme, l’écrivain doit d’abord s’étudier lui-même, puis étudier les autres dans les diverses modificacations que leur font subir les éléments suivants : l’âge, le sexe, le tempérament, le climat, le pays, le siècle, la religion, les institutions politiques et sociales, l’éducation, les travaux et les habitudes journalières, enfin, la combinaison de tous ces éléments avec les objets naturels ou artificiels qui les environnent, ce qui constitue la couleur locale. […] On parvient à ces qualités en saisissant bien et en ne perdant jamais de vue le point culminant, c’est-à-dire le but, l’objet principal de la narration ou thèse. […] Après avoir distingué parmi les tropes, ceux d’usage ou de la langue qui entrent dans les habitudes communes du discours, et ceux d’invention ou de l’écrivain, qui appartiennent plus spécialement à celui qui les emploie, on peut rattacher à la métaphore : La métonymie, espèce de métaphore dans laquelle les expressions substituées au mot propre supposent une correspondance préalable entre les objets comparés, la cause pour l’effet, l’effet pour la cause, le contenant pour le contenu, le signe pour la chose signifiée, etc. La synecdoque qui va plus loin, qui exige entre les deux idées rapprochées, non-seulement une correspondance, mais une connexion, une cohésion en un objet unique, le moins pour le plus, le plus pour le moins, une partie pour une autre ou pour le tout, l’abstrait pour le concret, etc.

76. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « PREMIÈRE PARTIE. DE L'ÉLÉGANCE LATINE. — CHAPITRE I. De la propriété des mots. » pp. 2-8

Ainsi la lettre l désigne principalement les qualités des objets : facilis, facile ; amabilis, aimable. — La lettre r est surtout relative à l’action : actor, celui qui agit, acteur ; pictor, peintre ; salvator, sauveur, etc. — La lettre c désigne la fixité d’un objet, sa ténacité, sa constance. […] Ainsi, de la racine primitive re, chose, objet que l’on voit, on a formé le mot latin res, chose, qui, joint à l’adjectif public-us, a, um, public, a formé le mot composé respublica, la chose publique ou la république. — De même le mot judicium, jugement, se compose de jus, juris, droit, et dicere ; dire le droit ou juger. — L'adjectif sincer-us, a, um, comprend les deux mots sine, sans, et cera, cire ; c’est-à-dire sans cire, sans mélange, pur, sincère. — Le mot princeps est composé de l’adjectif prim-us, a, um, et du mot caput, première tête, ou le premier, le chef, le prince. — Le verbe fero, je porte, a formé plusieurs composés en se joignant à divers substantifs. […] Le sens figuré d’un mot est celui qu’il n’avait pas à son origine, mais qui lui a été donné par analogie 5, pour exprimer sous une forme sensible des objets spirituels avec lesquels il a des rapports de ressemblance.

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