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95. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Mignet. Né en 1796. » pp. 504-512

Mignet le 25 mai 1837 La France, marchant la première vers l’avenir immense qui attend le monde, a donné au siècle son mouvement. […] On s’élance vers les espaces jusqu’ici inaccessibles du ciel, et après avoir complété le système de Newton dans l’empire borné de notre soleil, on est sur la voie des mouvements auxquels obéissent ces étoiles que leur incommensurable distance nous fait paraître fixes dans les régions mieux explorées de l’infini.

96. (1881) Rhétorique et genres littéraires

Il se distingue des deux autres par la magnificence des images, la vivacité et la hardiesse des mouvements, et le sublime proprement dit. […] C’était pour eux une véritable science de pantomime, et les rhéteurs notaient même la pose de la main, le mouvement des doigts et la direction du regard. […] Le geste est l’expression des idées au moyen des mouvements du corps. […] En effet, le visage humain exprime tous les mouvements et toutes les passions de l’âme ; il les reflète comme un miroir. […] Elle se distingue de la description et du tableau par le mouvement dramatique.

97. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section II. Des Ouvrages en Vers. — Chapitre II. Des petits Poèmes. »

Emporté par la fougue de son imagination brûlante, et par les mouvements de son cœur vivement ému, il prend un essor rapide, et chante tout à coup sur un ton élevé. […] Plein de la passion ou du sentiment qui l’anime, il ne se livre qu’à des mouvements et des transports qui y sont analogues. […] Rousseau dans cette belle Ode, où ce digne imitateur du prophète David peint les mouvements d’une âme, qui s’élève à Dieu par la contemplation de ses ouvrages. […] Ici, ce sont les rois, maîtres absolus de leurs sujets, mais sujets eux-mêmes du souverain de l’univers qui, du mouvement de ses sourcils, ébranle toute la nature. […] Il en a mis plusieurs en vers : cette imitation ne manque ni de mouvement ni de chaleur, et peut figurer à côté de l’original.

98. (1863) Précis de rhétorique : suivi des règles auxquelles sont assujettis les différents ouvrages de littérature pp. 1-100

La douleur s'exprime lentement ; elle demande de la douceur, de l'harmonie, et, quelquefois, de ces suspensions qui peignent avec tant de vérité les mouvements de l'âme oppressée. […] Ce précepte est vrai, mais c'est la nature qui fait l'orateur ; et si ses mouvements avaient quelque chose de forcé, si l'on y remarquait une douleur étudiée, loin de faire pleurer, il ferait rire infailliblement. […] Le geste est l'expression des idées par les mouvements naturels du corps ; il développe la pensée, il dit ce que l'orateur n'oserait exprimer. […] C'est en combattant les mouvements de l'âme qu'elle séduit ; c'est en apaisant toutes les passions qu'elle se fait écouter : Dieu et la charité, voilà son texte, toujours le même, toujours inépuisable. […] Il dit au mouvement : « Du temps sois la mesure. » Il dit à la nature : « Le temps sera pour vous, l'éternité pour moi ! 

99. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « PREMIÈRE PARTIE. DE L'ÉLÉGANCE LATINE. — CHAPITRE II. Du choix et de la délicatesse des expressions. » pp. 9-77

Il s’emploie aussi avec les verbes de mouvement pour exprimer le but, l’intention, le motif. […] XII La préposition ad, qui répond à la question quò, exprime un mouvement, une tendance vers, qu’il s’agisse du temps ou de l’espace, des personnes ou des choses. […] ) XV La préposition præ, dans le sens propre, signifie devant, et se construit ordinairement avec un pronom et un verbe de mouvement. […] XVII La préposition præter signifie devant, à côté de, le long de, et s’emploie ordinairement avec un verbe de mouvement. […] XVIII La préposition sub s’emploie élégamment avec l’accusatif de mouvement pour signifier à l’approche de, aux environs de, et par suite un peu avant, ou plus rarement un peu après.

100. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Bossuet, 1627-1704 » pp. 89-123

Tout s’y fait par une chaleur inconsidérée ; et comment accoutumer à la règle, à la solitude, à la discipline, cet âge qui ne se plaît que dans le mouvement et dans le désordre, qui n’est presque jamais dans une action composée5, « et qui n’a honte que de la modération et de la pudeur : et pudet non esse impudentem ? […] Celui-là qui se plaint qu’il travaille trop, s’il était délivré de cet embarras, ne pourrait souffrir son repos ; maintenant les journées lui semblent trop courtes, et alors son grand loisir lui serait à charge : il aime sa servitude, et ce qui lui pèse lui plaît ; et ce mouvement perpétuel, qui les engage en mille contraintes, ne laisse pas de les satisfaire, par l’image d’une liberté errante. Comme un arbre que le vent semble caresser en se jouant avec ses feuilles et avec ses branches : bien que ce vent ne le flatte qu’en l’agitant, et le jette tantôt d’un côté, tantôt d’un autre, avec une grande inconstance, vous diriez toutefois que l’arbre s’égaye par la liberté de son mouvement. […] Il y a dans cette prière le mouvement, l’essor lyrique d’une ode. […] Ces mouvements partent du cœur.

101. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Jean-Jacques Rousseau, 1712-1778 » pp. 313-335

Formé tout seul, sans maîtres, à l’école de la souffrance, son talent se compose d’imagination et de sensibilité, de logique et de véhémence ; il a de l’orateur le mouvement, la force, la dialectique pressante, l’abondance et la flamme. […] Voit-on commettre un acte de violence et d’injustice : à l’instant un mouvement de colère et d’indignation s’élève au fond du cœur, et nous porte à prendre la défense de l’opprimé. […] Il disait encore : « L’oisiveté que j’aime est à la fois celle d’un enfant qui est sans cesse en mouvement pour ne rien faire, et celle d’un radoteur dont la tête bat la campagne sitôt que ses bras sont en repos. […] Insensiblement ce grand mouvement s’apaise, ce chaos se débrouille, chaque chose vient à sa place, mais lentement et après une longue et confuse agitation.

102. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Lacordaire, 1802-1861 » pp. 542-557

Parmi les orateurs sacrés de notre temps, il se distingue par la hardiesse des vues, par l’essor d’une verve originale, par la nouveauté, l’ardeur, l’éclat, l’imagination, la poésie, les illuminations soudaines, le mouvement, l’accent pathétique. […] Ne croyez pas que la gloire soit un mouvement d’orgueil par lequel nous nous plaisons en nous-mêmes et considérons avec joie au-dessous de nous ceux qui n’ont pas atteint la même élévation. […] Le style de ce morceau n’est point irréprochable, mais il a du mouvement, du souffle oratoire ; les idées sont élevées, et la forme est brillante. — Si l’on vent en lire la contre-partie, on devra comparer une page de Massillon, tirée des Paraphrases des Psaumes, et où les maux de la parole sont résumés sous une forme académique qui contraste avec la verve un peu intempérante de Lacordaire.

103. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre VII. De l’Harmonie imitative. »

Les hommes, n’ayant d’abord que le geste pour se communiquer leurs idées, imitèrent la figure et le mouvement des objets qu’ils voulaient représenter. […] Mais la poésie, qui ne doit être autre chose que l’imitation fidèle de la nature, et qui s’attache à peindre tout ce qui est susceptible d’être peint par les sons ; la poésie a retenu et perfectionné la langue imitative : c’est un de ses caractères distinctifs ; et toute poésie qui ne peint rien par le mouvement du vers ou par la vérité de l’expression imitative, tombera bientôt dans un éternel oubli.

104. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre XIII. Genre oratoire, ou éloquence. »

Il peut, il doit même mettre de l’art dans son discours, bien ordonner ses preuves, les développer avec vigueur, argumenter avec l’élan de la conviction ; enfin, dans certains cas où le sentiment n’est pas déplacé, il peut avoir recours aux mouvements pathétiques et faire partager à l’auditoire la passion qui l’anime. Mais l’orateur du barreau doit éviter les recherches du langage et les ornements fleuris de la rhétorique, la prolixité qui fatigue le juge et affaiblit la cause, les arguments étrangers au sujet, les citations inutiles et pédantesques, les mouvements passionnés hors de saison, les éclats, les contorsions qui annoncent moins de conviction que d’impuissance.

105. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Fléchier, 1632-1710 » pp. 124-132

Il observe les mouvements des ennemis. […] Dans les pertes médiocres, on surprend ainsi la pitié des auditeurs ; et, par des mouvements étudiés, on tire au moins de leurs yeux quelques larmes vaines et forcées.

106. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Thiers. Né en 1797. » pp. 513-521

En effet, avec ce que je nomme l’intelligence, on démêle bien le vrai du faux ; on ne se laisse pas tromper par les vaines traditions ou les faux bruits de l’histoire ; on a de la critique, on saisit bien le caractère des hommes et des temps ; on n’exagère rien, on ne fait rien trop grand ou trop petit, on donne à chaque personnage ses traits véritables ; on écarte le fard, de tous les ornements le plus malséant en histoire, on peint juste ; on entre dans les secrets ressorts des choses, on comprend et on fait comprendre comment elles se sont accomplies ; diplomatie, administration, guerre, marine, on met ces objets si divers à la portée de la plupart des esprits, parce qu’on a su les saisir dans leur généralité intelligible à tous ; et quand on est arrivé ainsi à s’emparer des nombreux éléments dont un vaste récit doit se composer, l’ordre dans lequel il faut les présenter, on le trouve dans l’enchaînement même des événements ; car celui qui a su saisir le lien mystérieux qui les unit, la manière dont ils se sont engendrés les uns les autres, a découvert l’ordre de narration le plus beau, parce que c’est le plus naturel ; et si, de plus, il n’est pas de glace devant les grandes scènes de la vie des nations, il mêle fortement le tout ensemble, le fait succéder avec aisance et vivacité ; il laisse au fleuve du temps sa fluidité, sa puissance, sa grâce même, en ne forçant aucun de ses mouvements, en n’altérant aucun de ses heureux contours ; enfin, dernière et suprême condition, il est équitable, parce que rien ne calme, n’abat les passions comme la connaissance profonde des hommes. […] « Abondante, aisée, simple et lumineuse, son éloquence sait prêter un intérêt qui captive aux arides détails des affaires les plus compliquées, parcourir sans s’égarer tous les détours des questions les plus vastes, répandre sur les plus obscures le jour éclatant de l’évidence, semer comme en se jouant sur sa route les vérités brillantes et les mouvements heureux, et, cachant une méthode réfléchie sous les dehors d’une improvisation facile, déployer un art d’autant plus savant qu’il conserve tout le charme de l’abandon et tout l’entraînement du naturel ; reproduire enfin cette grandeur négligée qu’on admirait dans M.

107. (1868) Morceaux choisis des écrivains contemporains à l’usage des classes supérieurs de l’enseignement classique et spécial. Prose et poésie

Constance, qui, du milieu du corps de réserve, suivait de l’œil les mouvements des troupes, aperçoit le découragement des cohortes. […] Les chaînes du tigre tombent, et l’animal furieux s’élance en rugissant dans l’arène : un mouvement involontaire fait tressaillir les spectateurs. […] Cousin que d’avoir été, grâce à son esprit d’ardente initiative, le promoteur de ce mouvement. […] Caen devint au nord le centre du mouvement fédéraliste, comme Lyon dans le midi. […] Cette annonce d’un obstacle jugé insurmontable lui causa d’abord une espèce de saisissement ; mais il se remit bientôt, et se refusa obstinément, à la supposition d’un mouvement rétrograde.

108. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Prosateurs

Les tableaux littéraires ont pour objet, dans notre pensée, de permettre au jeune lecteur de rattacher les écrivains dont il étudie les plus beaux passages au mouvement des esprits et au progrès littéraire du siècle auquel ils appartiennent, de replacer dans un cadre général des portraits isolés : les notices sont ces portraits, le tableau est ce cadre. […] Quant au mouvement religieux et politique du xvie  siècle, arrêté complètement par la puissante unité du siècle de Richelieu et de Louis XIV, il n’a repris son cours qu’au siècle de Voltaire et de Rousseau, pour aboutir à la révolution française. […] Chez lui, toute abstraction se colore ; l’esprit y a l’attitude, les mouvements, les soubresauts et les arrêts du corps ; le langage n’est que geste et figure. […] Quant au bon Terence, la mignardise et les grâces du langage latin, ie le treuve admirable à représenter au vif les mouvements de l’ame et la condition de nos mœurs ; à toute heure nos actions me reiectcnt à luy : ie ne le puis lire si souvent, que ie n’y treuve quelque beaulté et grâce nouvelle. […] Dans sa phrase solide et pleine, dont la contexture rappelle la période latine, la pensée marche d’un mouvement serré et continu.

109. (1866) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de seconde

La plupart des septentrionaux agissent ainsi, et n’ont que des transports et des mouvements soudains. […] Le ton de légèreté et d’ironie, qui lui est trop ordinaire, se concilie peu d’ailleurs avec les grands mouvements de l’âme. […] Cette partie de la France était remplie de mouvements dont on ignorait la cause. […] C’est surtout dans les yeux qu’elles se peignent, et qu’on peut les reconnaître : l’œil appartient à l’âme plus qu’aucun autre organe378, il semble y toucher et participer à tous ses mouvements ; il en exprime les passions les plus vives et les émotions les plus tumultueuses, comme les mouvements les plus doux et les sentiments les plus délicats ; il les rend dans toute leur force, dans toute leur pureté, tels qu’ils viennent de naître ; il les transmet par des traits rapides qui portent dans une autre âme le feu, l’action, l’image de celle dont ils partent. […] Voit-on dans une rue ou sur un chemin quelque acte de violence et d’injustice : à l’instant un mouvement de colère et d’indignation s’élève au fond du cœur, et nous porte à prendre la défense de l’opprimé.

110. (1882) Morceaux choisis des prosateurs et poètes français des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Cours supérieur. Poètes (2e éd.)

Sa version a souvent du mouvement et quelquefois même de l’éclat. […] Toute l’ode est d’un élan et d’un mouvement admirables ; c’est un véritable chant d’allégresse et de triomphe. […] Son action est surtout dans le mouvement et dans le combat des passions, et l’on n’y trouve point de ces narrations importunes d’événements arrivés avant l’action même. […] Le caractère de Cléopâtre est atroce ; jamais un seul mouvement de tendresse maternelle, jamais un seul remords n’est ressenti par cette mère qui veut faire périr ses deux fils pour faire périr sa rivale. […] Dans mon cœur il s’élève Des mouvements de rage.

111. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Notes. Pour l’intelligence des exemples cités dans ce troisième volume. — P — article »

Planètes, astres qui ne luisent qu’en réfléchissant la lumière du soleil, et qui ont leur mouvement propre et périodique.

112. (1886) Recueil des sujets de composition française donnés à la Sorbonne aux examens du baccalauréat ès lettres (première partie), de 1881 à 1885

Inférieures par le ton et le mouvement aux épopées naturelles, parce que la sincérité naïve d’une inspiration vraie leur fait nécessairement défaut, elles se rachètent en général par un art supérieur dans la composition, et par un style d’une perfection plus égale et plus soutenue. […] Il a donné de l’intérêt, du mouvement, à ce genre qui semblait devoir rester humble et froid. […] « Le style n’est que l’ordre et le mouvement qu’on met dans ses pensées. » Buffon parlera donc successivement de l’ordre et du mouvement dans le style. […] 2º Du Mouvement. — Il résulte naturellement de l’ordre. […] Buffon a trop exalté l’art aux dépens de la nature, et fait une place trop restreinte à la spontanéité, à la verve, à l’inspiration, qui seules peuvent donner au style sa physionomie propre et sont vraiment l’homme même ; de plus il a tort de croire que le mouvement ou la marche de la pensée résulte de l’ordre, tandis qu’au contraire c’est l’ordre qui procède du mouvement, c’est-à-dire, de la vivacité avec laquelle nous sentons et nous imaginons.

113. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre premier. Division générale. »

L’imagination suppose un esprit vif et une âme sensible : un esprit vif saisit les rapports, les ressemblances et les différences, et les peint en leur donnant du mouvement et de l’éclat ; une âme sensible est facilement impressionnée, et reproduit fidèlement son émotion par des images. […] La danse est la musique du corps et l’harmonie des mouvements.

114. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Jean-Jacques Rousseau, 1712-1778 » pp. 185-195

Formé tout seul, sans maître, à l’école de la souffrance, son génie se compose d’imagination et de sensibilité, de logique et de véhémence ; il a de l’orateur le mouvement, la force, la dialectique pressante, l’abondance et la flamme. […] Les jeunes gens corrompus sont inhumains et cruels J’ai toujours vu que les jeunes gens corrompus de bonne heure étaient inhumains et cruels ; leur imagination, pleine d’un seul objet, se refusait à tout le reste ; ils ne connaissaient ni pitié, ni miséricorde ; ils auraient sacrifié père et mère, et l’univers entier, au moindre de leurs plaisirs1 Au contraire, un jeune homme, élevé dans une heureuse simplicité, est porté par les premiers mouvements de la nature vers les passions tendres et affectueuses : son cœur compatissant s’émeut sur les peines de ses semblables ; il tressaille d’aise quand il revoit son camarade ; ses bras savant trouver des étreintes caressantes, ses yeux savent verses des larmes2 d’attendrissement ; il est sensible à la honte de déplaire, au regret d’avoir offensé.

115. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Bernardin de Saint-Pierre, 737-1814 » pp. 357-367

Les forêts agitées par les vents 2 Qui pourrait décrire les mouvements que l’air communique aux végétaux ? […] Chacun a son mouvement : le chêne au tronc raide ne courbe que ses branches, l’élastique sapin balance sa haute pyramide, le peuplier robuste secoue son feuillage mobile, et le bouleau laisse flotter le sien dans les airs comme une longue chevelure.

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