Ses œuvres sont une encyclopédie qui embrasse la philosophie, la politique, l’histoire, la poésie, l’éloquence et les arts, l’antiquité et les temps modernes, la littérature étrangère et contemporaine, en un mot toutes les formes de l’esprit humain, depuis le cèdre jusqu’à l’hysope. […] Il est besoin auparavant de se recueillir, de s’isoler de la vie qui fait bruit et de lui fermer la porte, de faire comme on faisait autrefois quand on voulait s’approcher des mystères, de prendre toute une semaine de retraite, de demi-ombre et de silence, de mettre son esprit au régime des ablutions et de le sevrer de la nourriture moderne. […] Dans le tourbillon accéléré qui entraîne le monde et les sociétés modernes, tout change, tout s’agrandit et se modifie incessamment. […] Il y a (il faut bien le dire) des esprits distingués, mais essentiellement modernes et présents, qui restent et resteront à jamais fermés à l’intelligence et au vrai sentiment de l’antiquité, et qu’il faut désespérer d’y convertir. […] madame, toutes nos langues modernes sont sèches, pauvres et sans harmonie, en comparaison de celles qu’ont parlées nos premiers maîtres, les Grecs et les Romains.
De l’Éloquence chez les modernes. Le moyen âge ne nous offrant rien qui mérite de fixer notre attention, nous allons jeter un coup d’œil sur la situation de l’éloquence chez les modernes. […] Il en devait être ainsi : on a pu voir, dans le tableau rapide que nous venons d’esquisser de l’éloquence ancienne, qu’elle tenait essentiellement au caractère et à la constitution d’un peuple ; et qu’elle avait rencontré, chez les Grecs et les Romains, un concours de circonstances qu’il lui était impossible de retrouver parmi les nations modernes. […] Quant aux causes générales qui ont dû retarder chez les modernes les progrès de l’éloquence et en diminuer les effets, on peut les attribuer en partie à la correction du raisonnement, dont nous avons fait une étude particulière. […] De là cette attention continuelle à nous prémunir contre l’influence et les charmes de l’élocution : de là, ce soin scrupuleux de nos orateurs modernes à se renfermer dans les bornes de la raison, à ne se rien permettre qui puisse la choquer ou la contredire, bien convaincus d’avance que le discours le plus éloquent manquerait nécessairement son but, pour peu qu’il s’écartât de cette grande règle qui exige que tout tende au bon sens : Scribendi rectè sapere est et principium et fons.
Du mérite comparé des anciens et des modernes. — Des historiens. […] Les modernes nous offrent plus d’art, plus d’exactitude, mais bien plus de faiblesse. […] Quelques auteurs modernes ont voulu imiter ses Dialogues des morts. […] C’est encore Homère, mais Homère habillé à la moderne. […] Sa simplicité, rendue littéralement, deviendrait platitude dans nos langues modernes.
Dans nos habitudes modernes, le discours repose entièrement sur l’étude de l’histoire. […] Le dialogue a été employé par les anciens et les modernes dans un grand nombre de traités philosophiques, moraux, littéraires et scientifiques. […] Bien qu’elle soit écrite quelquefois en alexandrins, l’élégie est presque toujours lyrique chez les Modernes. […] La France est au contraire la plus épique de toutes les nations modernes. […] Les modernes ne tiennent plus guère compte de cette règle, et la comédie a souvent un dénouement malheureux.
Quoique le roman, tel que nous le comprenons aujourd’hui, soit une véritable création des temps modernes, on peut dire que, dans tous les âges et dans tous les lieux, l’homme s’est plu à sortir en imagination de la vie ordinaire, et à rêver un ordre d’événements plus varié, plus fantastique, plus en harmonie avec ses désirs. […] L’esclavage domestique formait une première et grande uniformité ; le reste de la vie des citoyens, se passant sur la place publique, était trop ouvert à tous les yeux pour que l’on y pût supposer avec vraisemblance quelque aventure extraordinaire, quelque grande singularité de caractère ou de destinée, enfin, la condition inférieure des femmes, leur vie retirée, affaiblissaient la puissance de cette passion, qui joue un si grand rôle dans les romans modernes. » Pourtant la littérature grecque n’est pas absolument dépourvue de romans : la Cyropédie de Xénophon est un véritable roman philosophique, comme le remarque Cicéron ; c’est le Télémaque réduit aux formes de l’histoire. […] Mais ces romans chevaleresques et poétiques, œuvres d’une époque d’enthousiasme, ne sont pas encore le roman moderne. Le roman moderne est l’épopée populaire et prosaïque ; il commence à poindre au moment où la chevalerie pâlit et s’efface ; il naît de l’esprit pratique, posé, satirique, raisonneur, observateur des peuples septentrionaux. […] La position élevée des femmes dans la société moderne, leur action puissante dans la vie privée et publique, entrent pour beaucoup dans cette importance qu’a prise le roman dans nos mœurs actuelles.
2° Caractère de cette poésie chez les modernes. […] Pourtant la poésie lyrique a rencontré de nobles interprètes, même parmi les modernes, quand une émotion vive et véritable a échauffé leur verve. […] Chez les modernes, le chant lyrique est- souvent libre, mais l’ode a une forme déterminée, le poète arrange à son gré la strophe, mais toutes les strophes doivent se ressembler par le nombre et la disposition des vers. […] Grèce moderne.
Nous lui savons quelque gré de n’avoir point enveloppé dans la proscription le discours sur les Grecs anciens et modernes. […] Je ne connais, parmi les modernes, que l’anglais Shakespeare qui soit exactement dans le même cas : ce sont des productions informes, sans doute, mais auxquelles il faut laisser leur inculte énergie : il faut les voir ce qu’elles sont, pour les apprécier ce qu’elles valent. […] Ajoutons à cette première difficulté le mélange, ou plutôt l’accord constant dans ce beau poème, de tout ce que l’antique a de plus simple et de plus beau, avec tout ce que la galanterie moderne offre de plus élégant et de plus raffiné. […] Mais où le professeur du lycée est vraiment un homme supérieur, c’est dans l’analyse et l’application des règles du goût et d’une critique toujours juste, toujours capable de diriger utilement le jugement des autres, quand il explique et commente les anciens, et quand il parle de ceux des modernes sur lesquels son opinion n’a jamais varié. […] Au surplus, ce que je dis ici de Bossuet, on peut le dire également des grands classiques de tous les temps et de tous les pays : la Bible, Homère, les anciens, les modernes, M. de Chateaubriand a tout lu, tout dévoré avec l’insatiable avidité d’une âme ardente, qui cherche et veut trouver partout des aliments.
L’arrangement des modernes est plus clair et plus philosophique. […] Les modernes, au contraire, expriment les relations par des mots qu’ils appellent prépositions. […] Éloquence moderne. […] Le barreau moderne offre aussi de grands désavantages. […] Chez les modernes tout est changé.
Au point de vue de l’inspiration et de l’enthousiasme, le poème lyrique, chez les Latins et chez les nations modernes, n’a été qu’une frivole imitation du poème lyrique des Hébreux et des Grecs. […] Cette différence doit être attribuée à la raison plus froide et plus positive des nations plus modernes, qui, en donnant à la poésie une couleur plus égale, lui enlève en partie son caractère d’inspiration soudaine et ses mouvements sublimes et même quelquefois désordonnés. […] Quelle est la forme de l’ode moderne Chez les modernes, et chez les Français en particulier, presque toujours les stances qui partagent l’ode sont régulières ou symétriques. […] Quelles sont les plus belles élégies modernes ? […] Quel a été le sort du dithyrambe antique chez les Latins et les modernes ?
Par rapport aux époques, elle est ancienne, moderne ou du moyen âge. L’histoire ancienne s’étend de la création à la naissance de Jésus-Christ (ou jusqu’à la ruine de l’empire d’Occident, en 476) ; celle du moyen âge, de la naissance de Jésus-Christ (ou de l’année 476) jusqu’à la prise de Constantinople ; et l’histoire moderne, de cette date jusqu’à nos jours. […] Sans examiner la question à fond, nous devons faire observer que les histoires modernes sont beaucoup plus difficiles à faire que celles des anciens. […] L’abbé Millot a aussi, dans le dernier siècle, publié, sous le titre d’Éléments de l’histoire ancienne, Éléments de l’histoire moderne, de l’histoire de France, de l’histoire d’Angleterre, des abrégés qui ont obtenu et conservé une grande réputation. […] Ces dictionnaires biographiques ne sont pas une invention moderne, puisqu’il nous en est parvenu quelques-uns de l’antiquité, comme les lexiques d’Hésychius de Milet, et surtout de Suidas.
« L’épopée véritable des temps modernes, notre Iliade, c’était l’expédition des croisés. […] Les modernes ont souvent agité la question de savoir si le merveilleux chrétien peut être employé comme ressort d’une action épique. […] Boileau était trop préoccupé de l’imitation de l’antiquité païenne pour comprendre que la poésie moderne doit reposer sur des bases nouvelles. […] Si les personnages sont historiques, ils doivent agir et parler d’après leur caractère connu et d’après les mœurs de leur époque ; rien ne serait plus choquant que de braver à ce sujet l’opinion reçue et de donner, par exemple, des idées, des opinions modernes à des héros anciens.
Considérée dans son étymologie, la rhétorique n’est que l’art de parler ; mais la signification de ce mot, comme celle de beaucoup d’autres, s’est modifiée et étendue en passant de l’antiquité aux âges modernes. […] Mais les choses se sont modifiées dans les âges modernes ; et même en obéissant à l’idée romaine, au principe d’utilité positive et pratique, il est nécessaire de revenir aujourd’hui à cette universalité de préceptes applicables à tous les genres littéraires, dont les Grecs avaient donné l’exemple, et que la plupart des rhéteurs ont en tort d’abandonner pour se borner, à l’exemple des Romains, aux règles de l’éloquence. Sans doute, la tribune et le barreau ont conservé beaucoup de leurs anciennes prérogatives ; l’éloquence de l’avocat en tout pays, et celle du représentant, dans les gouvernements constitutionnels, sont encore une des voies les plus rapides et les plus sûres pour arriver à la fortune, aux hautes dignités, à la considération nationale, à la célébrité européenne ; enfin la société moderne a vu naître et fleurir une troisième branche d’éloquence inconnue à l’antiquité, celle de la chaire. […] Ce sont les ailes dont les écrits des hommes volent au ciel. » Et, pour passer du xvie siècle au xixe , car j’aime à montrer les préceptes réellement utiles et solides maintenus à travers les âges, en dépit des changements d’idées et des caprices de la mode : « Je voudrais, dit le héros d’un roman moderne, m’exprimer de prime abord, sans fatigue, sans effort, comme l’eau murmure et comme le rossignol chante. » Et le raisonneur du livre lui répond avec un grand sens : « Le murmure de l’eau est produit par un travail, et le chant du rossignol est un art.
L’éloquence du barreau est donc plus restreinte, et renfermée dans des bornes infiniment plus étroites que l’éloquence politique ; et le genre judiciaire des anciens ne peut, sous aucun rapport, se comparer à l’état actuel du barreau moderne, qui ne ressemble en rien à celui des Grecs et des Romains. […] Ajoutez à cette différence, qui résulte de la diversité des mœurs, celle de la législation civile, qui n’était, chez les anciens, ni aussi obscure, ni aussi compliquée que chez les modernes. […] Observons encore que les juges civils et criminels de la Grèce et de Rome, étaient beaucoup plus nombreux que dans nos tribunaux modernes, et qu’ils formaient une espèce d’assemblée populaire.
• De la poésie lyrique chez les anciens et chez les modernes. […] Exemples anciens et modernes à l’appui. (2 août 1883). […] Les Grecs ont été les précepteurs de l’art, non seulement pour les modernes, mais pour les Latins même. […] Exemples anciens et modernes. […] Tous ces auteurs, anciens et modernes, ont été connus et plus ou moins imités par La Fontaine.
Personne, parmi les anciens, n’a saisi, avec plus de finesse que Plutarque, les rapports qui existent entre ces deux orateurs, et aucun écrivain moderne ne les a plus clairement exposés que La Harpe. […] Cicéron peut l’emporter devant les lecteurs, parce qu’il leur donne plus de jouissances : mais devant les auditeurs, nul ne l’emportera sur Démosthène, parce qu’en l’écoutant, il est impossible de ne pas lui donner raison, et c’est là certainement le premier but de l’art oratoire. » Un homme bien fait pour juger les anciens, puisque c’est de tous les modernes celui qui s’en est approché le plus près, l’illustre auteur du Télémaque, ne balance pas à se décider en faveur de Démosthène. […] C’est là, que la cause du goût et de la raison est plaidée avec une éloquence et une solidité dignes de l’un et de l’autre ; que les limites qui séparent et doivent distinguer la poésie et l’éloquence, sont assignées avec autant de justesse que de sagacité ; que la grande question de la prééminence des anciens sur les modernes est discutée et résolue, de manière à terminer toute espèce de dispute à cet égard.
Le nœud est-il le même chez les modernes ? […] Dans le théâtre moderne, il y a un repos absolu dans l’intermède. […] Cette division, en usage chez les Romains, a été généralement adoptée par les modernes. […] De toutes les passions qui fournissent des matériaux à la tragédie, celle qui joue le plus grand rôle sur le théâtre moderne, c’est l’amour. […] D’après certains auteurs dramatiques modernes, on doit viser à produire des émotions par tous les moyens possibles.
Élevés au milieu d’une civilisation qui s’épurait et s’ennoblissait chaque jour, ils ne se réfugiaient plus tout entiers dans les souvenirs et dans l’idiome des Romains, comme avaient fait autrefois quelques hommes supérieurs lassés de la barbarie de leurs contemporains : ils étaient, au contraire, tous modernes par la pensée, tous animés des opinions1, des idées de leur temps ; seulement leur imagination s’était enrichie des couleurs d’une autre époque, d’une civilisation, d’un culte, d’une vie différente des temps modernes. […] Vive expression des temps modernes, et reproduction originale de l’antiquité dans ses âges divers, voilà donc les deux caractères distinctifs et dominants que nous présente le génie du dix-septième siècle. […] « C’est à eux sans doute qu’il appartient de juger le ouvrages anciens et modernes ; mais il serait bon, ce me semble, d’établir là-dessus une différence entre les auteurs des siècles passés et les auteurs vivants.
Le sujet n’est jamais assez tôt expliqué… Cela ne signifie pas, bien entendu, qu’il soit permis de venir, à la façon des prologues d’Euripide et de plusieurs de nos modernes dramaturges, décliner tout bonnement son nom au parterre, et lui raconter gauchement son histoire, sous forme de monologue. […] Mais en général, et surtout dans les affaires civiles, je proscrirai cette éloquence canine, comme l’appelait Appius, qui aboie et qui mord, je recommanderai la modération dans l’exorde tiré de la personne de l’adversaire, et ce système, en dépit de quelques exemples modernes que l’on pourrait citer, est beaucoup plus dans notre civilisation et dans nos mœurs que les emportements des avocats de l’antiquité. […] Plusieurs de nos romanciers modernes sont tombés dans cette faute. […] Un rhéteur moderne, M.
Ce genre appartient aux temps modernes. […] Les modernes ont l’esprit d’analyse et d’observation joint à un goût minutieux et raffiné ; ils s’arrêtent curieusement autour de chaque objet, et ne l’abandonnent souvent qu’après en avoir épuisé la peinture ; ils aiment à se perdre dans les détails, dans la contemplation vague et la rêverie mélancolique : c’est de cette tendance qu’est né le genre descriptif en vers comme en prose.
Cours complet de littérature à l’usage des séminaires et des colléges rédigé d’après les meilleurs critiques anciens et modernes par M. l’abbé A. […] L’auteur, dans ces trois volumes, ne marche qu’appuyé sur les autorités des meilleurs critiques anciens et modernes, qu’il a su habilement fondre dans ces traités, compléter les uns par les autres et mettre parfaitement en lumière. […] Il renferme, en substance, tous les préceptes légués par les anciens, et reproduits par les modernes, sur l’art d’écrire, sur la poésie et sur l’éloquence.
Intérêt de l’histoire grecque L’histoire moderne est décidément seule en vogue parmi nous ; en France, aujourd’hui, loin d’encourager les recherches sur l’antiquité grecque et romaine, on pense qu’elles appartiennent exclusivement aux érudits, aux pédants disons le mot, et qu’elles ne s’adressent qu’aux écoliers, encore seulement pour le temps qu’ils sont condamnés au grec et au latin. […] C’est ce que savait fort bien un magistrat illustre, qui, dans ce siècle où beaucoup de gens n’approuvent que l’étude des langues modernes, disait avec autant de courage que de raison : « Je veux que mon fils sache beaucoup de latin. » 2. […] Sans doute une forte éducation classique et d’immenses lectures, auxquelles on ne se résigne guère que lorsqu’on est doué de cette curiosité particulière aux érudits, peuvent mettre aux mains d’un littérateur les premiers matériaux, et, pour ainsi parler, les instruments indispensables à son œuvre ; ce ne sera rien encore tant qu’il n’aura pas compris ou plutôt deviné par une sorte d’intuition la vie antique, si différente de notre vie moderne. »