Le sel de l’épigramme consiste dans un trait plaisant, ingénieux et inattendu ; dans une pensée qui pique, qui intéresse, qui est rendue d’une manière vive et agréable, et qu’on appelle la pointe ou le bon mot. […] De quelque manière qu’on dispose ces rimes, il s’en rencontre en quelque endroit trois féminines ou masculines de suite. […] Cela dépend de la manière dont on envisage son sujet, ainsi que du rang et de la naissance des personnes dont on chante l’union.
Balzac et Voiture, les écrivains les moins naturels que je connaisse, sont, chacun dans leur genre, les types de cette manière fausse et chargée qui devait produire, dans le sérieux, le fatras de Brébeuf ; dans le plaisant, le burlesque de Scarron. […] Leur manière châtiée, travaillée, leur respect superstitieux pour la noblesse et le décorum du langage, leur recommandation de polir et de repolir sans cesse, de lire et de relire Cicéron pour y prendre l’ampleur et le redondant de la phrase, tout cela ne rapprochait pas non plus de la vérité et du naturel.
Mais déjà Marot, héritier du moyen âge, est, par ses élégies et ses églogues à la manière antique, un précurseur de la renaissance poétique, et par sa traduction en vers des psaumes un adepte de la Réforme, contemporaine et auxiliaire de la Renaissance. […] de mode = de façon, de manière, de sorte, du tout = tout à fait. […] comment que = de quelque manière que. […] en manière que = de quelque manière que. […] La France et l’Espagne, par manière de dire, sont conjurées contre lui seul.
La naïveté consiste à dire ingénument tout ce que l’on pense, sans que rien ne paraisse en aucune manière être l’ouvrage de l’art ou le fruit de la réflexion. […] Mais Ésope, né à Amorium, bourg de la Phrygie, vers l’an 550 avant Jésus-Christ, et qui passa une grande partie de sa vie dans l’esclavage, fut le premier qui rendit familière en Grèce cette manière ingénieuse d’instruire. […] Le poète traite dans l’une et dans l’autre des sujets de même nature, et, à peu de chose près, de la même manière. […] Je n’ai cité tous ces différents exemples, que pour faire voir d’une manière plus sensible les différents genres que l’épître embrasse, et les divers Ions de style qu’elle peut prendre. […] L’exemple suivant, pris au hasard dans les Satires de Boileau, fera voir de quelle manière le poète satirique doit combattre les vices généraux de la société.
La tribune sainte est pour l’éloquence un théâtre auguste, d’où elle peut de toute manière dominer sur les hommes ; mais il faut que l’orateur sache y tenir sa place. […] De cette manière ou nous n’aurons jamais de longues discussions, ou nous resterons toujours les maîtres du terrain. […] Il ne faut pas non plus les mettre en mouvement d’une manière brusque, c’est du coude que doit partir le geste, et la main guidant le bras, décrit une courbe gracieuse en passant devant la poitrine. […] La versification est l’art d’arranger les mots d’une manière mesurée et cadencée, et d’en faire des vers. […] Les vers se mesurent de dix manières différentes, c’est-à-dire qu’ils contiennent plus ou moins de syllabes, suivant le mètre adopté pour leur arrangement.
Les fables étaient certainement connues en Grèce avant Ésope, puisqu’on en lit dans Hésiode, dans Archiloque et dans Stésichore, qui lui étaient antérieurs ; mais, comme il est le premier qui ait fait profession de suivre cette manière de philosopher, c’est lui qui a donné son nom à ce genre d’instruction. […] La petite pièce des Deux ruisseaux fera connaître et sa manière et la nature de ses pensées : Daphnis, privé de son amante, Conta cette fable touchante À ceux qui blâmaient ses douleurs. […] Aussi a-t-il besoin, pour réussir dans ce genre de poésie, de ces qualités si rares et si précieuses qui font le vrai poète, suivant Horace108, d’un génie créateur, d’un talent presque divin, et d’une manière de s’exprimer toujours noble, majestueuse et souvent sublime109. […] Rousseau qui nous a apporté ce genre de l’Italie ; il a lui-même fait quelques cantates d’une poésie si élevée, qu’on n’a jamais pu les mettre en musique d’une manière avantageuse. […] Rousseau, qui, par la force de ses vers, la beauté de ses rimes, la vigueur de ses pensées, a mérité d’une manière exclusive le titre de Lyrique français.
Quoiqu’en effet tous les grands hommes qui passent sous nos yeux, dans cette immense revue de tant de siècles, n’aient pas tenu peut-être le langage que leur prête l’historien, il est clair cependant qu’il a adapté leurs discours à leur caractère connu, et que, s’il a quelquefois substitué sa pensée à la leur, il en a si bien pris l’esprit et le style en général, que nous retrouvons facilement l’un et l’autre ; et que nous oublions sans effort l’auteur qui écrit, pour n’entendre que le héros qui parle ; et ce qui le prouve d’une manière qui nous paraît sans réplique, c’est qu’à chacune de ces grandes époques qui divisent les temps, moins encore par le nombre des années, que par les progrès de la civilisation et le développement des connaissances, nous trouvons dans ces mêmes harangues un tableau fidèle et des mœurs du siècle et du caractère particulier du pays. […] » La manière dont je me suis signalé au milieu de vous dans les charges publiques et dans d’autres occasions, peut exciter la jalousie de quelques citoyens ; mais elle fait admirer aux étrangers la grandeur imposante d’Athènes ; et peut-être n’est-ce pas un projet si mal conçu, que d’être utile à soi-même et de servir son pays par un semblable emploi des richesses ». […] Ici l’orateur entre dans le détail de ces prétendues difficultés, répond aux objections faites, prévient celles que l’on pourrait faire, et termine le discours de la manière suivante : « Ainsi, Athéniens, persuadés qu’en passant dans un pays étranger vous étendrez votre domination, suivez votre entreprise avec ardeur ; réprimez l’orgueil du Péloponèse ; apprenez à ses peuples qu’ils ne vous intimideront jamais, et que le repos surtout est indigne de vous.
La rhétorique est utile, parce que, le sens intellectuel, auquel elle s’adresse, ayant pour objet les idées et leur expression, c’est-à-dire la perception et l’appréciation de certains rapports, de la même manière que le sens physique perçoit et apprécie des rapports d’un autre ordre, il est évident que si l’observation et l’exercice contribuent à perfectionner celui-ci, ils contribueront également à perfectionner celui-là. […] La folie des sophistes, ce fut de toucher au fond, quand ils devaient se borner à la forme, et, si j’ose employer cette expression, de composer la recette, quand on ne leur demandait que la manière de s’en servir.
Il y a des temps où la disgrâce est une manière de feu qui purifie toutes les mauvaises qualités et qui illumine toutes les bonnes ; il y a des temps où il ne sied pas bien à un honnête homme d’être disgracié. […] Tour figuré et familier qui veut dire : suivant l’usage, à la manière… 2.
Il a quelquefois accommodé à ses propres dépens des procès, même considérables ; et un trait rare en fait de finances, c’est d’avoir refusé, à un renouvellement de bail, cent mille écus qui lui étaient dus par un usage établi : il les fit porter au trésor royal… Autant que par sa sévérité, ou plutôt par son apparence de sévérité, il savait se rendre redoutable au peuple dont il faut être craint, autant, par ses manières et par ses bons offices, il savait se faire aimer de ceux que la crainte ne mène pas. […] si l’on a bien cru que les dieux aient pu tenir les discours que vous leur avez fait tenir, pourquoi ne croira-t-on pas que les bêtes aient parlé de la manière dont je les ai fait parler ?
Rousseau quelque chose de cette qualité distinctive d’Horace, qui consiste à combiner entre eux les mots d’une manière inattendue et piquante : Dixeris egregie, notum si callida verbum Reddiderit junctura novum… Rousseau, d’ailleurs, dit lui-même, dans la préface de ces Œuvres, « qu’il avait tâché de se former sur Horace, comme celui-ci s’était formé sur les anciens lyriques ». […] Dieu, par la punition des pécheurs, a dit Bossuet dans son sermon sur le Jugement dernier, « saura bien se justifier d’une manière terrible » : expression que Malherbe avait déjà employée dans ses stances contre le maréchal d’Ancre, et qu’il avait peut-être empruntée à Claudien,in Rufinum, 1, 21.
399ce poete qui n’entreprend rien 400d’une manière ridicule : 401« Muse, dis (chante) à moi le héros, 402qui, après les temps (l’époque) 403de Troie prise, 404vit (observa) les mœurs et les villes 405d’hommes (de peuples) nombreux. » 406Il ne songe pas, lui, 407à donner la fumée après la lumière, 408mais la lumière après la fumée, 409afin d’étaler ensuite 410des merveilles éclatantes : 411 savoir, Antiphate et Scylla, 412et Charybde avec le Cyclope. […] 684Je suivrai (je développerai) 685 mon poëme inventé (ma fable), 686d’après un sujet connu, 687de manière que le-premier-venu 688puisse-espérer le même succès pour lui, 689 mais qu’il sue beaucoup 690et qu’il travaille en-vain, 691ayant osé tenter la même chose : 692tant l’enchaînement et l’ensemble 693ont-de-force (de valeur) ! […] 766 De cette manière, en-définitive, 767j’ai (j’aurai) évité les fautes, 768 mais je n’aurai pas mérité de louange. […] Il nous semble en effet que, de cette manière, l’obscurité disparaît entièrement […] On corrige quelquefois de cette manière : Sterilisve palus dudum, etc.
Je vous prie de me dire un peu, pour voir, les diverses manières dont on les peut mettre. […] Voilà, direz-vous, une étrange manière de les rendre heureux. […] On dit que c’était à force d’avoir de l’honneur à sa manière ; on le loua fort, on loua, et on blâma son courage. […] Que m’importe, ô grande rivière qui regorges de toutes parts, en quelles manières et par quels détours ses eaux ont coulé en ton sein ? […] Je l’ai montrée de temps en temps à ceux qui s’approchaient, et je l’ai considérée de toutes manières pour vous mander ce qu’il m’en semble.
Il servit en Italie sous les rois Charles VIII, Louis XII et François I, et se distingua dans toutes les batailles de la manière la plus éclatante.
Cette année la sécheresse fut très-grande, de manière que les terres qui étaient dans les lieux élevés manquèrent absolument, tandis que celles qui purent être arrosées furent très-fertiles : ainsi les peuples des montagnes périrent presque tous de faim, par la dureté des autres, qui leur refusèrent de partager la récolte. […] Les mauvais succès des Perses dans les invasions qu’ils firent de la Grèce, les conquêtes d’Agésilas et la retraite des Dix mille avaient fait connaître au juste la supériorité des Grecs dans leur manière de combattre et dans le genre de leurs armes ; et l’on savait bien que les Perses étaient trop grands pour se corriger.
Ma foi, monsieur, Dit avec un ton de rieur2 Le gaillard savetier, ce n’est point ma manière De compter de la sorte ; et je n’entasse guère Un jour sur l’autre : il suffit qu’à la fin J’attrape le bout de l’année : Chaque jour amène son pain. […] VII, fab. 106 Épître à l’évêque d’Avranches (Huet1) Le poëte y témoigne son admiration pour les anciens, en même temps qu’il expose sa manière de composer.
Les soldats francs conservaient encore cette physionomie et cette manière de combattre un demi-siècle après la conquête, lorsque le roi Théodebert passa les Alpes et alla faire la guerre en Italie. […] Accoutumée à nous, elle nous entendait, Et même à sa manière elle nous répondait ; Son poil était si beau ! […] que les artères et les veines ne sont pas faites de la manière qu’il faut pour le contenir, pour le porter partout, pour le faire circuler continuellement ? […] Quand les cris de la multitude ont donné le signal, le premier allume le flambeau sur l’autel, et le porte en courant au second, qui le transmet de la même manière au troisième, et ainsi successivement. […] si l’on a bien cru que les dieux aient pu tenir les discours que vous leur avez fait tenir, pourquoi ne croira-t-on pas que les bêtes aient parlé de la manière dont je les ai fait parler ?
Nous n’avons pas à parler ici du style épistolaire, dont les règles sont d’ailleurs aussi mobiles que l’imagination et la manière d’être de chaque individu ; nous avons traité cette matière au complet dans la première partie (page 108 [1re partie, chapitre VII, § II]).
Il ne suffit pas de voir, de connaître la beauté d’un ouvrage ; il faut la sentir, en être touché ; il ne suffit pas de sentir, d’être touché d’une manière confuse : il faut démêler les différentes nuances. […] Si j’osais vous donner un conseil, ce serait de songer à être simple, à ourdir votre ouvrage d’une manière bien naturelle, bien claire, qui ne coûte aucune attention à l’esprit du lecteur. […] Je suppose que vous ayez fait un bon ouvrage : imaginez-vous qu’il vous faudra quitter le repos de votre cabinet pour solliciter l’examinateur ; si votre manière de penser n’est pas la sienne, s’il n’est pas l’ami de vos amis, s’il est celui de votre rival, s’il est votre rival lui-même, il vous est plus difficile d’obtenir un privilége, qu’à un homme qui n’a point la protection des femmes d’avoir un emploi dans les finances. […] Les hommes ne méritent certainement pas qu’on se livre à leur jugement, et qu’on fasse dépendre son bonheur de leur manière de penser.
Ses manières y répondaient dans la même proportion, avec une aisance qui en donnait aux autres, et cet air et ce bon goût qu’on ne tient que de l’usage de la meilleure compagnie et du grand monde, qui se trouvait répandu de soi-même dans toutes ses conversations : avec cela une éloquence naturelle, douce, fleurie ; une politesse insinuante, mais noble et proportionnée ; une élocution facile, nette, agréable ; un air de clarté et de netteté pour se faire entendre dans les matières les plus embarrassées et les plus dures ; avec cela un homme qui ne voulait jamais avoir plus d’esprit que ceux à qui il parlait, qui se mettait à la portée de chacun sans le faire jamais sentir, qui les mettait à l’aise et qui semblait enchanté ; de façon qu’on ne pouvait le quitter, ni s’en défendre, ni ne pas chercher à le retrouver. […] Ce qui impatiente, c’est qu’on l’a loué jusqu’ici sans précision, et avec une exagération peu conforme à ses goûts, à sa manière, aux règles de sa poétique et de sa critique.
Enfin, il y a une manière de s’énoncer, accommodée à leur faiblesse : ce n’est point par des définitions abstraites qu’on leur fera connaître les objets dont on leur parle, mais par des caractères sensibles, et qui les rendent faciles à distinguer1.