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81. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Avertissement. »

Mais on ne peut nier que les préceptes ne soient aussi d’une utilité indispensable pour diriger les premiers essais de la jeunesse, pour éclairer son goût et former son jugement ; autrement, il faudrait supposer que l’art d’écrire peut être livré à l’arbitraire, et que le caprice, le hasard doit être le seul maître en fait d’éducation. […] Sur l’observation qu’on nous a faite que nous avions été trop sobre de citations et d’exemples, nous avons ajouté, dans cette seconde édition, un certain nombre de morceaux littéraires pour appuyer les préceptes ; pourtant nous supposons toujours, ou que les élèves ont entre les mains une chrestomathie, ou que le maître y supplée par des lectures choisies d’après son goût et selon les besoins des élèves.

82. (1843) Nouvelle rhétorique, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes (7e éd.)

Ils écouteront avec bien plus de confiance comme précepteurs et comme maîtres ceux qu’ils sont accoutumés à admirer comme modèles. […] Tous les grands maîtres se sont réunis, comme de concert, pour dicter cette loi. […] La moindre attention suffit pour les reconnaître et pour en apprécier le mérite ; mais l’exercice peut apprendre, seul à imiter les maîtres. […] C’est à eux à parler en maîtres. […] Cependant on annonce au maître de la maison qu’un furieux a violé son asile, et qu’il menace à grands cris de tout passer au fil de l’épée.

83. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre II. Des différentes Espèces de Style, et des Figures de Pensées. » pp. 238-278

Enfin il y en a qui pénètrent jusques dans le fond de nos cœur, les remuent, les agitent, les entraînent : l’Écrivain en fait usage, pour se rendre entièrement le maître de notre âme, et la mener, pour ainsi dire, au but qu’il se propose : celles-là sont propres aux passions. […] Non, ce n’est plus à vous qu’il faut que j’en réponde : Ce n’est plus votre fils ; c’est le Maître du monde. […] Toute sa puissance l’aurait rendu à peine maître de ses peuples ; par la vertu il deviendra l’arbitre même des Souverains. » Comparaison. […] Son coursier écumant, sous un maître intrépide, Nage tout orgueilleux de la main qui le guide. […] A-t-on servi ; il se met le premier à table, et dans la première place : il n’a nul discernement des personnes, ni du maître, ni des conviés : il abuse de la folle déférence qu’on a pour lui….

84. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre I. Du Pathétique. » pp. 280-317

Vous, les maîtres des nations, vous vous êtes rendus les esclaves des hommes frivoles que vous avez vaincus ! […] J’y reconnais un maître à qui rien n’a coûté, Et qui dans vos déserts a semé la lumière, Ainsi que dans nos champs il sème la poussière. […] « Le Souverain Maître des Dieux et des Hommes tonne du haut du Ciel ; et Neptuneb élevant ses flots, ébranle la terre et le sommet des montagnes. […] Jupiter parle ; tous les Dieux se taisent ; la terre tremble ; un profond silence règne au haut des airs ; les vents retiennent leur haleine ; la mer calme ses flots… Après avoir parlé, le Maître du monde incline sa tête ; et ce signe fait trembler tout l’Olympe . […] Le grand rideau se tire ; et ce Dieu vient en maître.

85. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Buffon, 1707-1788 » pp. 282-302

L’Académie française l’ayant élu, sans qu’il sollicitât ses suffrages, il prouva par son Discours sur le style (1753) qu’il était maître dans l’art de composer et d’écrire : ses préceptes valurent ses exemples. […] Les fleurs, les fruits, les grains perfectionnés, multipliés à l’infini ; les espèces utiles d’animaux transportées, propagées, augmentées sans nombre ; les espèces nuisibles réduites, confinées, reléguées ; l’or, et le fer plus nécessaire que l’or, tirés des entrailles de la terre ; les torrents contenus, les fleuves dirigés, resserrés ; la mer même soumise, reconnue, traversée d’un hémisphère à l’autre ; la terre accessible partout, partout rendue aussi vivante que féconde ; dans les vallées de riantes prairies, dans les plaines de riches pâturages ou des moissons encore plus riches ; les collines chargées de vignes et de fruits, leurs sommets couronnés d’arbres utiles et de jeunes forêts ; les déserts devenus des cités habitées par un peuple immense, qui, circulant sans cesse, se répand de ces centres jusqu’aux extrémités ; des routes ouvertes et fréquentées, des communications établies partout comme autant de témoins de la force et de l’union de la société ; mille autres monuments de puissance et de gloire démontrent assez que l’homme, maître du domaine de la terre, en a changé, renouvelé la surface entière, et que de tout temps il partage l’empire avec la nature. […] Au reste, il n’a que ce fier ennemi ; tous les autres oiseaux de guerre le respectent, et il est en paix avec toute la nature : il vit en ami plutôt qu’en roi parmi ces nombreuses peuplades d’oiseaux aquatiques, qui toutes semblent se ranger sous sa loi ; il n’est que le chef, le premier habitant d’une république tranquille, où les citoyens n’ont rien à craindre d’un maître qui ne demande qu’autant qu’il leur accorde, et ne veut que calme et liberté2. […] Aux avantages de la nature, le cygne réunit ceux de la liberté ; il n’est pas du nombre de ces esclaves que nous puissions contraindre ou renfermer : libre sur nos eaux, il n’y séjourne, ne s’y établit qu’en jouissant d’assez d’indépendance pour exclure tout sentiment de servitude et de captivité ; il veut à son gré parcourir les eaux, débarquer au rivage, s’éloigner au large, ou venir, longeant la rive, s’abriter sous les bords, se cacher dans les joncs, s’enfoncer dans les anses les plus écartées ; puis, quittant sa solitude, revenir à la société, et jouir du plaisir qu’il paraît prendre et goûter en s’approchant de l’homme, pourvu qu’il trouve en nous ses hôtes et ses amis, et non ses maîtres et ses tyrans1. […] « Nous devons estimer la république bien heureuse où le roy est obéissant à la loy de Dieu et de nature, les magistrats au roy, les particuliers aux magistrats, les enfants aux pères, les serviteurs aux maîtres, les sujets liez en amitié entr’eux, et tous avec leur prince pour jouir de la douceur de paix et de la vraye tranquillité d’esprit.

86. (1882) Morceaux choisis des prosateurs et poètes français des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Cours supérieur. Poètes (2e éd.)

Même après les plus purs chefs-d’œuvre des maîtres, toutes les sortes de recherches, d’affectations et de subtilités gardèrent encore des partisans nombreux. […] La postérité le range tout à côté de son maître. […] Il n’est fier et dédaigneux que dans le malheur ; dès qu’il est le maître de ceux qui veulent le perdre, il se montre d’une héroïque générosité. […] Voilà, monsieur, un petit rôle Des dettes de mon maître. […] Leur maître, accompagné d’un serviteur, les poursuit.

87. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Deuxième partie. Rhétorique. — Chapitre II. — Division de la rhétorique : Invention, Disposition, Élocution »

J’ai souvent admiré un cheval arabe ainsi enchaîné dans le sable brûlant, les crins descendant épars, la tête baissée entre ses jambes pour trouver un peu d’ombre, et laissant tomber de son œil sauvage un regard oblique sur son maître. […] Ce n’est pas qu’il manquât de génie : ses lumières égalaient son courage ; mais il n’avait jamais été instruit par la mauvaise fortune ; ses maîtres avaient empoisonné par la flatterie son beau naturel. […] Nous ne trouvons pas meilleur non plus le raisonnement que Sganarelle fait à son maître don Juan, pour lui prouver que sa vie dissipée le fera inévitablement damner. […] Pour donner plus de sens à nos paroles, citons ici le tableau dans lequel un habile maître, M.  […] Elle s’écrie : J’ai pour aïeul le père et le maître des dieux ; Le ciel, tout l’univers est plein de mes aïeux.

88. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre III. Du Sublime dans les Compositions littéraires. »

La mer, dans l’excès de sa rage, Se roule en vain sur le rivage Qu’elle épouvante de son bruit ; Un grain de sable la divise, L’onde écume, le flot se brise, Reconnaît son maître et s’enfuit. […] La terre tremble au loin sous son maître qui tonne : Les animaux ont fui ; l’homme éperdu frissonne. […] La terre tremble au loin sous son maître qui tonne, ne vaut pas terra tremit, qui dit tout, et qui est d’une expression imitative admirable.

89. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Montesquieu. (1689-1755.) » pp. 130-139

Charles se croyait le maître du monde dans les déserts de la Pologne, où il errait, et dans lesquels la Suède était comme répandue1, pendant que son principal ennemi se fortifiait contre lui, le serrait, s’établissait sur la mer Baltique, détruisait ou prenait la Livonie. […] Le passage du Granique fit qu’Alexandre se rendit maître des colonies grecques : la bataille d’Issus lui donna Tyr et l’Egypte : la bataille d’Arbèles lui donna toute la terre. […] Il résista à ceux qui voulaient qu’il traitât les Grecs comme maîtres et les Perses comme esclaves : il ne songea qu’à unir les deux nations, et à faire perdre les distinctions du peuple conquérant et du peuple vaincu ; il abandonna, après la conquête, tous les préjugés qui lui avaient servi à la faire ; il prit les mœurs des Perses, pour ne pas désoler les Perses en leur faisant prendre les mœurs des Grecs : c’est ce qui fit qu’il marqua tant de respect pour la femme et pour la mère de Darius, et qu’il montra tant de continence.

90. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Diderot, 1713-1784 » pp. 303-312

On prendra pour espion un étranger, et cet espion sera vêtu comme un gueux, en faisant une profession assez vile pour être bien payée ; et cet espion trahira ses maîtres pour vous, au hasard d’être étranglé si l’on vous prend, et que vous le défériez4, si vous vous sauvez, et que l’on soupçonne qu’il vous ait averti ! […] Surtout ne la prenez point pour celle de l’acteur ou du maître à danser. […] Marcel était un maître de danse à la mode.

91. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Silvestre de Sacy Né en 1804 » pp. 271-274

Il les admire avec l’accent d’une amitié respectueuse qui trahit des sympathies secrètes de croyances, de sentiments ou même de talent ; car il nous parle de ses maîtres favoris avec leur tour d’esprit et presque dans leur langue. […] un jour viendra aussi où vous serez étalés sur une table de vente, où d’autres vous achèteront et vous posséderont, possesseurs moins dignes de vous peut-être que votre maître actuel !

92. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Poètes

Il nous suffira de rappeler que, si nous avons réduit le nombre des passages empruntés aux maîtres de la poésie française du xviie  siècle, qui sembleraient devoir occuper de droit la plus grande place dans un recueil classique, c’est que les nouveaux programmes leur ont précisément fait dans renseignement des classes une place plus étendue que les programmes antérieurs. […] Derrière le bataillon sacré viennent de tous les points de la France les volontaires de la poésie, qui l’ont avant tout odes à l’antique et sonnets à l’italienne : — de la Champagne, Amadis Jamyn (1540-1585), mort retiré à la campagne la même année que le maître et l’un de ses élèves préférés ; — d’Angoulême, Jean de la Péruse, mort à vingt-cinq ans, qui, comme le maître, a des odes en strophes, antistrophes et épodes ; — de Cahors, Olivier de Magny, mort en 1560, qui a, comme le maître, ses hymnes, ses gaytez, ses odes, et, comme Du Bellay, son ami, a des regrets, a des soupirs ; — du Mans, Jacques Tahureau, qui chante l’Admirée comme le maître chantait Hélène, Cassandre et Marie, et qui, avec Scévole de Sainte-Marthe, de Loudun, poète lui aussi (odes, élégies), fut l’ami de Vauquelin de la Fresnaye et initia son jeune enthousiasme de dix-huit ans a la passion de la nature, de la poésie et de Ronsard. […] Ils ne se donnaient pas pour des étoiles dans le ciel ni leur maître pour un astre. […] À l’apparition de chaque œuvre nouvelle c’était un nouvel applaudissement ; poètes et savants, amis ou disciples, Muret, Belleau, etc., se faisaient un honneur d’associer par des commentaires leur nom à celui du maître. […] Bertaut, jeune encore, fut introduit par Desportes auprès de Ronsard, et comme son patron, fit d’abord des poésies galantes d’un style trop « sage », dit le maître, au rapport de Régnier (Satire V, à Bertaut) ; comme lui et plus que lui il fit ensuite des poésies religieuses qui restent son véritable titre.

93. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Louis XIV, 1638-1715 » pp. 146-149

Pendant qu’il parle avec tant de force, une douceur suprême lui ouvre les cœurs, et donne je ne sais comment un nouvel éclat à la majesté qu’elle tempère. » Dans ses mémoires, on sent la présence d’un maître. […] Le monde a été ébloui de l’éclat qui l’environnait ; ses ennemis ont envié sa puissance ; les étrangers sont venus des îles les plus éloignées baisser les yeux devant la gloire de sa majesté ; ses sujets lui ont presque dressé des autels ; et le prestige qui se formait autour de lui n’a pu le séduire lui-même. » Glissons ici ce fragment d’une Lettre que Louis XIV écrivait à Philippe V, son petit-fils, roi d’Espagne : « Il y a deux ans que vous régnez, vous n’avez pas encore parlé en maître par trop de défiance de vous-même ; vous n’avez pu vous défaire de votre timidité ; à peine cependant vous arrivez à Madrid, qu’on réussit à vous persuader que vous êtes capable de gouverner seul une monarchie, dont vous n’avez senti jusqu’à présent que le poids excessif.

94. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Voltaire, 1694-1778 » pp. 253-281

Lorsqu’on imprime que je prends à tort le titre de gentilhomme ordinaire de la chambre du roi de France, ne suis-je pas encore forcé de dire que, sans me parer jamais d’aucun titre, j’ai pourtant l’honneur d’avoir cette place, que Sa Majesté le roi mon maître m’a conservée ? […] « Charles se croyait le maître du monde dans les déserts de la Pologne, où il errait, et dans lesquels la Suède était comme répandue, pendant que son principal ennemi se fortifiait contre lui, le serrait, s’établissait sur la mer Baltique, détruisait ou prenait la Livonie. […] — C’être, monsir, répondit Freytag, l’œuvre de poéstie du roi mon gracieux maître. — Oh ! […] Freytag, résident du roi mon maître.” J’écrivis au bas du billet : Bon pour l’œuvre de poëshie du roi votre maître, de quoi le résident fut très-satisfait.

95. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « Introduction » pp. -

Dante avait pris Virgile pour maître et pour guide en son pèlerinage de la Divine Comédie. […] Autant vaudrait prétendre que les Grecs avaient été jadis pour le rude Latium des maîtres funestes, et que la prise de Corinthe fut un malheur pour Rome, comme celle de Constantinople un fléau pour les peuples qui héritèrent de ses nobles dépouilles. […] Sous Louis XII, roi grave, réfléchi, pieux, simple et sage, la muse moralise, enseigne et prêche, non sans ressembler au maître qui la fait servir à ses vues, par une bonhomie matoise qui donne à ses arrière-pensées l’air de la franchise. […] Nous lui devons un courageux exemple, et il fraya la route aux maîtres qui le firent trop injustement oublier.

96. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre II. division de la rhétorique. — de l’invention  » pp. 24-37

Rien n’est à négliger ici, et les plus grands maîtres n’ont dédaigné aucun détail. […] Plus tard, quand le jugement est bien assis, on peut sans doute aborder des écrivains douteux et inférieurs, mais avec précaution et sous la direction d’un maître habile. […] A l’imitation de ces habiles professeurs, le maître fera saisir les applications des règles précédemment formulées, et les détails philologiques qui seront, à leur tour, les éléments de nouvelles synthèses ; il s’arrêtera sur les homonymes, sur les homographes, sur toutes les difficultés de l’orthographe usuelle et raisonnée, sur toutes les variétés de la proposition grammaticale et de la proposition logique, faisant toujours précéder la théorie de la pratique, proscrivant les cacographies, détestable méthode, qui apprend à la jeunesse des fautes dont elle ne se doutait pas.

97. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Le Sage 1668-1747 » pp. 139-143

Crispin rival de son maître, et le Diable boiteux (1707) furent les premiers essais où se revéla sa gaieté spirituelle, son génie inventif, sa connaissance du cœur humain, et sa verve ingénieuse, qui peindra les préjugés ou les ridicules moins pour les corriger que pour s’en égayer. […] Vous voyez dans ce jeune gentilhomme la huitième merveille du monde4 » Puis, se tournant de mon côté, et me jetant les bras5 au cou : « Excusez mes transports, ajouta-t-il ; je ne suis point maître de la joie que votre présence me cause » Je ne pus lui répondre sur-le-champ, parce qu’il me tenait si serré, que je n’avais pas la respiration libre ; et ce ne fut qu’après que j’eus la tête dégagée de l’embrassade, que je lui dis :« Seigneur cavalier, je ne croyais pas mon nom connu à Pennaflor. — Comment, connu !

98. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Racine, 1639-1699 » pp. 150-154

Enfin, après douze ans de silence, il étonne son siècle par Esther et Athalie, créations d’un maître que la Bible inspire. […] Parmi tout cela, une magnificence d’expression proportionnée aux maîtres du monde qu’il fait souvent parler ; capable néanmoins de s’abaisser quand il veut, et de descendre jusqu’aux plus simples naïvetés du comique, où il est encore inimitable ; enfin, ce qui lui est surtout particulier, une certaine force, une certaine élévation, qui surprend, enlève, et qui rend jusqu’à ses défauts, si on lui en peut trouver quelques-uns, beaucoup plus estimables que les vertus des autres : personnage véritablement né pour la gloire de son pays ; comparable, je ne dis pas à tout ce que l’ancienne Rome a eu d’excellents tragiques, puisqu’elle confesse elle-même qu’en ce genre elle n’a pas été fort heureuse, mais aux Eschyle, aux Sophocle, aux Euripide, dont la fameuse Athènes ne s’honore pas moins que des Thémistocle, des Périclès, des Alcibiade, qui vivaient en même temps qu’eux.

99. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre III. — Ornements du Style, qui consistent dans les Mots ou Figures »

voilà le poignard qui du sang de son maître S’est souillé lâchement ! […] Incapables de porter le poids des armes, timides devant leurs concitoyens, lâches devant les étrangers, ils sont des esclaves tout prêts pour le premier maître. […] Maître du monde, tu peux ni ordonner de mourir, mais non de t’estimer. […] » Érox, qui de son maître a servi tous les crimes, Érox qui dans son sang voit ce monstre nager, Lève une main hardie, et pense le venger. Égisthe se retourne, enflammé de furie ; À côté de son maître il le jette sans vie.

100. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre second. Définition et devoir de la Rhétorique. — Histoire abrégée de l’Éloquence chez les anciens et chez les modernes. — Chapitre II. De l’Éloquence chez les Grecs. »

Mais, comme citoyen, sa conduite a été généralement admirée : après la mort de Socrate, dont il avait été le disciple, il eut le courage de se montrer en deuil aux yeux même des lâches assassins de son maître. […] Son plus grand mérite cependant est d’avoir été le maître ou l’instituteur de Démosthène, le premier des hommes dans l’éloquence judiciaire et délibérative.

101. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Villemain 1790-1870 » pp. 251-256

Villemain 1790-1870 [Notice] Secrétaire perpétuel de l’Académie depuis 1832, maître et initiateur d’une génération qu’a charmée son enseignement, M. […] C’est ce jugement pur et fin, composé de connaissances et de réflexions, que possèdera d’abord la critique ; il a pour fondement l’étude des anciens, qui sont les maîtres éternels de l’art d’écrire, non pas comme anciens, mais comme grands hommes.

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