Vive la guerre ! […] « Ceux qui estoient commis au mesnagement de nostre France, au lieu de soulager des tailles, aydes et subsides les pauvres sujects affligez d’une longue guerre, introduisirent une nouvelle dace (contribution) sous le nom de pancharte, qui estoit une imposition pour tout le royaume d’un sol par livre de chaque denrée vendue. » (Est.
La Rochefoucauld 1613-1680 [Notice] Grand seigneur, homme d’intrigue, mêlé à toutes les cabales de la Régence et de la Fronde, ambitieux déçu dans ses rêves et précipité du faîte de ses espérances, malheureux à la guerre, dupe de ses amis et victime de ses ennemis, trahi, méconnu dans ses affections et son dévouement, échappé du naufrage avec une fortune compromise et une santé détruite, n’ayant plus de ressources que du côté de l’esprit, le duc de La Rochefoucauld consola ses disgrâces par un livre où ses ressentiments lui inspirent la misanthropie d’une morale pessimiste. […] Il est dans tous les états de la vie et dans toutes les conditions ; il vit partout et il vit de tout ; il vit de rien ; il s’accommode des choses et de leur privation ; il passe même dans le parti des gens qui lui font la guerre, il entre dans leurs desseins, et, ce qui est admirable, il se hait lui-même avec eux, il conjure sa perte, il travaille lui-même à sa ruine ; enfin il ne se soucie que d’être, et pourvu qu’il soit il veut bien être son ennemi.
Ces ouvrages peuvent se partager en deux classes principales : ou ils renferment, dans toutes ses périodes, l’histoire d’un état ou d’un royaume, comme celle de Tite-Live ; ou ils ne renferment que le récit d’un événement majeur, ou l’histoire d’une certaine période ou d’une portion particulière de temps, comme l’histoire de la guerre du Péloponnèse, par Thucydide ; celle des guerres civiles de France, par Davila ; celle des guerres civiles d’Angleterre, par Clarendon. […] Au temps d’Homère, aucun événement n’avait plus de grandeur et d’importance que la guerre de Troie. […] Ils ne remplissent, il est vrai, qu’un espace de quarante-sept jours ; mais ils forment la partie la plus intéressante de cette guerre. […] Le siècle de la guerre de Troie se rapprochait de celui des dieux et des demi-dieux de la Grèce. […] Je trouve dans ce sujet deux défauts essentiels : d’abord des guerres civiles, et surtout des guerres aussi cruelles et aussi sanglantes que celles des Romains, présentent des scènes hideuses que repousse la poésie épique, et qui d’ailleurs montrent la nature humaine sous un jour trop odieux.
Il n’attirera point sur ses États le fléau de la guerre, parce qu’il regardera comme un crime de la porter sans raison dans les États étrangers. […] On l’accuse d’avoir sacrifié à cette ambition le repos de l’État, en perpétuant la guerre pour perpétuer son autorité ; la vie de ses ennemis, dont aucun n’échappa, dit-on, à sa vengeance, et les devoirs les plus justes de la reconnaissance, en persécutant une reinea exilée, autrefois sa bienfaitrice. […] Car la guerre qu’il entretint si longtemps par ambition, fut la première source de cette grandeur, où la monarchie française est parvenue sous le dernier règne. […] « Un homme s’est rencontré d’une profondeur d’esprit incroyable ; hypocrite raffiné autant qu’habile politique ; capable de tout entreprendre et de tout cacher ; également actif et infatigable dans la paix et dans la guerre ; qui ne laissait rien à la fortune de ce qu’il pouvait lui ôter par conseil et par prévoyance ; mais au reste si vigilant et si prêt à tout, qu’il n’a jamais manqué les occasions qu’elle lui a présentées ; enfin un de ces esprits remuants et audacieux, qui semblent être nés pour changer le monde. » Les Poètes font très souvent usage de cette figure, en donnant eux-mêmes un caractère à leurs personnages, ou en embellissant celui que l’histoire leur donne.
Pourquoi tous ces conseils de guerre Où tant de rois parlent en vain ? […] Les neveux de Jacob ne sont plus sur la terre Qu’un amas d’ossements blanchis, Qui du joug de la mort accablés par la guerre, N’en seront jamais affranchis. […] Ce sont des voyageurs à qui le hasard fait rencontrer le cadavre du tyran ; il est si défiguré, qu’à peine ils le reconnaissent, et s’écrient à son aspect : Est-ce lui, dont la voix commandait à la guerre !
C’est ainsi que Vulcain se prend pour le feu, Neptune pour la mer et les eaux en général, Mars pour la guerre, etc. […] Pollion s’occupait d’une tragédie sur les guerres civiles dont Rome venait d’être le théâtre. […] La guerre, la paix, les dards, les fleuves, tout vit, tout respire dans ses ouvrages. […] « Sans cette paix, Flandre, théâtre sanglant où se passent tant de scènes tragiques, tu aurais accru le nombre de nos provinces ; et, au lieu d’être la source malheureuse de nos guerres, tu serais aujourd’hui le fruit paisible de nos victoires. » (Fléchier). […] Dans la Guerre des Dieux anciens et modernes, poème, où la poésie la plus riche et les détails du style le plus heureusement poétique, sont prodigués sur un fonds que réprouvent également la morale et le goût.
Les seuls gens de guerre en sont pas déguisés de la sorte, parce qu’en effet leur part est plus essentielle : ils s’établissent par la force, les autres par la grimace. […] La vérité C’est une étrange et longue guerre que celle où la violence essaye d’opprimer la vérité ; tous les efforts de la violence ne peuvent affaiblir la vérité, et ne servent qu’à la relever davantage.
Je suis donc un foudre de guerre ? […] Comparaison du caractère d’Antonin et de Marc-Aurèle dans Bossuet : « Le père, toujours en paix, est toujours prêt, dans le besoin, à foire la guerre ; le fils est toujours en guerre, toujours prêt à donner la paix à ses ennemis et à l’empire. » (Discours sur l’Histoire universelle, Ire partie, xe époque.) Mithridate peint les Romains enrichis par la guerre : Des biens des nations ravisseurs altérés, Le bruit de nos trésors les a tous attirés ! […] Elle prend : 1° la cause pour l’effet : Cérès pour le blé ; — Bacchus pour le vin ; — Mars pour la guerre ; — la plume, le pinceau pour les écrits et la peinture, etc. […] C’est en vers élégiaques que Callinus et Tyrtée ont écrit leurs chants de guerre.
Les seuls gens de guerre ne se sont pas déguisés de la sorte, parce qu’en effet leur part est plus essentielle : ils s’établissent par la force, les autres par la grimace. […] De là vient que le jeu et la conversation, la guerre, les grands emplois sont si recherchés. […] La satire sort bientôt des premières bornes, et d’une guerre de mots elle passe à des libelles diffamatoires, à des accusations outrageuses contre les mœurs et les personnes. […] Il fallait aller à la guerre quand la république l’ordonnait, et là travailler sans cesse, camper hiver et été, obéir sans résistance, mourir ou vaincre. […] Il est difficile que les personnes de son courage, et de son application au service, échappent toujours aux dangers d’une guerre aussi vive et aussi longue que celle-ci.
Ils parlent de guerre à un homme de robe, et de politique à un financier ; ils savent l’histoire avec les femmes ; ils sont poëtes avec un docteur et géomètres avec un poëte. […] Une naissance auguste, un air d’empire et d’autorité, un visage qui remplisse la curiosité des peuples empressés de voir le prince6, et qui conserve le respect dans le courtisan ; une parfaite égalité d’humeur ; un grand éloignement pour la raillerie piquante, ou assez de raison pour ne se la permettre point1 : ne faire jamais ni menaces ni repròches ; ne point céder à la colère, et être toujours obéi ; l’esprit facile, insinuant ; le cœur ouvert, sincère, et dont on croit voir le fond, et ainsi très-propre à se faire des amis, des créatures et des alliés ; être secret toutefois, profond et impénétrable dans ses motifs et dans ses projets ; du sérieux et de la gravité dans le public ; de la brièveté, jointe à beaucoup de justesse et de dignité, soit dans les réponses aux ambassadeurs des princes, soit dans les conseils ; une manière de faire des grâces2 qui est comme un second bienfait ; le choix des personnes que l’on gratifie ; le discernement des esprits, des talents et des complexions3, pour la distribution des postes et des emplois ; le choix des généraux et des ministres ; un jugement ferme, solide, décisif dans les affaires, qui fait que l’on connaît le meilleur parti et le plus juste ; un esprit de droiture et d’équité qui fait qu’on le suit jusqu’à prononcer quelquefois contre soi-même en faveur du peuple, des alliés, des ennemis ; une mémoire heureuse et très-présente qui rappelle les besoins des sujets, leurs visages, leurs noms, leurs requêtes ; une vaste capacité qui s’étende non-seulement aux affaires de dehors, au commerce, aux maximes d’État, aux vues de la politique, au reculement des frontières par la conquête de nouvelles provinces, et à leur sûreté par un grand nombre de forteresses inaccessibles ; mais qui sache aussi se renfermer au dedans, et comme dans les détails4 de tout un royaume ; qui en bannisse un culte faux, suspect et ennemi de la souveraineté, s’il s’y rencontre ; qui abolisse des usages cruels et impies5, s’ils y règnent ; qui réforme les lois et les coutumes6, si elles étaient remplies d’abus ; qui donne aux villes plus de sûreté et plus de commodités par le renouvellement d’une exacte police, plus d’éclat et plus de majesté par des édifices somptueux ; punir sévèrement les vices scandaleux ; donner, par son autorité et par son exemple, du crédit à la piété et à la vertu ; protéger l’Église, ses ministres, ses droits, ses libertés1 ; ménager ses peuples comme ses enfants2 ; être toujours occupé de la pensée de les soulager, de rendre les subsides légers, et tels qu’ils se lèvent sur les provinces sans les appauvrir ; de grands talents pour la guerre ; être vigilant, appliqué, laborieux ; avoir des armées nombreuses, les commander en personne ; être froid dans le péril3, ne ménager sa vie que pour le bien de son État, aimer le bien de son État et sa gloire plus que sa vie ; une puissance très-absolue, qui ne laisse point d’occasion aux brigues, à l’intrigue et à la cabale ; qui ôte cette distance infinie4 qui est quelquefois entre les grands et les petits, qui les rapproche, et sous laquelle tous plient également ; une étendue de connaissances qui fait que le prince voit tout par ses yeux, qu’il agit immédiatement par lui-même, que ses généraux ne sont, quoique éloignés de lui, que ses lieutenants, et les ministres que ses ministres ; une profonde sagesse qui sait déclarer la guerre, qui sait vaincre et user de la victoire, qui sait faire la paix, qui sait la rompre, qui sait quelquefois, et selon les divers intérêts, contraindre les ennemis à la recevoir ; qui donne des règles à une vaste ambition, et sait jusqu’où l’on doit conquérir ; au milieu d’ennemis couverts ou déclarés, se procurer le loisir des jeux, des fêtes, des spectacles ; cultiver les arts et les sciences, former et exécuter des projets d’édifices surprenants ; un génie enfin supérieur et puissant qui se fait aimer et révérer des siens, craindre des étrangers ; qui fait d’une cour, et même de tout un royaume, comme une seule famille unie parfaitement sous un même chef, dont l’union et la bonne intelligence est redoutable au reste du monde. […] Zénobie ou la vanité de la magnificence Ni les troubles, Zénobie 2, qui agitent votre empire, ni la guerre que vous soutenez virilement contre une nation puissante depuis la mort du roi votre époux, ne diminuent rien de votre magnificence : vous avez préféré à toute autre contrée les rives de l’Euphrate pour y élever un superbe édifice ; l’air y est sain et tempéré, la situation en est riante ; un bois sacré l’ombrage du côté du couchant ; les dieux de Syrie, qui habitent quelquefois la terre, n’y auraient pu choisir une plus belle demeure ; la campagne autour est couverte d’hommes qui taillent et qui coupent, qui vont et qui viennent, qui roulent ou qui charrient du bois du Liban, l’airain et le porphyre ; les grues3 et les machines gémissent dans l’air, et font espérer à ceux qui voyagent vers l’Arabie de revoir à leur retour en leurs foyers ce palais achevé, et dans cette splendeur où vous désirez le porter, avant de l’habiter vous et les princes vos enfants.
Né à Paris en 1613, il fut homme d’intrigue et de guerre pendant les désordres de la régence d’Anne d’Autriche, mais il finit par être sous l’autorité de Louis XIV, qui lui pardonna son humeur turbulente, un observateur calme et impartial. […] « Que d’affaires, que de desseins, que de projets, que de secrets, que d’intérêts à démêler, que de guerres commencées, que d’intrigues, que de beaux coups d’échecs à faire et à conduire ! […] Votre justice a soufflé au milieu d’eux la division et la guerre ; vos fidèles n’ont pas eu besoin de s’assembler pour les détruire. […] Je lui faisais une guerre de réputation plus cruelle cent fois que celle que mes légions faisaient au roi barbare. […] Didon ne soupire point en madrigaux, en volant au bûcher sur lequel elle va s’immoler ; Démosthène n’a point de jolies pensées, quand il anime les Athéniens à la guerre ; s’il en avait, il serait un rhéteur, et il est un homme d’État.
Il est déjà homme de guerre dans le sens moderne du mot. […] Ils ne mangeoient que des herbes, et en moreust plus de la moytié ; car les ennemis les thuoient, et peu s’en sauva…… Ce sont des lois de la guerre : il fault estre cruel bien souvent, pour venir à bout de son ennemy ; Dieu doibt estre bien misericordieux en nostre endroict, qui faizons tant de maux… Vous, Gouverneurs et Cappitaines des places, ne craignés de vous descharger des bouches inutiles ; estouppés5 les oreilles aux cris : si j’eusse creu mon courage6, je l’eusse faict trois mois plustost : peult estre que j’eusse sauvé la ville, ou pour le moingz j’y eusse amusé mon ennemy plus longuement ; cent fois je m’en suis repenty.
Voltaire, naguère encore modéré et presque respectueux, quitte Paris, et, des Délices, puis de Ferney, il entretient par ses pamphlets une guerre chaque jour plus violente contre le christianisme. […] La situation de ses États était admirable pour leur faire la guerre. […] Bientôt Rome leur demanda pour otages trois cents de leurs principaux citoyens ; elle se fit livrer les armes et les vaisseaux, et ensuite leur déclara la guerre. […] Sous-lieutenant au régiment du roi, il fit la campagne d’Italie en 1734 ; et, en 1741, dans la guerre de la Succession, il était à la retraite de Prague sous le maréchal de Belle-Isle. […] C’était, a dit Sainte-Beuve, « porter la guerre dans un guêpier, » et plusieurs, en effet, vengèrent par de cruelles calomnies les piqûres qu’ils avaient reçues de sa plume.
« Pour chanter la guerre de Troie, dit Horace, il ne faut pas remonter à la naissance d’Hélène. » 4° Les circonstances. […] « Voulez-vous la paix, préparez la guerre, dit un historien latin (Tite-Live). » Le vrai sage n’est pas celui qui vante la sagesse, mais celui qui la cultive ; il n’a pas la vertu sur les lèvres, mais dans le cœur, etc.
Sire, Pénétré de servir, depuis neuf ans, sans espérance, dans les emplois subalternes de la guerre, avec une faible santé, je me mets aux pieds de Votre Majesté, et la supplie très-humblement de me faire passer du service des armées, où j’ai le malheur d’être inutile, à celui des affaires étrangères, où mon application peut me rendre plus propre. […] Vauvenargues n’a pas ce courage intéressé qui aime la guerre pour l’avancement, pour ce qu’elle rapporte, et place l’héroïsme à intérêts ; ce qui lui plaît, c’est la mort qu’on brave, c’est l’emploi des qualités fortes, la fermeté, la patience, les nuits laborieuses, les longues marches, avec la faim et la soif pour compagnes, tout ce qui trempe l’âme, tout ce qui l’élève.
l’un, voyant croître ses moissons, bénit la mémoire de celui à qui il doit l’espérance de sa récolte ; l’autre, qui jouit encore en repos de l’héritage de ses pères, souhaite une éternelle paix à celui qui l’a sauvé des désordres et des cruautés de la guerre. […] Pour second exemple, l’orateur avait à définir la valeur ; il dit d’abord ce qu’elle n’est pas pour mieux faire entendre ce qu’elle est : « Son courage, qui n’agissait qu’avec peine dans les malheurs de sa patrie, sembla l’échauffer dans les guerres étrangères, et l’on vit redoubler sa valeur. […] Il se prépare contre le prince quelque chose de plus formidable qu’à Rocroy ; et pour éprouver sa vertu, la guerre va épuiser toutes ses inventions et tous ses efforts. […] Pleurez donc ce grand capitaine, et dites en gémissant : Voilà celui qui nous menait dans les hasards ; sous lui se sont formés tant de renommés capitaines, que ses exemples ont élevés aux premiers honneurs de la guerre. […] Ces foudres de bronze, que l’enfer a inventés pour la destruction de l’homme, tonnaient de tous côtés pour favoriser et pour précipiter cette retraite ; et la France en suspens attendait le succès d’une entreprise qui, selon toutes les règles de la guerre, était impossible, etc. » Prosopopée.
Nous faisons ici la guerre avec Antoine, notre collègue, le plus infàme des gladiateurs. […] Quand on a fait la guerre en Sicile, il n’est pas même arrivé que la moindre partie de cette guerre se fût communiquée à l’Italie. […] Quand la guerre dévastera l’Italie, quand les villes seront saccagées, les maisons livrées aux flammes, penses-tu donc échapper aux feux de la haine allumés contre toi ? […] Et parce que l’autorité influe beaucoup sur la conduite de la guerre. […] Et parce que l’autorité influe beaucoup sur la conduite de la guerre.
La guerre a ses faveurs, ainsi que ses disgrâces : Déjà plus d’une fois, retournant sur mes traces, Tandis que l’ennemi, par ma fuite trompé, Tenait après son char un vain peuple occupé, Et, gravant en airain ses frêles avantages, De mes États conquis enchaînait les images, Le Bosphore m’a vu, par de nouveaux apprêts, Ramener la terreur du fond de ses marais, Et, chassant les Romains de l’Asie étonnée, Renverser en un jour l’ouvrage d’une année. […] L’Orient, accablé, Ne peut plus soutenir leur effort redoublé : Il voit, plus que jamais, ses campagnes couvertes De Romains que la guerre enrichit de nos pertes. […] Marchons, et dans son sein rejetons cette guerre Que sa fureur envoie aux deux bouts de la terre. […] J’ai pris pour sujet la prise de Namur, comme la plus grande action de guerre qui se soit faite de nos jours, et comme la matière la plus propre à échauffer l’imagination d’un poète.
Voyez-vous tout un peuple s’apprêter à la guerre ? […] À peine a retenti la trompette éclatante, À peine sur les tours de l’antique Laurente Turnus a de la guerre arboré les drapeaux, Frappé son bouclier, animé ses chevaux ; En tumulte à sa voix tous les Latins s’unissent, De leurs cris conjurés les champs au loin frémissent.
Jusqu’après la guerre du Péloponèse, la Grèce ne connut et n’employa guère que la parole pour produire et répandre au dehors les productions de l’intelligence. […] C’est ainsi que les Gorgias, les Prodicus, les Hippias se vantaient de pouvoir traiter, comme les ergoteurs du moyen âge, de omni re scibili, et qu’un Phormion osait discourir de l’art de la guerre devant Annibal.
Qu’on voie dans l’histoire de Rome tant de guerres entreprises, tant de sang répandu, tant de peuples détruits, tant de grandes actions, tant de triomphes, tant de politique, de sagesse, de prudence, de constance, de courage, ce projet d’envahir tout, si bien formé, si bien soutien, si bien fini, à quoi aboutit-il ? […] Il disait ailleurs : « Je supplie qu’on me permette de détourner les yeux des horreurs des guerres de Marius et de Sylla ; on en trouvera dans Appian l’épouvantable histoire. » Il termine ainsi son ouvrage sur la grandeur et la décadence des Romains : « Je n’ai pas le courage de parler des misères qui suivirent ; je dirai seulement que, sous les derniers empereurs, l’empire, réduit aux faubourgs de Constantinople, finit comme le Rhin, qui n’est plus qu’un ruisseau lorsqu’il se perd dans l’Océan. » 1.