L’adjectif sentimental, que notre langue a emprunté de celle des Anglais, est un de ces mots que l’on prodigue d’autant plus volontiers, qu’il a toujours l’air de signifier quelque chose, et qu’il couvre heureusement le vide absolu d’idées, et le défaut de justesse dans l’application, il ne sera pas hors de propos de remarquer ici que la fortune de tous ces grands mots qui disent tant en apparence, pour signifier quelquefois si peu dans le fond, date précisément de l’époque où l’on a commencé à substituer le jargon au raisonnement suivi, et l’emphase des mots au sentiment, qui s’exprime toujours d’autant plus simplement, qu’il est plus vrai. […] Mais c’est aux âmes sensibles à nous dire si la vraie douleur s’exprime avec cette recherche élégante ; si ce style brillant et semé d’antithèses est bien son langage, et si enfin les derniers accents, où s’exhale l’âme entière d’un mourant, sont bien ceux que le poète prête ici à Ézéchias. […] Mais où est le trait essentiel, le cri du sentiment, l’accent vrai de la douleur, presque abattue par le désespoir, et si bien exprimée dans ce peu de mots : du matin au soir, tu vas finir mon existence ; de manè usque ad vesperam finies me.
Il y a métaphore, en effet, toutes les fois que, en vertu d’une comparaison mentale, on emploie le signe d’une idée pour exprimer une autre idée, semblable ou analogue à certains égards. […] Tantôt les êtres animés changent entre eux les signes qui les expriment. […] l’un est d’un romancier moderne qui, dédiant son livre à un peintre, et voulant lui faire sentir que tous deux contribuent à propager les mêmes idées, chacun dans son genre, s’exprime ainsi : « Vous et moi, l’un avec son pinceau, l’autre avec sa plume, nous suivons deux lignes parallèles, qui aboutissent au même point. » Romancier, mon ami, accordez-vous avec M.
Il a été, sous une forme enchanteresse, le plus éloquent interprète de cette mélancolie philosophique et religieuse qui flottait dans l’air, au lendemain des révolutions et des catastrophes publiques : il exprima le malaise des âmes, l’inquiétude de l’infini. […] Il est un trait par lequel Jocelyn, pour moi, se rattache à l’idylle : c’est l’exquise simplicité du style, quand il faut exprimer les choses simples. […] Lebrun exprime des impressions personnelles.
L’homme d’Etat exprime énergiquement une réflexion qu’Esther suppliante développera pour attendrir Assuérus : Adorant dans leurs fers le Dieu qui les châtie, Tandis que votre main sur eux appesantie A leurs persécuteurs les livrait sans secours, Ils conjuraient ce Dieu de veiller sur vos jours, De rompre des méchants les trames criminelles, De mettre votre trône à l’abri de ses ailes. […] Le style vrai est cette façon de dire tellement d’accord avec la nature de la personne qui parle, la position où elle se trouve, le milieu où elle agit, les circonstances qui l’affectent, que le lecteur ne se figure pas la possibilité de penser ou de s’exprimer autrement, que rien n’indique la recherche, l’embarras, le parti pris d’adopter telle forme, de produire tel effet, de faire un sort, selon l’expression de Rivarol, il chaque mot et à chaque phrase.
Cet exercice est sous tous les rapports excellent : il accoutume les élèves à retenir les choses et à les exprimer. […] André, le sourd-muet, âgé de quinze à seize ans, entre dans le jardin : il s’exprime par signes. […] Faites exprimer par Sévérus, dans un monologue, les pensées tumultueuses qui l’agitent. […] Il exprime avec chaleur ses vœux pour le triomphe de la foi et de la patrie. […] Il exprime dans un monologue les sentiments qui l’agitent.
je suis content de vous : cette première phrase exprime la pensée de toute la proclamation. […] Fond, — L’emploi de toutes les ressources de l’invention est évident dans cette proclamation. 1° Les preuves sont les faits, ils sont exposés avec concision ; 2° les mœurs sont exprimées avec adresse. […] Le dedans de la main est tourné du côté du corps quand on appelle quoiqu’un à soi, ou qu’on exprime le désir de posséder quelque chose, tandis qu’ il se tourne en dehors, quand on éprouve de la répulsion, de l’horreur pour un objet et qu’on veut l’éloigner. […] Enfin, les gestes sont affectifs quand ils expriment les passions, les mouvements de l’âme. […] Ce principe, généralement adopté, n’est pourtant pas sans exception : car on trouve assez fréquemment dans nos bons poètes, lorsqu’ils veulent presser un récit ou exprimer un grand sentiment, trois ou quatre rimes suivies.
Mais le psalmiste avait dit tout cela, et l’avait dit avec cette énergique concision qui caractérise le sublime de pensée, et qui, écartant nécessairement de l’esprit du lecteur toute idée de recherche dans les figures, et d’ambition dans la manière de les exprimer, ne donne et ne laisse que l’idée simple, mais vraie, d’une image presque au-dessus de la pensée, et inaccessible aux efforts de la diction la plus étudiée, ou la plus naturellement pittoresque : Justitia et judicium correctio sedis ejus (Ps. […] ) Ainsi s’exprime le philosophe ancien, qui, détrompé des faux biens dont la poursuite lui semble trop pénible ou lui devient fastidieuse, se replie sur lui-même et se renferme dans la nullité de son indolence. […] Ce doux titre de père est celui que prend Salomon dans le livre des Proverbes, et ce titre est justifié à chaque page, à chaque mot, par la nature même des choses, et par la manière dont elles sont exprimées.
Les rhéteurs ne devraient peut-être en avoir qu’un seul pour exprimer l’invention et la disposition. […] Il renferme, sans doute, une haute leçon de moralité pour les grands ; le prêtre fait sagement de la saisir et de l’exprimer ; mais l’orateur aurait dû la préparer autrement. […] Ces transports déréglés, vagabonde manie, Sont l’accès de la fièvre, et non pas du génie ; D’Ormuzd et d’Ariman ce sont les noirs combats, Où partout confondus, la vie et le trépas, Les ténébres, le jour, la forme et la matière Luttent sans être unis ; mais l’esprit de lumière Fait naitre en ce chaos la concorde et le jour, D’éléments divisés il reconnait l’amour, Les rappelle, et partout, en d’heureux intervalles, Sépare et met en paix les semences rivales. » On ne pouvait exprimer dans un langage plus poétique les avantages de la disposition.
Les sons, sains être figurés, peuvent fournir, et ont fourni à l’homme, soit par leur nature, soit par leur durée, une sorte de langage inarticulé pour exprimer, au moins jusqu’à un certain point, un certain nombre de choses. […] Il semble, en les lisant, qu’il leur a été impossible de s’exprimer autrement.
. — L’Interjection est un mot dont on se sert pour exprimer un sentiment de l’âme, comme la joie, la douleur, etc.
Les noms consacrés aux objets matériels ont sans doute précédé ceux qui expriment les abstractions, comme dans le discours les gestes ont précédé la parole, comme les hiéroglyphes ont précédé l’écriture alphabétique. […] Dumarsais donne des figures une idee juste au fond, mais qui pourrait être mieux présentée : « Les figures, dit-il, sont des manières de parler distinctement des autres par une modification particulière, qui fait qu’on les réduit chacune à une espèce à part, et qui les rend ou plus vives, ou plus nobles, ou plus agréables que les manières de parler qui expriment le même fond de pensée, sans avoir d’autre modification particulière. » Préférez-vous la définition de M.
C’est ce que Virgile a exprimé avec tant de charme, dans la description de son épizootie, Géorg. […] Peut-on mieux exprimer la désolation que par ces vers pleins d’une grâce mélancolique ?
Cet hommage rendu par le poëte à la mémoire de son père est exprimé avec une délicate réserve qui en augmente le prix. […] Louis Racine n’en conservera pas moins l’honneur d’avoir exprimé le premier, avec grandeur et souvent avec poésie, beaucoup d’idées qui semblaient jusque-là, parmi nous, exclues du domaine des vers.
Il avait des idées fausses sur le but et les beautés de l’art ; mais il les a bien exprimées. […] combien de temps, de règles, d’attention et de travail pour danser avec la même liberté et la même grâce que l’on sait marcher ; pour chanter comme on parle ; parler et s’exprimer comme l’on pense ; jeter autant de force, de vivacité, de passion et de persuasion dans un discours étudié, et que l’on prononce dans le public, qu’on eu a quelquefois naturellement et sans préparation dans les entretiens les plus familiers !
. — Le Verbe est un mot dont on se sert pour exprimer que l’on est, ou que l’on fait quelque chose : ainsi, le mot être, je suis, est un verbe ; le mot lire, je lis, est un verbe. […] 5° L’infinitif, qui exprime l’action ou l’état en général, sans nombre, ni personne, comme lire, être. […] 64. — On appelle sujet ou nominatif d’un verbe ce qui est, ou ce qui fait la chose qu’exprime le verbe.
Ils peuvent néanmoins y trouver place quelquefois ; dans les réflexions, ou dans les exhortations morales, lorsqu’elles méritent d’être développées avec chaleur, d’être exprimées avec véhémence ; dans le récit même des actions extraordinaires, qui ont eu pour principe un zèle très ardent, une charité des plus ferventes, ou quelque autre sentiment surnaturel. […] L’Orateur peut, dans l’exorde, pour tenir les esprits en suspens, se livrer à un certain désordre, qui est un effet de l’art ; éclater en plaintes et en gémissements sur la courte durée et la fragilité des grandeurs humaines Il peut même commencer par quelque réflexion frappante, exprimée avec force et avec noblesse, comme l’a fait Bossuet dans ce début si majestueux et si imposant de son Oraison funèbre de Henriette Marie de France 91 , Reine d’Angleterre. […] Né pour le sublime, Bossuet en a exprimé toute la force et toute la majesté, surtout dans son Oraison funèbre de Marie de France, Reine d’Angleterre, dans celle de Henriette-Anne d’Angleterre, Duchesse d’Orléans, et dans plusieurs endroits de celle du Grand Condé. […] Il pensait fortement, et s’exprimait de même : on en juge par un de ses discours, que Thucydide nous a conservé. […] C’est celui qui a le mieux exprimé le caractère de l’éloquence de l’orateur romain.
Ils exigeaient donc de leurs orateurs une attitude digne, des gestes mesurés, une élocution réglée par les lois du rhythme et par la gradation des sentiments exprimés. […] Séparez ces deux attributs des pensées exprimées par l’orateur, elles existent encore, mais dépouillées de leur valeur oratoire. […] Voilà votre système de guerre. » Est-ce un orateur qui s’exprime ainsi, ou n’est-ce pas plutôt un peintre qui vous offre le portrait des fils dégénérés de la vieille Athènes ? […] Elle revient sur la même, idée, comme si elle craignait de ne pouvoir assez l’exprimer, et chaque fois qu’elle l’exprime, elle le fait en termes si nouveaux qu’on croit l’entendre pour la première fois.
L’hyperbole exprime au-delà de la vérité pour ramener l’esprit à la mieux connaître. […] Cicéron se sert en cent endroits de ce mot pour exprimer un homme, un discours poli. […] Les bons auteurs n’ont de l’esprit qu’autant qu’il en faut, ne le cherchent jamais, pensent avec bon sens et s’expriment avec clarté. […] Si vous voulez que je vous cite des hommes, voyez avec quelle clarté, quelle simplicité notre Racine s’exprime toujours. […] On s’accoutume à bien parler en lisant souvent ceux qui ont bien écrit ; on se fait une habitude d’exprimer simplement et noblement sa pensée sans effort.
Souvent on se sert de l’infinitif, lorsqu’il s’agit d’exprimer une action prompte et subite. […] Et dans une autre fable où figurent encore les Grenouilles, La Fontaine, voulant peindre la vivacité de leurs plaintes-et la vivacité de la réponse que leur fait le dieu Jupin, s’est exprimé ainsi : Le monarque des dieux leur envoie une grue, Qui les croque, qui les tue, Qui les gobe à son plaisir : Et grenouilles de se plaindre : Et Jupin de leur dire………….. […] Elle fait entendre un sens tout opposé à celui qu’elle a l’air d’exprimer. […] C’est le sentiment qu’exprime madame de Simiane dans la lettre suivante : Lettre de madame de Simiane « Je voudrais bien trouver, monsieur, quelque façon de vous témoigner ma reconnaissance qui convint et qui fût assortie à toute celle que j’ai dans le cœur pour le bien que vous venez de faire au pauvre petit Bernard.
Je suis heureux de lui en exprimer ici toute ma gratitude.
A la veille d’une bataille, Marlborough comme Napoléon, Napoléon comme Souvarow, n’ont qu’une pensée à exprimer à leurs soldats : « Combattez en braves ; triomphez, si vous pouvez ; mourez, s’il le faut. » Voilà le programme solennel, la matière uniforme des trois ordres du jour. […] N’oublions pas, comme je l’ai dit ailleurs15, qu’au fond de toutes les spécialités locales ou temporaires repose toujours l’humanité identique et universelle ; qu’avant d’être l’homme de telle période et de telle latitude, on est l’homme ; qu’exprimer ces caractères génériques, ces passions, ces mœurs, aussi vieilles que le monde, ces vérités non moins anciennes, qui forment le fond commun de l’humanité, est la condition essentielle de tout écrit digne d’être lu ; que plus un écrivain conserve de points de contact avec l’humanité en général, plus il obéit à sa nature ; que plus il pénètre avec profondeur et sagacité dans le domaine de tous, plus il est fidèle à sa mission.