Mais qu’ils viennent à s’exprimer, mon indifférence se change ici en apathie, là en intérêt. […] Prenez une pensée commune, exprimez-la d’abord avec obscurité, devenez ensuite votre commentateur ; vous avez le mot de l’énigme, mais ne vous hâtez pas de le prononcer ; faites-le deviner, et vous paraîtrez penser d’une manière fort neuve et fort fine93. ». […] On remarquera aussi que quelques écrivains, après avoir exprimé finement une pensée, démentent en quelque sorte leur finesse, en donnant immédiatement le mot de l’énigme. […] Le naïf est donc difficile à attraper, non point, comme le dit Montesquieu, parce qu’il est précisément entre le noble et le bas, mais parce qu’il est très-difficile d’exprimer, ce que l’on ne peut prévoir, ce qui s’ignore soi-même, ce dont le premier caractère est le spontané, l’inattendu. […] Les grands mouvements même des passions deviennent aussi froids quand ils sont exprimés en termes vulgaires et dénues d’imagination, que lorsqu’ils le sont en termes ampoulés et emphatiques.
En effet, avons-nous dit, il y a métaphore toutes les fois que, en vertu d’une comparaison mentale, on emploie le signe d’une idée pour exprimer une autre idée semblable ou analogue à certains égards. […] Mais si j’exprime la cause pour l’effet, le contenant pour le contenu, le signe pour la chose signifiée, il y a entre les deux idées correspondance positive, et qui existait préalablement à ma comparaison ; c’est une métonymie. […] Enfin, lorsque, en raison de sa nouveauté, de l’usage ou de toute autre cause, une idée n’a point ou n’a plus de signe propre et exclusif dans la langue, on est forcé, pour l’exprimer, d’employer un signe déjà affecté à une autre idée. […] L’hyperbole ment, mais elle ne ment pas pour tromper ; elle surfait à des gens qui savent ce qu’il en faut rabattre ; ou bien elle ment sans le vouloir, parce que l’imagination ou la passion voient et sentent comme elle exprime. […] « L’hyperbole, dit la Bruyère, exprime au delà de la vérité pour ramener l’esprit à la mieux connaître.
Fléchier s’exprime ainsi : « M. […] Combien peu de génies ont-ils su exprimer ce que tant d’auteurs ont voulu peindre ! […] Elle exprime en termes pompeux une pensée fausse, ou veut faire paraitre les idées plus grandes qu’elles ne sont. […] Entrailles, dans sa signification métaphorique, exprime la tendresse paternelle. […] Ce tour, comme le mot l’exprime, porte surtout le caractère de l’urbanité.
Pour cela, continuez à exprimer encore les mêmes sentiments, mais avec plus de modération. […] Le ton de la voix, les regards, les gestes, n’expriment-ils pas aussi bien que les mots nos idées et nos affections ? […] Il existe, enfin, un rapport si intime entre quelques-uns des sentiments que l’on éprouve, et la manière dont on les exprime, que si on ne les exprime pas de cette même manière, on ne parvient jamais à faire croire qu’on les éprouve. […] Observez comment elle vous porte à exprimer le sentiment qui remplit votre cœur. […] Les préjugés, les désirs, les passions s’exprimaient sans contrainte.
La phrase est l’assemblage régulier des mots par lesquels on exprime sa pensée. […] L’on doit se servir du mot qui, par son sens précis, se rapproche le plus de l’idée qu’on exprime. […] L’énergie sert à exprimer avec chaleur une pensée forte ou vive. […] Quelle sorte de mouvements les yeux expriment-ils ? […] Il faut s’en tenir aux choses que l’on a à se dire, lorsqu’elles ont été clairement exprimées.
Le style est la manière dont on exprime, par le moyen du langage, ce que l’on a conçu par le raisonnement : c’est le tableau fidèle de nos idées et de l’ordre dans lequel elles se sont liées dans notre entendement. […] Nous n’en prétendons pas conclure qu’il faille renoncer à s’exprimer d’une manière ingénieuse, nouvelle et piquante, et s’interdire ce qu’on appelle les finesses du style ; non sans doute : nous voulons seulement prémunir les jeunes gens contre les écueils d’un genre qui les séduit aisément par son éclat passager, et auquel ils sont naturellement disposés à sacrifier tout le reste. […] La propriété consiste à choisir, pour nous exprimer, les termes les plus convenables et les plus généralement adaptés aux idées que nous nous proposons de rendre. […] Ici la précision rassemble en un seul et même trait tout ce qui pouvait exprimer une grande idée ; et tous les détails possibles ne donneraient pas une idée plus vive et plus juste de la destruction totale d’une grande ville. […] il l’exprimera avec force.
Tout est solidement pensé dans cet ouvrage, et tout y est exprimé avec autant de sagesse que d’élégance. […] Par-tout il pense et s’exprime avec force ; par-tout il sent et s’exprime avec chaleur. […] La plupart de ses pensées sont délicates ; et il a l’art de les exprimer finement. […] Jamais la vertu n’a parlé un si doux langage : jamais la sagesse la plus profonde ne s’est exprimée avec autant d’énergie et de vérité : « La majesté des Ecritures m’étonne, dit J. […] Mais la raison et la conscience leur crient sans cesse qu’il existe un être, seul éternel, seul indépendant, seul principe de tous les êtres, et dont ils se sentent forcés de reconnoître la nécessité, que Voltaire a si bien exprimée dans ces vers : C’est le sacré lien de la société, Le premier fondement de la sainte équité, Le frein du scélérat, l’espérance du juste.
On lui a reproché d’avoir fait de ses bergers des courtisans occupés à dire de très jolies choses, plutôt qu’à exprimer les pensées qu’ils devraient avoir dans leur état. […] Elle admet le récit des faits les plus ordinaires, les plus petits détails, la description des objets les plus communs, pourvu que tout y soit exprimé avec grâce. […] On peut donc définir la poésie lyrique celle qui exprime le sentiment ou la passion actuelle du poète. […] La fougue presse les pensées et les précipite ; et, comme il n’est pas possible de les exprimer toutes, le poète saisit seulement les plus remarquables ; puis, comme il les exprime dans le même ordre qu’elles avaient dans son esprit, sans exprimer celles qui leur servaient de liaison, elles ont l’air disparates et décousues. […] » Toutes les idées placées ici entre parenthèses se sont trouvées dans l’esprit du poète ; mais, n’ayant pas jugé à propos de les exprimer, il a laissé ce vide, qu’on appelle écart.
Homère exprime tout ce qui frappe les yeux : les Français, qui n’ont guère commencé à perfectionner la grande poésie qu’au théâtre, n’ont pu et n’ont dû exprimer alors que ce qui peut toucher l’âme. — Le langage du cœur et le style du théâtre ont entièrement prévalu : ils ont embelli la langue française, mais ils en ont resserré les agréments dans des bornes un peu trop étroites. […] Leurs tours naturels et hardis deviennent familiers ; les hommes, qui sont tous nés imitateurs, prennent insensiblement la manière de s’exprimer et même de penser des premiers dont l’imagination a subjugué celle des autres ». […] « Rien, ajoute-t-il encore, n’est plus opposé au beau naturel, que la peine qu’on se donne pour exprimer des choses ordinaires ou communes d’une manière singulière ou pompeuse ; rien ne dégrade plus l’écrivain.
La composition littéraire est le talent de trouver des idées, de les disposer avec ordre, et de les exprimer, de les revêtir d’un style convenable. […] 3° L’élocution, qu’on appelle aussi style, consiste à exprimer ses idées par la parole ou par l’écriture. […] Par exemple, si le sujet est léger, il ne faut pas le traiter en style grave et pompeux ; on ne doit pas raisonner là où il convient d’exprimer du sentiment.
Ce qui fait la noblesse des expressions, c’est la proportion qui existe entre les pensées et les mots qui les expriment. […] L’enflure consiste à employer des termes pompeux et des phrases magnifiques pour exprimer des pensées fausses ou communes. […] L’harmonie imitative consiste dans le parfait rapport des sous avec les choses que les mots expriment. […] Une suite d’idées raisonnables, exprimées dans un style pur et naturel, voilà ce qu’on exige avant tout. […] Le récit précède et expose le sujet, l’air exprime le sentiment où la réflexion que ce sujet a fait naître.
Croyez-vous qu’en ce moment j’exprime tout ce que je veux ? […] pourrais-je rien exprimer de mes pensées ? […] tandis que ma parole se déroulait péniblement, déjà l’idée rapide et vive était rentrée dans la profondeur de l’intelligence ; et pourtant c’était à l’aide des traces lumineuses qu’elle avait laissées sur son passage, que je pouvais retrouver quelques signes et exprimer quelques pensées. » Ainsi donc, tous, qui que nous soyons, faibles ou forts, tous nous sentons, à chaque instant, une contrariété qui fait du même coup notre grandeur et notre misère, qui nous abat et qui nous élève, soit que, dans nos actions, nous poursuivions l’idée d’un bonheur et d’une vertu que nous ne pouvons pas atteindre, soit que, seulement dans nos paroles, nous cherchions à représenter une vérité que nous ne pouvons pas non plus exprimer tout entière.
Marmontel nous fait remarquer, que « la finesse, lorsqu’elle est employée à exprimer un sentiment, s’appelle délicatesse. […] Le style sévère est le plus convenable pour exprime] les plus hautes vérités chrétiennes. […] Buffon regarde comme opposée au naturel la peine qu’on se donne pour exprimer des choses ordinaires ou communes. […] Il peut se trouver dans une phrase, dans un mot, très simple en apparence, si cette phrase ou ce mot expriment une grande image, un grand sentiment ou une grande pensée. […] Ici point d’expressions pompeuses pour annoncer un es faits les plus étonnants, et cependant c’est dans ce style que sont exprimées les idées grandes et magnifiques, où nous voyons Dieu agir avec toute sa majesté et sa toute-puissance.
Si l’on y réfléchit bien, on verra que ce n’est rien autre chose que la faculté de saisir, de combiner et d’exprimer des rapports inaperçus par le grand nombre, et que ce qu’on nomme communément pensée, style, n’est en général qu’une perception et une combinaison de rapports2. […] Il est, au contraire, des natures ingrates qui semblent radicalement inhabiles à sentir, à imaginer et à exprimer : c’est encore le très-petit nombre. […] Lui aussi s’habitue par l’usage à saisir des rapports inappréciables pour les masses, à les combiner, à les exprimer ; il s’exerce réellement à l’esprit et au génie. […] Ce sont les ailes dont les écrits des hommes volent au ciel. » Et, pour passer du xvie siècle au xixe , car j’aime à montrer les préceptes réellement utiles et solides maintenus à travers les âges, en dépit des changements d’idées et des caprices de la mode : « Je voudrais, dit le héros d’un roman moderne, m’exprimer de prime abord, sans fatigue, sans effort, comme l’eau murmure et comme le rossignol chante. » Et le raisonneur du livre lui répond avec un grand sens : « Le murmure de l’eau est produit par un travail, et le chant du rossignol est un art.
Lorsque l’Ame est tranquille, toutes les parties du visage1sont dans un état de repos ; leur proportion, leur union, leur ensemble, marquent encore assez la douce harmonie des pensées, et répondent au calme de l’intérieur ; mais lorsque l’âme est agitée, la face humaine devient un tableau vivant où les passions sont rendues avec autant de délicatesse que d’énergie, où chaque mouvement de l’âme est exprimé par un trait, chaque action par un caractère, dont l’impression vive et prompte devance la volonté, nous décèle, et rend au dehors par des signes pathétiques2 les images de nos secrètes agitations. C’est surtout dans les yeux3 qu’elles se peignent et qu’on peut les reconnaître : l’œil appartient à l’âme plus qu’aucun autre organe ; il semble y toucher, et participer à tous ses mouvements ; il en exprime les passions les plus vives et les émotions les plus tumultueuses, comme les mouvements les plus doux et les sentiments les plus délicats ; il les rend dans toute leur force, dans toute leur pureté, tels qu’ils viennent de naître ; il les transmet par des traits rapides qui portent dans une autre âme le feu, l’action, l’image de celle dont ils partent : l’œil reçoit, et réfléchit en même temps la lumière de la pensée, et la chaleur du sentiment : c’est le sens de l’esprit, et la langue de l’intelligence4. […] Rien n’est plus opposé au beau naturel que la peine qu’on se donne pour exprimer des choses ordinaires ou communes d’une manière singulière ou pompeuse ; rien ne dégrade plus l’écrivain. […] Pathétique (du grec πάθος, passion) signifie : ce qui émeut, ou exprime les passions.
Considérée étymologiquement, elle ne signifie que l’art de parler, mais le sens de ce mot s’est modifié et étendu, et exprime aujourd’hui l’art d’écrire tout entier, quel que soit le sujet traité et la forme employée. […] Le style, dans la véritable acception de ce mot, est le procédé propre à chaque écrivain pour exprimer sa pensée. […] Il y a deux sortes d’harmonie, l’harmonie générale qui ne considére les sons qu’en eux-mêmes et abstraction faite de l’idée, et l’harmonie spéciale ou imitative qui les considère dans leurs rapports avec les pensées et les sentiments exprimés. […] Le caractère de l’une et de l’autre est de ne point exprimer l’idée tout entière, et d’en laisser deviner une partie. […] Il y a métaphore, toutes les fois qu’en vertu d’une comparaison mentale, on emploie le signe d’une idée pour exprimer une autre idée, semblable ou analogue à certains égards.
Il faut alors qu’il connaisse toutes les richesses de la langue dans laquelle il écrit, pour exprimer ces objets avec une élégante noblesse. […] Enfin, elles doivent être exprimées avec concision et avec simplicité. […] L’épître familière admet le récit des faits les plus ordinaires, les plus petits détails, la description des objets les plus communs, pourvu que tout y soit exprimé avec grâce, comme dans la lettre d’Horace à Mécène, I, 7. […] Quelquefois on se dispense de l’exprimer ; c’est lorsqu’elle est facile à déduire, comme dans la Cigale et la Fourmi, le Chêne et le Roseau, etc. […] La simplicité consiste à rendre en peu de mots, et avec les termes ordinaires, la pensée que l’on veut exprimer : rien ne nuit tant à la fable que l’appareil et l’air composé.
Mais, au moyen de l’imagination, le poète peut aussi créer et inventer d’une manière absolue : c’est ainsi qu’il peut exprimer les passions sans les sentir ; que pour décrire un combat, une tempête, un paysage, il n’est pas toujours nécessaire qu’il en ait vu le tableau. […] Le vers se plie, comme la musique, à toutes les émotions de l’âme; il se modifie selon les sujets et les genres, soit pour exprimer les passions humaines, soit pour peindre et animer la nature, soit pour donner un corps et une image aux idées abstraites et métaphysiques. […] Dans la nature, le beau se manifeste à l’homme par une sorte de rayonnement céleste ; et dans les arts, l’homme exprime l’idée qu’il en a conçue dans son double rapport avec Dieu et avec la nature. […] Ce qui est beau et grand le frappe ; il exprime ses sentiments avec simplicité, avec énergie ; il chante, et la poésie est créée.
Celui qui les exprimait avec plus de justesse et d’agrément, captiva l’attention des autres, et se fit écouter avec plaisir. […] Il fit, sans doute, un pareil essai, après avoir été affecté des divers tons, sur lesquels les hommes s’exprimaient, selon le sentiment ou la passion dont ils étaient agités. […] Dans la prose, comme dans la poésie, la belle nature est imitée ; c’est-à-dire, que dans la prose, les objets réels ou possibles, et aussi beaux qu’ils puissent l’être, sont exprimés et décrits par le discours libre ; et dans la poésie, par le discours mesuré.
se met à la fin des phrases qui expriment une interrogation. […] se met après les phrase qui expriment l’admiration.
. — Pourquoi la forme de la phrase ne chercherait-elle pas à exprimer un contraste que comporte si bien le fond de l’idée ? […] Les figures dont il vient d’être question expriment, comme vous voyez, une opposition réelle entre les idées ou entre les sentiments, représentée par une antithèse entre les mots. […] Analysez toutes ces figures, et vous conclurez que toutes se rattachent à l’ironie, en ce sens que l’idée exprimée n’y est pas à elle-même son but, et qu’il n’en est aucune à laquelle ne puisse s’appliquer le mot fameux de Talleyrand : « La parole a été donnée à l’homme pour déguiser sa pensée. » Ne perdez pas de vue ce caractère de double entente ; c’est lui qui justifie non-seulement le rang que j’assigne à ces formes du discours, mais le nom même de figures que je leur donne. […] Fontanier, la commination, l’imprécation, l’optation, la déprécation, le serment, la dubitation, la licence, en un mot toutes les formes consacrées pour exprimer un sentiment réel.