« Sparte, modèle de frugalité, de tempérance et des plus hautes vertus, a disparu, et nous espérons que nos empires seront éternels ! […] Parlerez-vous des révolutions des empires, sans tenter de les faire comprendre par l’exposé des motifs qui les ont amenées ?
L’homme a un grand empire sur l’homme, et de tous les maux qu’il peut faire à ses semblables, le plus grand peut-être est de placer le fantôme du ridicule entre les mouvements généreux et les actions qu’ils peuvent inspirer. » « Il n’y a que les gens médiocres qui voudraient que le fond de tout fût du sable, afin que nul homme ne laissât sur la terre une trace plus durable que la leur. » « Le talent a besoin de confiance. […] Madame Récamier, célèbre par sa beauté, reine des salons sous l’Empire.
Si l’on a pu reprocher à son Histoire de la Révolution (1823-1827) trop d’indulgence pour les partis qui triomphent, et des jugements sous lesquels se révèlent des tendances fatalistes, il faut admirer dans les récits consacrés au Consulat et à l’Empire (1845-1862) l’amour du vrai, la clairvoyance d’une raison supérieure, la liberté d’un esprit impartial, et une modération aussi équitable, aussi désintéressée que les arrêts de la postérité. […] (Préface du XIIe volume du Consulat et de l’Empire 1.
La voix de la nature a pris un tel empire sur moi que je parviens rarement à me dégager de la préoccupation habituelle qu’elle m’impose, et que j’essaye en vain de faire le sourd. Mais s’éveiller à minuit, aux cris de la tempête, être assailli dans les ténèbres par une harmonie sauvage et furieuse qui bouleverse le paisible empire de la nuit, c’est quelque chose d’incomparable en fait d’impressions étranges ; c’est la volupté dans la terreur. » (Journal, p. 65.)
Si cette vertu n’offre encore un temple à Votre Majesté, elle lui promet du moins l’empire des cœurs où Dieu même désire de régner, et en fait toute sa gloire. […] L’impie persécuteur, un Néron, un Dioclétien, qui avaient rougi toutes les contrées de l’empire du sang de vos martyrs, ont péri et expié par une mort funeste et tragique283, par des guerres et des calamités qui ont enfin renversé leur empire, les maux dont ils avaient affligé votre Église. […] L’empire se maintint par la grandeur du chef : le prince était grand, l’homme l’était davantage. […] Son génie se répandit sur toutes les parties de l’empire. […] Il parcourait sans cesse son vaste empire, portant la main partout où il allait tomber.
Il succéda à son père dans le nouvel empire des Latins, que celui-ci avoit fondé en Italie, et bâtit la ville d’Albe, où il transféra le siége de son royaume.
Et par armes un jour agrandis ton empire, Moins pour avoir du bien que pour avoir honneur. […] César Auguste O grands Dieux immortels, qui avez toutes choses Au celeste pouvoir de vos dextres encloses, Par qui le chaud, le froid, le tonnerre et les vens, Les propres qualitez des mois s’entresuivans Ont leurs cours et leur estre, et qui par destinees, Des empires avez les puissances bornees, Leurs ages et leurs temps, et qui ne changeant point Changez tout, sans tenir nulle chose en un poinct328 ; Vous avez élevé jusques au ciel qui tonne La Romaine grandeur par l’effort de Bellonne, Maistrisant l’univers d’une horrible fierté, L’univers captivant veuf de sa liberté. Toutefois aujourd’huy cette orgueilleuse Rome, Sans bien, sans liberté, ploye au vouloir d’un homme : Son empire est à moy, sa vie est en mes mains ; Je commande, monarque, au monde et aux Romains ; Je fay tout, je peux tout, je lance ma parole, Comme un foudre bruyant, de l’un à l’autre pole : Egal à Jupiter, j’envoye le bonheur Et malheur où je veux, sur Fortune seigneur. […] Charlemagne Les sceptres des grands Roys viennent du Dieu supréme, C’est luy qui ceint nos chefs d’un royal diadéme, Qui nous fait, quand il veut, regner sur l’Univers, Ét, quand il veut, fait choir nostre empire à l’envers. […] Qu’un autre l’ait fondée et ceinte de murailles, Qu’un autre ait faict l’empire en ses murs résider : Vous, vous l’avez sauvée au milieu des batailles, Et sauver une ville est plus que la fonder.
Mais à la fin ils succombèrent sous la puissance formidable de ces maîtres du monde ; et leur empire fut totalement détruit l’an 228 de J.
Sa valeur et ses autres qualités guerrières, ainsi que celles de son cœur, le firent adopter et associer à l’empire par Nerva, après la mort duquel il fut proclamé empereur des Romains, l’an 98 de J.
« Si l’on s’étonnait, par le passé, que dans une république aussi puissante, et dans un aussi illustre empire, il se rencontrât si peu de citoyens assez fermes, assez intrépides, pour oser dévouer leur personne et leur vie au salut de l’état et au maintien de la liberté commune ; que l’on s’étonne bien plus aujourd’hui de rencontrer encore de braves et généreux citoyens, que de trouver des hommes timides et plus occupés d’eux-mêmes que des intérêts de la patrie. […] « Voici, dit-il, les fondements de cette tranquillité glorieuse ; voici les objets que les principaux de l’état doivent défendre, au péril même de leur vie : la religion, le pouvoir des magistrats, l’autorité du sénat, les usages de nos ancêtres, les lois, les tribunaux, les formes judiciaires, le crédit public, les provinces, les alliés, la gloire de cet empire, la discipline militaire, le trésor.
Ni les troubles, Zénobie 1, qui agitent votre empire, ni la guerre que vous soutenez virilement contre une nation puissante depuis la mort du roi votre époux, ne diminuent rien de votre magnificence : vous avez préféré à toute autre contrée les rives de l’Euphrate pour y élever un superbe édifice : l’air y est sain et tempéré, la situation en est riante ; un bois sacré l’ombrage du côté du couchant ; les dieux de Syrie, qui habitent quelquefois la terre, n’y auraient pu choisir une plus belle demeure ; la campagne autour est couverte d’hommes qui taillent et qui coupent, qui vont et qui viennent, qui roulent ou qui charrient le bois du Liban, l’airain et le porphyre ; les grues2 et les machines gémissent dans l’air, et font espérer, à ceux qui voyagent vers l’Arabie3, de revoir à leur retour en leurs foyers ce palais achevé, et dans cette splendeur où vous désirez de le porter, avant de l’habiter vous et les princes vos enfants. […] L’Angleterre, la Hollande et l’empire.
A nos yeux attentifs que le spectacle change : Retournons sur la terre, où jusque dans la fange L’insecte nous appelle, et, certain de son prix, Ose nous demander raison de nos mépris2… De l’empire de l’air cet habitant volage, Qui porte à tant de fleurs son inconstant hommage Et leur ravit un suc qui n’était pas pour lui, Chez ses frères rampants qu’il méprise aujourd’hui, Sur la terre autrefois traînant sa vie obscure, Semblait vouloir cacher sa honteuse figure. […] Telle est de l’univers la constante harmonie : De son empire heureux la discorde est bannie ; Tout conspire pour nous, les montagnes, les mers, L’astre brillant du jour, les fiers tyrans des airs.
Partout, soit que ses idées et ses paroles montent vers le supérieur auquel il rend compte, ou descendent sur les subordonnés qui lui obéissent, elles sont également nettes, pratiques, décisives, également empreintes de cet empire que donnent la vérité et la nécessité à l’homme qui se présente en leur nom. […] Elle apporte leur palme aux héros qui succombent, Du char des conquérants brise le frêle essieu, Marche en rêvant au bruit des empires qui tombent, Et dans tous les chemins montre les pas de Dieu.
Il erra pendant sept ans sur les mers, et aborda enfin en Italie, où il épousa Lavinie, fille du roi Latinus, et fonda un nouvel empire des Latins, qui fut le berceau de celui de Rome.
Pluton sort de son trône ; il pâlit et s’écrie : Il a peur que ce dieu, dans cet affreux séjour, D’un coup de son trident ne fasse entrer le jour, Et par le centre obscur de la terre ébranlée Ne fasse voir du Styx la rive désolée, Ne découvre aux vivants cet empire odieux, Abhorre des mortels et craint même des dieux. […] esclave dans l’Épire, Je lui donne son fils, mon âme, mon empire ; Et je ne puis gagner dans son perfide cœur D’autre rang que celui de son persécuteur ? […] César et Henri IV Tous deux avaient reçu de la nature une âme élevée et sensible, un génie également souple et profond dans les affaires politiques, de grands talents pour la guerre ; tous deux furent redevables de l’empire à leur courage et à leurs travaux : tous deux pardonnèrent à leurs ennemis, et finirent par en être les victimes : tous deux connaissaient le grand art de s’attacher les hommes et de les employer ; art le plus nécessaire de tous à quiconque commande ou veut commander : tous deux étaient adorés de leurs soldats, et mêlaient les plaisirs aux fatigues militaires et aux intrigues de l’ambition. […] quel empire sur ses passions ! […] Et que, pour signaler son empire nouveau, On lui fasse en mon sein enfoncer le couteau !
. — Le dernier siècle du moyen âge, qui, sur les ruines de la féodalité, éleva partout en Europe le pouvoir royal, qui vit tomber sur les bords du Bosphore le dernier empire survivant au monde antique, qui découvrit l’Amérique, inventa l’imprimerie et introduisit les Français dans l’Italie, la première héritière des arts et des lettres de l’antiquité, — légua au premier siècle des temps modernes des maîtres, les savants Grecs chassés de Constantinople par la conquête musulmane ; une bibliothèque naissante, les livres qui, de toutes parts, sortent de la poussière des couvents ; des imprimeries infatigables à les multiplier et à les repandre ; et l’exemple de l’Italie de Pétrarque, de Dante, de Boccace, d’Aricste, de Machiavel. […] Et ne mit-il pas encore une fois l’empire en plus grand hasard qu’il n’avoit été par les pertes de la bataille de Leipsick et de celle de Lutzen ? […] Que si ensuite de tout cela, pour achever de perdre toutes choses, les chefs qui commandoient l’armée de nos alliés devant Nordlingen donnèrent la bataille à contre-temps312, étoit-il au pouvoir de M. le Cardinal, étant à deux cents lieues de là, de changer ce conseil et d’arrêter la précipitation de ceux qui, pour un empire (car c’étoit le prix de cette victoire), ne voulurent pas attendre trois jours ? […] Elle a besoin de son appui pour les événemens qu’elle traite ; et comme ils n’ont de l’éclat que parcequ’ils sont hors de la vraisemblance ordinaire, ils ne seroient pas croyables sans son autorité, qui agit avec empire, et semble commander de croire ce qu’elle veut persuader.
Je vous aimais, Iris, et j’osais vous le dire : Les dieux, à mon réveil, ne m’ont pas tout ôté : Je n’ai perdu que mon empire. […] En voici les premiers couplets : Tendre fruit des pleurs de l’Aurore, Objet des baisers du Zéphyr, Reine de l’empire de Flore, Hâte-toi de t’épanouir.
parce qu’il a un génie qui doit faire honneur à l’empire romain (Cicer., pro Archiâ) ; voilà le judiciaire uni au démonstratif. […] Mais l’empereur a pour le défendre son imposante dignité, l’empire romain ses autres armées. […] Dites d’une façon prétentieuse : « Mon ami est descendu dans le sombre empire des morts, et moi je jouis encore de la lumière du jour » vescor aura , comme dit le poète, elle cessera absolument de l’être. […] Le sceptre ou le diadème se prennent pour la royauté, le trident pour l’empire maritime, la robe pour la magistrature. […] Cette saillie présente d’un seul trait l’étendue de l’empire d’Alexandre et l’immensité de sa puissance.
Mon bras qu’avec respect toute l’Espagne admire, Mon bras, qui tant de fois a sauvé son empire, Tant de fois affermi le trône de son roi, Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi ? […] Vous étalez en vain vos charmes impuissants ; Vous me montrez en vain par tout ce vaste empire Les ennemis de Dieu pompeux et florissants. […] Je la voudrais pour eux perdre dans un combat ; Je sais quel en est l’heur, et quelle en est la gloire : Des aïeux de Décie on vante la mémoire ; Et ce nom, précieux encore à vos Romains, Au bout de six cent ans lui met l’empire aux mains.
« Une fatale révolution, une rapidité que rien n’arrête, entraîne tout dans les abîmes de l’éternité ; les siècles, les générations, les empires, tout va se perdre dans ce gouffre ; tout y entre et rien n’en sort : nos ancêtres nous en ont frayé le chemin et nous allons le frayer dans un moment à ceux qui viennent après nous : ainsi les âges se renouvellent, ainsi la figure du monde change sans cesse : ainsi les morts et les vivants se succèdent et se remplacent continuellement : rien ne demeure, tout s’use, tout s’éteint. […] L’antithèse entre la gloire et la chute d’un empire, d’un souverain, d’un héros, ne peut manquer d’être énergique, c’est-à-dire de produire sur l’âme une impression vive et profonde.
Mais qu’au lieu du mot Dieu, Bossuet dise avec sa parole magnifique : « Celui qui règne dans les cieux et de qui relèvent tous les empires, à qui seul appartient la gloire, la majesté et l’indépendance, » il explique par cette périphrase comment et pourquoi Dieu « est aussi le seul qui se glorifie de faire la loi aux rois, et de leur donner, quand il lui plaît, de grandes et de terribles leçons. » Que Racine désigne Dieu par ces mots : Celui qui met un frein à la fureur des flots, nous concluons du plus au moins ou du même au même que celui-là Sait aussi des méchants arrêter les complots. […] C’est dans Iphigénie : Il me représenta l’honneur et la patrie, Tout ce peuple, ces rois à mes ordres soumis, Et l’empire d’Asie à la Grèce promis ; De quel front immolant tout l’Etat à ma fille, Roi sans gloire, j’irais vieillir dans ma famille… 110.