Un dernier moyen de développement, c’est d’opposer au fait dont on parle des faits qui en diffèrent plus ou moins. […] Mais écoutez Cicéron, lorsque des citoyens romains, des citoyens innocents, au mépris du droit des gens et des lois, sont battus de verges ou livrés au dernier supplice : quelles plaintes il fait entendre ! […] Ce n’est plus Virgile que vous écoutez ; vous êtes trop attentif aux dernières paroles de la malheureuse Didon pour penser à lui. […] III), que sans l’action, c’est-à-dire sans l’art de débiter un discours, un habile orateur pouvait tomber au dernier rang, tandis qu’avec elle un orateur médiocre pouvait vaincre les plus habiles. […] C’est un travail purement mécanique que d’apprendre littéralement un discours, depuis le premier mot jusqu’au dernier.
On le surnomma Brutus, parce qu’il contrefit le stupide et l’insensé, pour échapper à la cruauté du dernier de ces Tarquins, qui avoit fait mourir son père et son frère aîné.
La carrière de l’éloquence sacrée a été courue parmi nous avec les plus brillants succès, depuis le commencement du dernier siècle des arts. […] Delà vient que le Prince de Condé valait seul à la France des années entières ; que devant lui les forces ennemies les plus redoutables s’affaiblissaient visiblement par la terreur de son nom ; que sous lui nos plus faibles troupes devenaient intrépides et invincibles ; que par lui nos frontières étaient à couvert, et nos provinces en sûreté ; que sous lui se formaient et s’élevaient ces soldats aguerris, ces officiers expérimentés, ces braves dans tous les ordres de la milice, qui se sont depuis signalés dans nos dernières guerres, et qui n’ont acquis tant d’honneur au nom français, que parce qu’ils avaient eu ce Prince pour Maître et pour Chef ». […] Il est mort en parfait Chrétien, parce qu’il a consacré les derniers moments de sa vie, par tout ce que la religion peut inspirer de plus saint et de plus tendre à un cœur fervent ». […] Notre barreau a été en proie à la barbarie jusques vers les dernières années du règne de Louis XIII. […] On croira même ajouter quelque chose à la gloire de notre auguste monarque, lorsqu’on dira qu’il a estimé, qu’il a honoré de ses bienfaits cet excellent génie ; que même deux jours avant sa mort, et lorsqu’il ne lui restait qu’un rayon de connaissance, il lui envoya encore des marques de sa libéralité ; et qu’enfin, les dernières paroles de Corneille ont été des remerciements pour Louis-le-Grand ».
Racine, Andromaque, scène dernière. […] Les deux derniers sont empreints d’une originalité piquante ; et l’on n’en sera point étonné, quand on saura que les auteurs sont deux poètes gascons. […] C’est ainsi que Lusignan insiste avec force sur la naissance de Zaïre, sa fille, pour la ramener à la religion de ses pères : Ma fille, tendre objet de mes dernières peines, Songe au moins, songe au sang qui coule dans tes veines : C’est le sang de vingt rois, tous chrétiens comme moi, C’est le sang des héros défenseurs de ma loi, C’est le sang des martyrs…………………… Voltaire, Zaïre. […] Andrieux dans le Meunier Sans-Souci a rendu ainsi la pensée contenue dans les deux derniers vers précédents : Le commun caractère est de n’en point avoir : Le matin incrédule, on est dévot le soir. […] Dans la plupart des hommes, les changements se font peu à peu, et la mort les prépare ordinairement à son dernier coup.
Les dernières années de Villars furent encore utiles à l’état.
La Bruyère brille surtout dans ce genre de style, comme le prouve l’exemple suivant : « Cliton n’a jamais eu toute sa vie que deux affaires, qui sont de dîner le matin et de souper le soir ; il ne semble né que pour la digestion : il n’a même qu’un seul entretien : il dit les entrées qui ont été servies au dernier repas où il s’est trouvé, il dit combien il y a eu de potages, et quels potages ; il place ensuite le rôt et les entremets… C’est un personnage illustre dans son genre, et qui a poussé le talent de se bien nourrir jusqu’où il pouvait aller… Mais il n’est plus : il s’est du moins fait porter à table jusqu’au dernier soupir ; il donnait à manger le jour où il est mort. […] Pour bien sentir ce que c’est que la période, relisons, dans l’oraison funèbre du grand Condé, par Bossuet, ce fragment de la péroraison : « Pour moi, s’il m’est permis ; après tous les autres, de venir rendre les derniers devoirs à ce tombeau, ô prince, le digne objet de nos louanges et de nos regrets, vous vivrez éternellement dans ma mémoire ; votre image y sera tracée, non point avec cette audace qui promettait la victoire ; non, je ne veux rien voir en vous de ce que la mort y efface ; vous aurez dans cette image des traits immortels : je vous verrai tel que vous étiez à ce dernier jour, sous la main de Dieu, lorsque sa gloire sembla commencer à vous apparaître… » On voit qu’ici toutes les idées, quoique distinctes, s’enchaînent et forment un ensemble harmonieux : telle est la période. […] Bossuet, en parlant des siècles d’idolâtrie, a une expression sublime quand il dit : « Tout était dieu, exempté Dieu lui-même. » Citons, comme dernier exemple, ces vers de Racine, dont le dernier est sublime : J’ai vu l’impie adoré sur la terre : Pareil au cèdre, il cachait dans les cieux Son front audacieux ; Il semblait à son gré gouverner le tonnerre, Foulait aux pieds ses ennemis vaincus : Je n’ai fait que passer, il n’était déjà plus. […] Ma fille, tendre objet de mes dernières peines, Songe au moins, songe au sang qui coule dans tes veines : C’est le sang de vingt rois, tous chrétiens comme moi ; C’est le sang des héros, défenseurs de ma loi ; C’est le sang des martyrs… Voltaire.
Ainsi, dans ce vers de Boileau, l’e muet du dernier mot ne compte pas : N’offrez rien au lecteur que ce qui peut lui plaire. […] Par conséquent, il peut être faible dans les cinq ou six dernières espèces de vers. […] Elle est encore riche lorsqu’elle s’appuie sur la même consonne, ou sur une consonne ayant le même son, c’est-à-dire, lorsqu’il y a entière conformité de son et de lettres dans la syllabe finale pour le vers masculin, et dans les deux dernières pour le vers féminin, comme procès, succès, enfant, triomphant, honneur, empoisonneur, etc. […] Nous ne parlerons ici que des deux dernières sortes de licences, la première ayant été traitée dans l’article précédent.
Or il suffit de jeter les yeux sur ces dernières pour voir qu’elles se rapprochent plus de Teniers lui-même que de Raphaël, par exemple. […] Etudiez les prosateurs français qui ont le mieux connu le génie de la langue : au xvie siècle, Amyot, Montaigne, du Bellay ; au xviie , Pascal, Bossuet, Fléchier, la Bruyère, madame de Sévigné ; malgré les reproches que la critique a pu adresser aux trois derniers, je les recommande pour l’excellence de leur forme ; au xviiie , les quatre maîtres, Voltaire, Rousseau, Buffon et Montesquieu ; j’ajouterais volontiers le duc de Saint-Simon lu avec prudence.
Le grand ressort du pathétique serait alors la représentation de la mort, surtout celle du dernier supplice. […] Encore quelques jours peut-être, la voix, la seule voix qui disait son nom parmi les hommes et le sauvait de l’oubli, sera muette, et Santa-Rosa sera mort une seconde et dernière fois.
Comme il prononçait les derniers mots de la prière, le vent cesse de souffler, la flamme s’éteint, le péril cesse. […] Regnier croit que sa dernière heure est venue. […] Ces paroles, les dernières surtout, émeuvent profondément Eugène. […] Damon demanda au tyran la permission d’aller les embrasser une dernière fois, et promit d’être, sous quatre jours, à Syracuse, pour subir son arrêt. […] Son courage, au dernier moment, ne se démentit pas.
Les rhéteurs ont donné à ces dernières expressions le nom de figures ; leur ensemble forme ce qu’on appelle le style figuré. […] ce n’est pas un dernier chant Que ces vers que je viens de lire ! […] L’envoi se compose de cinq vers écrits sur des rimes semblables à celles des cinq derniers vers de chaque strophe, et disposés de la même façon. […] 3° Le dénouement a lieu au dernier par une péripétie dans la comédie, par une catastrophe dans la tragédie. […] Ces trois derniers comiques n’ont écrit qu’en prose.
Tout ce chapitre est condamné par Ritter : 1° parce qu’il interrompt les belles analyses d’Aristote sur l’action tragique 2° parce qu’il ne contient que des définitions sèches et superficielles 3° parce que les premières lignes et les dernières trahissent la main d’un interpolateur, qui veut faire l’important et rattacher de son mieux sa maigre science au texte du philosophe. — Voy.
L'homme pauvre, s'il appartient aux dernières classes de la société, et s'il est dépourvu de talents, est timide et rampant quand il est sans appui ; mais, enhardi par l'impunité, il est audacieux et bassement cruel. […] La période est une pensée principale qui, avec les pensées accessoires qui en dépendent, forme un sens qui ne se termine qu'au dernier repos, lequel est commun à toutes. […] Le Brun la lui renvoya après avoir ajouté une apostrophe à l'm du dernier mot. […] Ma fille, tendre objet de mes dernières peines, Songe au moins, songe au sang qui coule dans tes veines : C'est le sang de vingt rois, tous chrétiens comme moi ; C'est le sang des héros, défenseurs de ma loi ; C'est le sang des martyrs. […] Sais-tu bien qu'à l'instant que son flanc mit au jour Ce triste et dernier fruit d'un malheureux amour, Je la vis massacrer par la main forcenée, Par la main des brigands à qui tu t'es donnée ?
Ma fille, tendre objet de mes dernières peines, Songe au moins, songe au sang qui coule dans tes veines. […] il ne faut pas l’en louer ici, il faut l’en plaindre : quelque glorieuse que fût la source dont il sortait, l’hérésie des derniers temps l’avait infectée. […] Elle viendra, dit Bossuet, cette heure dernière ; elle approche, nous y touchons, la voilà venue. […] La période est donc la réunion de plusieurs propositions tellement liées les unes aux autres que le sens complet demeure suspendu jusqu’à un dernier et parfait repos. […] Quelque glorieuse que fût la source dont il sortait, l’hérésie des derniers temps l’avait infectée.
Les pierres et les métaux polis par notre art ne sont pas comparables à ce bijou de la nature : elle l’a placé dans l’ordre des oiseaux au dernier degré de l’échelle de grandeur. […] Le bruit et le vol des oiseaux devenaient rares, l’air s’agitait à travers un feuillage moins épais ; peu à peu même les arbres s’enfuyaient au-dessous de nous dans une perspective lointaine, et un gazon sans fleurs nous restait comme un dernier vestige de grâce et de fécondité. […] Rappelons ces beaux vers de M. de Lamartine sur le chant du cygne : Les poëtes ont dit qu’avant sa dernière heure En sons harmonieux le doux cygne se pleure ; Amis, n’en croyez rien ; l’oiseau mélodieux D’un plus sublime instinct fut doué par les dieux Du riant Eurotas près de quitter la rive, L’âme, de ce beau corps à demi fugitive.
Ces deux derniers vers renferment une pensée très forte, parce que l’objet qu’elle représente, fait une impression des plus vives et des plus profondes. […] Cette cadence nombreuse doit accompagner les chutes de chaque incise et de chaque membre, et se faire sentir surtout à celle du dernier. […] Ma fille, tendre objet de mes dernières peines, Songe au moins, songe au sang qui coule dans tes veines. […] Sais-tu bien qu’à l’instant que son flanc mit au jour Ce triste et dernier fruit d’un malheureux amour, Je la vis massacrer par la main forcenée, Par la main des brigands à qui tu t’es donnée ?
« Pendant ces dernières années, quel endroit, dans toute l’étendue de la mer, a été assez fortifié par l’art, pour qu’on y fût en sûreté ; assez défendu par la nature, pour qu’on y échappât à la violence ? […] « Pompée est d’un accès si facile pour les particuliers même, il écoute avec tant de bonté les plaintes de chacun, que, supérieur par sa dignité aux plus grands personnages, on le dirait, par son affabilité, l’égal du dernier des hommes.
avez-vous lu mon dernier mandement ? […] Quand, dans la Bruyère, cette veuve a raconté tous les détails de la longue maladie et des derniers moments de son mari, et que le Distrait, qui a paru l’écouter avec la plus grande attention, lui répond sérieusement : « N’aviez-vous que celui-là ?
« Je suppose que ce soit ici notre dernière heure à tous ; que les cieux vont s’ouvrir sur nos têtes ; que le temps est passé, et que l’éternité commence ; que Jésus-Christ va paraître, pour nous juger selon nos œuvres, et que nous sommes tous ici, pour attendre de lui l’arrêt de la vie ou de la mort éternelle. […] Il ajoute qu’à peine Massillon eut prononcé ces dernières paroles, qu’un transport de saisissement s’empara de tout l’auditoire : presque tout le monde se leva à moitié par un mouvement involontaire.
Je fus hier au Buron1, j’en revins le soir ; je pensai pleurer en voyant la dégradation de cette terre : il y avait les plus vieux bois du monde ; mon fils, dans son dernier voyage, y a fait donner les derniers coups de cognée.
Rousseau, Bernardin de Saint-Pierre, Chateaubriand, ont ramassé les dernières gerbes et nous ont à peine laissé à glaner. […] N’a-t-elle pas les derniers restes de la barbarie à dissiper et tout un monde d’âmes et d’esprits à affranchir de l’ignorance ?