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32. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XX. des qualités accidentelles du style. — élégance, finesse, naiveté, enjouement  » pp. 274-288

L’un deux, s’ennuyant au logis, Fut assez fou pour entreprendre Un voyage en lointain pays… Mais ce choix même, qui constitue l’élégance, suppose un travail scrupuleux et une grande attention de détail, et c’est pourquoi l’élégance n’est pas une qualité essentielle. […] Voyez Racine ; quand il est forcé de mettre en scène des personnages moins tragiques, moins intéressants que les autres, ne sait-il pas les faire passer à la faveur de cette élégance soutenue, qui souvent donne un charme aux idées les plus vulgaires, aux détails les plus insignifiants ? […] Quand, dans la Bruyère, cette veuve a raconté tous les détails de la longue maladie et des derniers moments de son mari, et que le Distrait, qui a paru l’écouter avec la plus grande attention, lui répond sérieusement : « N’aviez-vous que celui-là ? 

33. (1853) Exercices de composition et de style ou sujets de descriptions, de narrations de dialogues et de discours

Quelques détails. […] Vous entrerez à ce sujet dans quelques détails. […] Donnez quelques détails. […] Vous inventerez des détails. […] Détails.

34. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre troisième. De l’élocution. »

On n’aime pas à lire un auteur qui entre dans trop de détails et ne laisse rien à deviner. […] je sais tout cela, ce n’est pas en restant chez vous que vous avez fait votre visite, je me perds dans vos détails ; soyez précis. […] Personne n’ignore ce détail, il eût rendu la narration moins rapide. […] C’est ainsi que souvent un mot qui fait image demande et obtient grâce pour un détail superflu. […] On comprend qu’il serait impossible d’entrer dans un pareil détail s’il s’agissait d’un morceau un peu étendu.

35. (1879) L’art d’écrire enseigné par les grands maîtres

Mais quel moyen de connaître en détail les gestes et les inflexions de voix conformes à la nature ? […] C’est ainsi qu’il faudrait louer les saints en montrant le détail de leurs sentiments et de leurs actions. […] Mais il faut avouer que les Grecs poussaient encore plus loin le détail, et suivaient plus sensiblement la nature. A cause de ce grand détail, bien des gens, s’ils l’osaient,.trouveraient Homère trop simple. […] Je vis que les ouvrages qu’il critique le plus en détail sont ceux qui en tout lui plaisent davantage.

36. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre IX. Parallèle des Oraisons funèbres de Condé, par Bossuet et de Turenne, par Fléchier et Mascaron. »

Mais avant d’entrer dans le détail de ces discours, il est indispensable de faire connaître les héros qui en étaient l’objet, et c’est Bossuet lui-même qui va nous en tracer le parallèle. […] Voilà pourquoi l’homme d’esprit se tire à merveille d’une foule de morceaux de détails, de petites circonstances qu’il a le talent d’embellir, et où l’homme qui n’a que du génie échoue assez ordinairement.

37. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre II. De l’emploi des figures dans les écrivains sacrés. »

Ainsi Homère et Virgile ont pu, sans blesser la majesté épique, comparer tantôt le nombre, l’ardeur et l’impatience des Grecs ou des Troyens à des essaims d’abeilles : tantôt redescendre à des détails petits en apparence, et relever cette petitesse prétendue par la noblesse d’une comparaison. Voltaire, qui écrivait dans un temps et chez un peuple observateur bien plus scrupuleux des bienséances, n’a pas craint de comparer, dans sa Henriade, les troupes françaises à une meute de chiens : sûr de la justesse de la comparaison et du rapport vrai des idées, il ne restait plus qu’à ennoblir les détails par la richesse et l’harmonie de la diction ; et c’est l’art des grands poètes. […] Entrons dans le détail de tant de beautés réunies.

38. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre premier. De l’invention. »

Sans cela le meilleur écrivain s’égare ; au milieu de couleurs brillantes, de détails admirables, on reconnaît que l’ouvrage n’est point construit, et on accuse l’auteur de manquer d’invention. […] Que le fond de ce sujet soit conforme à ce que tout le monde a lu ; mais rien ne vous empêche de créer, de développer des détails. […] Qu’on médite attentivement son sujet, qu’on se pénètre profondément de sa matière, qu’on l’envisage sous toutes ses faces, qu’on en étudie tous les détails, et l’on trouvera assez de preuves intrinsèques ; qu’on enrichisse son esprit des connaissances nécessaires à la matière que l’on traite, qu’on lise avec attention les auteurs qui ont écrit sur le même sujet, et les preuves extrinsèques se présenteront en foule.

39. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Mme de Sévigné. (1626-1696.) » pp. 48-53

Je vous écrivis vendredi qu’il s’était poignardé ; voici l’affaire en détail : le roi arriva le jeudi au soir ; la promenade, la collation dans un lieu tapissé de jonquilles, tout cela fut à souhait. […] Pour plus de détails sur sa mort, qui fut causée par sa témérité, on peut voir une autre lettre de madame de Sévigné à sa fille, datée du 3 juillet 1672.

40. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre VI. Contes, romans, nouvelles. »

La nouvelle ne se distingue pas, non plus, au fond, du conte ou du roman : dans l’usage ordinaire, c’est un roman de petite dimension, dont le sujet est présenté comme tout à fait nouveau, au moins comme peu ancien, où l’on donne surtout une forme ou des détails inconnus jusqu’ici. […] Dans le roman historique, on fait assister l’un des personnages à une action réelle et connue, dont il peut ensuite nous rapporter des détails que l’histoire néglige presque toujours.

41. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre II. Des qualités du style » pp. 79-118

Da même que dans les pensées naïves il faut éviter ce qu’on appelle une naïveté, ainsi que des manières de voir trop basses et trop communes, de même, dans le style, il faut se garder d’employer des expressions triviales et grossières, de rapporter des détails frivoles et inutiles, et de dire des choses d’une naïveté que Rousseau appelle puérile. […] Nous donnerons seulement ici quelques détails sur l’énergie, la véhémence et la magnificence, qui caractérisent particulièrement ce genre de style. […] Nous renvoyons, pour les détails et les exemples, aux pensées, aux sentiments et aux images sublimes. […] Il a plus ou moins de simplicité ou de grandeur, suivant la nature du sujet ; et dans les diverses parties du sujet même, il s’élève ou se tempère encore, il se varie avec chaque détail en conservant l’unité de l’ensemble.

42. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XVII. les qualités essentielles du style. — propriété, précision, naturel  » pp. 230-239

La glorification du vague et de la périphrase, la froideur, la pesanteur, la monotonie, la nécessité de se renfermer presque toujours dans des généralités communes, d’éviter le détail et le spontané, c’est-à-dire les éléments les plus actifs de l’originalité et de la vérité. […] Sans doute l’école qui s’est nommée romantique, avec son ridicule abus du détail, de l’entrain et de la personnalité, a donné dans un autre extrême, et sa rudesse inconvenante nous a souvent fait regretter le vague et le guindé du xviiie  siècle.

43. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie —  Vauvenargues, 1715-1747 » pp. 336-343

Il avait l’esprit sûr et judicieux dans sa sphère, mais sans finesse et sans profondeur ; le goût des détails, une assez longue expérience des choses du monde, la mémoire prompte, fidèle, et un coup d’œil assez vif, mais au delà duquel il ne voyait plus. […] Je m’informe curieusement de tout le détail de sa vie ; s’il a fait des fautes, je les excuse, parce que je sais qu’il est difficile à la nature de tenir toujours le cœur des hommes audessus de leur condition.

44. (1865) Cours élémentaire de littérature : style et poétique, à l’usage des élèves de seconde (4e éd.)

Les sujets les plus simples, les détails même les plus petits ont une noblesse qui leur est propre et que le goût sait très bien discerner. […] Point de longueurs en ce moment décisif, point de retours fatigants sur les détails de l’action. […] L’orateur se permet plus de détails, mais il doit finir sa description aussitôt que son but est atteint. […] Rejetez donc les détails sans importance, et tout ce qui ne laisse pas dans l’esprit une forte impression. […] Remarquons, en passant que la morale ne peut approuver ces ouvrages ni dans leurs détails, ni dans leur ensemble et leur but principal.

45. (1852) Précis de rhétorique

Il ne faut pas dans la confirmation prouver ce qui est clair, épuiser une preuve suffisamment saisie par l’auditeur, ni relever des détails futiles et surabondants. […] Donnez-nous quelques détails de plus. 5. […] Une lettre de nouvelles est l’exposé d’un fait réduit à sa plus grande simplicité, sans détails piquants ni petites circonstances. […] L’imagination est seule maîtresse de l’invention et de tous les détails du fait. […] Elle n’exige pas une étude sévère des faits, et abandonne presque tous les détails aux caprices de l’imagination.

46. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre X. Petits poèmes. »

Ainsi, dans la fable du Loup devenu Berger : Il s’habille en berger, endosse un hoqueton,         Fait sa houlette d’un bâton,         Sans oublier la cornemuse ;         Pour pousser jusqu’au bout la ruse, Il aurait volontiers écrit sur son chapeau : « C’est moi qui suis Guillot, berger de ce troupeau. » L’auteur a cherché et trouvé un grand nombre de détails tout à fait propres à la situation même qu’il veut peindre. […] Il est vrai qu’il n’est pas poète, que le style lui manque souvent, qu’il n’y a presque jamais rien de piquant dans son expression, qu’il ne sait trouver ni rendre ces détails qui font presque tout le prix des fables de La Fontaine ; mais ses sujets sont quelquefois si heureux, si originaux, et la morale en découle si nettement, qu’il a certainement son rang parmi les premiers de nos fabulistes. […] Comme La Fontaine, il a emprunté à d’autres presque tous ses sujets : mais ils sont si ingénieux, il les a si bien arrangés, il est si heureux dans le choix et l’expression des détails, quoique loin encore de son modèle, qu’on ne saurait le lire sans éprouver cette sorte de satisfaction et de surprise qui résulte d’une chose exactement faite, où toutes les parties sont parfaitement coordonnées, et assemblées correctement. […] Mais il faut faire un choix de ce que l’on admettra, et se souvenir que tout ce qui se passe à la campagne n’est pas digne d’entrer dans l’églogue ; on ne doit en prendre que ce qui est de nature à plaire ou à intéresser ; par conséquent, il faut en exclure les grossièretés, les choses dures ou triviales, les menus détails, en un mot tout ce qui n’a rien de piquant ni de doux. […] Elle admet le récit des faits les plus ordinaires, les plus petits détails, la description des objets les plus communs, pourvu que tout y soit exprimé avec grâce.

47. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre VIII. de la disposition. — unité, enchainement des idées  » pp. 98-117

Quelque brillantes que soient les couleurs qu’il emploie, quelques beautés qu’il sème dans les détails, comme l’ensemble choquera, ou ne se fera pas assez sentir, l’ouvrage ne sera point construit… C’est par cette raison que ceux qui écrivent comme ils parlent, quoiqu’ils parlent bien, écrivent mal ; que ceux qui s’abandonnent au premier feu de leur imagination prennent un ton qu’ils ne peuvent soutenir ; que ceux qui craignent de perdre des pensées isolées, fugitives, et qui écrivent en différents temps des morceaux détachés, ne les réunissent jamais sans transitions forcées ; qu’en un mot il y a tant d’ouvrages faits de pièces de rapport, et si peu qui soient fondus d’un seul jet. » Les interruptions, les repos, les sections peuvent être utiles au lecteur, elles le délassent et lui indiquent les temps d’arrêt, mais il ne doit pas y en avoir dans l’esprit de l’auteur. […] Il suffit qu’il puisse jeter sur le papier les idées premières ; une foule de détails viennent dans l’exécution. […] On pourrait encore analyser en ce sens quelques morceaux de poésie, réputés classiques, parce que les détails en sont réellement admirables, mais qui ne résistent pas à l’examen de quiconque s’attache à la liaison des idées, et veut voir un ensemble, une suite, une certaine logique, même dans les transports les plus capricieux de l’imagination.

48. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Racine. (1639-1699.) » pp. 83-90

Cependant il est merveilleux que, parmi les soins d’une guerre qui a dû, ce semble, l’occuper tout entier, ce prince soit encore entré dans le détail du gouvernement de son État, et qu’on l’ait vu aussi appliqué aux besoins particuliers de ses sujets que si toutes ses pensées avaient été renfermées au dedans de son royaume. […] Partout on peut constater, ce qui est le caractère des hommes de génie, que Louis XIV ne négligeait aucun détail, qu’il voulait tout voir et tout savoir, et qu’il y réussissait.

49. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Buffon, 1707-1788 » pp. 175-184

Je lis dans Joubert : « Buffon a du génie pour l’ensemble, et de l’esprit pour les détails ; mais il y a en lui une emphase cachée, un compas toujours trop ouvert. » 1. […] Fuyez de ces auteurs l’abondance stérile, Et ne vous charges point d’un détail inutile.

50. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Thiers. Né en 1797. » pp. 513-521

Thiers est un vulgarisateur éminent1 qui, dans ses vastes et dramatiques tableaux, sait à la fois embrasser un plan général, et descendre aux moindres détails, avec une précision toujours instructive même pour les lecteurs les plus compétents. […] « Abondante, aisée, simple et lumineuse, son éloquence sait prêter un intérêt qui captive aux arides détails des affaires les plus compliquées, parcourir sans s’égarer tous les détours des questions les plus vastes, répandre sur les plus obscures le jour éclatant de l’évidence, semer comme en se jouant sur sa route les vérités brillantes et les mouvements heureux, et, cachant une méthode réfléchie sous les dehors d’une improvisation facile, déployer un art d’autant plus savant qu’il conserve tout le charme de l’abandon et tout l’entraînement du naturel ; reproduire enfin cette grandeur négligée qu’on admirait dans M.

51. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Seconde partie. Moyens de former le style. — Chapitre Ier. Des exercices préparatoires à la composition » pp. 209-224

C’est ainsi que Virgile a pris dans le poème des Argonautes, d’Apollonius de Rhodes, l’idée de l’épisode de Didon, même avec assez de détails ; c’est ainsi que Corneille a imité Sénèque dans la scène d’Auguste avec Cinna ; que Voltaire, dans la Mort de César, a embelli Shakespeare, etc. […] Le plus souvent elle sert à relever les choses communes et les petits détails, ou à adoucir des expressions dures ou choquantes.

52. (1883) Poétique et Rhétorique (trad. Ruelle)

Le détail particulier c’est, par exemple, ce qu’a fait Alcibiade ou ce qui lui a été fait. […] C’est dans les traités de métrique qu’il convient de considérer ces divers points en détail. […] sur quelque détail inhérent à l’art, ou bien sur quelque autre fait accidentel ? […] Avant d’entrer dans ces détails, nous définirons le préjudice. […] Ceux qui sont soigneux dans leur personne, dans leur toilette et dans tous les détails de la vie.

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