Sa haine crut avoir enfin trouvé une circonstance favorable dans la perte de la fatale bataille de Chéronée, qui avait abattu la puissance d’Athènes, et rendu Philippe l’arbitre de la Grèce. […] Qu’on ne s’y trompe cependant pas, et disons ici ce que n’ont point dit les rhéteurs, qui n’ont vu et cherché à faire sentir, dans ces discours, que le mérite de la perfection oratoire : le véritable motif de ce concours général de toute la Grèce, était bien moins encore la grande réputation des deux orateurs, que la nature même du débat qui allait dévoiler les ressorts politiques qui avaient dirigé la Grèce dans des circonstances décisives pour elle. […] Le voici : « Je commence, Athéniens, par conjurer tous les dieux et toutes les déesses de vous inspirer pour moi, dans cette circonstance, les sentiments de bienveillance dont je suis moi-même animé pour l’état : je leur demande aussi (et je parle ici pour votre propre gloire) qu’ils vous inspirent de consulter pour la manière dont vous devez m’entendre, non pas mon adversaire, l’injustice serait criante, mais les lois et votre serment ! […] « Parmi tous les avantages qu’Eschine a sur moi, dans cette circonstance, il en est deux surtout qui sont de la dernière importance.
Les grands traits de sagesse et de politique qui brillent dans la conduite de Moïse avec les Hébreux ; le code le plus heureusement adapté aux circonstances locales, au caractère et aux mœurs du peuple auquel il était destiné, ont fait constamment regarder cet homme prodigieux comme le législateur le plus habile et le moraliste le plus profond qui ait jamais donné des lois ou des leçons au genre humain. […] Il était impossible qu’un homme d’un génie aussi supérieur à son siècle et à ses contemporains, n’eût pas fréquemment de ces beaux mouvements de l’éloquence que les circonstances inspirent, et dont nous avons cité et admiré déjà plusieurs traits. […] Mais ce qui nous surprendra davantage dans un siècle aussi reculé, dans un climat presque barbare, et chez des peuples à peine sortis des mains de la nature, c’est de trouver des discours dans la force du terme, des harangues de longue haleine, et qui paraissent avoir été le fruit de la réflexion et du travail, tant on y remarque l’art de mettre à profît toutes les circonstances possibles, de ne dire que ce qu’il faut, et de le dire précisément comme il doit être dit pour produire l’effet que l’on en attend.
Cependant, comme en quelques circonstances, il peut être obligé de blâmer, d’accuser, il ne doit pas ignorer la marche qu’il doit tenir. […] Dans quelles circonstances la preuve par témoins peut-elle être admise, ou doit-elle être rejetée ? […] L’orateur doit aussi avoir égard aux circonstances du temps et du lieu. […] Il est aisé de voir que chacune de ces circonstances veut une forme d’éloquence particulière. […] « Ces circonstances, dit-il, sont inépuisables, quand on veut les approfondir. » (L.
Détaillez quelques circonstances. […] Imaginez des circonstances. […] Vous développerez chacune de ces circonstances. […] Vous imaginerez les circonstances. […] Xénophon débute par un court exorde convenable à la circonstance.
Mais Cicéron louant César ; mais un républicain louant la tyrannie, a quelque chose d’extraordinaire et qui ne s’explique que par les circonstances. […] Peut-être n’a-t-on pas fait assez d’attention à la conduite de Cicéron dans cette circonstance : avec un peu de réflexion, on aurait vu que louer la clémence de César à l’égard de Marcellus, c’était lui faire, pour ainsi dire, une loi de ne plus se démentir de ses principes ; que mettre cette même clémence au-dessus de tous les exploits du vainqueur du monde, c’était lui dire bien formellement, que s’il avait conquis Rome par la force des armes, il ne régnerait sur les Romains que par la douceur et la bienveillance. […] Mais puisque Pompée est le seul dont la vertu ait effacé la gloire des plus grands capitaines de nos jours, et même de tous les siècles passés, comment pourriez-vous balancer dans une circonstance aussi importante ! […] » Quand Pompée serait aujourd’hui dans Rome, sans aucun commandement, il faudrait toujours le choisir pour une guerre si importante, et l’envoyer en Asie : mais puisqu’à tous les avantages que je viens d’exposer, se joint encore cette circonstance favorable, que Pompée est actuellement sur les lieux, qu’il y est avec une armée, et qu’il peut recevoir sur-le-champ le reste de nos troupes des mains de ceux qui les commandent, qu’attendons-nous ?
Il y a même une différence essentielle à observer ici : les actions ne mettent précisément en évidence que le personnage qui agit, tandis que ces discours adressés à tout un peuple, dans une circonstance importante pour lui, nous font d’autant mieux connaître l’esprit et les mœurs de ce peuple, que l’orateur, quel qu’il soit, a dû accommoder son style et ses pensées au langage et aux idées de ceux qui l’écoutaient. […] Nous avons eu occasion d’annoncer déjà Périclès comme orateur : nous allons l’entendre dans l’une des circonstances les plus importantes et les plus délicates de sa longue administration. […] Ils envoyèrent donc à Lacédémone, pour accepter les conditions qu’ils avaient d’abord refusées ; mais leurs députés revinrent sans avoir rien obtenu : le découragement et les murmures furent alors à leur comble ; et telle est la circonstance où Périclès se présente devant eux et leur adresse ce discours. […] Je suis, moi, ce que j’étais alors : je ne change pas, comme vous, au gré des circonstances. […] par votre fermeté au milieu des dangers qui vous pressent, et des maux qui vous accablent ; montrez en vous des hommes aussi jaloux de s’illustrer dans l’avenir, qu’attentifs à ne pas se déshonorer dans les circonstances présentes.
Dans les jugements du peuple, les parties intéressées étaient tenues de plaider elles-mêmes leur cause, et leur plaidoyer se bornait presque toujours à la lecture d’un discours composé pour la circonstance par un orateur en renom. […] que de circonstances inattendues ! […] L’avocat s’empare de cette circonstance, et, penché sur la tribune, écrasant son adversaire du regard et du geste, d’une voix rapide et tonnante : « — Que fais-tu là immobile sur ton siége, Brutus ? […] IV Cicéron Il naquit dans des circonstances malheureuses pour la République, heureuses pour son génie. […] Les circonstances secondent heureusement sa merveilleuse activité d’esprit et sa curiosité insatiable.
Le sujet une fois choisi ou imposé par les circonstances, comme il arrive presque toujours à la tribune, au barreau, dans l’histoire, dans la polémique, l’écrivain n’a encore que l’idée mère, le premier germe de sa composition. […] Ajoutez que les anciens demandaient aussi à l’orateur de meubler sa mémoire d’un recueil de pensées, de réflexions, de sentences, qu’il pût appliquer à propos aux sujets à traiter, pour les embellir et leur donner de la force ; de se faire, en quelque sorte, une provision d’exordes et de péroraisons ; d’avoir même des discours entiers faits d’avance et préparés pour l’occasion, sauf à laisser en blanc, pour ainsi dire, les noms et les circonstances. […] Où ai-je lu que le cardinal de Retz, voulant entraîner le parlement, et voyant toute son éloquence près d’échouer : « Eh, Messieurs, s’écria-t-il tout à coup, si mes paroles ne suffisent pas pour vous convaincre, du moins ne récuserez-vous pas celles de l’orateur romain, dans une circonstance pareille » ? […] On sent encore que, en bien des circonstances, ce développement est tout près du sophisme.
Voyez comme il rend l’auditeur bienveillant, par l’éloge qu’il lui donne dès l’abord ; attentif, par la nouveauté de la forme, prise dans les lieux externes, et dans une circonstance fortuite qui offre le piquant de l’anecdote ; docile enfin et intelligent, par le parti qu’il tire de cette forme nouvelle pour amener avec clarté et dignité l’exposition de sa doctrine. […] A proprement parler, cette espèce d’exorde, qu’on nomme ex abrupto, n’est encore qu’une absence d’exorde, forme rare d’ailleurs, et qui doit être amenée par quelque circonstance grave, inattendue, et plus souvent extérieure. […] J’en indiquerai avec les rhéteurs cinq sources différentes : l’orateur le tire ou de lui-même et de son client, ou des adversaires, ou des juges, ou de la cause, ou enfin de quelque circonstance extérieure qu’il rattache à la cause. […] Il rentre, ainsi que l’exorde tiré des lieux externes ou circonstances en dehors de la cause, dans ceux dont nous avons déjà traité.
On dira fort bien en effet que, selon la nature du sujet, la forme adoptée, la classe de lecteurs ou d’auditeurs auxquels on s’adresse, les mœurs, les circonstances, etc., le genre d’écrire sera plus nu ou plus fleuri, plus négligé ou plus châtié, plus familier ou plus noble. […] Ainsi, tandis que les qualités que j’ai désignées comme essentielles sont partout indispensables, la noblesse du style dépend de la nature du sujet et du genre, et se modifie à l’infini selon les circonstances. […] Ou ces objets ne leur viennent pas dans l’esprit, ou, si quelque circonstance leur en présente l’idée et les oblige à l’exprimer ; le mot propre qui les désigne est censé leur être inconnu, et c’est par un mot de leur langue habituelle qu’ils y suppléent. » Il n’y a plus de noblesse en France, politiquement parlant ; mais aucun décret, que je sache, n’a banni la noblesse de l’art et de la science. […] On conçoit, en effet, d’après tout ce qui a été dit, que la noblesse varie nécessairement d’après les époques, les lieux, les circonstances, les convenances de personnes et de choses ; que ces nuances se multiplient à l’infini ; que la même idée, la même expression a pu être tour à tour anoblie ou avilie par l’opinion ; qu’ainsi il est à peu près impossible de prononcer à cet égard, quand il s’agit des anciens et des étrangers.
L’action est ou entièrement vraie ou historique, comme celle d’Esther qui renverse Aman ; ou vraie seulement dans le fond et feinte dans plusieurs de ses circonstances, comme dans les Horaces ; ou altérée dans le fond même et dans les circonstances et vraie seulement dans les noms qui sont historiques, comme dans le Cid et dans Héraclius ; ou enfin entièrement imaginée, comme dans Zaïre et dans presque toutes les comédies. […] Le poète peut non seulement embellir un fait réel et l’accommoder au théâtre, en ajoutant ou supprimant des circonstances, et en rapprochant à une même époque celles qui sont arrivées en différents temps, mais encore inventer les noms, les faits et les circonstances, en un mot, une action entière. […] Si donc l’histoire ou la société contemporaine fournit au poète une action qui puisse, avec toutes ses circonstances, être mise sur la scène, il la représentera sans y rien changer. […] C’est cet espace de temps pendant lequel les personnages, entraînés hors de la scène par des circonstances qui doivent être connues des spectateurs, sont censés agir loin du théâtre. […] Seulement ses couplets doivent être sur des airs connus, tandis que les airs de l’opéra à ariettes sont composés pour la circonstance.
Naturel heureux, génie ardent, sagesse dans les conseils, vigueur dans l’exécution, désintéressement dans les circonstances les plus délicates, justice, humanité, prudence, il a tout réuni à un degré éminent ; et il n’est pas un de ces points où le panégyriste ne courre le danger de rester au-dessous de son sujet ». Mais si sa vie n’a été qu’une suite non interrompue de belles actions et de beaux ouvrages, de grandes vertus et de talents supérieurs, les circonstances de sa mort sont encore au-dessus ; et pour le prouver, Thersagoras propose à Lucien de lui communiquer un ouvrage que lui seul possède, et qui renferme le récit des exploits d’Antipater, et les derniers moments de Démosthène.
Il s’agit d’abord d’inventer des événements qui soient peu ordinaires, mais vraisemblables ; qui intéressent, attachent le lecteur ; et qui amènent des peintures vraies du cœur humain, des divers mouvements qui l’agitent, et des différentes passions qui le tyrannisent dans les différentes circonstances de la vie. […] Il est permis de rompre le fil du récit de la principale action par des incidents, qui ne sont autre chose que des événements, des circonstances particulières.
Un orateur qui voudra, par exemple, faire sentir toute l’énormité d’un crime, en viendra aisément à bout, s’il en rapporte toutes les circonstances. […] S’il s’agit d’un fait, l’orateur le raconte avec toutes ses circonstances, en faisant ressortir les plus favorables et les plus frappantes. […] La brièveté exclut les choses reprises de plus haut qu’il n’est nécessaire, les circonstances triviales, les détails superflus, les longues réflexions, les raisonnements étendus. […] Mais comme il est des circonstances, qui obligent un habile capitaine à former un autre plan dans l’arrangement de ses troupes ; il y a de même des occasions, où l’orateur doit suivre un autre ordre dans la disposition de ses preuves. […] On peut aussi, suivant les circonstances, répondre séparément à chaque objection, ou se contenter de les réunir toutes en un seul corps, et d’en faire sentir le faux, par une raison générale et victorieuse.
L’imagination est une faculté de l’âme par laquelle on se représente, avec les circonstances les plus frappantes et les couleurs les plus vives, les objets vers lesquels se porte la pensée. […] Lorsque, joignant la réflexion, la combinaison à la mémoire, elle compose avec les traits et les circonstances que lui fournit cette dernière faculté des tableaux dont l’ensemble n’a point de modèle dans la nature, elle devient créatrice ; et c’est alors qu’elle appartient au génie. […] Le goût distingue ce qu’il y a de conforme aux plus exactes bienséances, de propre à chaque caractère, de convenable aux différentes circonstances ; et, pendant qu’il remarque par un sentiment fin et exquis les grâces, les tours, les manières, les expressions les plus capables de plaire, il aperçoit aussi tous les défauts qui produisent un effet contraire, et il démêle en quoi précisément consistent ces défauts et jusqu’où ils s’écartent des règles sévères de l’art et des vraies beautés de la nature.
Mais lorsque ce langage des signes s’est trouvé insuffisant (et il a dû l’être dans une foule de circonstances), il a bien fallu recourir à un langage plus expressif ; alors l’organe de la voix a nécessairement agi avec plus de force, et a fait entendre des sons rapides, perçants, sourds, éclatants, etc., tous figurés par les différentes impressions qu’ils recevaient de l’air diversement modifié par les organes de la parole. […] C’est surtout dans les morceaux d’une certaine étendue, et où plusieurs circonstances concourent à un effet général, que l’on peut remarquer avec quelle vérité, avec quelle scrupuleuse attention ces grands poètes s’attachent à tout peindre, afin qu’il n’y ait pas, dans leur tableau, un seul trait qui ne contribue à faire ressortir les autres, en ressortant lui-même à propos. […] Voyez, dans cette description de l’approche d’un orage, comme toutes les circonstances en sont vraies, et puisées dans ce que l’on voit, dans ce que l’on éprouve tous les jours !
Il faut que de pareils débuts soient commandés par les circonstances. […] Elle sera probable enfin, si vous assignez à chaque chose des motifs plausibles et des circonstances naturelles. […] Il faut donc autant d’intelligence que de talent et d’adresse, pour se renfermer dans les bornes scrupuleuses de la vérité, et présenter néanmoins les faits sous le jour le plus favorable à sa cause, pour faire ressortir les circonstances avantageuses, et pour affaiblir d’avance l’effet de celles qui pourraient servir la partie adverse.
Les circonstances sont d’un grand poids dans les preuves. […] Ce crédit vient de la nature ou des circonstances. […] Il relève toutes les circonstances de ce bienfait, qui le lui rendent plus cher et plus précieux. […] Évitez cette prétendue concision, et retranchez les circonstances inutiles avec autant de soin que les mots parasites. […] Que de circonstances réunies, et néanmoins détaillées en peu de mots !
Je conjure celui qui répond oui de considérer que son plan n’est pas connu ; qu’il faut du temps pour le développer, l’examiner, le démontrer ; que, fût-il immédiatement soumis à notre délibération, son auteur peut se tromper ; que, fût-il exempt de toute erreur, on peut croire qu’il ne l’est pas ; que, quand tout le monde a tort, tout le monde a raison ; qu’il se pourrait donc que l’auteur de cet autre projet, même ayant raison, eût tort contre tout le monde, puisque, sans l’assentiment de l’opinion publique, le plus grand talent ne saurait triompher des circonstances. […] Votez-le, parce que, si vous avez des doutes sur les moyens, doutes vagues et non éclaircis, vous n’en avez pas sur sa nécessité et sur notre impuissance à le remplacer ; votez-le, parce que les circonstances publiques ne souffrent aucun retard, et que vous seriez comptables de tout délai. […] Les circonstances étaient-elles difficiles, les esprits fatigués d’une longue discussion, on intimidés par le danger, un cri, un mot décisif s’échappait de sa bouche, sa tête se montrait effrayante de laideur et de génie, et l’assemblée éclairée ou raffermie rendait des lois, on prenait des résolutions magnanimes.
Indépendamment du génie qui présidait aux compositions hébraïques, il faudrait le concours des mêmes circonstances, la supposition du même degré de talent, pour qu’il y eût une espèce d’égalité de mérite entre le texte et la traduction. S’il est, dans notre histoire moderne, une époque qui puisse se comparer à celle où les Hébreux captifs gémissaient sur un sol étranger, ce sera celle, sans doute, où des milliers de Français, exilés de leur patrie par la force des circonstances, allèrent porter leurs talents, leur fortune et surtout leurs regrets dans les contrées lointaines. […] Les circonstances ont été ce que nous venons de dire ; voyons si le poète justifiera le reste du parallèle : Voyez le triste Hébreu, sur des rives lointaines, Lorsqu’emmené captif chez un peuple inhumain, À l’aspect de l’Euphrate il pleure le Jourdain : Ses temples, ses festins, les beaux jours de sa gloire, Reviennent tour à tour à sa triste mémoire : Et les maux de l’exil et de l’oppression Croissent au souvenir de sa chère Sion. […] Le fond et les détails principaux sont restés exactement les mêmes ; les noms seuls et le lieu de la scène sont changés : c’est Lavinie et Palémon, au lieu de Ruth et de Booz ; quant au lieu de la scène, il est partout où l’on voudra, et ce vague qui prive le sujet de l’intérêt attaché aux circonstances locales, ces noms, ces personnages d’idée, qui ne tiennent à rien, qui ne se lient à aucun peuple, à aucune époque historique, rejettent nécessairement cet épisode dans la classe des morceaux qui plaisent plus à l’esprit qu’ils ne peuvent toucher le cœur.
Les circonstances. — 5. […] Les circonstances. […] — Ce sont des circonstances qui permettent de condamner ou de défendre un fait par ce qui l’a précédé et par ce qui l’a suivi. […] — Ce sont des circonstances d’une grande valeur pour l’éloge ou pour le blâme. […] — La description peut s’appliquer aux personnes aussi bien qu’au lieu, aux choses et aux circonstances.