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2. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Massillon, 1663-1742 » pp. 205-215

Choix d’un état Le choix d’un état est, de toutes les circonstances de la vie, celle où la méprise est plus ordinaire. […] Enfin, de tous les choix, il n’en est point où la prudence chrétienne ait moins de part qu’à celui d’un état de vie ; et voilà pourquoi il n’en est point où la méprise soit plus ordinaire. Car comment voulez-vous ne pas vous méprendre dans un choix si grave et si décisif pour vous, auquel vous apportez moins de précautions qu’à toutes les démarches les moins importantes de votre vie ? […] Ce sont des vues de fortune, d’élévation, de plaisir, qui vous ont frayé la route par où vous marchez ; vous y trouverez donc des occasions d’orgueil, d’ambition, de mollesse, de volupté, d’autant plus inévitables pour vous, que votre choix déclare vos penchants infortunés pour ces vices. […] C’est le respect humain qui préside presque toujours à la décision de nos destinées, et qui nous force à des choix que tous nos penchants désavouent.

3. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Préface » pp. -

Sans déprécier un ouvrage qui compte d’honorables services, il est permis de dire qu’il ne suffit plus à notre goût littéraire ; car en lisant ces pages où apparaît comme un revenant habillé à la mode du premier Empire, on est parfois tenté de croire que des morceaux choisis ne sont pas toujours des morceaux de choix. […] Aussi avons-nous essayé d’esquisser des portraits, ou du moins (car ce mot serait trop ambitieux), d’indiquer avec choix ce qu’il y a de plus expressif dans la physionomie littéraire ou morale de chaque écrivain. […] Les réserves mêmes que nous venons d’indiquer seront une garantie de la circonspection qui nous a constamment inspiré, dans le choix des pages que nous soumettons au jugement bienveillant de nos collègues. […] L’esprit de ce livre est contenu dans la page que voici, et que j’emprunte à un de nos maîtres préférés : « Les leçons de littérature, pour être utiles et remplir leur véritable objet, doivent se composer en grande partie de lectures, d’extraits abondants, faits avec choix… L’accent qui insiste, qui souligne, pour ainsi dire, en lisant ; quelques remarques courantes et comme marginales, qui se glissent dans la lecture et s’en distinguent par un autre ton ; quelques rapprochements indiqués comme du doigt suffiront pour mettre l’auditeur à même de bien saisir la veine principale, et de se former une impression. […] On ne peut tout dire sans doute de chaque auteur ; il n’est besoin que d’en dire assez pour bien marquer le sens de sa manière, et donner à l’auditeur qui sort de là l’envie d’en savoir plus en recourant à l’original ; mais il faut, à la rigueur, lui en avoir déjà offert et servi un assez ample choix, pour que, même sans aller s’informer au delà, il en garde un souvenir propre, et attache à chaque nom connu une idée précise.

4. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Préface » pp. -

Sans déprécier un ouvrage qui compte d’honorables services et adroit aux égards dus au grand âge, il est permis de dire qu’il ne suffit plus à notre goût littéraire ; car en lisant ces pages, où apparaît comme un revenant habillé à la mode du premier Empire, on est parfois tenté de croire que des morceaux choisis ne sont pas toujours des morceaux de choix. […] Aussi avons-nous essayé d’esquisser des portraits, ou du moins (car ce mot serait trop ambitieux) d’indiquer avec choix ce qu’il y a de plus expressif dans la physionomie littéraire ou morale de chaque écrivain. […] Les réserves mêmes que nous venons d’indiquer seront une garantie de la circonspection qui nous a constamment inspiré, dans le choix des pages que nous soumettons au jugement bienveillant de nos collègues. […] L’esprit de ce livre est contenu dans la page que voici, et que j’emprunte à un de nos maîtres préférés : « Les leçons de littérature, pour être utiles et remplir leur véritable objet, doivent se composer en grande partie de lectures, d’extraits abondants, faits avec choix… L’accent qui insiste, qui souligne, pour ainsi dire, en lisant ; quelques remarques courantes et comme marginales, qui se glissent dans la lecture et s’en distinguent par un autre ton ; quelques rapprochements indiqués comme du doigt suffiront pour mettre l’auditeur à même de bien saisir la veine principale, et de se former une impression. […] On ne peut tout lire sans doute de chaque auteur ; il n’est besoin que d’en lire assez pour bien marquer le sens de sa manière, et donner à l’auditeur qui sort de là l’envie d’en savoir plus en recourant à l’original ; mais il faut, à la rigueur, lui en avoir déjà offert et servi un assez ample choix, pour que, même sans aller s’informer au delà, il en garde un souvenir propre, et attache à chaque nom connu une idée précise.

5. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XX. des qualités accidentelles du style. — élégance, finesse, naiveté, enjouement  » pp. 274-288

L’élégance est le choix, le choix en tout, choix de pensées, choix d’expressions, choix de tours, choix de nombres. […] L’un deux, s’ennuyant au logis, Fut assez fou pour entreprendre Un voyage en lointain pays… Mais ce choix même, qui constitue l’élégance, suppose un travail scrupuleux et une grande attention de détail, et c’est pourquoi l’élégance n’est pas une qualité essentielle.

6. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre V. Du Style en général, et de ses qualités. »

La clarté dépend du choix des mots, de la construction des phrases et de l’enchaînement des idées. […] Il les a cependant puisés tous dans la masse générale des mots français ; mais il n’a été ni heureux ni habile dans son choix. […] L’auteur qui adopte le style concis, ne dédaigne pas les beautés du langage ; mais il les fait consister seulement dans le choix et dans l’arrangement des mots. […] Le point essentiel et difficile est de concilier l’élégance avec le naturel ; il y en a deux moyens : le choix des idées et des choses, et le talent de placer les mots. […] Il est rare que les premières compositions des jeunes artistes ne pèchent par la profusion des ornements, dont le choix et la distribution n’ont pu être réglés encore par la sagesse d’un goût sévère et éclairé.

7. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre I. — Défauts et qualités de la phrase »

Propriété des Mots La Propriété est un choix de mots que l’usage le plus généralement adopté par les bons écrivains a appropriés aux idées que l’on veut exprimer. […] Les Synonymes Comme dans une langue il n’existe pas deux mots pour rendre la même idée, il est important de connaître la valeur de chaque expression pour savoir l’employer à propos ; et aucune étude n’est plus propre à nous instruire du bon choix des mots que celle des Synonymes de notre langue. […] Il y a trois sortes d’ornements, qui sont : 1° L’harmonie, — 2° Le choix des pensées, — 3° L’emploi des figures. […] Puisque l’harmonie des mots résulte du choix et de l’arrangement des mots entre eux, il faut donc bannir tous les mots rudes et sourds et ceux dont l’union est dure et raboteuse, et fuir particulièrement la rencontre des voyelles. […] La suite de cette éloquente oraison funèbre se distingue par des beautés d’un ordre aussi élevé, et nous apprend qu’en général le choix des expressions, la tournure des phrases, la coupe des périodes, en flattant agréablement l’oreille, porte dans les ouvrages de ce genre ; un air de grandeur et de majesté dont les pensées seules ne pourraient, jamais les revêtir.

8. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre II. Du genre didactique. » pp. 161-205

Le poète peut faire choix d’un sujet instructif, comme la religion, l’agriculture, la poésie, les saisons, et le traiter d’une manière régulière ; c’est ce qui a lieu dans le poème didactique proprement dit, et dans le poème descriptif. […] Virgile, plus modeste dans le choix de son sujet, semble n’avoir voulu qu’instruire le cultivateur ; mais il l’a honoré, et il a élevé à l’agriculture le plus beau monument que le premier des arts agréables pût élever au premier des arts nécessaires. […] Parle-t-il du choix des chevaux, il en fait la plus vive et la plus magnifique description, comme on peut le voir au commencement du livre III. […] Il n’est point de genre de poésie plus libre, soit dans le choix des sujets, soit dans le choix du style, qui peut prendre tous les tons, s’élever jusqu’au sublime et descendre jusqu’au familier. […] Le style familier de l’apologue doit être un choix de ce qu’il y a de plus fin et de plus délicat dans le langage des conversations.

9. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre III. Des ornements du style » pp. 119-206

Il est un heureux choix de mots harmonieux. […] Qu’avez-vous à dire sur le choix des mots ? […] En effet, quelque sonores que soient les mots, quelque attention que l’on donne au choix qu’on en fait, si leur arrangement est vicieux, l’harmonie est détruite. […]  — Fléchier, Boileau et Racine nous offrent de beaux exemples du choix et de la combinaison des mots. […] 270 Que produisent le choix et l’arrangement des mots ?

10. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Chapitre » pp. 169-193

Ne parlons plus d’un choix dont votre esprit s’irrite : La faveur l’a pu faire autant que le mérite ; Mais on doit ce respect au pouvoir absolu, De n’examiner rien quand un roi l’a voulu. […] Comte, sois de mon prince à présent gouverneur : Ce haut rang n’admet point un homme sans honneur ; Et ton jaloux orgueil, par cet affront insigne, Malgré le choix du roi m’en a su rendre indigne. […] Je sais ta passion, et suis ravi de voir Que tous ses mouvements cédent à ton devoir ; Qu’ils n’ont point affaibli cette ardeur magnanime ; Que ta haute vertu répond à mon estime ; Et que voulant pour gendre un cavalier2 parfait, Je ne me trompais point au choix que j’avais fait. […] Ce que n’a pu jamais combat, siége, embuscade, Ce que n’a pu jamais Aragon, ni Grenade, Ni tous vos ennemis, ni tous mes envieux, Le comte en votre cour l’a fait presque à vos yeux, Jaloux de votre choix, et fier de l’avantage Que lui donnait sur moi l’impuissance de l’âge. […] Je remets à ton choix de parler ou te taire ; Mais quand tu vois quelqu’un, ne fais plus l’insolent.

11. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Seconde partie. Moyens de former le style. — Chapitre II. De l’exercice du style ou de la composition » pp. 225-318

L’invention ne demande-t-elle pas un choix convenable et une sérieuse préparation ? […] Dans un sens particulier, l’élocution est cette partie de la littérature qui a pour objet les règles du style, et surtout le choix des mots et la facture des phrases. […] En même temps, guidé par un goût délicat, il sait toujours faire un choix harmonieux et capable d’intéresser. […] C’est dans le choix des circonstances que consiste le grand art de la description pittoresque. […] Il en est de même pour ce qui concerne le choix de l’objet lui-même, qui sera gracieux ou sombre, pathétique ou riant, selon la place que le poète lui destine et l’effet qu’il en attend.

12. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Chapitre II. Moyens de se préparer à la composition. »

Dans le premier cas, il est bon de jeter à la hâte et en abrégé sur le papier les diverses pensées qui s’offrent à l’esprit ; on fera ensuite un choix, on tracera son plan d’après ce canevas improvisé ; et l’on se mettra ensuite à écrire dans un ordre convenable. […] De même que les abeilles savent faire un choix parmi les fleurs, nous devons choisir avec soin nos lectures : il y a des fleurs vénéneuses, il y a des livres où circule le poison. […] En passant en revue les meilleures œuvres littéraires d’une nation, le jugement et la sensibilité s’exercent, se perfectionnent par un travail de choix et d’exclusion ; le goût acquiert un degré remarquable de finesse et de pureté. […] Les lectures sans choix et sans régie contribuent surtout à dépraver le goût.

13. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre III. Du genre épique » pp. 207-250

La grandeur est si évidemment indispensable ici, qu’il n’y a pas un poète épique qui ait négligé de faire choix d’un sujet considérable par la nature même de l’action, ou par la célébrité des personnages. […] Voltaire a péché contre cette règle dans le choix de son sujet ; et son poème a eu moins de succès que s’il l’avait respectée. […] Le but du poète épique, dans le choix du sujet, doit être de porter l’intérêt au plus haut point chez le plus grand nombre possible de lecteurs. […] Après le choix du sujet vient le choix des acteurs ou personnages qui doivent favoriser ou entraver l’entreprise. […] Dans les personnages d’invention, le poète a toute liberté pour la peinture et le choix des caractères ; il doit seulement observer la vraisemblance.

14. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre X. Petits poèmes. »

        — Elle pèserait moins encore, Lui dit alors le dieu qui lui donnait le choix ;         Mais tel en jouit qui l’ignore ;         Cette ignorance en fait le poids. […] On y vit plus de finesse, plus de choix, moins de négligence. […] Ce poète a, en effet, une grande douceur de style, un heureux choix de mots, une grande fécondité de pensées et de tournures champêtres ; mais il s’élève peu, et n’a pas beaucoup de variété dans ses compositions. […] Dans la première espèce, l’assortiment et le nombre des vers est à peu près au choix et à la disposition du poète ; mais la première strophe étant une fois assortie, elle sert de règle à toutes les autres112. […] Il suppose toujours chez l’auteur, ou celui-ci affecte une grande exaltation d’idées, qui se manifeste dans la pièce entière par des écarts souvent incompréhensibles, et dans la forme par une liberté entière dans le choix des vers et la longueur des stances.

15. (1852) Précis de rhétorique

En rhétorique, l’élocution est la partie de la composition qui s’occupe du choix et de l’arrangement des mots. […] Le choix des synonymes contribue beaucoup à la correction du style ; mais il faut que ce choix soit heureux, car il n’y a pas de synonymes parfaits. […] Le choix des synonymes contribue-t-il à la correction du style ? […] En quoi consiste le choix des épithètes ? […] Le mauvais choix d’épithètes. — 8.

16. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre lII. »

Choix du sujet. […] Dans l’épopée, l’intérêt dépend de bien des choses : il tient d’abord aux qualités que nous avons mentionnées, l’unité, la grandeur, l’intégrité ; il tient encore au choix du sujet, aux caractères des personnages ; à la manière progressive dont l’action est conduite ; aux situations dramatiques, aux sentiments, passions qui s’y déploient ; au mouvement, à la variété du récit ; enfin, aux mille ressources de l’imagination du poète. […] Faites choix d’un héros propre à m’intéresser, En valeur éclatant, en vertus magnifique ; Qu’en lui, jusqu’aux défauts, tout se montre héroïque.

17. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre II. — Choix des Pensées »

. — Choix des Pensées Le second des ornements que peut recevoir le discours consiste dans le Choix des Pensées. […]  » 13° Pensées brillantes Les pensées brillantes consistent dans le choix d’une heureuse comparaison, relevée par une tournure pleine de précision. […] Mais il est un autre ordre d’idées qui n’ont de valeur que par la manière dont elles sont exprimées : ce sont des pensées ordinaires, mais qui doivent leur charme à l’expression, au choix des mots dont on se sert pour les représenter.

18. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Préface » pp. -

Pour les classes de grammaire, où commence à s’éveiller le goût, où les élèves, par l’exercice de la version, s’essayent à écrire, nous avons jugé nécessaire, en vue de leur donner les premières leçons de style, d’être très-rigoureux dans nos choix ; nous les avons donc restreints à l’époque où, d’un accord unanime, le plus haut degré de perfection a été atteint parmi nous, au dix-septième siècle. […] Ce choix appartient au bon goût du professeur.

19. (1865) Cours élémentaire de littérature : style et poétique, à l’usage des élèves de seconde (4e éd.)

Ce qu’il y a de plus contraire à la pureté du langage dans le choix des mots, c’est d’employer des barbarismes. […] L’harmonie des mots dépend moins de leur choix que de leur arrangement. […] Enfin, dans le choix de ses livres, il faut savoir se borner. […] Cette entreprise doit être faite avec choix et dessein. […] Le poète prendra dans l’histoire le héros et les personnages principaux ; les personnages accessoires sont laissés à la liberté de son choix.

20. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « PREMIÈRE PARTIE. DE L'ÉLÉGANCE LATINE. — CHAPITRE II. Du choix et de la délicatesse des expressions. » pp. 9-77

Du choix et de la délicatesse des expressions. […] du choix et de l’élégance des substantifs. […] du choix et de l’élégance des adjectifs. […] du choix et de l’élégance des verbes. […] Ne soyons pas négligents dans le choix de nos amis.

21. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre II. Des différentes Espèces de Style, et des Figures de Pensées. » pp. 238-278

Ces temps difficiles étaient passés, où l’on donnait les charges par nécessité plutôt que par choix, et où chacun voulant profiter des troubles de l’État, vendait chèrement, ou les services qu’il pouvait rendre, ou les moyens qu’il avait de nuire. » Article II. […] Les figures vives et piquantes, le choix et l’harmonie des mots, la variété des sons, les tours ingénieux et brillants, en un mot tout ce qui peut embellir le discours, lui convient et le caractérise. […] L’Antithèse est une figure, par laquelle on oppose des pensées les unes aux autres, pour les développer davantage : elle consiste aussi un peu dans le choix des mots opposés, comme on le voit dans cette pensée de La Bruyère : « La vie des Héros a enrichi l’histoire ; et l’histoire a embelli la vie des Héros. » Dans ces vers de la Henriade : De tous ses favoris, Mornaic seul l’accompagne, Mornai son confident, mais jamais son flatteur, Trop vertueux soutien du parti de l’erreur ; Qui signalant toujours son zèle et sa prudence, Servit également son Église et la France ; Censeur des courtisans, mais à la Cour aimé, Fier ennemi de Rome, et de Rome estimé. […] Les brillants exemples qu’ils nous fournissent de cette figure si belle, sont en si grand nombre, qu’il serait bien difficile de faire un choix. […] « Malgré les portraits odieux que des Auteurs contemporains ont faits du cardinal de Richelieu, on admire aujourd’hui en lui toutes les qualités qui concourent à former un grand ministre, un génie vaste et supérieur qui ne concevait que de grands desseins, des vues profondes qu’on ne pénétrait qu’après l’événement, un grand discernement dans le choix des moyens, une fermeté inébranlable dans l’exécution, une habileté extrême à écarter ou à surmonter les obstacles.

22. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre III. Du Sublime dans les Compositions littéraires. »

La force d’une description consiste en grande partie dans sa concision ; mais elle comporte encore quelque chose de plus, et c’est principalement un choix judicieux de circonstances capables de mettre l’objet décrit dans son jour le plus favorable. […] Dans un fragment sur la guerre des dieux contre les géants, ce boursouflé déclamateur nous représente un de ces derniers faisant voler dans les airs l’île de Lemnos, avec tout l’atelier de Vulcain ; un autre arrachant le mont Ida avec ses forêts et ses fleuves ; et le poète ne manque pas d’observer que, tandis que la montagne était sur les épaules du géant, une de ses rivières coulait le long de son dos, etc. — Milton a transporté cette même fiction dans son Paradis Perdu, mais en l’ennoblissant par les détails, et en la relevant par le choix des expressions. […] Ces modèles de descriptions prouvent combien le sublime dépend du choix des circonstances, et avec quel soin il faut éviter tout ce qui approche du bas ou du trivial.

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