En supposant qu’on se propose les modèles les plus parfaits, comment s’y prendra-t-on pour s’en approprier les beautés ? […] Par là on acquiert la justesse et la beauté de l’expression, la richesse des figures, la facilité d’élocution ; et, dans cette imitation des auteurs les plus recommandables, on prend insensiblement des tours et des pensées semblables aux leurs.
Si elle ne te retient pas, meurs : tu n’es qu’un méchant. » Étudiez nos grands tragiques ; dans plusieurs scènes admirables, ils vous offriront ce genre de beauté. […] C’est là le triomphe de l’éloquence évangélique ; c’est un genre de beauté oratoire que les anciens ne connaissaient pas. […] Mais ces beautés ne s’enseignent pas. […] Il y a d’autres beautés tragiques, mais celle-ci est au premier rang. […] Ces antithèses-là sont naturelles, et font sans doute une beauté solide ; alors c’est la manière la plus courte et la plus simple d’exprimer les choses.
Il préfère la beauté du travail à la richesse de la matière. […] Or, on ne saurait comprendre le nombre et la beauté de ceux que l’on y voyait. […] Son culte fut toujours le même ; sa beauté lui conserva les mêmes hommages chez un peuple ennemi. […] Une foule d’auteurs grecs en ont décrit la beauté et les richesses. […] Tout le monde l’allait voir pour sa beauté, et la religion la rendait vénérable.
Un mot suffira parfois à mettre dans son vrai jour un trait, une beauté de situation qui n’eût pas arrêté l’esprit du lecteur. […] Au nombre des admirateurs de sa beauté et de son génie poétique elle eut bientôt distingué Oswald, lord Nelvil, pair d’Écosse. […] Je n’examine jamais Saint-Pierre en détail, parce que je n’aime pas à y trouver ces beautés multipliées qui dérangent un peu l’impression de l’ensemble. […] Cette statue n’a ni tête ni pieds ; mais le corps et la draperie qui restent ont encore des beautés antiques. […] Quel contraste avec la beauté, la vie, la jeunesse exposées dans l’arène à la fureur des léopards !
Mais il n’en va pas ainsi de la littérature antique ; car, réduite à quelques chefs-d’œuvre, et séparée de nous par la distance des siècles, elle a, comme la sculpture, je ne sais quelle beauté impersonnelle et abstraite, qui semble offrir des exemplaires immuables à l’admiration non d’un temps ou d’une école, mais de tous les âges et de l’humanité même. […] Cela vous soit un exemple certain Que vos beautés seront toutes flaitries. […] L’usage a préféré par consequent à par conséquence, et en conséquence à en conséquent, travailler à ouvrer, conduire à duire, faire du bruit à bruire, injurier à vilainer, piquer à poindre ; et dans les noms, pensées à pensers, un si beau mot et dont le vers se trouvait si bien, grandes actions à prouesses, louanges à loz, méchanceté à mauvaistié, porte à huis, navire à nef, armée à ost, monastère à moutier, prairies à prées, … tous mots qui pouvaient durer ensemble d’une égale beauté, et rendre une langue plus abondante… Si nos ancêtres ont mieux écrit que nous, ou si nous l’emportons sur eux par le choix des mots, par le tour et l’expression, par la clarté et la brièveté du discours, c’est une question souvent agitée, toujours indécise. » Ce plaidoyer n’est point une boutade, et l’usage lui a même donné raison, puisqu’il a repris plusieurs des mots cités par Labruyère comme ayant alors disparu. […] Au lieu de nous appauvrir ainsi de nos propres mains, mieux vaut reconnaître que chaque époque a sa valeur et sa beauté.
Les beautés individuelles de tous les dieux sont réunies dans cette figure comme dans celle de Pandore. […] Ces vers, sans être comparables au modèle, ont des beautés. […] Ce n’est pas tout : chaque mot, par sa place, fait une beauté parce qu’ici c’est la place que leur assigne l’objet du tableau qu’ils occupent. […] Diffugimus visu exsangues… Cet hémistiche est d’une grande beauté. […] Elle devient, dans ce cas, d’un emploi presque obligé, et elle peut faire une beauté et même une grande beauté.
III. — Que ne puis-je faire passer dans notre langue toutes les beautés que vous nous avez révélées dans cette sublime épopée ; mais pour tenter une pareille entreprise, j’aurais besoin d’un modèle. Hâtez-vous donc d’achever votre odyssée latine, qui nous fera connaître cet autre chef-d’œuvre d’Homère, et nous montrera comment on peut rendre en latin toutes les beautés de son divin langage. […] Mais il faut vous parler du récit de la bataille contre les Maures, qui est une des beautés de la pièce. […] Aussi bien, puisque les beautés du Cid vous semblent toutes dérobées, examinons brièvement ce qui en revient au modèle qui l’a inspiré, au drame espagnol de Guillem de Castro. […] Le roi en témoigna quelque surprise, ce qui peut s’expliquer par son goût pour les beautés sublimes de M.
Ces vers étincellent de beautés vraiment dignes d’Homère. […] L’homme éperdu frissonne, est bien faible auprès de mortalia corda humilis stravit pavor, qui joint à la force et à la beauté de l’expression, le mérite de peindre par le mouvement et par la coupe du vers ; et cette belle chute dejicit !
Mais son principal titre auprès de la postérité est son poëme de la Réligion, où, par la beauté des vers, il s’est rendu souvent le digne interprète des idées sublimes qu’il a chantées. […] De l’éclat de ses fruits justement enchanté, Ne méprise jamais ces plantes sans beauté : Troupe obscure et timide, humble et faible vulgaire, Si tu sais découvrir leur vertu salutaire, Elles pourront servir à prolonger tes jours.
Il avait des idées fausses sur le but et les beautés de l’art ; mais il les a bien exprimées. […] Antinoüs, marbre antique d’une grande beauté ; on le voit au Belvédère du Vatican.
Jamais leur passion n’y voit rien de blâmable, Et dans l’objet aimé tout leur devient aimable ; Ils comptent les défauts pour des perfections, Et savent y donner de favorables noms1 : La pâle est aux jasmins en blancheur comparable ; La noire à faire peur, une brune adorable ; La maigre a de la taille et de la liberté ; La grasse est dans son port pleine de majesté ; La malpropre sur soi, de peu d’attraits chargée, Est mise sous le nom de beauté négligée ; La géante paraît une déesse aux yeux ; La naine un abrégé des merveilles des cieux ; L’orgueilleuse a le cœur digne d’une couronne ; La fourbe a de l’esprit ; la sotte est toute bonne ; La trop grande parleuse est d’agréable humeur, Et la muette garde une honnête pudeur. […] Elle veut un esprit où se rencontre unie La pleine connaissance avec le grand génie, Secouru d’une main propre à le seconder, Et maîtresse de l’art jusqu’à le gourmander2 ; Une main prompte à suivre un beau feu qui la guide, Et dont, comme un éclair, la justesse rapide Répande dans les fonds, à grands traits non tâtés, De ses expressions les touchantes beautés. […] On est toujours ridicule quand on se prévaut de ses avantages, surtout lorsqu’on parle de son esprit ou de sa beauté.
Il y a là des beautés voisines de nous, et qui sont pour la plume une excellente école. […] Bien que l’édifice n’ait pas été construit, ses matériaux ont la beauté de ruines imposantes. […] L’imagination dispose de tout ; elle fait la beauté, la justice et le bonheur, qui est le tout du monde. […] Ils ne se mettent guère en peine d’y ajouter les embellissements de l’art, parce qu’ils y trouvent peu de beauté, en comparaison de ces grands objets qui les occupent, et qui leur suffisent. […] On ne se soucie plus de sa beauté, mais on est entêté656 de son esprit et de son propre jugement.
Quand il s’agit d’une vérité spéculative qu’il suffit de croire, l’orateur doit se contenter d’éclairer l’esprit par la solidité de l’instruction ; de le convaincre par la force du raisonnement, en le flattant néanmoins agréablement, par la beauté de l’élocution : il remplira son objet. […] Cet homme, qui après une longue étude des lettres françaises et surtout des latines, connaissait si bien toutes les finesses et toutes les beautés de l’art, est pourtant l’Orateur qui paraît les rechercher le moins. […] Mais les beautés y éclipsent les défauts. […] Son Oraison funèbre du grand Condé, offre des beautés vraiment sublimes. […] Les Éloges des membres de l’Académie des sciences par Fontenelle, étincellent de beautés, tantôt fines, tantôt frappantes.
Elle atteint son plus haut degré de beauté quand, après avoir exposé avec feu les choses qu’on a l’air d’écarter, on peint plus vivement encore celles sur lesquelles on appui. […] Tout ce qui n’est pas convenablement exposé nuit à la beauté du style ; mais il y a certaines imperfections qui choquent plus particulièrement. […] Dans la forme on s’attache à faire ressortir les beautés des tournures ; au fond, on précise à quel genre appartient le dialogue, et l’on explique la pensée cachée de l’allégorie. […] Dans les deux vers de Voltaire que j’ai cités plus haut, la césure paraît au premier abord de nul effet ; c’est une beauté néanmoins, uniquement parce qu’elle donne l’exemple tout en exposant l’effet du précepte. […] Notre poésie rejette les enjambements, à moins qu’ils ne produisent une beauté, comme nous l’avons vu en parlant de la césure.
La grâce se sent mieux qu’elle ne se définit : elle tient de près à la délicatesse, mais elle a en même temps de l’aisance, de la souplesse, de la variété dans ses mouvements ; elle frappe moins que la beauté, mais elle plait davantage, ou plutôt la beauté n’a d’attraits que par elle. La Fontaine, qui comprenait bien la grâce, l’a caractérisée par ce vers, si gracieux lui-même : Et la grâce, plus belle encor que la beauté. […] Ainsi, les mots chaleur, éclat expriment, dans le sens propre, des propriétés du feu ; on dit la chaleur, l’éclat de la flamme ; mais si l’on dit la chaleur du combat ou du style, l’éclat de la vertu ou de la beauté, on prend ces mots dans le sens figuré.
Aussi à la seconde lecture (en supposant toutefois que le titre soit supprimé), l’esprit reconnaît avec plaisir la justesse des images et la beauté des allégories. […] Un ouvrage tout allégorique ne serait pas soutenable, eût-il d’ailleurs mille beautés. […] — Il faudrait tout citer, si l’on voulait faire sentir toutes les beautés de cette charmante fable. […] La hardiesse et la beauté des métaphores ne sont pas moins dignes d’éloges, des îles d’ombres flottantes, une mer immobile de lumière, un océan de forets, le sein de la rivière ; sont des figures riches, la course azurée de la lune, son jour velouté, les zones diaphanes, formées par tes nuages, des bancs doux à l’œil, la rivière brillante des constellations de la nuit, la clarté donnante sur les gazons ; renfermement des épithètes qui tiennent à la fois de la métaphore et de l’image, et que peu d’écrivains emploient avec grâce.
Après l’avoir comparé à une beauté négligée qui a des grâces d’autant plus touchantes qu’elle n’y songe pas ; à un repas sans magnificence, mais où règne le bon goût avec l’économie ; « on n’y trouve, dit-il, aucune de ces figures de rhéteur qui semblent des piéges tendus pour séduire. » Les figures de répétition, qui veulent une prononciation forte et animée, ne s’accorderaient pas non plus avec ce ton modeste et simple ; mais il n’exclut pas les autres figures de mots, pourvu que les phrases soient coupées et toujours faciles, et les expressions conformes à l’usage, que les métaphores ne soient pas trop hardies, ni les figures de pensée trop ambitieuses. […] « Un beau style, répond admirablement Buffon, n’est tel en effet que par le nombre infini des vérités qu’il présente ; toutes les beautés intellectuelles qui s’y trouvent, tous les rapports dont il est composé sont autant de vérités aussi utiles et peut-être plus précieuses pour l’esprit humain que celles qui peuvent faire le fond du sujet. » Secondement.
Il y a enjambement quand le repos manque à la fin du vers, et qu’il y a un rejet du sens au commencement du vers suivant : L’enjambement est un défaut, quand il ne sert pas à produire une beauté. […] L’inIversion est admise en poésie bien plus souvent qu’en prose ; elle est un des caractères essentiels et une des beautés du langage poétique ; elle lui donne de la grâce et de la vigueur.
A cet égard, Théocrite l’emporte sur Virgile ; ses descriptions sont plus riches en beautés naturelles et plus pittoresques que celles du poète latin. […] Comme en hauteur ce saule excède les fougères, Amarynte en beauté surpasse nos bergères.
On ne doit donc pas sacrifier à l’observation rigoureuse des unités de temps et de lieu des beautés d’un ordre supérieur dans l’exécution du plan dramatique, ou certaines situations pathétiques qui ne peuvent avoir lieu qu’en sortant de cette étroite enceinte. — En matière d’art, dirons-nous avec un savant critique, M. […] Dans Athalie, on voit, au contraire, une action de la plus grande simplicité : il n’y a presque point d’incidents ; mais, indépendamment de la beauté de l’élocution, cette action est si bien distribuée qu’elle marche toujours sans qu’il y ait aucune scène vide. […] Alors, faut-il abandonner ce sujet, s’il est pathétique, intéressant et fécond en beautés ? […] Tous les genres sont bons, hors le genre ennuyeux, a dit Voltaire ; et Marmontel remarque que celui-ci a son intérêt, son utilité et sa beauté. […] En quoi consiste la beauté du drame ?
Nul goût, nulle connaissance des véritables beautés du théâtre. […] Se rappeler que l’ordre fait la beauté de toutes choses, et que rien de désordonné ne peut être ni beau ni bon. […] Ainsi, lorsque Platon veut écrire un Dialogue sur la Beauté, en vrai poëte, il a soin de placer ses interlocuteurs dans le plus ravissant paysage des environs d’Athènes. […] Ainsi préparé, le lecteur a déjà l’âme doucement ouverte aux images et aux sentiments de la divine beauté. […] C’est encore le sophisme dont Célimène se sert pour justifier sa coquetterie, attribuant la constance de ses. prétendants à l’influence toute naturelle de sa beauté plutôt qu’à ses artifices et aux séductions étudiées de son langage et de ses manières.