Rien n’est plus vrai, dit Marmontel, quand il s’agit d’échauffer l’âme et de l’élever. […] L’âme, aussi bien que le corps, cesse d’être frappée par des coups trop souvent réitérés. […] Ce besoin de l’âme est rempli ; l’âme se relève, délivrée d’un poids immense, alors qu’elle a pu verser dans le sein du prêtre le secret qui l’oppressait. […] Enfin, un ami véritable, un père de notre âme nous est donné : on pourra tout lui dire. […] Quand vous aurez, en quelque sorte, détaché toutes ces âmes de leur corps, qu’elles viendront d’elles-mêmes se grouper au pied de la tribune, et que vous les tiendrez sous la magnétique puissance de votre regard, alors ne les ménagez pas, car elles sont à vous, car on dirait véritablement que toutes ces âmes ont passé dans votre âme.
Cependant notre âme insensée S’acharne au vain honneur de demeurer près d’eux7. […] — Quand viendra-t-il, par son retour charmant, Rendre mon âme satisfaite ? […] Contente un peu mon âme. […] Cher marquis5, je te vois l’âme bien satisfaite ; Toute chose t’égaie, et rien ne t’inquiète. […] je ne vois pas, lorsque je m’examine, Où prendre aucun sujet d’avoir l’âme chagrine.
S’il n’a pas le trait acéré de La Rochefoucauld, la profondeur de Pascal, la vérité spirituelle et savante de La Bruyère, il nous touche par l’accent ému d’une âme fière, indépendante et haute dans une destinée trop étroite pour son essor. […] L’on ne mesure bien, d’ailleurs, la force et l’étendue de l’esprit et du cœur humains que dans ces siècles fortunés ; la liberté découvre, jusque dans l’excès du crime, la vraie grandeur de notre âme ; là, brille en pleine lumière la force de la nature ; là, paraît la vertu sans bornes, le plaisir sans infamie, l’esprit sans affectation, la hauteur sans vanité, le vice sans bassesse et sans déguisement. […] Cependant, cet aimable stoïcien, que sa constante vertu, son génie, son humanité, son inflexible courage me rendaient infiniment cher, m’a fait verser bien des larmes sur la faiblesse de sa mort : c’est une extrême pitié de voir tant de vertu, tant de force et de grandeur d’âme vaincues, en un moment, par le plus léger revers au milieu de tant de ressources, et de tant de faveurs de la fortune ! […] Une grande âme dans un petit destin : voilà toute sa vie. […] Vauvenargues n’a pas ce courage intéressé qui aime la guerre pour l’avancement, pour ce qu’elle rapporte, et place l’héroïsme à intérêts ; ce qui lui plaît, c’est la mort qu’on brave, c’est l’emploi des qualités fortes, la fermeté, la patience, les nuits laborieuses, les longues marches, avec la faim et la soif pour compagnes, tout ce qui trempe l’âme, tout ce qui l’élève.
Elle présente ensuite à la jeunesse une charmante variété d’objets, dont la seule vue développe toutes les facultés de l’âme. […] Il en est d’autres mille fois plus précieux sans doute ; tels que l’élévation, la noblesse et la sensibilité de l’âme, l’énergie et l’aménité du caractère, des mœurs douces et polies, des inclinations bienfaisantes et généreuses, l’amour de la justice et de l’humanité. […] Quelles ressources d’ailleurs n’offrent point les Belles-Lettres contre l’ennui, ce fardeau, ce poison de l’âme, qui bien souvent en est accablée et dévorée, dans le centre même des plaisirs les plus piquants et les plus variés ! […] La joie dont elle enivre notre âme, n’est point une joie vive et folâtre : mais elle est douce, tranquille, délicieuse et inaltérable.
Dieu laisse dans les âmes les plus avancées2 certaines faiblesses, semblables à ces morceaux de terre qu’on nomme témoins, et qu’on laisse dans un terrain rasé, pour faire voir, par ces restes, de quelle profondeur a été l’ouvrage des hommes. Dans les plus grandes âmes, Dieu laisse aussi des témoins, ou restes de ce qu’il en a ôté de misères. […] La mollesse est une langueur de l’âme qui l’engourdit, et qui lui ôte toute vie pour le bien ; mais c’est une langueur traîtresse qui la passionne secrètement pour le mal, et qui cache sous la cendre un feu toujours prêt à tout embraser. […] Nous n’emportons de cette vie que la perfection que nous avons donnée à notre âme ; nous n’y laissons que le bien que nous avons fait. […] Il concilia la dignité d’une âme fière et le respect pour une personne de sang royal.
Lorsqu’un objet important exaltait son âme, et exigeait de la force et de l’indignation, il abandonnait le ton déclamatoire, et le remplaçait par la force et la véhémence ; et l’homme vraiment éloquent, qui foudroie Antoine, Verrès et Catilina, n’est plus l’orateur fleuri, l’écrivain élégant qui parlait pour Marcellus, pour Ligarius ou pour le poète Archias. […] Tous deux ont eu les mêmes succès, ont exercé le même empire sur les âmes. […] « Pénétrons, dit-il, dans l’intérieur des maisons : qu’y voit, qu’y entend un enfant qui puisse ne pas faire, sur sa jeune âme, l’impression la plus fâcheuse ? […] Il appuie surtout, et avec raison, sur la nécessité de ne point énerver l’âme des jeunes gens, en traitant leur corps avec trop de mollesse. Ce sont des hommes que nous devons à la société ; élevons-les donc comme des hommes, et sachons que jamais une âme forte et généreuse ne se rencontrera dans un corps amolli et efféminé.
Aussitôt ses idées se précipitent en foule, et son âme se répand au dehors ». […] Mais Thomas se croyait appelé à faire une révolution dans l’éloquence ; et cette révolution consistait à substituer le jargon philosophique à la belle et noble simplicité dont Voltaire et Buffon viennent de nous donner des exemples ; aux mouvements de l’âme, de froides et ridicules exclamations ; et le langage technique des sciences exactes à ces figures hardies ou touchantes qui donnent tant de force ou de chaleur au style. […] « Homme de lettres, si tu as de l’ambition, ta pensée devient esclave, et ton âme n’est plus à toi. […] Si tu t’occupes de fortune, tu te mets toi-même à l’enchère. — Si ton âme est noble, ta fortune est l’honneur ; ta fortune est l’estime de ta patrie, l’amour de tes concitoyens, le bien que tu peux faire. […] Il fallait, pour ainsi dire, défaire son âme et la refaire. — Tant de difficultés n’effrayèrent point Descartes : il examine tous les tableaux de son imagination, et les compare avec les objets réels : il descend dans l’intérieur de ses perceptions qu’il analyse. — Son entendement, peuplé auparavant d’opinions et d’idées, devient un désert immense ».
Le but de l’élégie est d’attendrir l’âme, et non d’exciter la terreur. […] Tout y porte l’empreinte d’une âme sensible et profondément affligée. […] Tout ce qui agite l’âme avec violence, tout ce qui lui cause une émotion douce, convient essentiellement à l’ode. […] Mais en éclairant notre âme, il faut qu’il l’échauffe et la transporte. […] Mais dans la première, l’âme du poète est agitée avec violence ; dans celle-ci elle est émue légèrement.
Les prospérités militaires laissent dans l’âme je ne sais quel plaisir touchant qui l’occupe et la remplit tout entière. […] « Certes, s’il y a une occasion au monde où l’âme pleine d’elle-même soit en danger d’oublier son Dieu, c’est dans ces postes éclatants où un homme, par la sagesse de sa conduite, par la grandeur de son courage, par la force de son bras, et par le nombre de ses soldats, devient comme le dieu des autres hommes, et rempli de gloire en lui-même, remplit tout le reste du monde d’amour, d’admiration ou de frayeur. Les dehors même de la guerre, le son des instruments, l’éclat des armes, l’ordre des troupes, le silence des soldats, l’ardeur de la mêlée, le commencement, les progrès et la consommation de la victoire, les cris différents des vaincus et des vainqueurs, attaquent l’âme par tant d’endroits, qu’enlevée à tout ce qu’elle a de sagesse et de modération, elle ne connaît plus ni Dieu, ni elle-même. […] En vain les peuples s’empressaient pour le voir ; en vain sa seule présence, sans train et sans suite, faisait sur les âmes cette impression presque divine qui attire tant de respect, et qui est le fruit le plus doux et le plus innocent de la vertu héroïque : toutes ces choses, si propres à faire rentrer un homme en lui-même par une vanité raffinée, ou à le faire répandre au dehors par l’agitation d’une vanité moins réglée, n’altéraient en aucune manière la situation tranquille de son âme ; et il ne tenait pas à lui qu’on n’oubliât ses victoires et ses triomphes ».
Il aime les cimes supérieures, et sa devise pourrait être ; Haut les cœurs Dans Eleusis et Psyché, qui furent ses premières œuvres, et font revivre des légendes antiques, la nature semble être une médiatrice entre l’âme et Dieu. […] Que le moindre clocher sonne le glas d’alarmes ; Que chacun sous son toit se dresse avec ses armes ; Que tout hameau lointain vierge de l’étranger Coure au-devant du flot qui nous veut submerger ; ……………… Que tout homme jaloux d’une sœur, d’une femme, Ayant à lui son champ et sa fierté dans l’âme ; Que tout chef d’une race, et tout enfant pieux Qui sait sous quel gazon reposent ses aïeux, Jurant de recouvrer cette place usurpée, Frappe un coup de sa faux, s’il manque d’une épée. […] Une maitresse d’école Prnette 2 Elle aimait entre tous, de son amour de mère, Ceux dont l’âme innocente attend une lumière. […] Elle excitait d’un mot chez ses petits convives Les curiosités de leurs âmes naïves…… ……………… C’était près d’elle à qui se ferait écolier ; Tout enfant chérissait son toit hospitalier. […] « La vertu est la santé de l’âme.
Mais, son parti pris, il n’hésite plus, il devient le partisan le plus zélé de la guerre, l’âme de l’expédition. […] Les uns, âmes lâches comme Démade, Eschine et Philocrate, se vendaient effrontément au Macédonien. […] La source des grandes actions était tarie dans les âmes, mais non celle de grands sentiments. […] L’orateur, maître de ces âmes rebelles, put les manier à plaisir. […] Ses exordes disposaient les âmes au recueillement nécessaire à la délibération.
« Ô vertu, science sublime des âmes simples, faut-il donc tant de peines et d’appareil pour te connaître ? […] On a pu juger par tous ces exemples, que l’apostrophe est une des figures les plus propres à exciter les passions, à remuer, à maîtriser les âmes. […] Cette figure est bien propre à exprimer les mouvements d’une âme, qui, agitée d’une passion violente, est dans une irrésolution continuelle sur le parti qu’elle doit prendre. […] L’univers tomberait sur la tête du juste ; son âme serait tranquille dans le temps même de sa chute. […] Son âme inaccessible à la crainte, parce qu’elle est vertueuse, est dans une sécurité parfaite ; et cette sécurité est un sentiment sublime.
Sans doute, c’est la nature qui fait les orateurs, comme l’on a dit qu’elle faisait les poètes, nascuntur poetæ ; c’est-à-dire que c’est elle qui donne aux uns et aux autres ce génie actif qui s’élance hors de la sphère commune ; cette âme de feu qui sent et qui s’exprime avec une vigueur qui étonne, et une chaleur qui entraîne l’auditeur. […] Le troisième et le plus haut degré de la composition oratoire, est celui qui s’empare irrésistiblement de l’auditoire, qui porte la conviction dans les esprits, le trouble et l’agitation dans les âmes, et qui les entraîne au gré de l’orateur ; qui nous fait partager ses passions, ses sentiments, aimer ou haïr avec lui, prendre les résolutions qu’il nous dicte, vouloir ce qu’il veut, et exécuter sans délai ce qu’il a voulu. […] Nous observerons que ce dernier genre est du ressort immédiat de la passion ; et nous définirons la passion, cet état de l’âme fortement agitée par un objet qui l’occupe tout entière. […] De là, l’incompatibilité évidente de tout ornement étudié, soit dans les choses, soit dans le style, avec l’éloquence de l’âme et du sentiment.
C’est ce que Platon appelle agir sur l’âme et émouvoir les entrailles. […] Ame inhumaine ! […] Moi, je ne connais point de nécessité plus pressante pour des âmes libres que l’instant du déshonneur. […] — La narration est intéressante lorsqu’elle éveille l’émotion dans l’âme de celui qui écoute ou qui lit. […] La vive peinture des choses et des faits, est la condition di succès, car elle transporte l’émotion de l’âme de l’écrivain dans l’âme du lecteur, 8.
N’est-ce pas à exprimer les sentiments et les passions qui occupent l’âme ? […] Le mouvement du corps est donc une peinture des pensées de l’âme ? […] Cette musique est une espèce de déclamation passionnée ; elle agit fortement sur l’âme. […] On voit partout une grande âme, une âme éloquente, qui exprime ses sentiments d’une manière noble et touchante. […] Les âmes fortes se rencontrent plus souvent que les beaux esprits.
Tout s’y réunit pour charmer à la fois l’âme et les sens. […] L’âme n’est alors remplie que de ce qui, l’occupa, et non de ce qu’on lui dit. […] Quelle âme villageoise ! […] Elle part d’une âme forte, courageuse, élevée au-dessus des âmes vulgaires. […] Le trouble et l’inquiétude ne peuvent être plus vifs : l’âme est déchirée.
Chaque pensée a son étendue, chaque image son caractère, chaque mouvement de l’âme son degré de force et de rapidité. […] Le style coupé convient aux mouvements tumultueux de l’âme : c’est le langage du pathétique véhément et passionné. […] Mais les écrivains doués d’une oreille sensible, et d’un goût sûr et délicat, ont su trouver au besoin, dans cette même langue, si ingrate et si stérile pour les autres, des nombres analogues à la pensée, au sentiment, au mouvement de l’âme qu’ils voulaient exprimer. […] Mais dans des moments plus tranquilles, dans la peinture des émotions de l’âme, l’éloquence française a prouvé mille fois le pouvoir et le charme de l’harmonie. […] Sa tête regarde le ciel, et présente une face auguste sur laquelle est imprimé le caractère de sa dignité : l’image de l’âme y est peinte par la physionomie ; l’excellence de sa nature perce à travers les organes matériels, et anime d’un feu divin les traits de son visage.
Dès lors, Bossuet devint l’âme de son siècle, et mérita ce titre de Père de l’Église que La Bruyère lui décerna de son vivant. […] O Dieu, que mon âme est pauvre ! […] Mon Dieu, lumière éternelle, c’est la figure de ce qui arrive à mon âme, quand vous l’éclairez. […] C’est là, dans ces constructions irrégulières se trahit l’essor spontané d’une âme et d’un cœur. […] Ce premier point a pour objet de désabuser les âmes de tous les biens que la mort enlève.
Leur âme, incapable de sentir les plaisirs, semble n’avoir de délicatesse que pour les peines ; un citoyen fut fatigué toute la nuit d’une feuille de rose qui s’était repliée dans son lit. […] Une des topographies les plus sombres, les plus lugubres, est celle du Palais de Lucifer, par Chateaubriand : elle remplit l’âme de tristesse. […] Cette idée laisserait dans l’esprit un souvenir inquiétant et douloureux, répandrait dans l’âme une tristesse importune, empoisonnerait les douceurs des plaisirs. […] Ils sont tout ce qu’il faut pour intéresser des âmes généreuses ; ils sont hommes, ils vous doivent être chers ; ils sont malheureux, ils doivent être respectables. […] qu’eût pensé votre grande âme, etc.
Lamennais 1782-1854 [Notice] M. de Lamennais nous offre dans sa vie comme dans ses œuvres les douloureuses contradictions d’une âme altière, ardente, incapable d’équilibre, et obstinée à se tourmenter elle-même par ses propres orages. […] L’impression dominante qu’il nous laisse est pénible et triste : c’est une âme fébrile dans un corps malade. […] Mon cœur, cependant, vous envoie ses vœux ; il demande pour vous, sinon le bonheur qui n’est point d’ici-bas, du moins ces secrètes consolations que la Providence fait couler d’en haut sur les âmes malades, ces joies intimes qui n’ont point de nom, parce qu’elles passent sur la terre comme quelque chose d’un autre monde, comme le souffle lointain de la patrie. […] Vous la jugez trop défavorablement ; sans doute les âmes y sont, comme partout, affaiblies par l’égoïsme, mais infiniment moins que vous ne pourriez le croire.
De même que chaque individu a une physionomie à lui qui ne ressemble à aucune autre, qui le fait distinguer entre mille ; chaque écrivain a un style particulier, expression de sa pensée, physionomie de son âme : sous cette enveloppe parlante, on suit les battements de son esprit, on surprend le secret de son cœur. […] » — Oui, mon fils ; nous avons une âme Qui par la mort ne périt pas : Le ciel l’attire et la réclame Quand nous sommes bons ici-bas. […] Le sublime transporte notre âme d’étonnement et d’admiration. […] L’exclamation est une figure qui exprime les sentiments vifs et passionnés de l’âme ; c’est un cri qui se fait jour au moyen des interjections. […] qu’eût pensé votre grande âme, si, pour votre malheur, vous eussiez vu la face pompeuse de Rome sauvée par votre bras, et que votre nom respectable avait plus illustrée que toutes ses conquêtes ?