Marguerite de Provence, apprenant que saint Louis venait de tomber entre les mains des Sarrazins et craignant qu’elle-même ne fût prise aussi par eux, ordonna à son vieil écuyer de se tenir constamment auprès d’elle, dans sa tente, et au moment où les Sarrazins pénétreraient jusqu’à elle, de lui trancher sur-le-champ la tête. […] Massillon y peint avec énergie la folie des hommes qui emploient à offenser Dieu les courts instants qui leur sont accordés sur cette terre : Tout change tout s’use, tout s’éteint : Dieu seul demeure toujours le même ; le torrent des siècles qui entraîne tous les hommes coule devant ses yeux, et il voit avec indignation de faibles mortels emportés par ce cours rapide l’insulter en passant, vouloir faire de ce seul instant tout leur bonheur, et tomber en sortant de là entre les mains éternelles de sa colère et de sa justice. […] Quoiqu’elle soit fort connue, nous nous plaisons à la répéter ici ; le prince indien venait de tomber entre les mains d’Alexandre : « Comment veux-tu que je te traite ? […] On l’a vu quelquefois heurter du front contre celui d’un aveugle, s’embarrasser dans ses jambes, et tomber avec lui, chacun de son côté, à la renverse.
Mais combien imposante doit être la voix qui se fait entendre aux hommes, entre la tombe des rois et l’autel du Dieu qui les juge ! […] C’est Merci, rival digne de Comté et du vigilant Turenne ; auditeur invisible de leurs conseils, Contraste, pour le coup nous avons peur, nous sommes tombés dans un guet-apens. […] Si l’on tombait dans ce défaut, outre que l’on pourrait faire prendre des mots à contre-sens, on gâterait le rhytme du discours et 1’harmonie recherchée par un auteur. […] L’écueil ici est de tomber dans l’excès et de faire une caricature ; ce serait du plus mauvais ton. […] Vos ouvrages restent donc de simples traités de Rhétorique, et c’est votre faute s’ils sont décousus et tombent par lambeaux.
Le principe détruit, toutes les conséquences que l’adversaire en a tirées tomberont d’elles-mêmes. […] Dans ses Sermons, admirables d’ailleurs, Bossuet est souvent tombé dans cette irrégularité. […] Les deux principaux écueils du panégyriste sont de tomber dans l’exagération et de ne pas dessiner assez nettement le caractère du personnage. […] En visant à la correction, prenez garde de tomber dans le purisme. […] Tout au plus, dans les grandi mouvements, tombent-elles vivantes encore du bord de : lèvres ; mais c’est pour aller s’éteindre au pied de la chaire.
Quand l’âme est élevée, dit Chateaubriand, les paroles tombent de haut, et l’expression noble suit toujours la noble pensée. […] Sénèque, Lucain, Corneille lui-même, sont tombés dans ce défaut. […] Quel vers ne tomberait au seul nom de Heusden ? […] Le peuple, saisi de pitié, tombe lui-même à genoux et répète avec les soldats : Sacrifiez, sacrifiez. […] Presque tous ces poèmes, qui n’aspirent qu’au titre d’héroïque, tombent bientôt dans l’oubli.
Ce discours a un double but : il fait ressortir la grandeur, les talents, les vertus du personnage qu’il célèbre, en le proposant à l’admiration et à l’imitation des auditeurs ; puis il montre la mort triomphant de la grandeur et de la gloire, et l’orgueil humain confondu devant l’égalité de la tombe. Par ce double enseignement, à la fois religieux et moral, l’oraison funèbre évite de tomber dans l’écueil d’une profane et plate adulation ; elle montre la main de la Providence dans tous les évènements humains, et rapporte toute la vie du personnage à la nécessité de pratiquer la piété et la vertu. […] C’est un hommage rendu à la mémoire des morts, et souvent prononcé sur leur tombe.
Je ne dirai pas qu’elle fait tomber toute sévérité, car ce serait un malheur ; mais quand on connaît l’humanité et ses faiblesses, quand on sait ce qui la domine et l’entraîne, sans haïr moins le mal, sans aimer moins le bien, on a plus d’indulgence pour l’homme qui s’est laissé aller au mal par les mille entraînements de l’âme humaine, et on n’adore pas moins celui qui, malgré toutes les basses attractions, a su tenir son cœur au niveau du beau, du bon et du grand1. […] Une couronne tombe avec fracas, entraînant la tête auguste qui la portait. […] Il tombe enfin, laissant le monde rempli de ses œuvres, l’esprit humain plein de son image, et le plus actif des mortels va mourir, mourir d’inaction, dans une île du grand Océan !
La délicatesse doit avoir ses bornes comme la finesse, sans quoi elle tombe dans l’affectation et dans l’obscurité. […] Lamartine a dit, en parlant de l’homme : Borné dans sa nature, infini dans ses vœux, L’homme est un Dieu tombé qui se souvient des cieux. […] Macduff tombe dans une douleur morne : son ami veut le consoler, il ne l’écoute point ; et méditant sur le moyen de se venger de Macbeth, il ne dit que ces mots terribles : Il n’a point d’enfants ! […] Pour dire que l’homme conserve jusqu’à la mort des espérances qui ne se réalisent jamais, Bossuet, ennoblissant cette idée aussi simple que vraie, la revêt d’une image sublime : L’homme marche vers la tombe, dit-il, traînant après lui la longue chaîne de ses espérances trompées. […] Ce serait tomber dans ce défaut que de parler de la philanthropie des premiers chrétiens, des prolétaires du xiie siècle, etc.
Précipice élevé d’où tombe mon honneur1. ! […] Si montrer du courage et du ressentiment, Si venger un soufflet mérite un châtiment, Sur moi seul doit tomber l’éclat de la tempête : Quand le bras a failli, l’on en punit la tête. […] Après qu’on eut mangé, mille et mille fusées S’élançant vers les cieux, ou droites ou croisées, Firent un nouveau jour, d’où tant de serpenteaux D’un déluge de flamme attaquèrent les eaux, Qu’on crut que, pour leur faire une plus rude guerre, Tout l’élément du feu tombait du ciel en terre. […] Chef était alors le synonyme de tête. — Excepté ce terme tombé en désuétude, remarque ici La Harpe, « y a-t-il dans tout ce morceau, si vigoureux, si animé, si pathétique, un seul mot au-dessous du style noble ; et, en même temps, y en a-t-il un seul qui ne soit dans la nature et la vérité ? […] C’était l’indicatif présent du verbe ouïr, synonyme d’entendre, dont le futur était j’orrai : presque tous les temps de ce verbe sont tombés en désuétude.
La conversation tombe sur les pertes que l’on peut éprouver : « Ah ! […] Et le manoir, que nul n’osa plus habiter, tomba en ruines. […] Il propose à l’officier vandale, à qui le jeune homme était tombé en partage, de le prendre lui-même à sa place pour esclave. […] Une tempête épouvantable éclate ; la foudre tombe sur la gondole, qui va être submergée. […] Il a le malheur de tomber entre leurs mains.
» Perrette, là-dessus, saute aussi, transportée : Le lait tombe ; adieu veau, vache, cochon, couvée. […] C’est à leur absence de naturel et peut-être aussi au peu d’intérêt du genre lui-même, que les églogues de Fontenelle doivent d’être tombées dans un profond oubli. […] adieu, je succombe ; Votre deuil me prédit mon sort, Et dans chaque feuille qui tombe Je vois un présage de mort. […] Tombe, tombe, feuille éphémère ! […] La dernière feuille qui tombe A signalé son dernier jour.
Et tout cela nous pourrait faire ressouvenir soit des fautes où nous sommes autrefois tombés par des passions semblables, soit de celles où nous tombons encore par d’autres passions qui ne sont peut-être pas moins dangereuses et dans lesquelles nous ne sommes pas moins aveugles ; par là toute notre application se portant à nos propres défauts, nous en deviendrions beaucoup plus disposés à supporter ceux des autres.
vous n’êtes point tombée en de barbares mains. 2° Syllepse du nombre ; c’est celle où les mots ne sont pas en rapport de nombre. […] On nomme déclamation le style des écrivains qui tombent dans les quatre défauts précédents. […] On tombe dans l’amplification quand on délaye trop ses pensées. […] On est alors bien près du burlesque, et il faut prendre garde d’y tomber. […] L’écueil ici est de tomber dans l’excès et de faire une caricature ; ce serait du plus mauvais ton.
S’il conte une nouvelle, c’est moins pour l’apprendre à ceux qui l’écoutent que pour avoir le mérite de la dire, et de la dire bien ; elle devient un roman entre ses mains ; il fait penser les gens à sa manière, leur met en la bouche ses petites façons de parler, et les fait toujours parler longtemps ; il tombe ensuite en des parenthèses qui peuvent passer pour des épisodes, mais qui font oublier le gros de l’histoire, et à lui qui vous parle, et à vous qui le supportez. […] Se faire valoir par des choses qui ne dépendent point des autres ; mais de soi seul, ou renoncer à se faire valoir : maxime inestimable et d’une ressource infinie dans la pratique, utile aux faibles, aux vertueux, à ceux qui ont de l’esprit, qu’elle rend maîtres de leur fortune ou de leur repos ; pernicieuse pour les grands et qui diminuerait leur cour, ou plutôt le nombre de leurs esclaves ; qui ferait tomber leur morgue avec une partie de leur autorité, et les réduirait presque à leurs entremets et à leurs équipages ; qui les priverait du plaisir qu’ils sentent à se faire prier, presser, solliciter, à faire attendre ou à refuser, à promettre et à ne pas donner ; qui les traverserait dans le goût qu’ils ont quelquefois à mettre les sots en vue, et à anéantir le mérite quand il leur arrive de le discerner ; qui bannirait des cours les brigues, les cabales, les mauvais offices, la bassesse, la flatterie, la fourberie ; qui ferait d’une cour orageuse, pleine de mouvements et d’intrigues, comme une pièce comique ou même tragique, dont les sages ne seraient que les spectateurs ; qui remettrait de la dignité dans les différentes conditions des hommes, de la sérénité sur leurs visages ; qui étendrait leur liberté ; qui réveillerait en eux, avec les talents naturels, l’habitude du travail et de l’exercice ; qui les exciterait à l’émulation, au désir de la gloire, à l’amour de la vertu ; qui, au lieu de courtisans vils, inquiets, inutiles, souvent onéreux à la république, en ferait ou de sages économes ou d’excellents pères de famille, ou des juges intègres, ou de bons officiers, ou de grands capitaines, ou des orateurs, ou des philosophes ; et qui ne leur attirerait à tous nul autre inconvénient que celui peut-être de laisser à leurs héritiers moins de trésors que de bons exemples1. […] Commence-t-il à chanceler dans le poste où on l’avait mis, tout le monde passe facilement à un autre avis ; en est-il entièrement déchu, les machines qui l’avaient guindé si haut, par l’applaudissement et les éloges, sont encore toutes dressées pour le faire tomber dans le dernier mépris ; je veux dire qu’il n’y en a point qui le dédaignent mieux, qui le blâment plus aigrement, et qui en disent plus de mal, que ceux qui s’étaient comme dévoués à la fureur1 d’en dire du bien2. […] Par ne vous pas laisser voir, tournure tombée en désuétude. […] qu’à la mort condamné Lally soit, en spectacle, à l’échafaud traîné ; Elle ira la première à cette horrible fête Acheter le plaisir de voir tomber sa tête.
Les Perses pillaient la ville de Sardes, sa capitale, qui venait de tomber entre leurs mains. […] Le citoyen le plus heureux, si sa patrie vient à tomber, tombe nécessairement avec elle ; tant qu’elle se soutient, il trouve dans le bonheur général les moyens de réparer ses propres disgrâces. […] Prends garde, en voulant parvenir au sommet, de tomber avec la branche que tu auras saisie.
L’instinct patriotique était très-vif en lui ; quand tomba l’empire, il ressentit douloureusement les blessures de la France. […] Des générations de rois issus du même sang se sont succédé pendant dix siècles au gouvernement du même peuple, et, malgré cette perpétuité d’intérêt et de commandement, ils n’ont pu couvrir aux yeux du monde les fautes de leurs pères, et maintenir sur leur tombe le faux éclat de leur vie. […] Tout à l’heure il descendra l’escalier paternel, il paraîtra dans la place publique ; son oreille entendra le choc douloureux des ambitions qui se heurtent, des idées qui se repoussent, et, comme une feuille tombée dans les flots d’une mer émue, il s’étonnera pour la première fois du prix que coûte la vie et des mystères qu’elle contient. […] Ne le demandez pas, messieurs : la parole s’est glissée dans l’ombre de la tyrannie ; elle a rencontré çà et là, comme en un champ moissonné, des âmes demeurées pures de leur siècle, et, semant par elles le besoin de la force antique, elle a ranimé le sénat, le peuple, le forum, les dieux éteints, la Majesté tombée, et tous ensemble, ressuscitant en un même jour, ils ont donné aux vivants et aux morts une sainte et dernière apparition de la patrie1.
Cette pause, que l’on appelle encore césure, tombe toujours, dans la poésie française, au milieu du vers héroïque ou hexamètre. […] Les pédants seuls peuvent tomber dans un tel extrême. […] Si l’on pouvait ne le jamais perdre de vue, on éviterait de tomber dans bien des erreurs. […] Dans l’un et l’autre cas il court grand risque de tomber dans l’extravagance. […] Homère y tombe souvent au-dessous de la dignité de la poésie épique.
Cependant il se trouve qu’après avoir vécu onze cents ans plein de force et de crédit, après avoir été employé dans les plus importants traités et avoir assisté toujours honorablement dans le conseil de nos rois, il tombe tout d’un coup en disgrâce et est menacé d’une fin violente4. […] Monseigneur, à cette heure que je suis loin de votre altesse, je suis résolu de lui dire tout ce que je pense d’elle il y a longtemps, et que je n’avais osé lui déclarer, pour ne pas tomber dans les inconvénients où j’avais vu ceux qui avaient pris avec vous de pareilles libertés.
Chacun fuit ou se cache ; quelques-uns sont arrachés des bras de leurs femmes ou de leurs enfants ; mais la plupart nus, dans les rues, ou fuyant dans la campagne, tombent aux mains de ceux qui les attendaient dehors. […] De vous dire pourquoi, cela serait long ; suffit6 qu’ils nous haïssent à mort, et qu’on passe fort mal son temps lorsqu’on tombe entre leurs mains.
Il ne voit, dans les feuilles qui tombent, qu’un engrais pour la terre ; dans les vents qui agitent les forêts, que des courants destinés à purifier l’air que nous respirons ; dans la pluie qui inonde les champs, que des eaux qui vont alimenter les ruisseaux voisins et faire mouvoir les usines. Mais l’âme du poète ne peut rester insensible à ce tableau ; ces bois qui se dépouillent en gémissant de leur parure, ces feuilles jaunies qui tombent emportées par les vents, ces ruisseaux qui précipitent leurs eaux troublées, ces vents qui murmurent à travers les rameaux desséchés, lui paraissent exprimer la souffrance et le deuil.
Puissé-je de mes yeux y voir tomber la foudre ! […] Je me pare des fleurs qui tombent de sa main ; Il ne fait que l’ouvrir, et m’en remplit le sein. […] On peut appliquer à la mélodie ce que nous avons dit du sens : lorsqu’elle tombe vers la fin, il en résulte un mauvais effet. […] Il faut mêler des phrases courtes aux périodes longues et sonores, et rendre le discours animé en même temps qu’on lui donne de la douceur et de la pompe, sous peine de tomber dans la monotonie. […] Qu’Ajax soulève et lance un énorme rocher, Le vers appesanti tombe avec cette masse.