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83. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre troisième. De l’élocution. »

Pour être bonnes, elles doivent être l’effet du sentiment et des mouvements naturels. […] Les parties du corps qui sont regardées comme le siège des passions et des sentiments, se prennent pour les sentiments mêmes. […] S’il s’agit d’images ou de sentiments elle unit leurs commencements, leurs progrès et leur force. […] Les passions s’en accommodent peu, et les sentiments vifs encore moins. […] —Le sublime de sentiment, — Le sublime de passion. — Le sublime des idées. — Le sublime de caractère, etc., etc.

84. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre II. — Choix des Pensées »

4° Pensées fines Les pensées fines déguisent par un tour adroit un sentiment ou une réflexion qui perdrait à se montrer dans tout son jour. […] 6° Pensées tendres La pensée tendre est celle qui exprime un sentiment doux et cher au cœur. […] Où trouver des paroles et des pensées plus remarquables par leur énergie, et surtout par leur noblesse de sentiment ? […] La vertu doit donc accompagner la noblesse ; et c’est pour cela qu’une pensée noble ne peut sortir que d’un cœur vertueux ; elle contient l’expression d’un sentiment élevé, qui saisit l’âme et lui cause en même temps un plaisir mêlé d’admiration. […] Il y a un exemple de gradation dans ce passage de l’Oraison funèbre de Turenne, lorsque Fléchier parle des sentiments religieux de son héros et de son humanité.

85. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre II. Du Sublime dans les Choses. »

Toutes les fois que, dans une situation critique et dangereuse, nous voyons un homme déployer un courage extraordinaire, ne compter que sur lui-même, se montrer inaccessible à la crainte et plus grand que le danger, mépriser l’opinion du vulgaire, son intérêt personnel, et jusqu’à la mort qui le menace, l’élévation de son âme passe dans la nôtre, et nous éprouvons le sentiment du sublime. […] Voilà des exemples du sublime de sentiment. […] Il est un très grand nombre d’objets sublimes, qui n’ont pas le moindre rapport avec la terreur : la perspective, par exemple, d’une plaine immense, l’aspect du ciel pendant une belle nuit, ou les sentiments moraux enfin, qui excitent en nous une si grande admiration.

86. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre IX. de la disposition. — proportions, digressions, transitions, variété  » pp. 118-130

Ainsi notre âme aime à connaître et à voir, à se ressouvenir de ce qu’elle a vu et à en conclure par l’imagination ce qu’elle verra ; le désordre et la confusion laissent en elle un sentiment de fatigue et d’inanité, et c’est d’après cette constitution de notre intelligence que nous venons de demander l’unité de l’ensemble et l’enchaînement rationnel des idées. […] En effet, si le sentiment de l’unité, de l’ordre, de la symétrie, des proportions exactes, est dans notre nature, elle comporte également et à un aussi haut degré celui de la variété, des contrastes, de la surprise. […] Sans prescrire les plaisirs de la surprise, qui compte aussi parmi les jouissances intellectuelles, sans nier ce besoin du nouveau, du piquant, de l’imprévu, qui doit nous réveiller par intervalles, qu’en général le passage d’un sentiment à un autre, d’un ordre d’idées à un ordre opposé, soit habilement ménagé et les grands effets amenés par une préparation et une gradation savantes. […] « Nihil est in nutura rerum omnium, dit Cicéron, quod se universum profundat et quod lotum repente evolet. » Tout écrivain a des preuves à énumérer, des motifs à faire valoir, des sentiments à exprimer ou h inspirer, des passions à allumer, à éteindre, à représenter. […] Dans l’autre, on présente une succession graduée d’images et de sentiments qui enchérissent toujours les uns sur les autres.

87. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIV. de la fin  » pp. 189-202

Horace a prouvé, par le meurtre de sa sœur, que l’amour de la patrie triomphe des sentiments de la nature, mais périra-t-il lui-même ? […] Comme il s’agit à ce moment décisif de frapper les derniers coups, comme l’auditeur s’est échauffé à votre feu, identifié avec vos sentiments, tout alors vous est permis, tours animés, expressions énergiques, figures brillantes et hardies, hypotyposes, prosopopées, invocation de la nature entière, animée ou inanimée, en un mot, tout ce que la passion brûlante, impétueuse, peut vous fournir pour enfoncer le trait dans les âmes, pour faire jouer les deux grands ressorts tragiques, la terreur et la pitié. […] « En ce jour, Sire, avant que Votre Majesté reçût cette onetion divine, avant qu’elle eût revêtu ce manteau royal qui ornait bien moins Votre Majesté qu’il n’était orné de Votre Majesté même, avant qu’elle eût pris de l’autel, c’est-à-dire de la propre main de Dieu, cette couronne, ce seeptre, cette main de justice, cet anneau qui faisait l’indissoluble mariage de Votre Majesté et de son royaume, cette épée nue et flamboyante, toute victorieuse sur les ennemis, toute-puissante sur les sujets, nous vîmes, nous entendîmes Votre Majesté, environnée des pairs et des premières dignités de l’Etat, au milieu des prières, entre les bénédictions et les cantiques, à la face des autels, devant le ciel et la terre, les hommes et les anges, proférer de sa bouche sacrée ces belles et magnifiques paroles, dignes d’être gravées sur le bronze, mais plus encore dans le cœur d’un si grand roi : Je jure et promets de garder et faire garder l’équité et miséricorde en tous jugements, afin que Dieu, clément et miséricordieux, répande sur moi et sur vous sa miséricorde. » Mais où l’orateur rencontre souvent les accents les plus pathétiques, c’est lorsqu’il se met lui-même en scène, et qu’il communique à l’auditoire cette énergie de la personnalité qui met, non plus les opinions et les sentiments, mais l’homme lui-même en contact avec l’homme. […] Courbé, comme je le suis, par la main de la douleur, je suis peu capable d’assister mon pays dans cette périlleuse conjoncture ; mais, milords, tant que je garderai le sentiment et la mémoire, je ne consentirai jamais à priver la royale postérité de la maison de Brunswick et les descendants de la princesse Sophie de leur plus bel héritage. » N’est-ce pas dans l’intervention personnelle de l’orateur que consiste en grande partie le triomphe de Bossuet, dans la péroraison de l’Oraison funèbre de Condé, « lorsqu’après avoir mis Coudé au cercueil, comme parle Chateaubriand, il appelle les peuples, les princes, les prélats, les guerriers au catafalque du héros ; lorsqu’en s’avançant lui-même avec ses cheveux blancs il fait entendre les accents du cygne, montre Bossuet un pied dans la tombe, et le siècle de Louis, dont il a l’air de faire les funérailles, prêt à s’abîmer dans l’éternité ?  […] Cette profonde sympathie pour les misères physiques et morales de l’humanité, ce salutaire effroi des impénétrables jugements de Dieu, cette invincible fermeté contre les méchants, cette inépuisable charité qui doivent animer le prédicateur, lui permettent de multiplier les tableaux terribles ou touchants, énergiques ou tendres, de répandre l’onction la plus pénétrante, de faire un appel aux sentiments les plus affectueux.

88. (1882) Morceaux choisis des prosateurs et poètes français des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Cours supérieur. Poètes (2e éd.)

Malherbe, Corneille, Boileau, n’eurent que très peu ou n’eurent pas du tout le sentiment grec. […] Il a tout renouvelé au théâtre : sujets, sentiments, style, jeu, costumes, décorations. […] Le pardon et la pitié sont les seuls sentiments qu’inspire sa situation fatale. […] Jamais plus grands sentiments ne furent rendus dans une langue plus magnifique et plus sublime. […] Ses figures sont fournies moins par la vivacité des sentiments que par la rhétorique.

89. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre IV. Continuation du même sujet. Historiens latins. »

Il excelle surtout à exprimer les sentiments doux et touchants, et nul historien n’est plus pathétique ». […] Quelle explosion de sentiments vraiment paternels, dans le début de ce discours ; comme tout y annonce une âme révoltée de l’horreur du forfait, et pénétrée en même temps de tendresse pour un fils qu’égare son admiration fanatique pour les Romains ! Cette confusion de sentiments divers qui se précipitent à la fois, ce désordre qu’ils jettent nécessairement dans les idées, comportent nécessairement aussi un désordre dans les mots, qui ajoute à l’effet du discours, mais que l’on ne peut qu’indiquer dans la traduction. […] Ses harangues sont moins des discours travaillés avec prétention, que l’expression vraie de ses propres sentiments ; et c’est là surtout qu’il est facile et satisfaisant d’appliquer la remarque que nous faisions il n’y a qu’un instant. […] Mais ne vous figurez pas que les hommes naissent fidèles : si cette vertu leur était naturelle, elle se manifesterait en eux à l’égard de tous, ainsi que certains sentiments que la nature donne à l’espèce humaine.

90. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre second. Définition et devoir de la Rhétorique. — Histoire abrégée de l’Éloquence chez les anciens et chez les modernes. — Chapitre premier. Idée générale de l’Éloquence. »

Ce genre de composition offre à l’esprit un délassement agréable, et peut d’ailleurs laisser échapper, par intervalle, les traits d’une morale utile ou d’un sentiment agréable. […] Le troisième et le plus haut degré de la composition oratoire, est celui qui s’empare irrésistiblement de l’auditoire, qui porte la conviction dans les esprits, le trouble et l’agitation dans les âmes, et qui les entraîne au gré de l’orateur ; qui nous fait partager ses passions, ses sentiments, aimer ou haïr avec lui, prendre les résolutions qu’il nous dicte, vouloir ce qu’il veut, et exécuter sans délai ce qu’il a voulu. […] De là, l’incompatibilité évidente de tout ornement étudié, soit dans les choses, soit dans le style, avec l’éloquence de l’âme et du sentiment.

91. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Chapitre premier. De l’art de la composition en général. »

Si l’écrivain a bien médité son sujet, s’il s’est fait un plan, « il s’apercevra aisément, dit Buffon, de l’instant auquel il doit prendre la plume ; il sentira le point de maturité de la production de l’esprit ; il sera pressé de la faire éclore ; il n’aura même que du plaisir à écrire ; la chaleur naîtra de ce plaisir, se répandra partout, et donnera de la vie à chaque expression ; tout s’animera de plus en plus ; le sentiment se joignant à la lumière, l’augmentera, la fera passer de ce qu’on a dit à ce qu’on va dire, et le style deviendra intéressant et lumineux. » Il est donc important de profiter de ce premier mouvement de verve qui suit la méditation ; il est ordinairement fécond en sentiments vifs, en pensées nobles et élevées ; c’est une flamme qui est d’autant plus précieuse qu’elle dure moins longtemps. […] Par exemple, si le sujet est léger, il ne faut pas le traiter en style grave et pompeux ; on ne doit pas raisonner là où il convient d’exprimer du sentiment.

92. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre IV. Des Ouvrages Didactiques. »

Pour juger, sans passion, il faut principalement se défendre des illusions de l’amitié, et s’élever au-dessus de tout sentiment de haine ou de tout motif d’intérêt. […] Voyez avec quelle sage retenue, avec quelle décence enjouée, avec quelle urbanité La Motte défend son sentiment dans la fameuse querelle de la préférence des anciens sur les modernes, tandis que son adversaire, la savante madame Dacier, s’emporte presque jusqu’à la fureur et à la grossièreté. […] Les interlocuteurs doivent y développer leur sentiment particulier avec la plus exacte précision, et y déployer toute la force du raisonnement. […] Les meilleurs modèles de critique que je connaisse en notre langue, sont les Sentiments de l’Académie sur le Cid, tragédie de Corneille, et les Réflexions critiques sur le génie d’Horace, de Despréaux et de Rousseau, par le duc de N***.

93. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Silvestre de Sacy Né en 1804 » pp. 271-274

Il les admire avec l’accent d’une amitié respectueuse qui trahit des sympathies secrètes de croyances, de sentiments ou même de talent ; car il nous parle de ses maîtres favoris avec leur tour d’esprit et presque dans leur langue. […] La raison la plus ferme s’y allie aux délicatesses du sentiment. […] que trop exact à l’heure ; de ne rentrer chez soi que pour changer de livres et de méditations, ou pour se livrer à ce repos absolu qui est doux comme le sentiment d’une bonne conscience !

94. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Silvestre de Sacy. Né en 1801. » pp. 522-533

Il les admire avec l’accent d’une amitié respectueuse qui trahit des affinités, des sympathies secrètes de croyances, de sentiments, ou même de talent ; car ce commerce intime lui a porté bonheur, et il nous parle de ses maîtres favoris avec leur tour d’esprit et presque dans leur langue. […] La raison la plus ferme s’y allie aux délicatesses du sentiment. […] Lisez ensuite les Maximes de La Rochefoucauld ; et comparez le sentiment amer que vous laisseront celles-ci à la fraîcheur, au contentement qui pénètre l’âme à la lecture des divines pages de Platon. […] que trop exact à l’heure ; de ne rentrer chez soi que pour changer de livres et de méditations, ou pour se livrer à ce repos absolu qui est doux comme le sentiment d’une bonne conscience ! […] On y trouve et on y a relevé avec bien de l’amertume quelques traits vaniteux dont la naïveté même est une grâce de plus ; on n’y trouve pas un sentiment mauvais !

95. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie —  Vauvenargues, 1715-1747 » pp. 336-343

Stoïcien tendre, il justifia par son exemple ce mot excellent qui est de lui : « Les grandes pensées viennent du cœur. » Philosophe religieux par sentiment, il se conserva pur de toute contagion dans un siècle où la licence des mœurs atteignait les idées. […] Il faisait peu de mal, parce qu’il faisait peu de bien ; il commettait peu de fautes, parce qu’il n’avait pas cette chaleur de sentiment et cette hardiesse d’esprit qui poussent à tenter de grandes choses. […] Je ne vous dis pas à quel point j’aurais été flatté d’être compté parmi ceux qui serviront la province dans ces circonstances ; je crois que vous ne doutez pas de mes sentiments. […] « Je vais lire vos Portraits, lui écrivait Voltaire ; si jamais je veux faire celui du génie le plus naturel, de l’homme du plus grand goût, de l’âme la plus haute et la plus simple, je mettrai votre nom au bas. » Vauvenargues disait ailleurs : « On doit se consoler de n’avoir pas les grands talents, comme on se console de n’avoir pas les grandes places : on peut être au-dessus de l’un et de l’autre par le cœur. » Citons encore de lui quelques pensées détachées : « Les feux de l’aurore ne sont pas si doux que les premiers regards de la gloire. » « Les orages de la jeunesse sont environnés de jours brillants. » « Les premiers jours du printemps ont moins de grâce que la vertu naissante d’un jeune homme. » « La servitude abaisse l’homme jusqu’à s’en faire aimer. » « La liberté est incompatible avec la faiblesse. » « Le fruit du travail est le plus doux plaisir. » « C’est un grand signe de médiocrité que de louer toujours modérément. » « Si vous avez quelque passion qui élève vos sentiments, qui vous rend plus généreux, plus compatissant, plus humain, qu’elle vous soit chère. » « Les conseils de la vieillesse éclairent sans échauffer, comme le soleil d’hiver. » « Les longues prospérités s’écoulent quelquefois en un moment, comme les chaleurs de l’été sont emportées par un jour d’orage. » 1.

96. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Saint-Marc Girardin. Né en 1801. » pp. 534-541

Sa popularité se compose de tous nos bons sentiments. […] Les gens bizarres ne sont amusants que pendant une heure au plus, parce qu’au bout d’une heure on est las de voir leurs sentiments et leurs idées tourner toujours dans le même cercle. […] Nous ne pouvons un peu que parce que nous voulons beaucoup, et nous n’arrivons au bien que parce que nous avons l’idée du mieux : tant éclate partout, dans nos actions comme dans nos sentiments, ce contraste de grandeur et de misère, de faiblesse et de force, qui fait le fond du cœur et de l’esprit humain2 ! […] « Le sentiment est difficile sur l’expression ; il la cherche, et cependant ou il balbutie, ou il produit d’impatience un éclair de génie.

97. (1885) Morceaux choisis des classiques français, prose et vers, … pour la classe de rhétorique

L’orgueil, le bien-être, le sentiment de la possession d’une part ; de l’autre part, l’envie, la souffrance et le sentiment de la justice. […] Les émancipations successives doivent être précédées d’un développement suffisant de l’intelligence, d’un perfectionnement du sentiment moral. […] Comme on le croyait déjà privé de sentiment, on ne pensait pas qu’il pût entendre les discours. […] Le premier était des Frondeurs, nom donné par raillerie à ceux qui étaient contre les sentiments de la cour. […] Casimir Périer les sentiments des juges les plus difficiles, comme du public français et européen.

98. (1853) Exercices de composition et de style ou sujets de descriptions, de narrations de dialogues et de discours

Toujours le sentiment de l’honneur l’emporte. […] Les deux amis traversent les rues de Messine ; sentiments qu’éprouve Delmance en parcourant cette ville criminelle. […] Décrivez les sentiments qui l’agitent. […] Décrivez les sentiments qu’éprouve le jeune reclus à la vue de son oncle. […] Il exprime dans un monologue les sentiments qui l’agitent.

99. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre V. — Qualités particulières du Style »

Marmontel nous fait remarquer, que « la finesse, lorsqu’elle est employée à exprimer un sentiment, s’appelle délicatesse. […] Il peut se trouver dans une phrase, dans un mot, très simple en apparence, si cette phrase ou ce mot expriment une grande image, un grand sentiment ou une grande pensée. […] Le Sublime proprement dit peut naître de, trois sources ; des images, des pensées et des sentiments. […] Corneille est de tous nos poètes celui dans lequel on trouve le plus de sentiments sublimes. […] Un des grands ornements qui donnent du charme à ce style, ce sont les images riantes, la douceur et le sentiment qu’il aime.

100. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Montesquieu, 1689-1755 » pp. 235-252

Il vous est permis de souhaiter de monter à des postes plus éminents, parce qu’il est permis à chaque citoyen de souhaiter d’être en état de rendre de plus grands services à sa patrie ; d’ailleurs, une noble ambition est un sentiment utile à la société, lorsqu’il se dirige bien. […] C’est en vain qu’une morale austère veut effacer les traits que le plus grand des ouvriers a gravés dans nos âmes : mieux vaut régler les sentiments de l’homme que les détruire. […] Adieu, mon cher et illustre abbé ; accordez-moi les sentiments que j’ai pour vous. […] Joubert disait : « Dans Montesquieu il y a des idées, mais il n’y a pas de sentiments politiques. […] C’est par les sentiments politiques cependant que les États ont une âme et de la vie.

101. (1867) Rhétorique nouvelle « Deuxième partie. L’éloquence du barreau » pp. 146-

La nature leur a donné la force et l’éclat ; mais elle leur a refusé l’esprit de finesse et le sentiment des proportions. […] On dit que les enfants eux-mêmes ont le sentiment des maux qu’ils voient souffrir. […] Comme il semble que, dans une situation pareille, la haine, l’indignation, la douleur, tous les sentiments qu’un cœur peut contenir doivent déborder dans le discours ! […] Ils y jouaient, pour ainsi dire, leurs sentiments, comme les acteurs leurs rôles sur la scène, avec cette différence que les acteurs rendent souvent l’émotion sans la ressentir, tandis que les Romains, la ressentant réellement, la jouaient souvent sans le savoir. […] Il le flatte, il l’intéresse à son client, il le prend par l’amour-propre, par la pitié, par la crainte, par tous les sentiments.

102. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XVIII. des qualites essentielles du style. — harmonie  » pp. 240-256

Mais dès que les sons prétendent représenter une pensée, une image, un sentiment, soit sous les formes vagues et souples de la musique, soit dans le langage plus strict et mieux défini de la littérature, l’oreille ne se contente plus de sa première jouissance, elle n’est pleinement satisfaite que par l’accord entre les sons et l’idée ou l’émotion à laquelle ils s’appliquent. Il y a donc deux sortes d’harmonie : celle que j’appellerai générale, qui ne considère les sons qu’en eux-mêmes et abstraction faite de l’idée qu’ils représentent, et l’harmonie spéciale ou imitative, qui les considère dans leurs rapports avec les pensées et les sentiments qu’ils expriment. […] Le sentiment réfléchi de la peine que doit avoir celui qui parle nous fatigue nous-mêmes. » Tout est là. […] Si l’on a défini l’hypocrisie un hommage que le vice rend à la vertu, on peut définir le cuir un hommage que rend l’ignorance au sentiment de l’harmonie. […] Parmi les poëtes français, Chapelain, Lamotte, Crébillon, Lemierre, paraissent avoir été complétement étrangers à tout sentiment d’harmonie.

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