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2. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre IV. Du genre dramatique. » pp. 252-332

Il existe même des comédies en un acte, comme les Précieuses ridicules. […] Qu’est-ce que le ridicule ? […] Quels sont les principaux moyens de faire · sortir les ridicules et les vices ? […] Le premier consiste à opposer un ridicule à un autre ridicule, un vice à un autre vice, comme si on représentait une femme altière et absolue à côté d’un mari pusillanime et soumis, un père avare à côté d’un fils prodigue. […] Le plus souvent, la comédie repose sur le contraste de deux ridicules ou de deux vices opposés.

3. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre IV. Genre dramatique. »

Cependant la comédie ne doit point s’ériger directement en école de morale ; son effet est indirect : en montrant ses personnages ridicules, elle nous porte à éviter les défauts qui les rendent tels. Il faut avouer que ce but est rarement atteint : nous avons souvent trop bonne opinion de nous-mêmes pour nous reconnaître dans un portrait qui représente en tout ou en partie notre ridicule moral. […] Cette force, c’est l’expression risible du ridicule, qui ne s’atteint que par une observation profonde, par un jugement fin et une imagination vive. […] Le comique bourgeois, qui peint les mœurs et les ridicules de la société moyenne : c’est le plus fécond et le plus facile à saisir ; le Bourgeois gentilhomme par exemple. […] Quand la comédie peint les mœurs particulières et locales, elle peut obtenir d’abord un plus grand succès ; mais ce succès est passager : il s’efface avec le ridicule qui l’a fait naître.

4. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre II. Du genre didactique. » pp. 161-205

Quelles sont les règles de la satire contre les ridicules et les travers ? […] Provoquant la moquerie et la risée, le ridicule nuit aux qualités les plus solides, et diminue même l’influence que donne la vertu. […] Boileau a quelquefois violé ces règles ; il a pris plaisir à tourner en ridicule l’indigence de quelques écrivains médiocres de son temps ; et en cela il ne doit pas être imité. […] Le vice tient au cœur par des racines trop profondes pour céder aux seules attaques de l’indignation et du ridicule. […] Que doit faire le poète quand il veut peindre les mœurs et les ridicules ?

5. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Nicole, 1625-1695 » pp. 72-75

Il n’y a rien de plus ridicule que d’être déraisonnable parce qu’un autre l’est, de se nuire à soi-même parce qu’un autre se nuit, et de se rendre participant de toutes les sottises étrangères, comme si nous n’avions pas assez de nos propres défauts et de nos propres misères, sans nous charger encore des défauts et des misères de ceux qui nous entourent. […] Nous y pourrions voir aussi avec étonnement à quel point ces mêmes passions aveuglent ceux qui en sont possédés ; car ces effets, qui sont si sensibles aux autres, leur sont d’ordinaire inconnus, et il arrive souvent que, se rendant odieux, incommodes et ridicules à tout le monde, ils sont les seuls qui ne s’en aperçoivent pas. […] Enfin il faut considérer qu’il est aussi ridicule de se mettre en colère pour les fautes et bizarreries des autres que de s’offenser de ce qu’il fait mauvais temps ou de ce qu’il fait trop froid ou trop chaud, parce que notre colère est aussi peu capable de corriger les hommes que de faire changer les saisons. […] Souvent même il arrive qu’on nous aime plus pour nos défauts que pour nos qualités. — Les défauts qui rendent un homme ridicule ne le rendent guère odieux ; de sorte qu’on échappe à l’odieux par le ridicule. — Il faut se faire aimer, car les hommes ne sont justes qu’envers ceux qu’ils aiment. » La Bruyère disait avec autant de sens : « Il y a de petits défauts que l’on abandonne volontiers à la censure, et dont nous ne haïssons pas à être raillés ; ce sont de pareils défauts que nous devons choisir pour railler les autres. — L’on ne peut aller loin dans l’amitié si l’on n’est pas disposé à se pardonner les uns aux autres les petits défauts. — Si vous observez qui sont les gens qui ne sont contents de personne, vous reconnaîtrez que ce sont ceux mêmes dont personne n’est content. »

6. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre V. » pp. 82-88

Il est évident que ce chapitre ne contient plus aujourd’hui les développements qu’Aristote avait écrits sur le ridicule. […] Suit une énumération des sources du ridicule qui pourrait bien provenir également, plus ou moins directement, de quelque livre d’Aristote. […] De cette disposition à saisir le ridicule la comédie tire sa force et ses moyens. » C’est vraiment commenter notre philosophe. […] Quant à l’unité de lieu, que nos vieux auteurs de Poétiques sont souvent déterminée d’une manière assez ridicule (la Mesnardière, p. 419  cf. […] Vous voyez là un public se pâmer d’aise en entendant une de ces farces ridicules et dignes des sauvages du Canada.

7. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Villemain. Né en 1790. » pp. 479-491

Il en est ainsi souvent de l’art d’écrire ; et nulle part l’abus n’est plus ridicule et plus nuisible. […] Il y a moyen de dire toutes les vérités poliment. — Joubert disait : « Le zèle amer de certains critiques pour le bon goût, leurs indignations, leur véhémence, leur flamme, sont ridicules ; ils écrivent sur les mots comme il n’est permis d’écrire que sur les mœurs. […] Mais autant la critique est légitime et utile, autant la satire est injuste et pernicieuse : elle est injuste, en ce qu’elle essaye de tourner les auteurs mêmes en ridicule, ce qui ne saurait être le droit de personne ; et elle est pernicieuse, en ce qu’elle songe beaucoup plus à réjouir qu’à éclairer. […] Pourquoi au lieu de leur reprocher aigrement des fautes, n’en choisissons-nous pas de pareilles dans les anciens, dont nous fassions sentir le défaut, et, si l’on veut, tout le ridicule, qui ne les intéresse plus ? […] L’esprit de critique est un esprit d’ordre : il connaît des délits contre le goût et les porte au tribunal du ridicule ; car le rire est souvent l’expression de sa colère, et ceux qui le blâment ne songent pas assez que l’homme de goût a reçu vingt blessures avant d’en faire une.

8. (1875) Poétique

Car le ridicule est une faute, une difformité qui ne cause ni douleur ni destruction : un visage contourné et grimaçant est ridicule, et ne cause point de douleur. […] La chose serait ridicule, sans doute, si cela se faisait comme dans les exemples qu’on propose. […] Par exemple, Hector fuyant devant Achille serait ridicule sur la scène. […] Excuse ridicule : il n’y avait qu’à le composer autrement. […] C’est le titre d’un poème où Homère s’était diverti à peindre en ridicule un fainéant.

9. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIII. du corps de l’ouvrage. — argumentation, confirmation, réfutation  » pp. 175-188

Et quelque ridicule que l’on ait attaché à ce nom, les discours des Royer-Collard et des Guizot auront, par la supériorité de leurs généralisations, une place à part dans l’éloquence parlementaire. […] « Comme vous ne pouvez, dit Cicéron, réfuter les objections de la partie adverse, sans confirmer vos arguments, ni confirmer ceux-ci, sans réfuter celles-là, ces deux parties du discours s’unissent par leur nature, leur but, et la manière dont on les traite. » La réfutation est sérieuse ou ironique : sérieuse, elle repousse les principes de l’adversaire ou les conséquences qu’il en a tirées, elle lui démontre qu’il a manqué de raison ou de logique ; ironique, elle tourne en ridicule ses idées ou sa personne. […] Dans la réfutation de certains sophismes dont l’absurdité saute aux yeux, et en général toutes les fois que l’adversaire peut prêter au ridicule, la réfutation ironique est souvent plus puissante que les raisonnements57. […] Barbier, la meilleure partie de la Satire Ménippée, qui donna plus d’adhérents à Henri IV que le gain d’une bataille, n’est qu’une réfutation par le ridicule. […] Voilà les maîtres à suivre dans la réfutation par le ridicule.

10. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Molière 1622-1673. » pp. 27-43

Il a peint avec une vérité saisissante tous les types de la physionomie humaine ; il met en scène la cour, la ville et la province, bourgeois et nobles, marchands, médecins et hommes de lois, pédants, fâcheux, fanfarons, fripons, servantes, valets et maîtres, sans compter tous les ridicules et tous les vices, bel esprit, faux savoir, avarice, prodigalité, faiblesse, égoïsme, entêtement, malveillance, vanité, sottise, jalousie, libertinage, misanthropie, irréligion, hypocrisie, en un mot, son siècle, et avec lui l’humanité tout entière. […] J’enrage de voir de ces gens qui se traduisent en ridicules, malgré leur qualité ; de ces gens qui décident toujours3, et parlent hardiment de toutes choses sans s’y connaître ; qui, dans une comédie, se récrieront aux méchants endroits, et ne bougeront pas à ceux qui sont bons ; qui, voyant un tableau, ou écoutant un morceau de musique, blâment de même, et louent tout à contre-sens, prennent par où ils peuvent les termes de l’art qu’ils attrapent, et ne manquent jamais de les estropier, et de les mettre hors de place. […] L’amour de Cléonte et de Lucile sert dans la pièce à développer le ridicule de M. […] Jourdain a le parler trivial, ce qui rend ses prétentions plus ridicules. […] Jourdain a du gros bon sens, sous ses ridicules.

11. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section deuxième. La Tribune du Barreau. — Chapitre premier. Objet du genre judiciaire. »

Il s’exposerait nécessairement au ridicule, en adoptant la véhémence et le ton animé qui ne conviennent qu’en parlant à la multitude. […] Répétons-le donc encore ici, puisque l’occasion s’en présente naturellement, et ne craignons jamais de revenir souvent sur des vérités utiles : Ce n’est pas au barreau, ce n’est pas dans l’homme public seulement, que cette verbosité est condamnable ; elle est déplacée partout, ridicule partout, lors toutefois qu’elle ne finit pas par être odieuse. […] Cette insatiable avidité de parler s’exerce indifféremment sur tout, dévore tout comme un vaste incendie, et fait contracter à un jeune homme la déplorable habitude de parler de tout avec une légèreté dont on ne sent ni ne veut sentir les conséquences ; de sacrifier les ridicules des personnes présentes, la réputation et l’honneur des absents, avec une précipitation dont on serait soi-même effrayé, si une réflexion solide pouvait trouver sa place dans une tête vide d’idées, et étourdie du bruit qu’elle-même excite autour d’elle.

12. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Villemain 1790-1870 » pp. 251-256

Quelquefois l’enthousiasme même des lettres peut lui inspirer une sorte d’impatience et de dépit à la lecture d’un ennuyeux et ridicule ouvrage ; mais l’habitude corrigera bientôt l’amertume de son zèle ; il s’apercevra qu’il est inutile d’épuiser tous les traits du sarcasme et de l’insulte contre un pauvre auteur, dont les exemples n’ont pas le droit d’être dangereux2. […] Il en est ainsi souvent de l’art d’écrire, et nulle part l’abus n’est plus ridicule et plus nuisible. […] Il y a moyen de dire toutes les vérités poliment. — Joubert disait : « Le zèle amer de certains critiques pour le bon goût, leurs indignations, leur véhémence, leur flamme, sont ridicules ; ils écrivent sur les mots comme il n’est permis d’écrire que sur les mœurs.

13. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Molière 1622-1672 » pp. 379-400

Il se pare d’un ridicule, comme d’une décoration. […] On est toujours ridicule quand on se prévaut de ses avantages, surtout lorsqu’on parle de son esprit ou de sa beauté. […] Clitandre n’a pour caractériser les ridicules que des expressions vagues. […] Il ne combat ici que le ridicule de la science prétentieuse et stérile. […] On ne connaît presque pas de femmes savantes qui n’aient été ou malheureuses, ou ridicules par la science.

14. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Principes généraux des belles-lettres. » pp. 1-374

Il y a plusieurs moyens de bien peindre les ridicules et les vices. Le premier, c’est d’opposer un ridicule à un autre ridicule, un vice à un autre vice ; de représenter à côté d’une femme altière et absolue, tin mari pusillanime et soumis ; à côté d’un père avare, un fils prodigue. […] C’est un des moyens, comme je l’ai dit plus haut, de bien peindre un vice ou un ridicule. […] Le succès de l’excellente comédie des Précieuses ridicules par Molière, a été également borné à son siècle et à notre nation, parce que le ridicule qui y est peint, n’a existé que chez nous, et n’existe plus aujourd’hui. […] Ne seroit-il pas en effet ridicule d’entendre des héros parler par énigmes et d’une manière inintelligible ?

15. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre IV. Thomas. »

Et que sont devenues les rênes de l’administration, confiées un moment à ces nouveaux Phaétons, dont la chute n’eût été que ridicule, si elle n’avait entraîné et brisé avec elle le char qu’ils avaient entrepris de conduire ? […] Mais Thomas se croyait appelé à faire une révolution dans l’éloquence ; et cette révolution consistait à substituer le jargon philosophique à la belle et noble simplicité dont Voltaire et Buffon viennent de nous donner des exemples ; aux mouvements de l’âme, de froides et ridicules exclamations ; et le langage technique des sciences exactes à ces figures hardies ou touchantes qui donnent tant de force ou de chaleur au style. […] Cette manière d’écrire était devenue si habituelle dans Thomas, que les choses les plus indifférentes ne sortaient de sa plume qu’affublées de ce ridicule accoutrement.

16. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre VII. des passions  » pp. 89-97

Corneille, le plus pacifique des hommes, a dû ressentir la haine monstrueuse de Cléopâtre ; Molière, le plus généreux, les transes ridicules de l’avare ; Voltaire, le plus sceptique, le religieux enthousiasme de Lusignan ; Shakespeare enfin, toutes les passions, car en est-il une qui lui ait échappé ? […] Il était rigoureusement alors dans les conditions exigées par Antoine : ses yeux étaient injectés, ses joues empourprées ; il veut parler, il balbutie, il pousse des cris confus, sa colère réelle le suffoque ; il touchait au ridicule. […] Que l’orateur soit circonspect dans l’usage de la passion ; c’est ici surtout que du sublime au ridicule il n’y a qu’un pas.

17. (1873) Principes de rhétorique française

Rien ne tarit si vite que les larmes, a dit Cicéron ; la fatigue, l’ennui, le ridicule sont tout près de l’émotion. […] Éviter le trop qui expose au ridicule, le trop peu qui dégénère en sécheresse. […] L’abus des mœurs et des passions conduit très-vite au ridicule. […] On a le droit de railler les choses qui sont réellement plaisantes jusqu’au ridicule. […] Il faut éviter avec soin le ridicule que provoque l’emploi déplacé des émotions.

18. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Molière, 1622-1673 » pp. 43-55

Il a peint avec une vérité saisissante tous les types de la physionomie humaine ; son investigation philosophique a parcouru tous les rangs de la société ; il met en scène la cour, la ville et la province : bourgeoiset nobles, marchands, médecins et hommes de lois ; pédants, fâcheux, fanfarons, fripons, servantes, valets et maîtres, sans compter les ridicules ou les vices de toutes les conditions et de tous les caractères : bel esprit, faux savoir, avarice, prodigalité, faiblesse, égoïsme, entêtement, malveillance, vanité, sottise, jalousie, libertinage, misanthropie, irréligion, hypocrisie, en un mot son siècle et avec lui l’humanité tout entière. […] Crois-tu qu’il ait épuisé dans ses comédies tout le ridicule des hommes ? […] Je vis l’autre jour sur le théâtre un de nos amis qui se rendit ridicule par là. […] J’enrage de voir de ces gens qui se traduisent en ridicule malgré leur qualité ; de ces gens qui décident toujours, et parlent hardiment de toutes choses sans s’y connaître ; qui, dans une comédie, se récrieront aux méchants endroits et ne bougeront pas à ceux qui sont bons ; qui, voyant un tableau ou écoutant un concert de musique, blâment de même et louent tout à contre-sens, prennent par où ils peuvent les termes de l’art qu’ils attrapent, et ne manquent jamais de les estropier ou de les mettre hors de place.

19. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome II (3e éd.)

Il est ridicule de croire que dès que l’on monte à la chaire ou à la tribune, il faille quitter le ton sur lequel on s’exprime habituellement, pour en adopter un tout différent. […] Chaque langage a sa grâce, son génie et sa mélodie ; et ce qui convient à l’un pourrait être ridicule dans un autre. […] Mais voici l’idée la plus pauvre et la plus ridicule qui soit jamais entrée dans l’esprit d’un critique. […] Dans une pastorale, l’idée dominante est l’innocence et la tranquillité ; inspirer la pitié est le but de la tragédie ; la comédie a pour objet de signaler les ridicules. […] Quelques critiques ont répondu que c’était l’esprit infernal, et cette idée a été la source du blâme et du ridicule dont on a voulu couvrir Milton.

20. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Saint-Simon 1625-1695 » pp. 144-147

Grand seigneur, élevé dans les idées féodales, jaloux jusqu’au ridicule de son rang de duc et pair, il en soutint les prérogatives avec une fureur de vanité qui ressemblait à une monomanie. […] Se moquer de ses ridicules, ou de ses petits défauts, c’est prévenir l’ironie d’autrui, et la désarmer.

21. (1865) Cours élémentaire de littérature : style et poétique, à l’usage des élèves de seconde (4e éd.)

Il faut savoir tenir le milieu entre une négligence choquante et une recherche qui paraîtrait ridicule. […] Le Tasse, Milton et surtout Camoëns, nous montrent quelquefois dans, leurs poèmes ce mélange ridicule et monstrueux. […] Malheureusement, il est arrivé fort souvent qu’on a jeté du ridicule sur la vertu, et jamais peut-être la comédie n’est parvenue à rendre l’homme meilleur au moyen du ridicule ; elle n’a point l’autorité requise pour s’attaquer efficacement aux vices qui travaillent l’humanité. […] Le ridicule est une difformité du caractère ou des manières contrastant avec la nature ou les usages reçus ; le risible n’est que l’extérieur du ridicule ; le comique est la réunion de l’un et de l’autre : c’est le vis comica des anciens. […] Il y a plusieurs moyens de peindre le ridicule et les vices des hommes : le premier, c’est d’opposer un ridicule à un autre ridicule, un vice à un autre vice ; le second, c’est d’opposer le ridicule ou le vice à l’honnête et au décent ; le troisième, c’est d’outrer un peu la peinture.

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