/ 194
24. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Malherbe 1555-1628 » pp. 302-309

Il dit ailleurs : Les puissantes faveurs dont Parnasse m’honore, Non loin de mon berceau commencèrent leur cours ; Je les possédai jeune, et les possède encore   Au déclin de mes jours. […] Rudesse familière et presque brutale, mais d’un puissant effet.

25. (1885) Morceaux choisis des classiques français, prose et vers, … pour la classe de rhétorique

De ce jour, l’esclave, le faible, le pauvre, l’étranger, devinrent les égaux et les frères du maître, du puissant, du riche, du citoyen. […] Il y eut toujours des papes, des évêques, des moines, des prédicateurs, pour faire retentir l’égalité chrétienne aux oreilles des puissants. […] Tout à l’heure le grand homme avait mis sa haute intelligence, sa puissante volonté au service de la pensée générale, du vœu commun ; maintenant il veut employer la force publique au service de sa propre pensée, de son propre désir ; lui seul sait et veut ce qu’il fait. […] Puissant en combinaisons, et d’une imagination ardente, égoïste et rêveur, machinateur et poète, il épancha pour ainsi dire son activité en projets arbitraires, gigantesques, enfants de sa seule pensée, étrangers aux besoins réels de notre temps et de notre France. […] Une main puissante rassembla les débris nombreux qui jonchaient la terre ; Napoléon présida à nos destinées, et son premier soin fut de s’entourer des forces morales que l’ancien gouvernement n’avait pas su se concilier.

26. (1872) Cours élémentaire de rhétorique

., 1) ; ailleurs, il le proclame l’argument le plus puissant, ἐνθύμημα κυριώτατον τῶν πίστεων (ibid. […] C’est le troisième et le plus puissant moyen de persuasion, celui qui constitue l’éloquence proprement dite. […] À ces cris, Jérusalem redoubla ses pleurs, les voûtes du temple s’ébranlèrent, le Jourdain se troubla et tous ses rivages retentirent du son de ces lugubres paroles : comment est mort cet homme puissant qui sauvait le peuple d’Israël ?  […] Il n’y a pas de moyen plus puissant pour donner soit de la dignité, soit de l’énergie, soit de la grâce au discours. […] Il faut dire seulement qu’un médiocre discours, soutenu de toutes les grâces, de tous les prestiges du débit, opérera plus d’effet que le meilleur discours auquel ferait défaut ce charme puissant.

27. (1872) Recueil de compositions françaises pour préparer au discours latin les candidats au baccalauréat ès-lettres. Première série

Télémaque pousse des soupirs tendres vers le ciel ; il reconnaît la puissante protection de la Déesse. […] Tous les royaumes de l’Orient si puissants et si riches, qui vous ont attaqués après vous avoir enveloppés dans un pays qui n’était pas le vôtre, ont obtenu la récompense que méritait leur folie. […] Je chercherais aussi à éprouver la sagesse du roi puissant qui conduisit des troupes formidables contre Ilion, celle d’Ulysse et de Sisyphe : là du moins cette épreuve ne serait pas un crime qu’on punirait du dernier supplice. […] Peut-être est-il assiégé par de puissants voisins, et personne ne se trouve auprès de lui pour écarter les périls qui le menacent. […] Les nymphes des montagnes, filles du puissant Jupiter, plantèrent des peupliers autour du monument.

28. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre VIII. de la disposition. — unité, enchainement des idées  » pp. 98-117

Pour disposer les idées, comme pour les trouver, le moyen le plus puissant et le plus efficace, c’est d’en faire l’objet d’une méditation constante et profonde. […] Faire jaillir d’un sujet cette pensée unique qui en est l’âme n’appartient qu’au génie fécondé par la méditation, et non-seulement peu d’écrivains y parviennent, mais il n’est pas même donné à tout lecteur de saisir, là où elle se trouve, cette unité qui ajoute à l’ouvrage, quel qu’il soit, dramatique ou oratoire, historique ou philosophique, une haute valeur et un puissant intérêt. […] — 1° Parce que leur position lui permet de les attaquer plus facilement et plus sûrement que les autres ; 2° parce que leur chute lui répond de celle de tous ceux presque qui dépendent d’eux. — Il semble, au premier aspect, que ce second motif, beaucoup plus puissant que l’autre, eût dû être présenté d’abord ; mais comme le but de l’orateur, déterminé par la nature de l’auditoire auquel il s’adresse, était de prévenir les chutes des grands, c’est sur la facilité de ces chutes et le danger des séductions à leur égard qu’il appuie principalement22.

29. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — La Bruyère 1646-1696 » pp. 100-117

Zénobie ou la vanité de la magnificence Ni les troubles, Zénobie 4, qui agitent votre empire, ni la guerre que vous soutenez virilement contre une nation puissante depuis la mort du roi votre époux, ne diminuent rien de votre magnificence : vous avez préféré à toute autre contrée les rives de l’Euphrate pour y élever un superbe édifice ; l’air y est sain et tempéré, la situation en est riante ; un bois sacré l’ombrage du côté du couchant ; les dieux de Syrie, qui habitent quelquefois la terre, n’y auraient pu choisir une plus belle demeure ; la campagne autour est couverte d’hommes qui taillent et qui coupent, qui vont et qui viennent, qui roulent ou qui charrient du bois du Liban, l’airain et le porphyre ; les grues5 et les machines gémissent dans l’air, et font espérer à ceux qui voyagent vers l’Arabie de revoir à leur retour en leurs foyers ce palais achevé, et dans cette splendeur où vous désirez le porter, avant de l’habiter vous, et les princes vos enfants. […] Commence-t-il à chanceler dans le poste où on l’avait mis, tout le monde passe facilement à un autre avis ; en est-il entièrement déchu, les machines qui l’avaient guindé si haut, par l’applaudissement et les éloges, sont encore toutes dressées pour le faire tomber dans le dernier mépris ; je veux dire qu’il n’y en a point qui le dédaignent mieux, qui le blâment plus aigrement, et qui en disent plus de mal, que ceux qui s’étaient comme dévoués à la fureur1 d’en dire du bien2 Pamphile ou le vaniteux Un Pamphile est plein de lui-même, ne se perd pas de vue, ne sort point de l’idée de sa grandeur, de ses alliances, de sa charge, de sa dignité : il ramasse, pour ainsi dire, toutes ses pièces, s’en enveloppe3 pour se faire valoir ; il dit : Mon ordre, mon cordon bleu 4 ; il l’étale ou il le cache par ostentation : un Pamphile, en un mot, veut être grand ; il croit l’être, il ne l’est pas, il est d’après un grand1 Si quelquefois il sourit à un homme du dernier ordre, à un homme d’esprit, il choisit son temps si juste qu’il n’est jamais pris sur le fait ; aussi la rougeur lui monterait-elle au visage s’il était malheureusement surpris dans la moindre familiarité avec quelqu’un qui n’est ni opulent, ni puissant, ni ami d’un ministre, ni son allié, ni son domestique2 Il est sévère et inexorable à qui n’a point encore fait sa fortune : il vous aperçoit un jour dans une galerie, et il vous fuit ; et le lendemain, s’il vous trouve en un endroit moins public, ou, s’il est public, en la compagnie d’un grand, il vient à vous, et il vous dit : Vous ne faisiez pas hier semblant de nous voir. […] Voltaire écrivait : Sur ces monts entassés, séjour de la froidure, Au creux de ces rochers, dans ces gouffres affreux, Je vois des animaux maigres, pâles, hideux, Demi-nus, affamés, courbés sous l’infortune ; Ils sont hommes pourtant ; notre mère commune A daigné prodiguer des soins aussi puissants A pétrir de ses mains leur substance mortelle Et le grossier instinct qui dirige leurs sens.

30. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre XIII. Genre oratoire, ou éloquence. »

Ministre de la vérité et de la vertu, il a à combattre de puissants ennemis : d’un côté, les erreurs de l’esprit, où la faiblesse et l’orgueil entraînent les hommes ; de l’autre, les passions du cœur, jamais satisfaites, jamais calmées. […] Ce genre a surtout pour but de plaire ; il n’offre pas l’intérêt vif et puissant de l’éloquence de la chaire, de la tribune et du barreau.

31. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — J. B. Rousseau. (1671-1741.) » pp. 254-266

Bientôt sa marche féconde Embrasse le tour du monde Dans le cercle qu’il décrit2 ; Et, par sa chaleur puissante, La nature languissante Se ranime et se nourrit. […] Soutiens ma foi chancelante, Dieu puissant ; inspire-moi Cette crainte vigilante Qui fait pratiquer ta loi.

32. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Balzac, 1596-1655 » pp. 2-10

Il estimait un homme plus que vingt mille hommes, parce qu’il savait qu’un homme est quelquefois l’esprit et la force d’un État, et que celui-ci, selon la relation que lui en avait faite Antipater, tout nu et désarmé qu’il était, sans vaisseaux, sans soldats et sans argent, combattant seulement avec des lois, des ordonnances et des paroles, attaquait la Macédoine de tous côtés, investissait les meilleures places, et rendait inutiles les plus puissantes armées. […] Les paroles que notre flatterie a nommées puissantes et pathétiques n’étaient que de la cendre et des charbons morts, au prix d’un feu si pur et si vif2.

33. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Thiers. Né en 1797. » pp. 513-521

Les partis se suivent, se poussent à l’échafaud, jusqu’au terme que Dieu a marqué aux passions humaines ; et de ce chaos sanglant sort tout à coup un génie extraordinaire qui saisit cette société agitée, l’arrête, lui donne à la fois l’ordre, la gloire, réalise le plus vrai de ses besoins, l’égalité civile, ajourne la liberté qui l’eût gêné dans sa marche, et court porter à travers le monde les vérités puissantes de la révolution française. […] Il est vainqueur encore à Arcole ; mais l’ennemi est arrêté, il n’est pas détruit ; il revient une dernière fois et plus puissant que les premières.

34. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre premier. Division générale. »

L’inspiration et l’imagination sont les deux éléments essentiels du génie poétique : la première, divine et toute puissante ; la seconde, plus humaine et plus calme, mais toujours brillante dans ses conceptions. […] Le poète tire encore un puissant secours de la variété des rythmes, de l’arrangement habile des strophes, pour donner au style tantôt de la grandeur et de la majesté, tantôt de la vivacité, de la douceur et de la grâce.

35. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Jean-Jacques Rousseau, 1712-1778 » pp. 185-195

Intelligence plus puissante que saine, il eut moins de justesse que de force dans l’esprit. […] Prière Les riches et les puissants croient qu’on est misérable et hors du monde, quand on ne vit pas comme eux ; mais ce sont eux qui, vivant loin de la nature, vivent hors du monde.

36. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Descartes, 1596-1650 » pp. 11-20

Il fut un des plus puissants promoteurs de la pensée humaine. […] « Enfin parut en France un génie puissant et hardi, qui entreprit de secouer le joug du prince de l’école.

37. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre I. Du Discours oratoire. »

Celui qui s’en forme de telles, est toujours puissant et fort dans ses mouvements. […] Quelque puissants qu’ils aient été, à quoi se réduisent ces magnifiques éloges qu’on leur donne, et que nous lisons sur ces superbes mausolées, que leur érige la vanité humaine ? […] Un effort de douleur rompant enfin ce long et morne silence, d’une voix entrecoupée que formaient dans leurs cœurs la tristesse, la piété, la crainte, ils s’écrièrent : Comment est mort cet homme puissant, qui sauvait le peuple d’Israël ! […] Éloignés de leurs amis par tant de terres et par tant de mers, dans un pays où l’on ne pouvait les entendre, où l’on ne voulait pas même les écouter, ils eurent recours à M. de Lamoignon, comme à un homme incorruptible, qui prendrait le parti des faibles contre les puissants, et qui débrouillerait ce chaos d’incidents et de procédures, dont on avait enveloppé leur cause. […] Mais après tout, vous n’avez vaincu pour lors que ce qui était de nature et de condition à être vaincu ; car il n’est rien de si puissant ni de si redoutable, dont le fer et la force ne puissent enfin venir à bout.

38. (1866) Cours élémentaire de rhétorique et d’éloquence (5e éd.)

Le méchant et l’égoïste seront toujours privés du plus puissant moyen de maîtriser les âmes par la parole. […] Le discernement apprend à l’orateur l’usage qu’il doit faire de ce puissant moyen d’agir sur les hommes. […] La plaisanterie est encore un moyen très puissant pour calmer les passions. […] Que votre parole soit toujours puissante et victorieuse. […] Alors il devient grand, puissant, éclatant comme elle.

39. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre II. Les Oraisons ou discours prononcés. »

L’exorde par insinuation est employé lorsqu’il s’agit de détruire une prévention, de combattre d’avance un sentiment reçu, d’affaiblir les raisons d’un adversaire puissant et redoutable. […] L’exorde est d’une magnificence et d’une harmonie qui ne le cèdent en rien aux plus beaux de Bossuet : « Tout le peuple le pleura amèrement, et, après avoir pleuré durant plusieurs jours, ils s’écrièrent : Comment est mort cet homme puissant qui sauvait le peuple d’Israël ?  […] Un effort de douleur rompant enfin ce long et morne silence, d’une voix entrecoupée de sanglots que formaient dans leurs cœurs la tristesse, la pitié, la crainte, ils s’écrièrent : « Comment est mort cet homme puissant qui sauvait le peuple d’Israël ? » À ces cris, Jérusalem redoubla ses pleurs, les voûtes du temple s’ébranlèrent, le Jourdain se troubla, et tous ses rivages retentirent du son de ces lugubres paroles : « Comment est mort cet homme puissant qui sauvait le peuple d’Israël ?  […] Défendre par le talent de la parole les biens, l’honneur, la vie même des citoyens, contre la mauvaise foi, l’imposture, la calomnie ; soustraire l’homme faible, indigent et vertueux, à l’oppression ou à la rapacité de l’homme injuste, riche et puissant : telle est la noble fonction de l’avocat26, ou, plus exactement, telle est sa fonction vue en beau : car, puisqu’il y a, dans tous les procès, des avocats plaidant l’un contre l’autre, il faut bien, si la cause du premier est telle qu’on la dépeint ici, que celle du second ne soit pas aussi belle.

40. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre VIII. Des Figures en général. »

Le soleil se lève : il serait difficile de s’exprimer d’une manière plus commune, sans doute ; mais cette idée presque triviale va devenir magnifique dans les vers suivants : Voyez-le s’avancer le roi puissant du jour, Sur le trône des airs31. […]                               Voyez le Batave Donner un frein puissant à l’Océan esclave. […] Là, d’un long mur de jonc l’ondoyante souplesse, Puissante par leur art, forte par sa faiblesse, Sur le bord qu’il menace attend le flot grondant, Trompe sa violence et résiste en cédant. […] Nos bons auteurs sont pleins de ces grands traits, de ces grands mouvements qui frappent le lecteur d’étonnement et d’admiration : « À ces cris, Jérusalem redoubla ses pleurs, les voûtes du temple s’ébranlèrent, le Jourdain se troubla, et tous ses rivages retentissent du son de ces lugubres paroles : Comment est mort cet homme puissant, qui sauvait le peuple d’Israël » ?

41. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre VI. De l’élocution et du style. »

Lisons, par exemple, ces paroles prononcées par Assuérus pour rassurer la tremblante Esther : Je ne trouve qu’en vous je ne sais quelle grâce Qui me charme toujours et jamais ne me lasse : De l’aimable vertu doux et puissants attraits ! […] 3° Mais si ce même enfant, à tes ordres docile, Doit être à tes desseins un instrument utile, 4° Fais qu’au juste héritier le sceptre soit remis ; Livre en mes faibles mains ses puissants ennemis ; Confonds dans ses desseins une reine cruelle ; Daigne, daigne, mon Dieu, sur Mathan et sur elle, Répandre cet esprit d’imprudence et d’erreur, De la chute des rois funeste avant-coureur ! […] Le morceau suivant, de Victor Hugo, peut montrer que si ce poète emploie trop souvent l’antithèse, il en tire aussi de puissants effets. […] Puis, empereur puissant dont la tête s’incline, Gouvernant un combat du haut de la colline, Promettant une étoile à ses soldats joyeux, Faisant signe aux canons qui vomissent les flammes, De son âme à la guerre armant six cent mille âmes, Grave et serein, avec un éclair dans les yeux.

42. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre VI. des mœurs  » pp. 75-88

Les deux plus puissants sont l’âge et le sexe. […] Le passé n’est pas si loin de nous pour que je ne puisse répéter ce que je disais il y a quelques années : puissent les jeunes écrivains de l’un et l’autre sexe bien comprendre que l’outrecuidance des prétentions, le ton rogue et magistral s’excusent à peine par l’autorité d’une virilité puissante ou d’une tête blanchie ; que les réformateurs au maillot ou en cornette font sourire les personnes sensées ; que le laisser aller du feuilleton ou l’échevelé, l’excentrique, le décousu des romans à la mode, il y a peu de temps encore, contrastent péniblement avec la dignité de certains sujets ; qu’il est des choses que certaines personnes doivent feindre d’ignorer, d’ignobles et hideux spectacles qu’elles ne doivent jamais se flatter d’avoir vus ; en un mot, que, si les bienséances ne sont pas la vertu, elles font supposer qu’on y croit encore, et que, si l’on a la folie de mépriser les autres, il faut au moins paraître se respecter soi-même.

43. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIII. du corps de l’ouvrage. — argumentation, confirmation, réfutation  » pp. 175-188

L’imitation, l’habitude, la passion exercent une puissante influence sur les hommes ; qu’il ait souvent recours à l’induction et à l’exemple, parfois même à l’argument personnel, argumentum ad hominem, qui tourne les vices et les torts de nos adversaires contre leurs doctrines et leurs prétentions ; qu’il préfère la gradation au sorite ; que l’amplification soit fréquente, le dilemme rare, peu de circonstances permettent de le produire à coup sûr. […] Dans la réfutation de certains sophismes dont l’absurdité saute aux yeux, et en général toutes les fois que l’adversaire peut prêter au ridicule, la réfutation ironique est souvent plus puissante que les raisonnements57.

/ 194