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128. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Buffon, 1707-1788 » pp. 175-184

L’homme Tout marque dans l’homme, même à l’extérieur, sa supériorité sur tous les êtres vivants ; il se soutient droit et élevé, son attitude est celle du commandement, sa tête regarde le ciel1 et présente une face auguste2 sur laquelle est imprimé le caractère de sa dignité ; l’image de l’âme y est peinte par la physionomie ; l’excellence de sa nature perce à travers les organes matériels, et anime d’un feu divin3 les traits de son visage ; son port majestueux, sa démarche ferme et hardie, annoncent sa noblesse et son rang4 ; il ne touche à la terre que par ses extrémités les plus éloignées, il ne la voit que de loin5, et semble la dédaigner ; les bras ne lui sont pas donnés pour servir de piliers d’appui à la masse de son corps ; sa main ne doit pas fouler la terre, et perdre par des frottements réitérés la finesse du toucher dont elle est le principal organe ; le bras et la main sont faits pour servir à des usages plus nobles, pour exécuter les ordres de la volonté, pour saisir les choses éloignées, pour écarter les obstacles, pour prévenir les rencontres et le choc de ce qui pourrait nuire, pour embrasser et retenir ce qui peut plaire, pour le mettre à portée des autres sens. […] Ce sont des pensées qui ne brillent que par l’opposition1 ; l’on ne présente qu’un côté de l’objet, on met dans l’ombre toutes les autres faces ; et ordinairement ce côté qu’on choisit est une pointe, un angle sur lequel on fait jouer l’esprit avec d’autant plus de facilité, qu’on l’éloigne davantage des grandes faces sous lesquelles le bon sens a coutume de considérer les choses.

129. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Thiers. Né en 1797. » pp. 513-521

En effet, avec ce que je nomme l’intelligence, on démêle bien le vrai du faux ; on ne se laisse pas tromper par les vaines traditions ou les faux bruits de l’histoire ; on a de la critique, on saisit bien le caractère des hommes et des temps ; on n’exagère rien, on ne fait rien trop grand ou trop petit, on donne à chaque personnage ses traits véritables ; on écarte le fard, de tous les ornements le plus malséant en histoire, on peint juste ; on entre dans les secrets ressorts des choses, on comprend et on fait comprendre comment elles se sont accomplies ; diplomatie, administration, guerre, marine, on met ces objets si divers à la portée de la plupart des esprits, parce qu’on a su les saisir dans leur généralité intelligible à tous ; et quand on est arrivé ainsi à s’emparer des nombreux éléments dont un vaste récit doit se composer, l’ordre dans lequel il faut les présenter, on le trouve dans l’enchaînement même des événements ; car celui qui a su saisir le lien mystérieux qui les unit, la manière dont ils se sont engendrés les uns les autres, a découvert l’ordre de narration le plus beau, parce que c’est le plus naturel ; et si, de plus, il n’est pas de glace devant les grandes scènes de la vie des nations, il mêle fortement le tout ensemble, le fait succéder avec aisance et vivacité ; il laisse au fleuve du temps sa fluidité, sa puissance, sa grâce même, en ne forçant aucun de ses mouvements, en n’altérant aucun de ses heureux contours ; enfin, dernière et suprême condition, il est équitable, parce que rien ne calme, n’abat les passions comme la connaissance profonde des hommes. […] Quand la guerre est une routine purement mécanique, consistant à pousser et à tuer l’ennemi qu’on a devant soi, elle est peu digne de l’histoire ; mais quand une de ces rencontres se présente, où l’on voit une masse d’hommes mue par une seule et vaste pensée qui se développe au milieu des éclats de la foudre avec autant de netteté que celle d’un Newton ou d’un Descartes dans le silence du cabinet, alors le spectacle est digne du philosophe autant que de l’homme d’État et du militaire, et si cette identification de la multitude avec un seul individu, qui produit la force à son plus haut degré, sert à protéger, à défendre une noble cause, celle de la liberté, alors la scène devient aussi morale qu’elle est grande.

130. (1885) Morceaux choisis des classiques français, prose et vers, … pour la classe de rhétorique

Venez, généreux fils, en qui l’affront d’un père Ferait encor du Cid bouillonner la colère, Pour les lui présenter, Rodrigue attend vos dons. […] Plus heureux qu’eux, envié d’eux, fendant à grand’peine cette presse importune, y est admis, quand il lui plaît, un fils d’affranchi, grand poète, présenté par d’autres grands poètes, et qui s’y est établi, en leur compagnie, sur le pied de la plus parfaite amitié. […] Contrarié de nouveau, il revenait plus pressant et plus clair, et présentait la vérité en images frappantes ou terribles. […] Quels traits me présentent vos fastes, Impitoyables conquérants ? […] Il n’est point de secrets que le temps ne révèle : Il saura que ma main lui devait présenter Un poison que votre ordre avait fait apprêter.

131. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Descartes, 1596-1650 » pp. 11-20

Pour moi, je n’ai jamais présumé que mon esprit fût en rien plus parfait que ceux du commun ; même j’ai souvent souhaité d’avoir la pensée aussi prompte, ou l’imagination aussi nette et distincte, ou la mémoire aussi ample et aussi présente que quelques autres. […] C’est pourquoi, sitôt que l’âge me permit de sortir de la sujétion de mes précepteurs, je quittai entièrement l’étude des lettres ; et, me résolvant de ne chercher plus d’autre science que celle qui se pourrait trouver en moi-même, ou bien dans le grand livre du monde, j’employai le reste de ma jeunesse à voyager, à voir des cours et des armées, à fréquenter des gens des diverses humeurs et conditions, à recueillir diverses expériences, à m’éprouver moi-même dans les rencontres que la fortune me proposait, et partout à faire telle réflexion sur les choses qui se présentaient que j’en pusse tirer quelque profit.

132. (1866) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de seconde

Mais la jeunesse, qui ne songe pas que rien lui soit encore échappé, qui sent sa vigueur entière et présente, ne songe aussi qu’au présent, et y attache toutes ses pensées. […] Quelle apparence de quitter le monde, dans un âge où il ne se présente rien que de plaisant127 ? […] C’est en vain, ô pauvre Lazare, que tu gémis à la porte, ceux-ci sont déjà au cœur ; ils ne s’y présentent pas, mais ils l’assiègent ; ils ne demandent pas, mais ils arrachent. […] J’avais plié mon manteau autour de mon bras : je lui présentai ce bras ; il voulut le dévorer : je lui saisis la langue, la lui arrachai, et le jetai à mes pieds. […] Le héron nous présente l’image d’une vie de souffrance, d’anxiété, d’indigence.

133. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre I. Du Discours oratoire. »

Quel objet se présente à mes yeux ! […] « Nul presque de tous ceux que le monde séduit et entraîne, n’est content de sa destinée ; et si l’espoir d’une condition plus heureuse s’adoucissait les peines de notre état présent, et ne liait encore nos cœurs au monde, il ne faudrait, pour nous en détromper, que les dégoûts et les amertumes vives que nous y trouvons Mais nous sommes, chacun en secret, ingénieux à nous séduire sur l’amertume de notre condition présente. […] Les objets présentés à notre âme, lui paraissent-ils agréables ou utiles ? […] Il s’appliquera surtout à les développer avec netteté et précision, à les présenter sous un jour si lumineux, que les personnes les moins intelligentes puissent les comprendre, et en sentir la force et la certitude. […] En un mot, l’orateur doit avoir sans cesse présente à l’esprit cette réflexion de Cicéron89: Le discours est un composé de choses et de paroles : les paroles n’ont point de fondement, si elles ne sont appuyées sur les choses ; et les choses n’ont point de grâce, si elles ne sont ornées par les paroles.

134. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre IV. Continuation du même sujet. Historiens latins. »

Il n’en est pas de même des historiens latins : leurs harangues sont des morceaux si achevés, dans leur genre, qu’il est impossible de s’y prêter à la moindre illusion, et de ne pas y reconnaître, à chaque mot, l’art étudié de l’orateur, et la correction élégante de l’écrivain qui a mûri toutes ses pensées par la réflexion, choisi et pesé chacune de ses expressions, et donné à ses phrases le tour et l’harmonie qui sont le fruit du travail, et ne se présentent guère à celui qui ne s’est pas fait une étude de les rechercher et de les placer à propos. […] À ces mots, Cyrus présenta affectueusement la main à tous ceux qui l’entouraient ; et, s’étant couvert le visage, il expira. […] Montrez au peuple romain la petite-fille d’Auguste, la veuve de Germanicus ; présentez-lui nos six enfants : le cri de la pitié publique s’élèvera avec la voix des accusateurs ; et ceux qui supposeront des ordres coupables ne trouveront ni croyance ni pardon ».

135. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre XVII. Genre épistolaire. »

Car nous nous garderons de confondre avec les lettres véritables des ouvrages complets, soit traités philosophiques ou didactiques, soit romans, qui se présentent sous la forme épistolaire ; à peine a-t-on commencé à lire ces prétendues lettres, qu’on voit apparaître un auteur qui parle, non à un ami, mais au public.

136. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre VI. des mœurs  » pp. 75-88

Aristote, Horace, Scaliger, Vida, la Fresnaie-Vauquelin, Regnier, Boileau, toutes les poétiques et les rhétoriques ont présenté une image plus ou moins fidèle des modifications successives que l’âge apporte à nos mœurs : Ætatis cujusque uotandi sunt tibi mores. […] La contemplation intelligente de ces portraits présentera toute une étude de mœurs ; elle aura, pour les siècles passés, le mérite des voyages quand il s’agit des contemporains, et sera souvent plus féconde en révélations et en idées que toutes les lectures.

137. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XV. de l’élocution  » pp. 203-216

Quant au mot style, sans m’arrêter à son étymologie, il me semble présenter un caractère en quelque sorte individuel. […] « Un beau style, répond admirablement Buffon, n’est tel en effet que par le nombre infini des vérités qu’il présente ; toutes les beautés intellectuelles qui s’y trouvent, tous les rapports dont il est composé sont autant de vérités aussi utiles et peut-être plus précieuses pour l’esprit humain que celles qui peuvent faire le fond du sujet. » Secondement.

138. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Chateaubriand 1768-1848 » pp. 222-233

Bientôt la forêt redevient plus sombre ; l’idée de l’infini se présente à moi2 Funérailles d’Atala Vers le soir, nous transportâmes ses précieux restes à une ouverture de la grotte, qui donnait vers le nord. […] 2 et des chènevières, de petites rivières non navigables, présentent des perspectives riantes et solitaires.

139. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Saint-Simon, 1675-1755 » pp. 223-233

Ce spectacle attira toute l’attention que j’y pus donner parmi les divers mouvements de mon âme, et ce qui tout à la fois se présenta à mon esprit. […] Souvent réveillée par les cris de son époux, prompte à le secourir, à le soutenir, à l’embrasser, à lui présenter quelque chose à sentir, on voyait un soin vif pour lui, mais tôt après une chute profonde en elle-même, puis un torrent de larmes qui lui aidaient à suffoquer ses cris.

140. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Joubert, 1754-1824 » pp. 388-398

Je voudrais que mon souvenir ne se présentât jamais à mes amis sans amener une larme d’attendrissement sous leurs paupières et le sourire sur leurs lèvres. […] Quesnel, dans son beau livre : Bonheur de la mort chrétienne : « Celui qui a la foi, loin de regarder la mort comme son ennemie et de la fuir comme son malheur, devrait aller au-devant d’elle par ses désirs, et la recevoir, quand elle se présente, comme sa libératrice et comme une amie qui le décharge d’un fardeau pesant et incommode, pour le faire passer d’un pays ennemi dans un lieu de sûreté, et de la région de la mort au séjour aimable et délicieux de la vie bienheureuse. » Je lis dans un article de Mme Georges Sand : « Quoi de plus beau et de plus pur que la vision intérieure d’un mort aimé ?

141. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Cousin, 1792-1867 » pp. 492-503

Relisez avec soin la plupart des ouvrages qui ont paru de 1750 à 1760, pièces de théâtre, romans, écrits philosophiques, discours académiques, compositions sérieuses et légères ; examinez le caractère général que présente en ces divers écrits la prose française : on la dirait épuisée, étiolée. […] Il est sage de s’y présenter avec toutes ses forces réunies, la raison et le cœur se prêtant un mutuel appui, et l’imagination soumise ou charmée.

142. (1886) Recueil des sujets de composition française donnés à la Sorbonne aux examens du baccalauréat ès lettres (première partie), de 1881 à 1885

Les adversaires du poète grec, que nous défendrons en premier, lui ont reproché, comparant sa pièce avec celle de Racine, de nous présenter des personnages grossiers, sans délicatesse et sans dignité. […] Tous les Romains qu’il nous présente sont des types de vertu et d’abnégation. […] Mais on ne tarde pas à voir combien ces masques d’animaux sont transparents dans ces mille petites scènes comiques où nous nous voyons comme si l’on nous présentait le miroir. […] On peut en prendre comme preuve les traits constants et toujours analogues avec lesquels un animal quelconque est présenté sur la « scène » ; ses mœurs sont identiques dans toutes les fables où on le rencontre. […] 4º De tout temps d’ailleurs l’esprit humain s’est plu à présenter sous forme allégorique ses réflexions morales : apologue des Membres et de l’Estomac dans Tite-Live…, etc.

143. (1882) Morceaux choisis des prosateurs et poètes français des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Cours supérieur. Poètes (2e éd.)

Mais la pièce qui révéla décidément Malherbe comme un poète hors ligne, ce fut l’ode qu’il présenta à Aix, en 1600, à la jeune reine Marie de Médicis sur sa bienvenue en France. […] Sans complication d’événements, sans intrigue recherchée, sans aucun effort, elle présente des beautés sublimes et des traits de grandeur dont il n’y a nulle part d’exempte. […] Le sujet de cette tragédie qui revient au genre espagnol et au drame romanesque est grand et terrible, mais il ne présente qu’une longue suite d’atrocités sans cause, sans liaison, sans intérêt, sans vraisemblance. […] Le cinquième acte présente une complication de meurtres peu intéressants. […] Malheureusement ce père arrive à Paris et se présente chez son fils.

144. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre XII. » p. 103

iv, on peut, à la rigueur, entendre έπεισόδιον dans le sens de la présente définition d’Aristote.

145. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Préface de la première édition. » pp. -

En entrant dans le vaste champ des productions littéraires, j’ai présenté un tableau raccourci des quatre siècles, appelés par excellence les siècles des Arts.

146. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre VIII. » pp. 96-97

Ces choses n’étant point des parties nécessaires ou vraisemblables, Homère s’est borné au détail d’une seule action telle que la présente l’Odyssée » Quant au précepte général qui fait le sujet de ce chapitre, on peut voir dans le Tasse (Discours IIe sur l’Art poétique, et Lettres poétiques, 2 juin, 15 juillet et 15 octobre 1575) combien ce grand génie se préoccupe de l’unité épique et de l’autorité d’Aristote sur cette question.

147. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre VII. Satire. »

Boileau a fort bien caractérisé les satiriques latins dans les vers suivants : Lucile, le premier, osa la faire voir ; Aux vices des Romains présenta le miroir, Vengea l’humble vertu de la richesse altière, Et l’honnête homme à pied du faquin en litière.

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