Les réflexions que le poète Andrieux fait sur la mobilité du caractère de l’homme, sont pleines de vérité : L’homme est dans ses écarts un étrange problème : Qui de nous en tout temps est fidèle à soi-même ? […] Prenons pour exemple le récit de l’aventure arrivée au maréchal de Grammont et si finement rapportée par madame de Sévigné : Le Roi poète et le Courtisan.
L’un est de donner par elle au style cette forme plastique, sculpturale, tout extérieure, qu’on peut reprocher à Walter Scott lui-même, souvent plus peintre que poëte.
Une digression également irréprochable de tous points c’est ce magnifique éloge des lettres que Cicéron a jeté dans la défense du poëte Archias et que tous les siècles ont répété.
Exalté par la passion, le poëte ou l’orateur décrit-il, non plus ce que nous voyons avec lui, mais ce qu’il voit seul dans sa pensée ; reproduit-il, non la réalité des choses, mais les fantômes de l’imagination ; évoque-t-il pour les faire mouvoir, agir, répondre, interroger, les absents, les morts, les êtres inanimés et surnaturels ; c’est la prosopopée.
Mais le ton de l’orateur et du poëte, dès que le sujet est grand, doit toujours être sublime, parce qu’ils sont les maîtres de joindre à la grandeur de leur sujet autant de couleur, autant de mouvement, autant d’illusion qu’il leur plaît, et que devant toujours peindre et toujours agrandir les objets, ils doivent aussi partout employer toute la force et déployer toute l’étendue de leur génie. » Maintenant, il nous reste à étudier les qualités essentielles de l’élocution, c’est-à-dire celles qui conviennent à tous les tons ; les qualités accidentelles, c’est-à-dire celles qui ne conviennent que dans tel ou tel ton ; et enfin les ornements dont l’élocution est susceptible, et que l’on comprend sous le nom général de figures.
Ramsay, élève de ce célèbre archevêque, m’a écrit ces mots : « S’il était né en Angleterre, il aurait développé son génie, et donné l’essor sans crainte à ses principes, que personne n’a connus. » Citons encore M. de Sacy : « Le Télémaque est le livre d’un grand poëte, d’un sage, d’un homme de génie, auquel a manqué pourtant l’une des plus précieuses qualités : la candeur, la vraie simplicité d’âme, une certaine naïveté de bon sens, qui fera le charme éternel d’Homère et de Bossuet.
On peut donc apprendre l’art de l’éloquence comme on apprend le métier de la guerre, et le proverbe ancien n’a pas tort qui dit : « On naît poëte et on devient orateur. » Mais comment le devient-on ?
Tout ce que La Harpe a dit de Voltaire poète, littérateur et historien, n’a besoin, pour être la vérité, que de quelques restrictions légères ; et si l’enthousiasme de l’amitié l’a tant soit peu égaré dans l’éloge du philosophe, c’est un excès que son motif rend excusable.
Lisez les poètes qui ont le mieux peint l’homme et la nature, leurs riantes images vous délasseront l’esprit ; lisez aussi les critiques célèbres, pour vous habituer à juger avec goût les œuvres littéraires ; ne dédaignez pas les orateurs et les moralistes ; ne reculez pas devant un livre sérieux : vous n’aurez pas à regretter votre temps et vos peines.
S’ils font ensemble un autre ouvrage, pour qu’il marque un peu dans le grand monde, ordonné que le noble y mettra son nom, le poëte son talent.
Sans être poëte ou orateur, qui peut m’empêcher d’adorer la poésie et l’éloquence à ma manière, et de répéter bien humblement, mais du fond du cœur, ces vers si touchants de Virgile : Me verò primùm dulces ante omnia Musæ, Quarum sacra fero ingenti perculsus amore, Accipiant !
Ces témoignages divins et humains, dont parle Cicéron, l’avocat les trouvera d’abord dans ce qu’on nomme les pièces du procès, puis dans les livres où sont traitées ex professo les questions de droit qui se rattachent à sa cause, et dans les commentaires que ces ouvrages ont groupés autour d’eux ; l’historien, dans les chroniques, les mémoires, les pamphlets, les journaux, les œuvres philosophiques et littéraires du pays et du siècle qu’il a choisis ; l’orateur politique, dans les fastes parlementaires, dans les records, dans les annales de la tribune en France, en Angleterre, aux Etats-Unis, à Rome même et en Grèce ; le prédicateur, dans l’Ecriture sainte, les Pères, les écrivains ecelésiastiques ; le philosophe, le romancier, le poëte, les trouveront partout.
Bouhours aussi impertinent que le poëte Maynard.
Celui qui ne mettrait sous les yeux du lecteur que les vers négligés d’une pièce de poésie, ou les morceaux peu saillants d’une pièce d’éloquence, lui donnerait une bien fausse idée du poète ou de l’orateur, et serait injuste envers ces deux écrivains.
Oui, ses œuvres ressemblent à la vie même de leur auteur qui, tour à tour moine, docteur et curé, fut avant tout poète, homme de libre étude et de libre plaisir.
Le poëte s’adresse à Dieu : Les ombres de la nuit à la clarté du jour, Les transports de la rage aux douceurs de l’amour, A l’étroite amitié la discorde et l’envie, Le plus bruyant orage au calme le plus doux, La douleur au plaisir, le trépas à la vie, Sont bien moins opposés que le pécheur à vous.
La concession n’est faite qu’à la condition qu’on peindra les monstres odieux de manière à les présenter aux yeux sans accessoires bas ni dégoûtants, Le poète veut dire évidemment que tout sujet peut être traité convenablement, si on le prend dans la nature, et que l’art le relève, lorsqu’il est rebutant.
Cet ouvrage est-il le rêve d’un utopiste et d’un poëte, ou le vœu d’un philosophe et d’un sage ?
Mais quand le mot amours signifie les jeux, les ris, les attraits, représentés par les poètes, sous la figure de petits enfants ailés, il est masculin : = les amours badins ; les petits amours. […] On doit donc bien se garder d’imiter ce poète, qui dit : Car dans l’instant que tu combine Quel est mon nom, mon origine, etc.
La postérité qui se plaît, qui s’instruit dans les ouvrages qu’ils lui ont laissés, ne fait point de difficulté de les égaler à tout ce qu’il y a de plus considérable parmi les hommes, fait marcher de pair l’excellent poète, et le grand capitaine. […] La France se souviendra toujours avec plaisir que, sous le règne du plus grand de ses rois, a fleuri le plus grand de ses poètes.