Il n’y a point de voix dominantes, mais des sons monotones, parmi lesquels se font entendre des bruits sourds et profonds, qui nous jettent dans une tristesse pleine de douceur. […] La lune, vers son plein, était déjà fort élevée sur l’horizon, et brillait de l’éclat le plus pur dans un ciel sans nuages.
Voyez comme Racine sait ennoblir les détails d’un hideux tableau : Et je n’ai plus trouvé qu’un horrible mélange D’os et de chairs meurtris et traînés dans la fange, Des lambeaux pleins de sang et des membres affreux Que des chiens dévorants se disputaient entre eux. […] La Fontaine est plein de traits d’une admirable naïveté : témoin la fable qui a pour titre : La Laitière et le Pot au lait. […] Voici d’autres exemples de métaphores : La coupe de mes jours s’est brisée encor pleine. […] Cette concordance des pensées est essentielle, si l’on ne veut avoir une œuvre décousue et pleine de disparates. […] Examinez ces tableaux, pleins d’harmonie, chefs-d’œuvre de composition d’un grand peintre : tout se tient et concourt à l’effet général ; les différentes parties se rapprochent sans confusion ; elles sont liées par les effets du clair-obscur et par la dégradation des teintes ; l’ensemble satisfait l’œil et plaît à l’imagination : telle doit être aussi la composition littéraire.
Puys s’adressa au marchant, et derechief beut a luy plein hanap de bon vin lanternois20. […] Ce disoit monstrant son esquarcelle pleine de nouveaulx Henricus39. […] Vostre ville a esté, par ci-devant, pleine de luxe, pleine de voluptez, comme advient à villes riches et marchandes. […] Pour être un écrivain de bon cru et de pleine sève, il n’a eu qu’à rester lui-même, Gascon, soldat et roi. […] Dans sa phrase solide et pleine, dont la contexture rappelle la période latine, la pensée marche d’un mouvement serré et continu.
Il mourut le 2 avril 1791, plein des plus sombres pressentiments. […] J’avais été dans les couvents d’Italie ; ils me paraissaient pleins de vie à côté de ce cercle, et je ne savais qu’y devenir. […] Comme Cymodocée, toujours pressée dans le sein de son époux, ouvrait sur lui des yeux pleins d’amour et de frayeur, elle aperçoit la tête sanglante du tigre auprès de la tête d’Eudore. […] « Nous thésaurisons sans savoir pour qui nous accumulons « tant de choses, voilà que nos trésors restent vides de possesseur, pleins de rapines et de malédictions. […] À la vue de ce monde qui paraît renfermer pour elle le bonheur, notre nature s’élance, pleine d’espérances et d’illusions.
Je m’en rapporte là-dessus avec pleine confiance aux juges impartiaux et de bonne foi, les seuls que j’accepte, les seuls qui ont droit de prononcer. […] Épouvanté, et on le serait à moins, de la pénurie toujours croissante de premiers sujets dans tous les genres, il jette à pleines mains bouquets et couronnes à tout débutant qui laisse percer la moindre lueur de talent ; il décerne au plus mince succès de collége l’ovation et le vin d’honneur ; les fumées de cette gloire précoce montent au cerveau des lauréats et les étourdissent à tout jamais.
Au banquet de la vie à peine commencé2, Un instant seulement mes lèvres ont pressé La coupe en mes mains encor pleine. […] Si d’ailleurs quelque endroit plein chez eux d’excellence Peut entrer dans mes vers sans nulle violence, Je l’y transporte, et veux qu’il n’ait rien d’affecté, Tâchant de rendre mien cet air d’antiquité.
Pour moi, je ne connais pas de plus grande nécessité pour des hommes libres qu’un état de choses plein d’ignominie. […] La naïveté de la pensée consiste dans je ne sais quel air ingénu mais spirituel et plein de bon sens. […] On les répandrait vainement à pleines mains si un juste discernement n’en réglait la distribution et la mesure. […] Mais une paix éternelle, inaltérable, est empreinte sur son front et son œil est plein de douceur, comme s’il était au milieu des Muses empressées à le caresser. […] J’ai vu mon verre plein et je n’ai pu le boire !
L’historien doit encore avoir soin de ne rien dire de superflu dans le récit des faits ; c’est le moyen de rendre la narration vive, pleine de force et de dignité ; c’est le moyen d’attacher constamment le lecteur toujours distrait ou volage. […] C’était l’homme de son temps le mieux fait, adroit à toutes sortes d’exercices ; infatigable au travail ; plein de valeur ; le courage élevé ; vaste dans ses desseins ; magnifique dans sa dépense, et libéral jusqu’à la profusion. […] Il prédit seulement que ses amis célébreraient ses funérailles par des batailles sanglantes, et il expira à la fleur de son âge, plein des tristes images de la confusion qui devait suivre sa mort. […] Plein de l’idée d’Alexandre et de César, il se proposa d’imiter tout de ces deux conquérants, hors leurs vices.
2° Par des qualificatifs convenables ou agréables et des images frappantes : Et je n’ai plus trouvé qu’un horrible mélange D’os et de chairs meurtris et traînés dans la fange, Des lambeaux pleins de sang et des membres affreux Que des chiens dévorants se disputaient entre eux. […] Le style d’Amyot est bas et plat ; celui de Racine, au contraire, est plein de dignité et de noblesse. […] A la concision se rapporte le laconisme, qui est une manière de s’exprimer pleine de brièveté et d’énergie, et qui tire son nom des habitants de la Laconie ou Lacédémoniens. […] Ses superbes coursiers qu’on voyait autrefois, Pleins d’une ardeur si noble, obéir à sa voix… Racine.
Ne me parlez plus de mes lettres, ma fille ; je viens d’en recevoir une de vous, qui enlève, toute aimable, toute brillante, toute pleine de pensées, toute pleine de tendresse. […] Le ton de ce dialogue est chaleureux et plein de vie. […] Il succède à ce bruit un calme plein d’horreur, Et la terre en silence attend dans la terreur. […] On y porte le velours plein jusqu’au mois de juin. […] Telle s’arrondit, formidable et pleine d’horreur, la voûte funéraire… Déjà les anges du trépas, planant sous ces nuées, s’avancent d’un vol lent et terrible.
Prisonnier à Pavie, il prendra sa revanche en maint fait d’armes, où il se montra sinon stratégiste de haut vol, du moins officier accompli, plein de ressources, ayant le coup d’œil prompt et la main sûre, alliant l’art à l’audace, et l’adresse à la témérité. […] Et ainsi nous en allasmes tous à cheval au palais, et comme nous eusmes monté le degré, nous trouvasmes la grand salle, pleine de noblesse et de bourgeois de la ville qui estoyent du Conseil…….
Quand une fille aura du bon sens avec une grande piété, elle sera bonne pour tout ; elle sera fidèle à tous ses devoirs, et elle mettra en œuvre tout ce qu’elle aura de talents naturels pour se façonner ; elle vaudra mieux qu’un bel esprit plein de ses pensées et de ses idées en l’air : ce bon sens simple, quand il serait grossier et mal poli, plaira plus aux gens même du monde qu’un caractère plus délicat, mais moins vrai et moins désabusé de soi-même. […] Abaissez-vous, pliez-vous, appetissez-vous pour vous proportionner à ces enfants ; ne regardez ni avec dégoût ni avec dédain leurs misères, leurs maladies, leur éducation basse et grossière : Jésus-Christ, souveraine sagesse, éternelle raison de Dieu, a choisi pour compagnie et amis en ce monde, des pêcheurs grossiers, ingrats, incrédules, lâches, infidèles ; il a passé sa vie avec eux pour les instruire patiemment : il a fini sa vie sans les redresser entièrement… Les maisons qui ont commencé par des personnes ferventes, simples, mortes à elles-mêmes, ont bien de la peine à subsister longtemps ; on voit encore trop souvent que de grands instituts formés par des patriarches pleins d’un esprit prophétique et apostolique, avec le don des miracles, sont bientôt ébranlés par des tentations ; tout se relâche, tout s’affaiblit, tout se dissipe : la lumière se change en ténèbres ; le sel de la terre s’affadit et est foulé aux pieds : que sera-ce donc d’une communauté qui n’est soutenue d’aucune congrégation, qui est à la porte de la cour, dépendante des rois et des hommes du siècle qui seront auprès d’eux en faveur, qui aura de grands biens pour flatter les passions et pour exciter celles des gens du monde, et qui a été élevée d’abord jusqu’aux nues, sans avoir posé les fondements profonds de la pénitence, de l’humilité et de l’entier renoncement à soi-même ?
Chacun espère s’en tirer avec son fourgon plein, ou ses mulets chargés, et se moque de tout le reste. […] Alexandre fut grand guerrier ; on le dit, je le veux croire ; mais Homère est grand poëte ; je le vois, j’en juge moi-même, et si je l’admire, c’est avec pleine connaissance, non sur la foi des traditions.
il me tarde d’en jouir, de respirer à plein gosier l’air de dehors, si suave aujourd’hui. […] Nous avons un lavoir, que tu n’as pas vu, à la Moulinasse, assez grand et plein d’eau, qui embellit cet enfoncement et attire les oiseaux qui aiment le frais pour chanter. » Terminons par cette esquisse : « Ce soir au crépuscule. — J’écris d’une main fraîche, revenant de laver ma robe au ruisseau.
L’art de bien dire, que nos grands écrivains du xviie siècle ont porté à un si haut point, et qui, comme le dit excellement Son Éminence le Cardinal Archevêque de Bordeaux, est si nécessaire aujourd’hui, est enseigné avec succès à la jeunesse des séminaires et des colléges par un ecclésiastique instruit et plein de goût, M. l’abbé Piron, ancien professeur de belles-lettres, dans un Cours complet de littérature, qui a obtenu l’approbation d’un très grand nombre d’évêques et de professeurs, tant ecclésiastiques que laïques. […] J’y ai trouvé un plan net et précis, une méthode claire, des définitions pleines de justesse.
Racine, voulant peindre la bonté de Dieu, emploie ce moyen, dans le premier chœur d’Athalie : Tout l’univers est plein de sa magnificence ; Chantons, publions ses bienfaits. […] Rousseau, fait un rapprochement habile et plein d’effet entre ce poète et Orphée : Quand le premier chantre du monde Expira sur les bords glacés Où l’Hèbre, effrayé, dans son onde Reçut ses membres dispersés, Le Thrace, errant sur les montagnes, Remplit les bois et les campagnes Du cri perçant de ses douleurs ; Les champs de l’air en retentirent, Et dans les antres qui gémirent Le lion répandit des pleurs.
Le style est indépendant du savoir, et souvent des hommes pleins de science manquent de style et ne sont que de médiocres écrivains. […] Quelquefois elle tient des fleurs naissantes dans sa main, quelquefois une coupe pleine d’une liqueur enchanteresse. […] Son style est plein de l’étude des Pères et surtout de celle de saint Augustin. […] La société des livres est pleine d’enseignements pour tous les âges ; mais, pour le jeune littérateur surtout, elle a une foule d’avantages et d’attraits. […] Ce genre est difficile, parce qu’il faut montrer une action populaire et commune, souvent pleine de bassesse et de noirceur, et parler cependant un langage décent, pathétique et moral.
Enfin, c’est une source pleine d’un venin mortel… Toutes ses manières… distillent le poison. […] Que signifie cette coupe exactement pleine ? […] Dit cet animal plein de rage ; Tu seras châtié de la témérité. […] Vos outres pleines d’eau se vident, votre guide meurt étouffé, son dromadaire disparaît. […] Il se montre plein de confiance dans la bonté de sa cause et ne doute pas qu’on ne délivre Polidore : i º Parce que c’est le membre le plus précieux de la famille ; 2º parce qu’il est le plus précieux à l’état.
C’est une âme pleine qui cherche à s’épancher : c’est un vrai citoyen qu’afflige l’état de son pays et l’insouciance de ses concitoyens ; il veut le bien et la gloire de tous, et il sent que pour faire l’un et l’autre, il faut exposer la vérité dans tout son jour, et sacrifier sans balancer tous les vains ménagements d’une fausse délicatesse. […] Tout le morceau est plein de cette force de raisonnement qui, ne s’appuyant que sur des faits, porte nécessairement la conviction. […] Ce rapprochement est naturel, et plein d’art cependant : cette manière d’argumenter par les faits, de fortifier les circonstances les unes par les autres, constitue essentiellement la logique de l’orateur public, et personne ne l’a possédée comme Démosthène. […] Il n’y a point de gardes aux portes, les chemins sont libres ; ceux qui voudront sortir, le peuvent en toute assurance : mais que ceux qui resteront dans Rome se persuadent bien que, s’ils y excitent le moindre trouble, si je surprends le fil de la trame la plus légère, ils y trouveront des consuls vigilants, des magistrats intègres, un sénat plein d’énergie, des armes et une prison enfin, élevée par nos ancêtres, pour la punition des scélérats convaincus de leur crime ».
Toujours pleins de l’objet auquel ils tendent, ils voient à regret l’intervalle qui les en sépare : l’un voudrait être à demain, l’autre au mois prochain, l’autre à dix ans de là ; nul ne veut vivre aujourd’hui ; nul n’est content de l’heure présente, tous la trouvent trop lente à passer. […] si dans ces moments quelque idée de Paris, de mon siècle et de ma petite gloriole d’auteur, venait troubler mes rêveries, avec quel dédain je la chassais à l’instant, pour me livrer sans distraction aux sentiments exquis dont mon âme était pleine ! […] Avec tout cela, je mourrai plein d’espoir dans le Dieu suprême, et très-persuadé que, de tous les hommes que j’ai connus en ma vie, aucun ne fut meilleur que moi1. […] Madame de Beaumont, qui connut Rousseau, le caractérisait ainsi : « Il s’est élevé un homme plein du langage de la philosophie, sans être véritablement philosophe : esprit doué d’une multitude de connaissances qui ne l’ont pas éclairé ; caractère livré aux paradoxes d’opinions et de conduite, alliant la simplicité des mœurs avec le faste des pensées, le zèle des maximes antiques avec la fureur d’établir des nouveautés, l’obscurité de la retraite avec le désir d’être connu de tout le monde.