sans parler même de la mauvaise foi qui dénature à plaisir53 J’ai proscrit de l’histoire le portrait de fantaisie ; il n’est à sa place que dans le roman ; encore a-t-il ses lois. […] Pour les juger mettez-vous à leur place, sinon votre froide et rigoureuse analyse glacera toute imagination, étouffera tout sentiment. […] » l’amplification est excellente, parce qu’elle est à sa place, comme celle de Tite-Live qu’elle rappelle si bien : « Ante portas est bellum ; si inde non pellitur, jam intra mœnia erit, et arcem et Capitolium scandet, et in domos vestrus vos persequetur ; la guerre est aux portes ; qu’on ne l’en chasse pas, elle sera bientôt dans nos murs, elle montera au Capitole, elle occupera la citadelle, elle vous poursuivra jusque dans vos maisons. » Loin donc de blâmer l’amplification, quand au lieu d’être un hors-d’œuvre, elle se lie et se rattache parfaitement à un sujet solide et digne d’elle, disons, avec Cicéron, qu’alors elle est le triomphe du style, summa laus eloquentiæ amplificare rem ornando.
Ils ont l’adresse et le courage : S’ils avaient eu l’avidité Comme vous, et la violence, Peut-être en votre place ils auraient la puissance, Et sauraient en user sans inhumanité. […] Voici le discours que Judab fait à Joseph qui gouvernait en Égypte, pour le prier de ne point retenir captif son frère Benjaminc, mais de le garder plutôt lui-même à sa place. […] Que ce soit donc moi, je vous prie, qui demeure esclave de mon Seigneur en la place du jeune homme, et qu’il s’en retourne avec ses frères ; car comment retournerai-je sans lui, pour être témoin de l’extrême affliction qui accablera mon père ?
Noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela rend si fier ! […] On me dit que, pendant ma retraite économique, il s’est établi dans Madrid un système de liberté sur la vente des productions, qui s’étend même à celle de la presse ; et que pourvu que je ne parle en mes écrits ni de l’autorité, ni du culte, ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place, ni des corps en crédit, ni de l’Opéra, ni des autres spectacles, ni de personne qui tienne à quelque chose, je puis tout imprimer librement, sous l’inspection de deux ou trois censeurs. […] Le désespoir m’allait saisir : on pense à moi pour une place ; mais, par malheur, j’y étais propre : il fallait un calculateur, ce fut un danseur qui l’obtint1.
Worms22, Spire23 Mayence24, Landau25, vingt autres places de nom ouvrent leurs portes. […] Le seul lieu oratoire extérieur qui puisse trouver place dans tous les ouvrages, soit en prose, soit en vers, est l’imitation que je vais faire connaître. […] il met dans le sénat un pied téméraire ; il prend part aux délibérations de ce corps vénérable ; il jette sur chacun de nous des regards sanguinaires ; il marque de l’œil la place où il veut enfoncer le poignard ». […] Il n’est point de figures qui ne puissent trouver place dans la péroraison. […] Aussi, lorsque d’autres puissances prospèrent, on ne me voit point me promener avec un visage content et serein dans la place publique, étendre une main caressante, et d’une voix de congratulation, annoncer la bonne nouvelle à des gens, que je crois qui la manderont en Macédoine84.
Mais ce défaut (si c’en est un) est si heureusement compensé par des beautés du premier ordre, par ces développements profonds du cœur humain, par cette abondance de pensées fortes ou sublimes qui mettent le héros tout entier sous les yeux du lecteur, que l’on pardonne volontiers à l’historien de prendre la parole, et de se mettre à la place d’un personnage qui n’eût pas toujours été capable de parler aussi bien. […] Dans l’un et l’autre écrivain, Catilina dit ce qu’il doit dire ; la manière seule de le dire devait offrir les différences relatives du genre ; et c’est parce que l’historien et le poète les ont si heureusement saisies, que ces deux discours sont, chacun à sa place, un modèle parfait de l’éloquence de la chose, et du style de l’histoire et de la tragédie. […] Sera-ce hors des murs, et dans ces mêmes places Qu’on voit fumer encor du sang des Curiaces ? […] Enfin, Cambyse, votre frère est le seul qui puisse occuper la première place auprès de vous, sans que l’envie ait droit de se plaindre.
On sent bien qu’il ne peut être question ici d’opinions jugées, ni d’hommes mis à leur place depuis longtemps : il s’agit seulement de la marche et des progrès de l’éloquence politique, pendant cette période si brillante, et devenue ensuite si flétrissante pour elle. […] Aussi, rentre-t-elle insensiblement dans le silence, à proportion que se calme l’effervescence des passions, que les choses rentrent dans l’ordre, et que les hommes reprennent leur place.
C’est là que l’on trouve un parallèle de Lycurgue et de Boileau, auquel on ne s’attendrait guères ; c’est là enfin que l’on dit « que Buffon, au milieu de l’immensité, n’est qu’à sa place ; que la langue sublime et calme qu’il emploie, inspire, comme le spectacle de l’univers, une admiration tranquille ». […] Quand il dit, par exemple, que les grands hommes pèsent sur l’univers et l’univers sur eux, cette idée, à force de vouloir être grande, peut n’être pas très claire, et, présentant plusieurs sens, ne vous arrête sur aucun ; choisissant de préférence le terme abstrait, il donne trop souvent à ses phrases une forme métaphysique qui peut fatiguer l’attention du lecteur, d’autant plus que les idées sont accumulées ; il place quelquefois des tournures et des expressions familières qui, entourées de phrases du ton le plus noble, ont un air étranger à sa diction, etc. ».
. — Le pronom le ne prend ni genre ni nombre, quand il tient la place d’un adjectif ou d’un verbe. […] 137. — Le sujet, soit nom, soit pronom, se place après le verbe, 1° quand on interroge.
Je viens d’apprendre qu’on l’a pêché, et retiré en partie, le train encore entier, et les places mêmes intactes, mais l’impériale brisée, et le reste bien fracassé et bien bourbeux. […] Les maisons étaient fermées ; le triste et morne silence qui régnait dans les places publiques n’était interrompu que par les gémissements des habitants ; les magistrats en deuil eussent volontiers prêté leurs épaules pour le porter de ville en ville : les prêtres et les religieux à l’envi l’accompagnaient de leurs larmes et de leurs prières.
Oswald et Corinne s’arrêtèrent sur la place du Panthéon pour admirer le portique de ce temple et les colonnes qui le soutiennent. […] Un obélisque de quatre-vingts pieds de haut, qui paraît à peine élevé en présence de la coupole de Saint- Pierre, est au milieu de la place. […] Eudore place Cymodocée derrière lui. […] Augustin Thierry a sa place marquée parmi les écrivains supérieurs de notre époque qui ont régénéré la science historique. […] Jouffroy une place élevée parmi les philosophes et les écrivains de notre temps.
Il nous suffira de rappeler que, si nous avons réduit le nombre des passages empruntés aux maîtres de la poésie française du xviie siècle, qui sembleraient devoir occuper de droit la plus grande place dans un recueil classique, c’est que les nouveaux programmes leur ont précisément fait dans renseignement des classes une place plus étendue que les programmes antérieurs. […] Il alla à Genève embrasser la religion réformée, et là commença cette vie de travail, de controverse et de lutte par la plume, la parole et l’épée, qui lui donna un rôle considérable dans l’histoire politique et religieuse du xvie siècle et une place parmi ses écrivains. […] « Il continuoit l’étude jusqu’à deux ou trois heures après minuit, et se couchant, resveilloit Baïf, qui se relevoit et prenoit la chandelle et ne laissoit pas refroidir la place. » (Daurat). […] C’est moins qu’il n’ambitionnait, mais c’est assez pour lui assurer une belle place dans les gloires poétiques de la France. […] voyez comme en peu d’espace Mignonne, elle a, dessus la place, Las !
Mais les trois champions, pleins de vin et d’audace, Du Palais cependant passent la grande place ; Et, suivant de Bacchus les auspices sacrés, De l’auguste chapelle ils montent les degrés. […] Ici on signalera, pour parler la langue de notre poëte, le pouvoir d’un mot mis en sa place. L’épithète qui termine le vers ne place-t-elle pas le lutrin sous nos yeux ?
Apprends, marquis, je te prie, et les autres aussi, que le bon sens n’a point de place déterminée ; que la différence du demi-louis d’or2 et de la pièce de quinze sous ne fait rien du tout au bon goût ; que debout ou assis on peut donner un mauvais jugement, et qu’enfin, à le prendre en général, je me fierais assez à l’approbation du parterre, par la raison qu’entre ceux qui le composent il y en a plusieurs qui sont capables de juger d’une pièce selon les règles, et que les autres en jugent par la bonne façon d’en juger, qui est de se laisser prendre aux choses, et de n’avoir ni prévention aveugle, ni complaisance affectée, ni délicatesse ridicule3. […] J’enrage de voir de ces gens qui se traduisent en ridicule malgré leur qualité ; de ces gens qui décident toujours, et parlent hardiment de toutes choses sans s’y connaître ; qui, dans une comédie, se récrieront aux méchants endroits et ne bougeront pas à ceux qui sont bons ; qui, voyant un tableau ou écoutant un concert de musique, blâment de même et louent tout à contre-sens, prennent par où ils peuvent les termes de l’art qu’ils attrapent, et ne manquent jamais de les estropier ou de les mettre hors de place. […] Différence du prix des places.
Sous chacun de ces trois premiers genres tout lecteur met des noms célèbres, en faisant une place à part pour celui de l’écrivain supérieur6 qui a élevé la critique à la hauteur de l’histoire, et prouvé que la science littéraire n’est pas la moins relevée des sciences morales. […] Il faut que l’étude les place dans la mémoire de l’écrivain, qui les y garde, comme de l’argent qui dort, jusqu’au jour où l’inspiration les en tire, les anime de sa propre vie, en sorte que, tout en ayant le même sens, ils lui appartiennent néanmoins par l’emploi qu’il en fait. […] Voici comment La Fontaine appréciait l’utilité des fables : « Platon, ayant banni Homère de sa république, y a donné à Esope une place très-honorable.
Il y a des mots qui sont en eux-mêmes ignobles et bas ; le poète doit les éviter, ou, s’il les emploie, il faut qu’il les place de manière à les rendre dignes de la poésie. […] Les poèmes dramatiques, dont la forme est absolument différente de celle des précédents, et qui, dans tous les systèmes de classification, occupent ensemble une place à part.
Des amis qui nous font honorer nous sont toujours chers3, il semble qu’en les aimant nous entrons en part4 avec eux de la distinction qu’ils ont dans le monde ; nous cherchons à nous parer, pour ainsi dire, de leur réputation ; et, ne pouvant atteindre à leur mérite, nous nous honorons de leur société, pour faire penser du moins qu’il n’y a pas loin d’eux à nous5 L’emploi du temps 6 Nous regarderions comme un insensé dans le monde un homme, lequel héritier d’un trésor immense, le laisserait dissiper faute de soins et d’attentions, et n’en ferait aucun usage, ou pour s’élever à des places et à des dignités qui le tireraient de l’obscurité, ou pour s’assurer une fortune solide, et qui le mît pour l’avenir dans une situation à ne plus craindre aucun revers. […] Les jours leur paraissent des moments, parce que tous les moments sont à leurs place : le temps ne leur pèse, pas, parce qu’il a toujours sa destination et son usage ; elles trouvent dans l’arrangement d’une vie uniforme et occupée cette paix et cette joie que les hommes cherchent en vain dans le dérangement et dans une agitation éternelle. » La Bruyère a dit : « L’ennui est entré dans le monde par la paresse ; elle a beaucoup de part à la recherche que font les hommes des plaisirs, du jeu, de la société.
L’écrivain lui donne une vie, une existence réelle ; il le peint avec des couleurs si vraies, avec des traits si naturels et si intéressants ; il le place sous un jour si frappant, qu’un peintre pourrait facilement le transporter sur la toile. […] On peut considérer la description de trois manières : 1° d’après la place qu’elle doit occuper ; 2° d’après le but que se propose l’auteur ; 3° d’après la nature des objets à décrire. […] Qu’avez-vous à dire de la description considérée d’après la place qu’elle occupe ? […] Il en est de même pour ce qui concerne le choix de l’objet lui-même, qui sera gracieux ou sombre, pathétique ou riant, selon la place que le poète lui destine et l’effet qu’il en attend. […] Cette narration, qui ne diffère guère de la narration badine que parce qu’elle est un entretien et non un écrit, tient une place importante dans les cercles et les sociétés de distinction.
Dès lors, s’opère le partage des lettres et la poésie laisse une place à la prose. […] Ne voulez-vous jamais, dites-moi, qu’aller sur la place publique, vous questionnant les uns les autres ? […] Quant à la place qu’elle doit occuper dans le discours, elle précédera, suivra ou même accompagnera, suivant les cas, la confirmation. […] Le danger personnel du jeune téméraire l’intéresse plus vivement ; ce motif devra tenir la seconde place. […] Ce n’est pas tout : chaque mot, par sa place, fait une beauté parce qu’ici c’est la place que leur assigne l’objet du tableau qu’ils occupent.
Vous durez encore, places que l’art et la nature ont fortifiées, et qu’ils avaient dessein de démolir ; et vous n’avez tremblé que sous des projets frivoles d’un vainqueur en idée, qui comptait le nombre de nos soldats, et qui ne songeait pas à la sagesse de leur capitaine. » À des êtres métaphysiques qu’on personnifie : c’est ce qu’a fait Jean-Jacques Rousseau, dans cet endroit de son Discours sur les Lettres. […] Elle peut même trouver place dans le genre épistolaire, suivant la manière dont elle y est employée, et suivant la manière dont elle y est employée, et suivant la nature des choses qu’on y dit. […] Je l’ai cherché, et je n’ai pas même trouvé la place où il était. » On voit sans peine que Racine a paraphrasé le texte ; mais qu’il n’a pas rendu cette pensée si forte et si sublime : Je l’ai cherché, et je n’ai pas même trouvé la place où il était.
Mais, avant de chercher l’ordre dans lequel on présentera ses pensées, il faut s’en être fait un autre plus général et plus fixe, où ne doivent entrer que les premières vues et les principales idées : c’est en marquant leur place sur ce premier plan, qu’un sujet sera circonscrit, et que l’on en connaîtra l’étendue ; c’est en se rappelant sans cesse ces premiers linéaments, qu’on déterminera les justes intervalles qui séparent les idées principales, et qu’il naîtra des idées accessoires et moyennes qui serviront à les remplir1. […] Mais il faut avoir tout vu, tout pénétré et tout embrassé, pour savoir la place précise de chaque mot. » (Fénelon, Lettre à l’Académie, IV, Projet de rhétorique.) […] Cette unité de dessein fait qu’on voit, d’un seul coup d’œil, l’ouvrage entier, comme on voit de la place publique d’une ville toutes les rues et toutes les portes, quand toutes les rues sont droites, égales et en symétrie. […] Rousseau : « Mes idées circulent sourdement… elles fermentent jusqu’à m’émouvoir… insensiblement ce grand mouvement s’apaise, ce chaos se débrouille, chaque chose vient se mettre à sa place. » 1.