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34. (1882) Morceaux choisis des prosateurs et poètes français des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Cours supérieur. Poètes (2e éd.)

Assurément le cynisme n’est pas le fond de ses œuvres ; au lieu du poète licencieux, elles nous montrent, presque constamment, le poète sérieux, le lettré. […] Aussi Corneille tient-il peu de compte de l’unité de lieu. […] Il fit Bajazet, et substitua le prestige de l’éloignement du lieu à celui du temps. […] La dame entre en un lieu Où cent vierges ont pris pour époux le vrai Dieu. […] Mettez et autres lieux, en très gros caractère.

35. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XI. du corps de l’ouvrage. — narration, description  » pp. 146-160

La clarté dans la disposition du récit on de la thèse consiste à présenter les faits ou les principes sans ambages, sans équivoque, sans épisode ; à former, par la savante distribution des circonstances, des temps, des lieux, des personnes, un tableau dont toutes les parties soient saisissables d’un coup d’œil et à première vue. […] Une fois ce point bien arrêté dans votre pensée, ne permettez jamais au lecteur de le perdre de vue ; ramenez-y jusqu’aux moindres détails, faites-y converger toutes les descriptions de lieu, de temps, de personne. […] Mais encore faut-il que le tableau vienne en son lieu. […] Pour lui donner la vie, mêlez le sentiment à l’image, soit que vous mettiez l’aspect des lieux en harmonie avec les émotions de l’âme ; soit que vous aviviez celles-ci par l’opposition ; soit que vous y rattachiez une espérance ou un souvenir public ou privé. […] Ainsi la description du lieu s’est appelée topographie, celle du temps, chronographie, celle des personnes, prosopographie 49, quand il ne s’agit que de l’extérieur, éthopée, quand on s’attache surtout au moral.

36. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Massillon, 1663-1742 » pp. 205-215

Une dignité sacrée à laquelle on ne s’attendait point nous dépouille à l’instant de l’ignominie du siècle, et nous place dans le lieu saint. […] C’est que son nom et les services de ses ancêtres lui permettaient d’aspirer à tout, au lieu qu’un parti différent l’eût laissé dans l’obscurité d’une vie privée. […] Des parents barbares et inhumains, pour élever un seul de leurs enfants plus haut que ses ancêtres, et en faire l’idole de leur vanité, ne comptent pour rien de sacrifier tous les autres et de les précipiter dans l’abîme : ils arrachent du monde des enfants à qui l’autorité seule tient lieu d’attrait et de vocation pour la retraite ; ils conduisent à l’autel des victimes qui vont s’y immoler à la cupidité de leurs pères plutôt qu’à la grandeur du Dieu qu’on y adore ; ils donnent à l’Église des ministres que l’Église n’appelle point, et qui n’acceptent le saint ministère que comme un joug odieux qu’une injuste loi leur impose ; enfin, pourvu que ce qui paraît d’une famille éclate, brille et fasse honneur dans le monde, on ne se met point en peine que des ténèbres sacrées cachent les chagrins, les dégoûts, les larmes, le désespoir. […] Aussi, à peine le premier homme fut-il sorti de ses mains, qu’il l’appliqua à la culture de ce lieu de délices qui devait être sa demeure ; et il semble qu’en lui déterminant cette occupation, il voulut faire sentir à tous ses descendants que c’était à lui seul à nous marquer un emploi et une occupation dans cet univers où il nous a placés. […] Qu’on ne prétende pas de là néanmoins que les choses soient égales ; car il y a cette extrême différence, que la violence n’a qu’un cours borné par l’ordre de Dieu, qui en conduit les effets à la gloire de la vérité qu’elle attaque ; au lieu que la vérité subsiste éternellement, et triomphe enfin de ses ennemis, parce qu’elle est éternelle et puissante comme Dieu même. » Nous lisons dans un sermon de Bossuet sur la brièveté de la vie « Quand je fais réflexion sur les diverses calamités qui affligent la vie humaine, entre toutes les autres la famine me semble être celle qui représente mieux l’état d’une âme criminelle, et la peine qu’elle mérite.

37. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Principes généraux des belles-lettres. » pp. 1-374

On auroit tort d’inférer de ce que l’action dramatique se divise en plusieurs petites actions, qu’une de ces petites actions pourroit, sous les yeux même du spectateur, se passer dans un lieu, et une autre dans un autre lieu. […] Le spectateur se trouve dans un lieu au commencement de l’action : pourra-t-il se figurer l’instant d’après qu’il est dans un autre lieu ? […] Mais le lieu particulier change presqu’à tous les instans. […] Or l’unité de lieu prise à la rigueur, exige que l’action se passe dans le même endroit précisément, et que par conséquent on fixe autant qu’il est possible le lieu de la scène particulier. […] Voilà une duplicite de lieu particulier.

38. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre III. Beautés de sentiment. »

» Ne pourrons-nous jamais, unis dans le saint lieu, » Du retour de tes fils remercier ton Dieu » ? […] Frappé d’un jour nouveau, je vis du haut des cieux Les immortels descendre et planer sur ces lieux : De leurs corps transparents, vêtus de légers voiles, Où l’or parmi l’azur rayonnait en étoiles, Le soleil nuançait l’ondoyante vapeur ; Ils suspendent leur vol ; et, réunis en chœur, Ils chantent à l’envi ces puissantes prières Qui soulagent des morts les peines passagères ; Ils consolent nos rois chassés de leurs tombeaux, Et souhaitent que Dieu pardonne à leurs bourreaux. […] N’êtes-vous pas ma mère, en tout temps, en tout lieu ? […] Le fond et les détails principaux sont restés exactement les mêmes ; les noms seuls et le lieu de la scène sont changés : c’est Lavinie et Palémon, au lieu de Ruth et de Booz ; quant au lieu de la scène, il est partout où l’on voudra, et ce vague qui prive le sujet de l’intérêt attaché aux circonstances locales, ces noms, ces personnages d’idée, qui ne tiennent à rien, qui ne se lient à aucun peuple, à aucune époque historique, rejettent nécessairement cet épisode dans la classe des morceaux qui plaisent plus à l’esprit qu’ils ne peuvent toucher le cœur. […] Ô Nymphes de ces lieux, pour vos simples appas, N’éclôt-il pas assez d’ornements sous vos pas ?

39. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Casimir Delavigne 1794-1843 » pp. 524-529

LES LIMBES 3 Comme un vain rêve du matin, Un parfum vague, un bruit lointain, C’est je ne sais quoi d’incertain   Que cet empire ; Lieux qu’à peine vient éclairer Un jour qui, sans rien colorer, A chaque instant près d’expirer,   Jamais n’expire1. […] Ainsi tout passe, et l’on délaisse Les lieux où l’on s’est répété : « Ici luira sur ma vieillesse L’azur de mon dernier été. » Heureux, quand on les abandonne, Si l’on part, en se comptant tous, Si l’on part sans laisser personne Sous l’herbe qui n’est plus à vous1 ! […] Les Limbes sont les lieux où les âmes des morts attendaient la venue du Sauveur.

40. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Prosper Mérimée. Né en 1803. » pp. 558-565

Tout ce qu’il entend, tout ce qu’il voit demande du sang, depuis sa sœur, cette Électre implacable dont le silence même lui impose son devoir, jusqu’à ce chien de garde qui court à travers les vignes pour le guider vers le lieu du meurtre impuni. […] Dans plusieurs cantons de la Corse, surtout dans les montagnes, un usage extrêmement ancien, et qui se rattache peut-être à des superstitions du paganisme, oblige les passants à jeter une pierre ou un rameau d’arbre sur le lieu où un homme a péri de mort violente. […] Là, au lieu du lion de pierre élevé jadis à leur mémoire par les Spartiates, on voit aujourd’hui un corps de garde de chorophylaques ou gendarmes portant des casques en cuir bouilli. […] S’il y a lieu de s’étonner de quelque chose, c’est que ce passage extraordinaire ait été forcé.

41. (1875) Poétique

Cela est si vrai, qu’il nous en échappe souvent dans la conversation ; au lieu que nous ne faisons guère d’hexamètres que quand nous sortons du style simple. […] Par analogie, quand de quatre termes le second est au premier ce que le quatrième est au troisième, et qu’au lieu du second on dit le quatrième, et au lieu du quatrième le second. Quelquefois même on met simplement le mot analogue au lieu du mot propre. […] L’épopée, au contraire, étant en récit, peut peindre tout ce qui est d’un même moment, en quelque lieu qu’il soit, pourvu qu’il tienne au sujet : ce qui la met en état de se montrer avec magnificence, de transporter le lecteur d’un lieu à l’autre, et de varier ses épisodes d’une infinité de manières ; et par là de prévenir la satiété qui naît de l’uniformité, et fait tomber les tragédies. […] L’oracle avait sans doute prédit qu’elles mourraient au lieu où elles avaient été exposées.

42. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Buffon, 1707-1788 » pp. 282-302

Ainsi l’histoire civile, bornée d’un côté par les ténèbres d’un temps assez voisin du nôtre, ne s’étend de l’autre qu’aux petites portions de terre qu’ont occupées successivement les peuples soigneux de leur mémoire : au lieu que l’histoire naturelle embrasse également tous les espaces, tous les temps, et n’a d’autres limites que celle de l’univers1. […] Entre ces marais infects qui occupent les lieux bas, et les forêts décrépites qui couvrent les terres élevées, s’étendent des espèces de landes, des savanes qui n’ont rien de commun avec nos prairies ; les mauvaises herbes y surmontent, y étouffent les bonnes ; ce n’est point ce gazon fin qui semble faire le duvet de la terre, ce n’est point cette pelouse émaillée qui annonce sa brillante fécondité : ce sont des végétaux agrestes, des herbes dures, épineuses, entrelacées les unes dans les autres, qui semblent moins tenir à la terre qu’elles ne tiennent entre elles, et qui, se desséchant et repoussant successivement les unes sur les autres, forment une bourre grossière, épaisse de plusieurs pieds. […] Le lion et le tigre sur la terre, l’aigle et le vautour dans les airs, ne règnent que par la guerre, ne dominent que par l’abus de la force et par la cruauté, au lieu que le cygne règne sur les eaux à tous les titres qui fondent un empire de paix, la grandeur, la majesté, la douceur ; avec des puissances, des forces, du courage, et la volonté de n’en pas abuser et de ne les employer que pour la défense, il sait combattre et vaincre sans jamais attaquer : roi paisible des oiseaux d’eau, il brave les tyrans de l’air ; il attend l’aigle sans le provoquer, sans le craindre ; il repousse ses assauts en opposant à ses armes la résistance de ses plumes et les coups précipités d’une aile vigoureuse qui lui sert d’égide ; et souvent la victoire couronne ses efforts. […] Les grâces de la figure, la beauté de la forme, répondent dans le cygne à la douceur du naturel ; il plaît à tous les yeux ; il décore, embellit tous les lieux qu’il fréquente ; on l’aime, on l’applaudit, on l’admire. […] C’est peu qu’en un ouvrage où les fautes fourmillent, Des traits d’esprit semés de temps en temps pétillent ; Il faut que chaque chose y soit mise en son lieu, Que le début, la fin, répondent au milieu ; Que d’un art délicat les pièces assorties N’y forment qu’un seul tout de diverses parties.

43. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Racine 1639-1699 » pp. 415-440

Mais tout ce peuple enfermé dans ce lieu, A quoi s’occupe-t-il ? […] Pensez-vous, madame, qu’en ces lieux Seule, pour vous connaître, Octavie ait des yeux5 ? […] Je pouvais de ces lieux lui défendre l’entrée ; Mais, madame, je veux prévenir le danger Où son ressentiment le pourrait engager7. […] Si ses jours vous sont chers, éloignez-le de vous, Sans qu’il ait aucun lieu de me croire jaloux. […] Caché près de ces lieux, je vous verrai, madame.

44. (1873) Principes de rhétorique française

Des lieux intrinsèques. — 3. […] Des lieux intrinsèques. […] Des lieux intrinsèques. — 8. […] Des lieux extrinsèques. […] le charmant lieu de vepos.

45. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre quatrième. De la disposition oratoire, ou de l’Ordre mécanique du discours. — Chapitre premier. »

C’est là qu’il déploie, s’il y a lieu, les grands moyens que lui fournit la rhétorique, pour mettre de son parti les passions émues à propos. […] Le meilleur moyen d’obvier à un semblable inconvénient, c’est de subordonner l’exorde au plan général du discours, et de ne s’en occuper qu’en dernier lieu. […] etc. ; et cette apostrophe sublime, qui tient lieu d’exorde, conduit l’éloquent pasteur jusqu’à la division de son discours. […] Elle sera claire, si vous ne vous servez pour chaque chose que du mot propre, et si vous distinguez nettement les temps, les lieux et les personnes.

46. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — De Retz. (1614-1679.) » pp. 20-28

L’on ne l’avait vue que persécutée, et la souffrance, aux personnes de ce rang, tient lieu d’une grande vertu. […] Le parlement étant sorti du Palais-Royal, et ne disant rien au peuple de la liberté de Broussel, ne trouva d’abord qu’un morne silence au lieu des acclamations passées. […] C’est ainsi qu’on lit dans les Mémoires de La Rochefoucauld : « Le premier président et le président de Mesmes répliquèrent qu’il n’y avait plus lieu de délibérer, que c’était une nécessité absolue de fléchir sous la volonté des peuples, qui n’écoutaient plus la voix du magistrat… » 2. […] Suivant les uns, ce nom venait des marchands d’étoffes, nombreux en ce lieu, qui y tiraient, c’est-à-dire étendaient, déployaient leurs marchandises.

47. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Balzac, 1596-1655 » pp. 2-10

Ne paraîtra-t-elle point dans quelque lieu, à la honte et à la confusion de Tibère ? […] L’entrée du palais ne montre rien de funeste et tout rit par le dehors ; mais le lieu du supplice, c’est le cabinet, c’est l’intérieur de l’homme, c’est le plus profond de l’âme. […] Durant ce temps-là, je me promène sans me lasser, et en des lieux où je puis m’asseoir quand je suis las. […] Je juge de leur mérite, comme vous faites de celui des poëtes au lieu où vous êtes.

48. (1853) Éléments de la grammaire française « Éléments de lagrammaire française. — Chapitre XI. De l’orthographe. » pp. 53-58

(Ces observations ne peuvent être réduites en règles générales, la lecture et le dictionnaire doivent en tenir lieu. […]   166. — On met un accent sur là, adverbe de lieu : allez là ; on n’en met point sur la, article : la dame ; ni sur le pronom féminin la : je la connais.   167. — On met un accent grave sur où, adverbe de lieu : où allez-vous ?

49. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre premier. De l’invention. »

Ce sont mes lieux intrinsèques. […] Ce sont mes lieux extrinsèques. […] Mais sur le second point, il est essentiel de peindre d’après l’histoire les mœurs de temps et de lieux. […] Les lieux influent aussi sur les mœurs ; il faut donc examiner où l’on place le théâtre de son action, et faire parler les personnages en conséquence :   Des siècles, des pays étudiez les mœurs. […] Elles regardent : 1° l’orateur lui-même : un prince ne s’exprime point comme un simple particulier, un prédicateur comme un avocat ; 2° l’auditeur : on ne parlera point à des académiciens comme à des hommes peu instruits ; 3° les tiers : s’il s’agit d’un homme respectable, on le traite avec égard ; ou répand de l’intérêt sur la position de ceux que l’on défend ; 4° le temps ; si l’on n’a qu’une heure pour parler, il ne faut pas étendre son discours de manière à le aire durer plus longtemps ; 5° les circonstances : elles peuvent être affligeantes ou joyeuses, solennelles ou ordinaires, il faut y conformer le ton du discours ; 6° enfin le lieu : dans un camp, dans une assemblée politique, à la cour, au barreau, à l’église, etc., le langage ne sera pas le même.

50. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Corneille 1606-1684 » pp. 310-338

Aux peintures généreuses du cœur humain, il sut allier le sens historique, et l’intuition qui devine le génie des temps ou des lieux. […] Tel est notre destin, telles en sont les lois ; Tout homme pour lui-même est une vive1 croix, Pesante d’autant plus que plus lui-même il s’aime2 ; Et comme il n’est en soi que misère et qu’ennui, En quelque lieu qu’il aille, il se porte lui-même, Et rencontre la croix qu’il y porte avec lui. […] Que cependant Félix5 m’immole à ta colère ; Qu’un rival plus puissant éblouisse ses yeux6 ; Qu’aux dépens de ma vie il s’en fasse beau-père, Et qu’à titre d’esclave il commande en ces lieux : Je consens, ou plutôt j’aspire à ma ruine. […] Les bontés de mon Dieu sont bien plus à chérir : Il m’ôte des périls que j’aurais pu courir, Et, sans me laisser lieu de tourner en arrière, Sa faveur me couronne entrant dans la carrière ; Du premier coup de vent il me conduit au port2, Et, sortant du baptême, il m’envoie à la mort. […] Je satisfais ensemble et peuple et courtisans, Et mes vers en tous lieux sont mes seuls partisans ; Par leur seule beauté ma plume est estimée ; Je ne dois qu’à moi seul toute ma renommée, Et pense toutefois n’avoir point de rival A qui je fasse tort en le traitant d’égal.

51. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Poètes

Pour abreger le compte, Soyez certain qu’au partir dudict lieu N’oublya rien, fors24 à me dire adieu. […] mon Dieu, mon Dieu, Ottroye moy de mourir en ce lieu ! […] Ce faisant, tu tiendras le lieu d’un Aristarque. […] « En ces lieux caverneux tes cheres assemblees, Des ombres de la mort incessamment troublees, Ne feront-elles plus résonner tes saincts lieux Et ton renom voller des terres dans les cieux ? […] Vous, Caïns fugitifs, où trouverez-vous lieu ?

52. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Descartes, 1596-1650 » pp. 9-14

Que si je fais quelquefois réflexion sur leurs actions, j’en reçois le même plaisir que vous feriez de voir les paysans qui cultivent vos campagnes ; car je vois que tout leur travail sert à embellir le lieu de ma demeure, et à faire que je n’y aie manque d’aucune chose2. […] Quel autre lieu pourrait-on choisir3 au reste du monde où les commodités de la vie et toutes les curiosités qui peuvent être souhaitées soient si faciles à trouver qu’en celui-ci ? […] J’ai senti depuis peu la perte de deux personnes qui m’étaient très-proches1, et j’ai éprouvé que ceux qui me voulaient défendre la tristesse l’irritaient, au lieu que j’étais soulagé par la complaisance de ceux que je voyais touchés de mon déplaisir.

53. (1867) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de rhétorique

ne paraîtra-t-elle point en quelque lieu, à la honte et à la confusion de Tibère ? […] Quel autre lieu pourrait-on choisir, dans le reste du monde, où toutes les commodités de la vie soient si faciles à trouver que dans celui-ci ? […] De l’unité de lieu. […] Nos anciens, qui faisaient parler leurs rois en place publique, donnaient assez aisément l’unité rigoureuse de lieu à leurs tragédies. […] Enfin, le 29 septembre, le prince arriva, par des chemins détournés, et au travers de mille périls nouveaux, au lieu où il était attendu.

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