L’auteur prend le ton dogmatique, il enseigne : il oublie la fiction pour parler le langage de la vérité. Le poème didactique est une sorte de traité régulier sur un sujet sérieux et utile ; il s’attache à poser les principes d’un art ou d’une science, à prouver une vérité philosophique ou morale ; mais il revêt son langage de tous les charmes de la versification.
Elles peuvent rouler sur tout, prendre tous les langages, n’être que d’une ligne, former des volumes, s’adresser à un ou à plusieurs particuliers, quelquefois au public ; et, pour tout dire en un mot, des lettres ne sont pas un ouvrage : elles sont plusieurs ouvrages. […] Le respect, le devoir, l’amitié, la supériorité même, ont chacun un langage particulier ; la bonne éducation, le bon esprit, le sentiment, nous dictent ce langage.
L'orateur doit être pénétré des sentiments qu'il veut inspirer à ses auditeurs ; et les passions ont chacune un langage différent. […] Le langage de l'indignation est rapide et animé ; celui de la joie est naturel, négligé. […] Le style est pur quand il n'emploie que des expression avouées par les règles du langage, et que les expressions conviennent aux pensées. […] Un poëte a dit : Des couleurs du sujet je teindrai mon langage. […] Le poëte doit-il toujours observer les règles du langage ?
Le discoureur ne se proclamera pas sans doute « pourvu de toutes les vertus » ; mais, d’eux-mêmes, ses nobles sentiments se peindront dans son langage. […] Qu’il fasse, en outre, tout concourir à ce but, et son ton, etson air, et sa réserve, et la douceur de son langage. […] Quel est ce langage étranger ? […] Ce n’est plus qu’un langage barbare, impropre, faux, louche, obscur. […] Il a, de même que la voix, son exptession, et cette expression n’est autre que le langage de la nature.
Quelques imitations de notre vieux langage ne déplaisent pas, surtout dans le genre simple et familier. […] Des âmes sans cesse nourries des idées de gloire et de vertu ont presque toujours un langage digne d’elles. […] La poésie ne diffère donc pas seulement par le rythme du langage ordinaire. […] La poésie est donc indépendante du langage mesuré. […] La versification est l’art de faire des vers, et elle a pour objet de tracer les règles du langage mesuré.
L’orateur, dans la chaire sacrée, n’a pas le même langage que l’orateur du barreau. […] L’art des convenances consiste à modifier son langage d’après le genre de composition, le sujet, l’état des personnes, leur âge, leur éducation, leur rang, leur caractère, leur nation, etc. […] On ne peut se méprendre au vrai langage du cœur ; car c’est le cœur qui rend éloquent, dit Quintilien.
La construction oratoire, comme nous l’avons envisagée, est plus spécialement celle du poète et de l’orateur, qui parlent habituellement le langage de la passion. […] Rien, au dire de Cicéron, le plus harmonieux des orateurs romains, ne contribue autant à la beauté du langage que cette harmonie du style, à laquelle les écrivains distingués ont donné les plus grands soins. […] Cette idée nous dirigera dans le genre de style que nous devrons suivre ; ou, pour parler le langage de la musique, cette idée nous donnera le ton, ou la note principale qui servira de base à toutes les autres. […] Le langage lui-même nous vient en aide dans ce genre d’imitation. […] Appelé ainsi, parce qu’il est particulier à l’orateur, qui recherche les grâces et les ornements du style, et qui figure, pour ainsi dire, dans son langage les idées, les images, les sentiments qu’il a conçus dans son esprit.
Son langage n’a rien d’impérieux ; elle plaît à l’enfance, à l’âge mûr et à la vieillesse. […] La franchise de son langage le fit précipiter, à Delphes, du haut d’un rocher.
Les sons, sains être figurés, peuvent fournir, et ont fourni à l’homme, soit par leur nature, soit par leur durée, une sorte de langage inarticulé pour exprimer, au moins jusqu’à un certain point, un certain nombre de choses. […] Mais lorsque ce langage des signes s’est trouvé insuffisant (et il a dû l’être dans une foule de circonstances), il a bien fallu recourir à un langage plus expressif ; alors l’organe de la voix a nécessairement agi avec plus de force, et a fait entendre des sons rapides, perçants, sourds, éclatants, etc., tous figurés par les différentes impressions qu’ils recevaient de l’air diversement modifié par les organes de la parole.
Si l’on voulait sortir des lieux communs du langage employé ordinairement en cette circonstance, on réussirait mieux à donner à son compliment une tournure acceptable et nouvelle. […] Bannissons du style toutes les fleurs du langage et les maximes philosophiques. Soyons simples, sincères, naturels ; et pour y parvenir, mettons-nous à la place le la personne affligée, et examinons quel langage nous voudrions entendre.
Il n’est de sincère langage. […] Leur langage doit être toujours poli, mais jamais raffiné : le raffinement et la grossièreté sont deux excès qui s’éloignent également de l’objet de la poésie pastorale. […] Peut-on y reconnaître le ton, le langage les mœurs pastorales ? […] Elles offrent les plus riants tableaux de la vie champêtre : le ton en est simple et naïf : c’est partout le langage de la nature. […] La véritable douleur n’a point de langage étudié, de marche suivie et compassée.
Il y a là, dans le fond des idées, une confusion qui a dû s’étendre au langage. » (Étude, etc., p. 235.) […] De même dans le langage et dans la versification pure et simple12. […] Puis, lorsque vint le langage parlé17, la nature trouva elle-même le mètre qui lui convenait ; car le mètre le plus apte au langage, c’est l’ïambe ; et la preuve, c’est que, dans la conversation, nous faisons très souvent des ïambes, des hexamètres rarement et seulement lorsque l’on quitte le ton de la conversation. […] En effet, les personnages que les anciens mettaient en scène parlaient un langage politique, et ceux d’aujourd’hui parlent un langage oratoire. […] De même encore, dans le Térée de Sophocle, le langage de la toile79.
Des émotions fortes, des tableaux absolument neufs, de nouveaux cieux, une terre nouvelle, un langage et des sentiments qui ne ressemblaient à rien de ce que l’on avait senti, voilà ce qu’offrait l’épisode d’Atala ; et voilà ce qu’il fallait pour donner à l’âme, de ces distractions puissantes qui l’arrachent malgré elle au charme douloureux de ses souvenirs, et même aux illusions de ses espérances. […] Craignons donc de laisser ou de voir s’établir une école nouvelle, qui, en confondant tous les genres et tous les styles, prêterait indiscrètement à la théologie le langage de la poésie, et à la poésie le style et les formes théologiques : craignons d’adopter une poétique qui constituerait les fautes en principes, et qui poserait pour règle première la violation de la plus essentielle des règles, l’accord indispensable des choses et du style ; et cette précieuse unité, sans laquelle le vrai et le beau n’existent plus dans les ouvrages de l’imagination. […] On sait trop quel jargon scientifique, quelle morale sèche et guindée remplacèrent le langage de la raison et de la science ; et quelle langue barbare, quel néologisme ridicule succédèrent au langage harmonieux que la poésie avait prêté un moment aux sciences naturelles. […] Delille, la métaphysique, la morale, la politique, etc., revêtues des plus belles couleurs de la poésie, et parlant son langage, sans déroger à la gravité du leur.
Si c’eust esté une matière de durée, il l’eust fallu commettre à un langage plus ferme. […] En faisant à chacune sa part, nous apprendrons quels écueils doit éviter, ou quelles traditions doit suivre de préférence l’écrivain soucieux de rester fidèle aux instincts natifs de notre race, à la mesure, au goût, à la raison, en un mot à cette logique inconsciente ou réfléchie dont le travail assura victorieusement la précellence du langage français. […] Ce miracle d’adresse nous valut ce langage, « eslu, formé des mots les plus doux, les plus propres, qui sonneront le mieux à l’oreille, plus coutumièrement en la bouche des bien parlants ». […] Ils eussent attendri le cœur de Fénelon ; car plusieurs d’entre eux ont touché celui de La Fontaine toujours si hospitalier pour ce vieux langage qui « avoit je ne sais quoi de court, de naïf, de hardi, de vif et de passionné », comme dit la lettre à l’Académie. […] Ce n’est pas que le langage échappe à l’obligation d’obéir à des lois.
Après un coup d’œil général sur les deux formes de langage (la prose et les vers), vient l’étude des ouvrages en prose, et d’abord celle des discours prononcés : c’est proprement le traité de rhétorique ; puis l’étude du genre épistolaire ; celle du genre didactique ; celle du genre historique et des fictions en prose, c’est-à-dire des contes et romans. […] Un esprit original se montre partout, et le vieil ouvrage qu’on retouche, en s’imposant même la loi de ne rien ajouter aux doctrines, devient, soit par les retranchements, soit par une disposition meilleure, soit par la forme et le caractère du langage, tout autre chose que ce qu’il était d’abord.
Elles dérivent donc toutes de la comparaison ; la comparaison est le préalable de toutes les formes de langage que l’on appelle tropes. […] La métaphore est partout : ici, tellement familière qu’elle se confond avec le langage commun ; là, si neuve et si brillante qu’elle réveille par le piquant et éblouit par l’éclat de ses traits. […] de ne recommander l’honnêteté du langage que par le silence : Ego romani pudoris more contentus verecundiam silentio vindicabo. […] La chasteté naturelle dans le langage annonce l’homme bien élevé et de bon goût, comme la chasteté volontaire dans les mœurs indique la puissance et l’énergie du talent.
. — Un langage simple, où respirent la fierté et l’héroïsme est le seul qui puisse être tenu à une vaillante armée. […] Observons les bienséances sociales, et les convenances du langage. […] En suivant les instincts de notre cœur, nous comprendrons le langage des passions, et nous saurons avec ce seul maître (le cœur) y proportionner notre ton. […] Le langage des gestes contribue puissamment au succès d’un orateur. […] Le visage est ce qu’on observe le mieux dans l’orateur ; le rôle de toutes les passions s’y dessine, il a un langage muet que tous les hommes entendent, quels que soient leur pays, leur langue, leur ignorance.
Interprète ému de Platon et de Descartes, il eut le mérite de restaurer leurs doctrines, et de vulgariser par un beau langage les vérités essentielles à l’ordre moral. […] Mais ne parlait-il pas naturellement ce beau langage qu’il retrouvait chez les contemporains de Pascal ?
Je n’entends point tout votre langage. […] Plus il parlait ce langage, moins la porte s’ouvrait. […] Bouhours est derrière eux, marquant sur des tablettes toutes les fautes de langage et toutes les négligences qui leur échappent. […] Ces deux genres, qui en embrassent tant d’autres, ont des beautés nécessaires qui leur sont également communes : ces beautés sont la justesse des idées, leur convenance, l’élégance, la propriété des expressions, la pureté du langage. […] Ce qui m’a toujours charmé dans leur style, c’est qu’ils ont dit ce qu’ils voulaient dire, et que jamais leurs pensées n’ont rien coûté à l’harmonie ni à la pureté du langage.
Disciple de Platon et de Descartes, il eut le mérite de relever la tradition de leurs doctrines, de réduire au silence le sensualisme stérile et malsain du dix-huitième siècle, de vulgariser par un beau langage les vérités essentielles à l’ordre moral, en un mot de restaurer l’empire des croyances spiritualistes. […] Il nous enlève1 aux misères qui nous assiégent, et nous transporte en des régions où nous nous retrouvons encore (car nous ne voulons jamais nous perdre de vue), mais où nous nous retrouvons transformés à notre avantage, où toutes les imperfections de la réalité ont fait place à une certaine perfection, où le langage que l’on parle est plus égal et plus relevé, où les personnages sont plus beaux, où même la laideur n’est point admise, et tout cela en respectant l’histoire dans une juste mesure, surtout sans sortir jamais des conditions impérieuses de la nature humaine. […] Mais ne parlait-il pas naturellement ce beau langage qu’il retrouvait chez les contemporains de Pascal ?