La plus ancienne et la plus heureuse peut-être de toutes les allégories est celle de la boîte de Pandore. […] Heureux qui les écoute ! […] Autour du couple heureux sont mollement éclos Le safran, l’hyacinthe et l’humide lotos. […] Presque tout le secret de son style consiste dans le jeu des contrastes, dans les recherches d’oppositions, quelquefois très heureuses, mais en général trop étudiées. […] Le traducteur Warton a été plus heureux : To thee, sweet wife, still pour’d the piteous lay, Thee, sung at dawning, thee at closing day.
Nul ne peut être heureux s’il veut vivre en coupable. […] de vos premiers ans l’heureuse expérience — Vous fait-elle, — Seigneur, — haïr votre innocence ? […] Quand la rime n’a rien de plus que les sons essentiels, on l’appelle suffisante, régulière ou commune ; elle est riche ou heureuse lorsqu’elle offre une grande conformité de sons ou d’articulations. […] Le mot simple ne doit pas rimer avec le composé, comme heureux, malheureux, prudent, imprudent, ami, ennemi, mortel, immortel, excepté lorsque le composé a un sens très différent de son dérivé. […] Que faut-il pour que la rime soit riche ou heureuse ?
La pastorale ne peut, il est vrai, entrer dans la réalité, trop souvent grossière et pénible, de la vie des gens de la campagne : rien n’est moins heureux ni moins poétique. […] En France, Racan, Segrais et madame Deshoulières ont des traits heureux, mais beaucoup d’imperfections.
Tandis que dans la grande allée, se presse et se heurte une foule d’hommes et de femmes sans passions, je rencontre, dans les allées détournées, des misérables qui fuient la vue des heureux, des vieillards qui cachent la honte de leur pauvreté, des jeunes gens que l’erreur de la gloire entretient à l’écart de ses chimères, des ambitieux qui concertent peut-être des témérités inutiles pour sortir de l’obscurité. […] Un soldat Quand vous êtes de garde au bord d’un fleuve, où la pluie éteint tous les feux pendant la nuit, et pénètre dans vos habits, vous dites : « Heureux qui peut dormir sous une cabane écartée, loin du bruit des eaux !
Ses heureux effets : 1° au point de vue économique, 2° au point de vue moral. […] Il a été plus heureux dans la poésie philosophique. […] Ce n’est point là, d’ailleurs, l’effet d’un hasard heureux. […] Je serais heureux qu’il fût apprécié à son prix par un homme tel que vous. […] Il est heureux, il chante, on est émerveillé de le voir et de l’entendre.
Plus riche d’ornements oratoires, elle est bien moins forte en raisonnements ; et les plus belles figures, les mouvements les plus heureux, n’en trahissent que plus les efforts de l’orateur, qui s’est trop avancé en s’engageant à démontrer à la fois la légitimité, le mérite et la gloire même du meurtre de Clodius ; car l’on pouvait dire à Cicéron : que Milon se soit défendu quand on l’attaquait, rien de plus juste ; que l’agresseur ait succombé, rien de mieux encore : mais parce que Clodius est un homme dangereux, s’ensuit-il que le droit de le tuer appartienne au premier citoyen qui voudra s’en saisir, pour venger des injures personnelles ? […] Que mes concitoyens, dit-il, que mes concitoyens soient heureux ; qui’ils vivent dans la paix et dans la sécurité ; que la république soit flotissante ! […] Je me retire, je pars ; si je n’ai pas l’avantage de vivre au sein d’une patrie heureuse, je ne la verrai pas du moins dans le trouble ; et la première ville où j’aurai trouvé des mœurs et de la liberté, c’est là que je fixerai mon asile. […] Ô trop heureuse la ville qui recevra Milon !
Pour moi je ne songerai toute ma vie qu’à marquer au Roi et à vous la reconnaissance de ce que je dois à l’un et à l’autre : trop heureux, Madame, si vous êtes aussi persuadée de mes sentiments que je le mérite. » Une lettre de félicitation ou de condoléance à un ami, est facile à faire, parce qu’on se réjouit ou l’on s’afflige réellement avec lui. […] Le mieux est de souhaiter simplement aux personnes qu’on cultive une heureuse année, et de leur demander la continuation de leurs bontés. […] « Il faut pourtant que j’ajoute à mes avis le pouvoir de l’exemple : je suis assez heureuse pour le trouver dans notre sang. […] Que je vous trouve heureux d’avoir tant d’obligations à devenir un sujet distingué, et de devoir au Roi votre vie et vos services, au double titre de votre maître et de votre père !
Par elles il ouvrit à l’art des voies nouvelles, il le porta jusqu’à ses dernières limites ; et, comme s’il n’eût cessé d’acquérir des forces, loin que son génie ait connu la décadence, il termina, heureuse et rare exception, par son chef-d’œuvre, qu’une admiration unanime a proclamé le chef-d’œuvre de l’esprit humain. […] Seigneur, fais de ta grâce à notre âme abattue Goûter les fruits heureux, Et que puissent nos pleurs de la chair corrompue Eteindre tous les feux ! […] Si d’un heureux hymen la mémoire t’est chère, Montre au fils à quel point tu chérissais le père1. » Et je puis voir répandre un sang si précieux ! […] je n’en doute point ; c’est votre époux, madame, C’est Hector qui produit ce miracle en votre âme : Il veut que Troie encor se puisse relever Avec cet heureux fils qu’il vous fait conserver.
» 13° Pensées brillantes Les pensées brillantes consistent dans le choix d’une heureuse comparaison, relevée par une tournure pleine de précision. […] Pour nous faire apprécier combien on doit être heureux et fier de posséder l’estime d’un homme vertueux, l’un de nos poètes français a traduit ainsi sa pensée : L’amitié d’un grand homme est un bienfait des dieux. […] Le premier qui fut roi fui un soldat heureux ; Qui sert bien son pays n’a pas besoin d’aïeux. […] Semez les bienfaits : il en naîtra d’heureux souvenirs.
Fléchier et Bossuet font un usage fréquent et heureux de ces espèces d’inversions. […] La figure est heureuse ; il personnifie les lois qui lui présentent un glaive pour mettre à mort un individu. […] Si votre imagination est languissante, c’est en vain que vous chercherez des figures heureuses. […] et vous croyez être ce seul heureux dans le grand nombre qui périra ? […] La modestie et la candeur que montre l’orateur en entrant en matière est aussi un exorde heureux.
Parmi ces ouvrages, dans lesquels nous nous plaisons d’ailleurs à reconnaître des qualités réelles, les uns, tout en présentant d’heureux développements sur quelques points, se taisent presque entièrement sur d’autres qui ont aussi leur importance, ou se servent d’un langage métaphysique souvent résultant pour l’esprit et toujours incommode pour la mémoire ; les autres, sous prétexte d’éviter les longueurs, tombent dans la sécheresse et l’aridité, et ressemblent plutôt à des tables analytiques qu’à des traités destinés aux classes supérieures ; d’autres enfin présentent une étendue démesurée, et se perdent dans des explications trop vagues et trop diffuses. […] En ce point, comme en plusieurs autres, nous avons été heureux de nous rencontrer avec un savant critique, ancien inspecteur de l’Université, bien connu dans la presse religieuse.
On relève les expressions qui manquent de noblesse par un contraste énergique, par des épithètes convenables et par une heureuse alliance avec des termes plus nobles et plus décents. […] Les deux sources principales où le style puise ses ornements sont : 1º l’heureux emploi des figures, 20 l’harmonie du langage. […] Il est un heureux choix de mots harmonieux. […] Il faut donc s’estimer très heureux lorsqu’on possède un ami judicieux qui sait discerner ce qui est bien de ce qui est mal. […] Le dénouement est la cessation du nœud, et il se fait par le triomphe ou par la chute du héros de l’entreprise, car ce dénouement peut être heureux ou malheureux.
Par ses méditations profondes il tira presque toutes les sciences du chaos ; et, par un coup de génie plus grand encore, il montra le secours mutuel qu’elles devaient se prêter, les enchaîna toutes ensemble, les éleva les unes sur les autres ; et se placant ensuite sur cette hauteur, il marchait avec toutes les forces de l’esprit humain, ainsi rassemblées, à la découverte de ces grandes vérités que d’autres plus heureux sont venus enlever après lui, mais en suivant les sentiers de lumière que Descartes avait tracés. Ce furent donc le courage et la fierté d’esprit d’un seul homme qui causèrent dans les sciences cette heureuse et mémorable révolution, dont nous goûtons aujourd’hui les avantages avec une superbe ingratitude. […] » Mais si la nature, en vous accordant le talent de penser en philosophe, vous a refusé cette heureuse sensibilité qui saisit le beau avec transport, et le reproduit avec force ; si vous n’êtes qu’un esprit toujours réfléchissant, la règle devient plus sévère à votre égard, et vous bannit de l’empire du goût ; éloignez-vous : la raison séparée des grâces, n’est qu’un docteur ennuyeux qu’on laisse tout seul au milieu de son école.
Il est d’heureuses natures qui, de bonne heure, sentent, imaginent et formulent vivement : c’est le très-petit nombre. […] Rare dans le plus grand nombre des individus et des circonstances, quand il survient, il illumine aussi vivement parfois que l’organisation la plus heureuse. […] Elle empêche les uns de désespérer d’eux-mêmes, les autres, de s’égarer et de se perdre ; elle trace la carrière, pose les limites, ramène dans la voie ; saisissant dans leur vol, pour les soumettre à l’analyse, les inspirations les plus heureuses de la nature et de la passion, parfois elle leur arrache leur secret, et parvient à reproduire, à force de patience, les merveilles de la spontanéité.
Apprends que la seule sagesse Peut faire les héros parfaits ; Qu’elle voit toute la bassesse De ceux que ta faveur a faits ; Qu’elle n’adopte point la gloire Qui naît d’une injuste victoire Que le sort remporte pour eux ; Et que, devant ses yeux stoïques, Leurs vertus les plus héroïques Ne sont que des crimes heureux. […] En vain le destructeur rapide De Marc-Antoine et de Lépide Remplissait l’univers d’horreurs : Il n’eût point eu le nom d’Auguste, Sans cet empire heureux et juste Qui fit oublier ses fureurs. […] Nous omettons les deux dernières strophes, moins heureuses que celles qui les précèdent.
Ce que l’homme ici-bas appelle le génie, C’est le besoin d’aimer2 ; hors de là tout est vain ; Et puisque tôt ou tard l’amour humain s’oublie, Il est d’une grande âme et d’un heureux destin D’expirer comme toi pour un amour divin3 ! […] Nous sommes heureux de dire avec quel empressement libéral M. […] Passer comme un troupeau les yeux fixés à terre, Et renier le reste, est-ce donc être heureux ?
De même, quand je dis : le méchant n’est pas heureux, mon esprit prononce sur l’opposition qui se trouve entre l’idée de méchant et celle de bonheur ; et ma pensée est encore vraie, parce que les cœurs pervers ne sont pas heureux. […] La pensée est fausse lorsqu’elle unit deux idées qui s’excluent mutuellement, comme dans cette phrase : le méchant est heureux ; ou lorsqu’elle désunit celles qui ont du rapport, comme si l’on disait : Dieu n’est pas juste. […] Le mot de Louis XIV à Villeroi, après la défaite de Ramillies : Monsieur le maréchal, on n’est plus heureux à notre âge, est un modèle de délicatesse et de magnanimité. […] Casimir Delavigne en a fait une imitation encore plus heureuse, lorsqu’il a dit en parlant de Jeanne d’Arc sur le bûcher : A travers les vapeurs d’une fumée ardente, Jeanne encore menaçante Montre aux Anglais son bras à demi consumé… Pourquoi reculer d’épouvante, Anglais ! […] Nous devons ajouter que, malgré la distinction réelle des pensées et des sentiments, les diverses nuances qu’on y remarque peuvent se trouver combinées ensemble ; de même que les divers caractères du style s’unissent souvent pour empêcher l’uniformité et l’ennui, en répandant une heureuse variété dans l’unité.
« Nous sommes heureux d’avoir caché sous la terre la hache rouge, si souvent teinte du sang fraternel. […] Heureux l’orateur ou l’écrivain qui s’empare de ces mouvements du cœur fondés sur la raison ! […] c’est donc là cet heureux sacrifice Que vos soins préparaient avec tant d’artifice ! […] Cette nation grave et sérieuse connut d’abord la vraie fin de la politique, qui est de rendre la vie commode et les peuples heureux. […] Delille a fait, dans des vers que nous allons citer, un heureux emploi de la périphrase.
Pour t’élever de terre, homme, il te faut deux ailes, La pureté du cœur et la simplicité : Elles te porteront avec facilité Jusqu’à l’abîme heureux des clartés éternelles. […] La Harpe, moins heureux toutefois en jugeant Corneille que lorsqu’il apprécie Racine ; Geoffroy, dans son Cours de littérature dramatique ; Lemercier, dans son Cours analytique de littérature générale ; les Observations critiques de Palissot, dans son édition de Corneille ; le travail que François de Neuf-château joignit à la collection des Chefs-d’œuvre de cet auteur (Didot, 1814-1819) ; l’Histoire de la littérature française de M. […] Celles qui sont demeurées le plus célèbres sont le Comte d’Essex (1678) et surtout Ariane (1672) : cette dernière renferme des scènes touchantes et des vers fort heureux. […] La tragi-comédie du Cid (on donnait alors ce nom aux pièces tragiques dont le dénoûment était heureux), jouée en 1636, est une grande date dans notre littérature, puisque ce fut le début des chefs-d’œuvre de Corneille en même temps que de ceux de notre théâtre. […] « La facilité plaisante des mensonges de Dorante, observe La Harpe, et la scène entre son père et lui, où le poëte a su être éloquent sans sortir du ton de la comédie, font toujours revoir le Menteur avec plaisir. » — Corneille donna plus tard la Suite du Menteur ; mais, quoique cette seconde pièce ne manquât pas de détails agréables et de vers heureux, elle fut très-éloignée d’avoir de même accès que la première.
La qualité fait que nous sommes tels ou tels ; mais ce sont les actions qui font que nous sommes heureux, ou que nous ne le sommes pas. […] On croyait apprendre à ce roi une heureuse nouvelle, et le délivrer de ses frayeurs par rapport à sa mère, en lui faisant connaître qui il était, et on fait tout le contraire. […] Puisqu’une tragédie, pour avoir toute sa perfection possible, doit être implexe et non simple, et être l’imitation du terrible et du pitoyable (car c’est le propre de ce genre d’imitation), il s’ensuit d’abord qu’elle ne doit point présenter des personnages vertueux, qui d’heureux deviendraient malheureux ; car cela ne serait ni pitoyable, ni terrible, mais odieux : ni des personnages méchants, qui de malheureux deviendraient heureux ; car c’est ce qu’il y a de moins tragique. […] Aussi Euripide, quoiqu’il ne soit pas toujours heureux dans la conduite de ses pièces, est-il regardé comme le plus tragique des poètes. […] C’est au poète à chercher des combinaisons heureuses, pour mettre ces fables en œuvre.