Mais la jeunesse qui ne songe pas que rien lui soit encore échappé, qui sent sa vigueur entière et présente, ne songe aussi qu’au présent, et y attache toutes ses pensées. […] Je t’appelle à un jugement où préside un Roi couronné d’épines, que l’on a revêtu de pourpre pour le tourner en ridicule, que l’on a attaché à une croix pour en faire un spectacle d’ignominie : c’est à ce tribunal que je te défère ; c’est devant ce Roi que je t’accuse4. […] C’est pourquoi il s’est élevé, superbe en sa hauteur, beau en sa verdure, étendu en ses branches, fertile en ses rejetons : les oiseaux faisaient leurs nids sur ses branches ; les familles de ses domestiques, les peuples se mettaient à couvert sous son ombre1 ; un grand nombre de créatures, et les grands et les petits, étaient attachés à sa fortune : « ni les cèdres ni les pins », c’est-à-dire les plus grands de la cour, ne l’égalaient pas2. […] L’accident1 ne peut pas être plus noble que la substance, ni l’accessoire plus considérable que le principal, ni le bâtiment plus solide que le fonds sur lequel il est élevé, ni enfin ce qui est attaché à notre être plus grand ni plus important que notre être même.
Fixer signifie attacher, arrêter, établir : fixer un clou à la muraille, fixer ses regards sur quelqu’un.
Car, ce qui plaît, ce qui attache, ce qui entraîne et séduit, c’est plus souvent la nouveauté de la forme ou du style que celle des choses elles-mêmes, tant il est difficile d’avoir des idées nouvelles sur les choses qui sont à la portée de tout le monde.
L’historien doit encore avoir soin de ne rien dire de superflu dans le récit des faits ; c’est le moyen de rendre la narration vive, pleine de force et de dignité ; c’est le moyen d’attacher constamment le lecteur toujours distrait ou volage. […] L’historien s’attachera donc à dévoiler les desseins, les pensées de ses personnages, à nous en faire connaître les mœurs et le caractère sans cependant s’amuser à nous peindre longuement leur extérieur45. […] Son éloquence insinuante et invincible était encore plus attachée aux charmes de sa personne qu’à la force de ses raisons.
Domestique signifie celui qui est attaché à une grande maison. […] Xénophon dit aussi ceci : « Il me semble que les dieux eux-mêmes ont attaché un caractère de respect et une certaine grâce à la personne du souverain. » (Hiéron., chap. […] Louis XIV ne s’exposait pas volontiers, si j’en crois ce vers de Boileau : Louis, les animant du feu de son courage, Se plaint de sa grandeur qui l’attache au rivage.
La seconde chose à observer, celle à laquelle nous attachons le plus d’importance, c’est de ne jamais se permettre des transpositions forcées, des déplacements de mots qui nuiraient à la liaison des idées, et obscurciraient le sens de la phrase47. […] Dédale attache ensuite les ailes fatales aux épaules de son fils. […] Les jeunes élèves négligent trop souvent le sens des mots et la liaison des idées, pour s’attacher uniquement au mécanisme du vers.
Il faut aussi faire un choix parmi les preuves, négliger celles qui sont légères, et ne s’attacher qu’à celles qui peuvent vraiment influer sur la conviction de l’auditeur. […] Ce ne sont point, Messieurs, de ces faux amis du jour, esclaves de la fortune, et toujours prêts à nous abandonner dans l’adversité ; martyrs généreux de l’amitié, on les voit s’échapper de l’asile doré de l’opulence, où l’on veut les retenir captifs, et mi, où comme tant de parasites qui sont loin de les valoir, ils seraient traités magnifiquement, pour retourner dans l’humble galetas du pauvre auquel ils sont attachés par un lien que l’amitié rend indissoluble.
Son humeur visoit encores à une aultre fin : de me rallier avecques le peuple et cette condition d’hommes qui a besoing de nostre ayde ; et estimoit que je feusse tenu de regarder plustost vers celuy qui me tend les bras que vers celuy qui me tourne le dos : et feut cette raison pour quoy5 aussi il me donna à tenir sur les fonts6 à des personnes de la plus abjecte fortune, pour m’y obliger et attacher. […] Se disait, en langue de fanconnerie, de l’oiseau de proie, qui, attaché à une perche, s’y démène sans cesse.
Le poème didactique est une sorte de traité régulier sur un sujet sérieux et utile ; il s’attache à poser les principes d’un art ou d’une science, à prouver une vérité philosophique ou morale ; mais il revêt son langage de tous les charmes de la versification.
Un bon esprit voit toutes choses comme elles doivent être vues : il leur donne le prix qu’elles méritent ; il les fait tourner du côté qui est le plus avantageux, et il s’attache avec fermeté à ses pensées, parce qu’il en connaît toute la force et toute la raison. […] Quelque terme où nous pensions nous attacher et nous affermir, il branle et nous quitte ; et si nous le suivons, il échappe à nos prises, nous glisse et fuit d’une fuite éternelle. […] Au moins nous sommes-nous attaché à montrer sous toutes ses faces, autant que possible, la richesse de cette prodigieuse nature, et à emprunter des modèles aux genres les plus divers où a excellé Bossuet. […] Si le public frivole s’attachait avec une préférence trop exclusive à deviner les intentions satiriques de l’auteur, les juges sérieux se prononcèrent sans hésitation sur le mérite d’une œuvre dont la place était marquée d’avance parmi celles qui devaient honorer le génie français. […] Ils rencontrèrent au point du jour une demoiselle à cheval, suivie d’un jeune domestique : ils hasardèrent de lui parler ; cette demoiselle était de la maison de Macdonald, attachée aux Stuarts.
2, méchant même par principes ; un esprit léger et frivole, qui n’a point de goût décidé ; qui n’éclaire les choses et ne les recherche jamais pour elles-mêmes, mais uniquement selon la considération qu’il y croit attachée, et fait tout par ostentation ; un homme souverainement confiant en lui et dédaigneux, qui méprise les affaires3 et ceux qui les traitent, le gouvernement et les ministres, les ouvrages et les auteurs ; qui se persuade que toutes ces choses ne méritent pas qu’il s’y applique, et n’estime rien de solide que le don de dire des riens ; qui prétend néan-moins à tout, et parle de tout sans pudeur ; en un mot, un fat sans vertus, sans talents, sans goût de la gloire, qui ne prend jamais dans les choses que ce qu’elles ont de plaisant, et met son principal mérite à tourner continuellement en ridicule tout ce qu’il connaît sur la terre de sérieux et de respectable.
N’allez pas croire, cependant, que je ne sente pas tout ce qu’il y a de douleur dans la rupture de ces liens qui vous attachaient au passé ? […] Cette prodigieuse différence vient de l’importance que tous attachent à la loi morale : elle est mille fois plus que la vie physique dans l’univers, et dans l’âme de chacun de nous qui est aussi un univers.
Dès qu’il est question d’espace, une sorte d’excès de son étendue, dans un sens quelconque, est inséparable de l’idée de grandeur qu’on y attache : figurez-vous un objet sans limites, et vous en ferez sur-le-champ un objet sublime.
Que les anciens avaient une idée bien différente de l’avocat, et de l’importance attachée à sa réputation morale !
Mais la jeunesse, qui ne songe pas que rien lui soit encore échappé, qui sent sa vigueur entière et présente, ne songe aussi qu’au présent, et y attache toutes ses pensées. […] On ne connaît plus d’autre prudence que la dissimulation, plus de règle des amitiés que l’intérêt, plus de bienfaits qui puissent attacher à une personne, dès qu’on la trouve ou inutile ou ennuyeuse. […] Jamais peuple ne vécut sous une administration plus douce, et ne fut si attaché à ses souverains. […] Auparavant, Buffon s’était livré à l’étude des sciences : son puissant génie s’attacha dès lors à pénétrer dans tous les secrets de l’art d’écrire, dont il nous a si parfaitement tracé les lois. […] Il vint à Paris en 1744 et s’attacha à M. de Boze, garde des médailles du roi, auquel il succéda en 1753.
Un chevalier de Nantouillet était tombé de cheval : il va au fond de l’eau, il revient, il y rentre, revient encore ; enfin, il trouve la queue d’un cheval ; il s’y attache : ce cheval le mène à bord ; il monte sur le cheval, se trouve à la mêlée, reçoit deux coups dans son chapeau, et revient gaillard. » Veut-on maintenant juger du cœur de cet écrivain dans un récit touchant, où elle avait à peindre la plus grande douleur qu’une âme humaine puisse ressentir, celle d’une mère à la nouvelle de la mort de son fils ? […] Dites-moi donc ce que c’est, et ne me laissez pas croire que je suis un sot de vous aimer, et vous un ingrat de ne pas répondre à tous les sentiments qui m’attachent à vous pour la vie. […] Le nœud est le lien du récit ; il nous montre les personnages et les évènements concourant à la marche de l’action, formant une intrigue qui attache le lecteur, et qui tend vers une solution définitive ; cette solution, c’est le dénouement. […] Faut-il s’étonner que la naïve enfant s’attache à une existence qui lui sourit de toutes parts ?
En effet, si vous nous donnez un bel ouvrage, où dans un style tour à tour simple, sublime et tempéré, vous nous ayez réellement attachés, et montré toutes les ressources d’un talent qui sait imiter la belle nature, ce qui est le don le plus heureux des grands peintres, que nous importe que nous ne puissions classer votre style dans un des trois genres créés par les rhéteurs ?
« Dès quatre heures du matin, nous dit-il, on se levait pour la prière ; puis on allait aux écoles jusqu’à onze heures ; on ne revenait pour discuter les textes ou vérifier les passages ; et la récréation était de lire Aristophane, les tragiques grecs, Plaute ou Cicéron. » Attaché au connétable de Bourbon, son père avait été un des vassaux fidèles qui le suivirent dans sa fuite ; aussi fut-il condamné à l’exil et à la perte de ses biens.
Or, ainsi que336 les éclats des dits cailloux sautaient contre ma besogne, l’émail, qui était déjà liquéfié et rendu en matière glueuse337, prit les dits cailloux et se les attacha par toutes les parties de mes vaisseaux et médailles, qui sans cela se fussent trouvés beaux. […] Parlez-lui de figues et de melons, dites que les poiriers rompent de fruits cette année, que les pêchers ont donné avec abondance ; c’est pour lui un idiome inconnu. il s’attache aux seuls pruniers, il ne vous répond pas. […] Quoiqu’il fût attaché à l’église anglicane, il n’eût pas persécuté les non-conformistes949 pour les y ramener. […] Peu attaché aux siens1047, mais ardent pour le soulagement des peuples et pour le bien de l’État, il les retoucha et les perfectionna sur ceux-ci, et y mit la dernière main. […] C’est la comparaison qui le dégrade : on le regarde, on le juge, non pas en lui-même, mais relativement au cheval ; on oublie qu’il est âne, qu’il a toutes les qualités de sa nature, tous les dons attachés à son espèce, et on ne pense qu’à la figure et aux qualités du cheval, qui lui manquent et qu’il ne doit pas avoir.
Qu’un événement ou qu’une suite de choses nous émeuve, nous attendrisse, nous effraie, nous nous attachons dès le commencement à en suivre la direction et à en savoir la fin, soit pour sortir de notre perplexité momentanée, soit pour satisfaire notre curiosité tenue en suspens. […] Comment, en effet, s’attacher à un homme qui est absolument vicieux et criminel ? […] L’intérêt, dans un ouvrage dramatique, étant ce qui attache, ce qui émeut par les situations et les sentiments, ou sent qu’il doit commencer et croître avec le nœud, parce que le péril, les obstacles, les efforts qui constituent ce nœud, jettent nécessairement le spectateur dans l’incertitude sur le sort des principaux personnages. […] C’est dans l’entr’acte qu’elles se passent : le poète le suppose, le spectateur le croit. — Enfin, un autre avantage attaché à l’entr’acte, c’est de donner aux événements qui se passent hors du théâtre un temps idéal un peu plus long que le temps réel du spectacle. […] Ainsi, le poète doit s’attacher à les graduer depuis le commencement de l’action jusqu’au dénoûment.