N’y a-t-il donc aucun espoir de nous entendre, et faut-il, pour les intérêts ou les passions d’une nation étrangère aux maux de la guerre, que nous continuïons à nous entr’égorger ?
Il ira, cet ignorant dans l’art de bien dire, avec cette locution1 rude, avec cette phrase qui sent l’étranger, il ira en cette Grèce polie, la mère des philosophes et des orateurs, et, malgré la résistance du monde, il y établira plus d’églises que Platon n’y a gagné de disciples par cette éloquence qu’on a crue divine. […] Que si notre délicatesse, si notre dégoût les contraint à chercher des ornements étrangers, pour nous attirer par quelque moyen à l’Evangile du Sauveur Jésus, distinguons l’assaisonnement de la nourriture solide.
C’est une source pure ; en vain dans ses canaux Les vents contagieux en ont troublé les eaux ; En vain sur la surface une fange étrangère Apporte en bouillonnant un limon qui l’altère : L’homme le plus injuste et le moins policé S’y contemple aisément quand l’orage est passé1 Le passage de la vie Le bonheur est le port où tendent les humains ; Les écueils sont fréquents, les vents sont incertains ; Le ciel, pour aborder cette rive étrangère, Accorde à tout mortel une barque légère.
Les mots, outre le sens positif et propre par lequel ils signifient la chose pour laquelle ils ont été créés, ont encore un sens qu’on appelle figuré par lequel ils passent de leur acception naturelle à une signification étrangère. […] Les figures de mots sont celles qui consistent dans la disposition des mots, ou dans la signification étrangère qu’on leur donne. […] Nous avons dit que les tropes sont des figures qui changent le sens des mots, et les font passer de leur signification propre à une signification étrangère. […] L’allégorie n’est qu’une métaphore prolongée, ou une espèce de fiction qui consiste à présenter un objet à l’esprit, de manière à lui en désigner un autre ; un discours qui, sous un sens propre, offre un sens étranger qu’on n’exprime point. […] Au premier coup d’œil, le son peut paraître fort étranger à ces objets ; cependant on ne peut douter qu’il n’ait avec eux beaucoup de liaison, lorsque l’on considère la puissance qu’a la musique d’exciter et d’exprimer les diverses passions, et que l’on examine l’effet de certaines suites de sons sur certaines suites d’idées.
On m’avait, entre autres choses, objecté l’espèce de bigarrure qui résultait, dans les premiers livres, du mélange des citations anglaises ou italiennes avec les exemples grecs et latins ; j’ai senti l’inconvénient, et j’ai renvoyé en notes tout ce qui pourrait distraire de l’objet principal les lecteurs peu familiarisés avec les idiomes étrangers.
Quant aux six autres, Ritter les rapporte : 1° aux mots étrangers, 2° à la métaphore, 3° à l’accent, 4° à la ponctuation, 5° à l’ambiguïté des termes, 6° à l’usage, et il compare fort à propos cette fin du chapitre xxv avec le chapitre iv des Réfutations sophistiques ce qui ne l’empêche pas de regarder tout ce chapitre xxv comme une interpolation.
Ces pages écrites en 1494, au milieu de l’anarchie et des ruines, ont vraiment un accent prophétique qui fait honneur à la clairvoyance du publiciste étranger.
Les ressources qu’on peut tirer de son esprit, de son cœur, des connaissances acquises, deviendraient inutiles si l’on voulait écrire ou parler sur une matière à laquelle on serait étranger. […] Il n’est pas indifférent non plus, que le lieu où nous parlons soit un lieu public ou particulier, que ce soit dans notre ville ou dans une ville étrangère, dans un camp ou au barreau. […] Moyen de se frapper soi-même des choses qui nous sont étrangères. Mais comment sentir vivement des choses qui n’ont qu’un rapport indirect avec nous, ou même qui nous sont purement étrangères ? […] « Il doit même éviter d’inculper les parties sur des choses étrangères à la cause, les inculpations fussent-elles fondées et prouvées. » (L.
Que ne disiez-vous seulement : Voilà un bon livre ; vous le dites, il est vrai, avec toute la France, avec les étrangers comme avec vos compatriotes, quand il est imprimé par toute l’Europe, et qu’il est traduit en plusieurs langues : il n’est plus temps. […] La métaphore ou la comparaison emprunte d’une chose étrangère une image sensible211 et naturelle d’une vérité. […] Il était appliqué, modéré, droit et ferme dans les négociations ; en sorte que les étrangers ne se fièrent pas moins à lui que ses propres sujets. […] Les étrangers, par intérêt, et les courtisans, par curiosité, s’épuisaient en conjectures ; l’Allemagne était alarmée : l’objet de ces préparatifs et de ces marches irrégulières était inconnu à tout le monde. […] Au nom d’Apollon, tenez-vous-en à votre premier sujet ; ne l’étouffez point sous un amas de fleurs étrangères ; qu’on voie bien nettement ce que vous voulez dire ; trop d’esprit nuit quelquefois à la clarté.
Nous assistons tantôt à des invasions étrangères, tantôt à des querelles intestines. […] Influence exercée par l’Italie On ne saurait refuser à un peuple le droit d’emprunter à ses voisins les termes qui lui manquent ; c’est un exemple que nous donnent les anciens eux-mêmes ; et si Montaigne conseillait à ses contemporains de puiser à toutes les sources, aux patois provinciaux comme « au jargon de nos chasses et de nos guerres », le néologisme qui procède d’origine étrangère est légitime, lorsqu’il répond à des besoins nouveaux qui n’ont pas encore leur expression. […] Ces éloquentes satires ne réussirent pas moins contre l’Italie que la Ménippée contre l’Espagne ; et les Alpes, comme les Pyrénées, virent bientôt battre en retraite ces étrangers qui voulaient être maîtres chez-nous.
Partout elle est étrangère ; elle est, comme la vertu, le partage de quelques âmes privilégiées ; et lorsqu’une de ces belles âmes se trouve sur le trône, ô Providence, qu’il faut vous bénir !
Non, certes ; bien que les discours et oraisons aient, avec les autres genres de littérature, beaucoup de points de contact, il y a une multitude de vérités qui y sont absolument étrangères, et qu’il est, non pas seulement fâcheux, mais honteux d’ignorer.
Mais, pour vous en rendre dignes et capables, écartez de votre pensée les préoccupations étrangères ; concentrez vos forces sur l’étude profonde et désintéressée.
Ces livres qu’ils avaient rassemblés avec amour vont se partager entre mille mains étrangères, et sortir de ce petit cabinet où ils étaient gardés avec un soin si tendre !
Est-il à votre joie une joie étrangère ?
D’une société de trois ou quatre intimes amis il faut voler1 à l’opéra, à la comédie, voir des curiosités comme un étranger, embrasser cent personnes en un jour, faire et recevoir cent protestations ; pas un instant à soi, pas le temps d’écrire, de penser, ni de dormir. […] Au nom d’Apollon, tenez-vous-en à votre premier sujet ; ne l’étouffez point sous un amas de fleurs étrangères : qu’on voie bien nettement ce que vous voulez dire ; trop d’esprit nuit quelquefois à la clarté.
Il n’y a rien de plus ridicule que d’être déraisonnable parce qu’un autre l’est, de se nuire à soi-même parce qu’un autre se nuit, et de se rendre participant de toutes les sottises étrangères, comme si nous n’avions pas assez de nos propres défauts et de nos propres misères, sans nous charger encore des défauts et des misères de ceux qui nous entourent.
Il faut, même dans les matières étrangères à la littérature, un exorde, ou une exposition nette, précise, intéressante, qui mette les lecteurs ou les auditeurs au fait, avec aisance et sans brusquerie, et les prépare à goûter ce qu’on veut leur faire entendre. […] La recherche des images neuves, l’affectation de la science, les rêveries vagues et vaporeuses des littératures étrangères, qui ne les préservent ni de l’emphase, ni du mauvais goût, ont dénaturé, dans la littérature du xixe siècle, l’exquise clarté de nos bons et grands écrivains. […] Du moins faut-il recommander une discrétion scrupuleuse dans l’emploi des termes vieillis, et à bien plus forte raison dans l’emploi des locutions nouvelles empruntées, comme on le fait si souvent de nos jours, aux idiomes étrangers, ou aux langues techniques des arts et des sciences. […] Ce rapport du son à l’objet n’est point borné à quelques cas, où il nous frappe par une forte onomatopée ; on le retrouve partout, dans les mois composés de notre langue, comme dans les dérivés des langues étrangères, pour l’expression des idées comme pour celle des choses. […] Bientôt viennent les mots empruntés maladroitement par la mode aux langues étrangères.
Enfin, il faut fuir l’affectation, en n’allant pas chercher des idées étrangères au sujet, et en rejetant sans pitié toutes les tournures prétentieuses, auxquelles on a donné le nom de précieux ridicule. […] On fait un barbarisme, quand on se sert de mots forgés, qui n’ont pas une acception reconnue, ou de tournures tirées des langues étrangères. […] Les noms des figures, la plupart tirés de la langue grecque, sont difficiles à retenir pour les jeunes personnes, et les définitions restent moins bien gravées dans leur mémoire, à cause de ces consonances étrangères, qui leur semblent barbares. […] Par une lettre de recommandation, on introduit quelqu’un près de son correspondant, afin que le recommandé ne soit pas traité comme un étranger. […] … — De la terre étrangère, Seul dans la nuit, et pâle de frayeur, S’en revenait un riche voyageur.
Le monde a été ébloui de l’éclat qui l’environnait ; ses ennemis ont envié sa puissance ; les étrangers sont venus des îles les plus éloignées baisser les yeux devant la gloire de sa majesté ; ses sujets lui ont presque dressé des autels ; et le prestige qui se formait autour de lui n’a pu le séduire lui-même. » Glissons ici ce fragment d’une Lettre que Louis XIV écrivait à Philippe V, son petit-fils, roi d’Espagne : « Il y a deux ans que vous régnez, vous n’avez pas encore parlé en maître par trop de défiance de vous-même ; vous n’avez pu vous défaire de votre timidité ; à peine cependant vous arrivez à Madrid, qu’on réussit à vous persuader que vous êtes capable de gouverner seul une monarchie, dont vous n’avez senti jusqu’à présent que le poids excessif.