De l’art d’écrire, de la rhétorique et de l’éloquence. […] De l’éloquence. — 3. […] De l’éloquence. […] L’éloquence est née bien longtemps avant les règles de la rhétorique, comme les langues se sont formées bien avant la grammaire : ce n’est pas l’art qui produit l’éloquence, a dit Cicéron, c’est l’éloquence qui produit l’art. […] Telle est l’éloquence des passions.
D’ailleurs si cette définition n’est pas tout à fait juste et vraie, relativement à l’éloquence considérée en elle-même, elle l’est, du moins, relativement à l’éloquence considérée dans les effets sensibles, universels et durables qu’elle peut produire. […] Tels sont les heureux effets de l’éloquence, lorsque l’orateur est reconnu pour un homme non moins vertueux qu’éclairé. […] Ce morceau est plein d’éloquence, mais de cette éloquence mâle et solide, qui rejette toutes sortes d’ornements, qui dédaigne le vain luxe des paroles, pour ne s’attacher qu’aux choses, qui laisse l’auditeur pleinement convaincu et sans réplique. […] Il y établit une école d’éloquence, et commença par lire à ses auditeurs sa harangue, qui lui mérita de leur part de très grands éloges. […] Dialogue sur l’Éloquence.
• Exposer les idées de Fénelon sur l’éloquence et sur les orateurs. (11 août 1881). • Opinion de Fénelon sur l’éloquence. (5 novembre 1881). • Des opinions de Fénelon sur l’éloquence. (9 août 1883). […] Pour atteindre à l’éloquence, il faut avoir un naturel sensible, prompt à s‘émouvoir, et l’art de faire partager son émotion. […] En effet, vous êtes un des maîtres de notre éloquence, et votre désapprobation, en pareille matière, était pour moi d’un mauvais augure.
Il est vrai qu’il y a une éloquence naturelle. […] Les Romains, qui ont imité les Grecs, ont trouvé chez eux et les règles et les modèles de l’éloquence. […] — Existe-t-il une éloquence naturelle ? […] — De quoi se compose la parfaite éloquence ? […] En poésie, elle peut être plus forte ; en éloquence, elle doit être adoucie.
La poésie, l’éloquence, l’histoire, le roman admettent le portrait, soit d’un individu, soit d’un type abstrait. […] Après la lecture de Platon, si vous ne partagez pas son opinion, vous savez du moins à quoi vous en tenir sur sa doctrine ; après celle de Cicéron sur l’art oratoire, vous avez de l’éloquence une idée plus précise et plus lumineuse. […] « L’éloquence, selon un écrivain contemporain, est un vêtement qui subit, plus qu’on ne se l’imagine, les variations de la mode. […] — prend la parole pour la quatrième fois, et que, ramassant toutes ses forces, il prononce cette triomphante amplification, un des plus beaux monuments de l’éloquence ancienne et moderne. […] Elle ne s’emploie pas seulement dans l’éloquence et la philosophie ; que d’amplifications poétiques dans Homère, dans Virgile, dans Racine, dans lord Byron, dans Lamartine, dans l’auteur de la Divine Epopée et de Jeanne d’Arc !
Bourdaloue fut le premier qui eut toujours dans la chaire l’éloquence de la raison : il sut la substituer à tous les défauts de ses contemporains. […] La première partie de sa fameuse Passion, dans laquelle il prouve que la mort du fils de Dieu est le triomphe de sa puissance, est regardée comme le chef-d’œuvre de l’éloquence chrétienne. […] Mais il n’en est pas d’un sermon de Bourdaloue, comme d’un autre ouvrage d’éloquence.
Dans les questions variées, difficiles, que l’on ne peut résoudre sans une analyse parfois savante et compliquée ; dans les études sur les hommes ou les choses ; dans les longs récits, vrais ou fictifs ; dans l’éloquence qui conseille ou dissuade, loue ou blâme, accuse ou défend, il faut songer à eux autant qu’au sujet. […] Il en est de même, ce me semble, mais pour un autre motif, dans l’éloquence sacrée. […] En parlant ainsi de l’exorde dans l’éloquence de la chaire, je suppose, bien entendu, que l’orateur sacré s’adresse à des croyants. […] Mais en général, et surtout dans les affaires civiles, je proscrirai cette éloquence canine, comme l’appelait Appius, qui aboie et qui mord, je recommanderai la modération dans l’exorde tiré de la personne de l’adversaire, et ce système, en dépit de quelques exemples modernes que l’on pourrait citer, est beaucoup plus dans notre civilisation et dans nos mœurs que les emportements des avocats de l’antiquité. […] Il est debout ; baissé vers la terre un instant Son regard se leva sur les princes du camp ; Puis, lorsqu’il les voit tous attentifs, il commence, Et sa parole unit ls grâce à l’éloquence : « Si vos vœux et les miens avaient fléchi les Dieux, Dit-il, un tel debat n’eût point troublé ces lieux ; Achille aurait encor ses armes ; nous, Achille.
Fénelon nous donne une idée juste de l’éloquence par la définition qu’il fait du véritable orateur. […] C’est le triomphe que doit se proposer l’éloquence. […] Il n’y entendit point cette éloquence frivole, l’étude et le charme des hommes futiles. […] C’est par lui que le style s’embellit et se colore, que tout vit dans la poésie et dans l’éloquence. […] On s’égarerait si l’on induisait de ces paroles du grand orateur que le débit est tout dans l’éloquence.
Sans cela, en effet, l’éloquence, qui est le plus beau don que la nature ait fait à l’homme, deviendrait pour lui le présent le plus funeste, et l’arme la plus dangereuse. […] Puisque nous ne concevons pas la véritable éloquence sans la probité, et que nous ne séparons pas l’orateur de l’homme de bien, il est clair que l’avocat ne peut jamais se charger d’une cause dont l’équité lui semblera seulement équivoque. […] L’éloquence est un asile qui ne doit s’ouvrir que pour la vertu : c’est un port salutaire, mais qui doit être constamment fermé aux pirates (Quint.
Aussi est-ce alors qu’ils permettent d’ouvrir toutes les sources de l’éloquence, et de mettre tontes voiles au vent ; hic, si usquam, totos eloquentiœ Operire rire fontes licet, tota possumus pandere vela. […] Cicéron, en effet, distingue, dans l’éloquence du barreau, deux espèces de péroraisons pathétiques : la péroraison véhémente, indignatio, et la péroraison suppliante, couquestio, commiseratio ; il développe les éléments de l’une et de l’autre, ne donnant pas moins de treize moyens pour soulever l’indignation, et de huit pour exciter la pitié. […] » L’éloquence de la chaire, dans les pères de l’Eglise grecque et dans les prédicateurs français, abonde en péroraisons comme en exordes remarquables. […] Il est rare, sans doute, que l’éloquence évangélique, si sublime qu’elle soit, obtienne des résultats aussi positifs. […] Quoi qu’il en soit, il est certain que nul genre d’éloquence ne prête plus que celle de la chaire au pathétique de la péroraison.
Envisagée sous ses rapports purement académiques, l’éloquence embrasse, 1º les discours de réception ; 2º les sujets proposés ; 3º l’éloge des académiciens, prononcés dans l’académie même, par celui qui en était nommé secrétaire perpétuel : charge que Fontenelle honora, et que d’Alembert et Condorcet ont remplie après lui. […] Nous en demandons bien pardon aux rhéteurs de tous les temps : mais il nous semble qu’aucun d’eux n’avait défini l’éloquence, comme va le faire l’historien et le peintre de la nature. […] La véritable éloquence suppose l’exercice et la culture de l’esprit ; elle est bien différente de cette facilité naturelle de parler, qui n’est qu’un talent, une qualité accordée à tous ceux dont les passions sont fortes, les organes souples et l’imagination prompte. […] « Rien n’est, dit-il, plus opposé à la véritable éloquence, que l’emploi de ces pensées fines et la recherche de ces idées légères, défiées, sans consistance, et qui, comme la feuille du métal battu, ne prennent de l’éclat qu’en perdant de la solidité.
En quoi l'éloquence diffère-t-elle de la rhétorique ? Combien distingue-t-on de genres d'éloquence ? […] A l'éloquence religieuse se rattache la morale. […] L'éloquence religieuse a cherché les siens dans une région plus élevée. […] On doit mettre sous les yeux des élèves des exemples de ces différents genres d'éloquence.
Il n’en résulte pas moins que ce discours, plein de force et de vérité, est un des plus beaux monuments de l’éloquence historique, et fait peut-être mieux connaître ce hardi conspirateur, que vingt pages de l’histoire la plus scrupuleusement fidèle. […] Voilà le modèle de l’éloquence entraînante de la tragédie, comme nous venons de voir, dans Salluste, le modèle de la précision que commande l’éloquence historique. […] Tite-Live est plein de morceaux où respire cette éloquence vraiment dramatique, qui identifie le lecteur avec le personnage, et lui fait éprouver tout ce qu’il a senti. C’est l’éloge surtout que lui donnait Quintilien : « Ses harangues, dit-il, sont d’une éloquence au-dessus de toute expression. […] Voici ses propres réflexions sur un sujet dont il était bien capable de parler avec l’éloquence et la dignité convenables.
L’éloquence militaire. […] ) Il faut prévenir encore l’inexpérience des jeunes gens, qu’il est aussi impossible d’établir les préceptes de l’éloquence militaire, qu’il serait ridicule de prétendre deviner et de vouloir régler l’inspiration du moment. […] L’éloquence, dit Voltaire, est née avant les préceptes de la rhétorique, et Voltaire a raison : il en est de même en tout genre ; c’est d’après les modèles que les leçons ont été tracées, comme l’on tire, sur le vêtement déjà fait, le patron destiné à en faire d’autres.
On reprocha dans le temps, et avec raison, au panégyriste de ce dernier de s’être mêlé fort mal à propos de discussions théologiques, étrangères à l’éloquence, et au-dessus de la portée de l’écrivain ; et d’avoir, en général, moins fait l’éloge de Fénelon, que la satire de Bossuet. […] La langue de Platon lui devint familière comme la sienne ; l’éloquence lui apprit à parler aux hommes ; l’histoire lui apprit à les juger ; l’étude des lois lui montra la base et le fondement des états : il parcourut toutes les législations, et compara ensemble les lois de tous les peuples. […] Rien de plus opposé au caractère de la véritable éloquence, que cette manière de procéder dans une composition oratoire ; et ce qui le prouve surtout, c’est qu’elle date précisément de l’époque où l’éloquence commença à dégénérer entre les mains des sophistes grecs, et finit par se perdre tout à fait entre celles de Sénèque et de ses imitateurs. […] Ce discours renferme, comme l’on voit, des beautés oratoires du premier ordre ; et c’est à tous égards, la plus estimable des productions de Thomas, quoique les vices dominants de sa manière, l’emphase et la déclamation, l’enthousiasme factice ne s’y reproduisent encore que trop souvent : quoique des vérités communes y soient quelquefois présentées avec une prétention qui ressemble à de la morgue, et données comme des idées neuves ; quoique la manie doctorale, cachet distinctif de l’éloquence philosophique, y vienne à tout moment glacer des cœurs que commençait à échauffer la sensibilité de l’orateur.
C’est d’instinct qu’il juge l’éloquence. […] Mais un ordre social, où tout semblait animé par un homme et fait pour sa gloire, pouvait-il assez inspirer l’éloquence, cette altière élève des révolutions et de la liberté ? […] Mais si le règne de Louis XIV favorisait particulièrement ce genre d’éloquence, son goût juste et noble3, son amour naturel du grand et du beau, ne devaient pas exercer moins d’influence sur toutes les formes que prit alors le génie littéraire. […] Madame de Sévigné étudiait Tacite ; et cette main délicate et légère, qui savait décrire avec des expressions si vives et si durables les scandales passagers de la cour, saisissait les crayons de l’éloquence et de l’histoire pour honorer la vertu de Turenne. […] Bossuet avait entrevu dans saint Augustin et dans Paul Orose1 le plan, la suite, la vaste ordonnance de son Histoire universelle ; et maître d’une grande idée indiquée par un siècle barbare, il la déployait à tous les yeux avec la majesté d’un éloquence pure et sublime.
L’exorde sera simple, si le sujet n’a pas grande importance ou doit être discuté froidement ; insinuant, si l’orateur a besoin de ménager les passions ou les préjugés de ses auditeurs ; pompeux, si 1a majesté du sujet permet d’étaler tout d’abord les richesses de l’éloquence ; véhément, si la passion qui anime l’orateur et les auditeurs lui permet d’entrer brusquement en matière en lançant la foudre. […] Quelle matière fut jamais plus disposée à recevoir tous les ornements d’une grave et solide éloquence que la vie et la mort de Turenne ? […] Si je ne puis raconter tant d’actions, je les découvrirai dans leurs principes ; j’adorerai le Dieu des armées, j’invoquerai le Dieu de paix, je bénirai le Dieu des miséricordes, et j’attirerai partout votre attention, non pas par la force de l’éloquence, mais par la vérité et la grandeur des vertus dont je suis engagé de vous parler. » 3° Narration. […] C’est ici qu’il faut appeler à son aide la dialectique, savoir démêler le faux du vrai, découvrir les sophismes déguisés sous les fleurs de l’éloquence. […] On voit quelle vivacité d’éloquence, quelle abondance de raisons inspire ici à l’orateur la piété filiale ; la douleur, l’indignation percent dans toute sa chaleureuse argumentation : aussi obtint-il la réhabilitation de la mémoire de son père.
La philosophie de nos jours a réprouvé ce genre d’éloquence, sous prétexte que la vérité y est quelquefois blessée, comme si cette vérité était plus scrupuleusement respectée dans les autres genres que cette même philosophie autorise ou fait valoir. […] « La tribune sainte, dit M. de La Harpe, est pour l’éloquence un théâtre auguste, d’où elle peut de toute manière dominer sur les hommes ; mais il faut que l’orateur sache y tenir sa place. […] Nous alloua examiner maintenant ses oraisons funèbres, dont quatre surtout sont des chefs-d’œuvre d’une éloquence qui ne pouvait avoir de modèle dans l’antiquité, et que l’on n’a point égalée depuis. […] Quel sujet en effet, et quelles sources il ouvrait à l’éloquence des choses et au sublime de la pensée !
Ainsi l’éloquence a précédé la rhétorique. […] Une allégorie ancienne représentait l’éloquence sous les traits d’Hercule, conduisant les hommes avec un fil d’or. L’éloquence, en effet, est une force irrésistible qui saisit les âmes, et qui les gouverne en les charmant. […] C’est la forme extérieure de l’art, et, comme disaient les anciens, l’éloquence du corps. […] Le geste, qui accompagne si bien l’éloquence, y supplée quelquefois.
Le début dans l’éloquence de la tribune et du barreau se nomme exorde. […] Les portraits, admis surtout dans le genre didactique, l’éloquence et l’histoire, ne doivent offrir que des figures dignes de fixer l’attention, être ou fidèles, ou vraisemblables, s’ils sont inventés, opportuns et variés. […] La confirmation et la réfutation formant le corps du discours dans presque tous les genres d’éloquence, c’est ici que l’on peut mentionner les classifications du genre oratoire adoptées par les rhéteurs. Les uns divisent l’éloquence en divers genres, d’après lès lieux où elle s’exerce, la tribune, le barreau, la chaire, l’académie ; Les autres, d’après le but qu’elle se propose, en genre délibératif, démonstratif et judiciaire. […] La conclusion des œuvres d’éloquence se nomme péroraison.