Le toucher corrige l’erreur de sa vue et lui révèle les formes des corps ; il distingue leur mollesse, leur dureté ; tous ses jeux sont d’actives et de profondes études. […] Et pour résumer tous ces préceptes en peu de mots, nous dirons avec Quintilien : il faut que la clarté de l’expression soit telle, que la pensée frappe l’esprit, comme le soleil frappe la vue. […] Ce défaut offre la plus grande confusion dans les idées ; c’est un brouillard qui laisse d’abord entrevoir les objets, et qui finit ordinairement par les dérober tous à la vue.
« Madame de Longueville fait fendre le cœur, à ce qu’on dit : Je ne l’ai point vue, mais voici ce que je sais. […] Votre politesse ne doit pas craindre, Monsieur, de renouveler ma douleur, en me parlant de la douloureuse perte que j’ai faite : c’est un objet que mon esprit ne perd pas de vue, et qu’il trouve si vivement gravé dans mon cœur, que rien ne peut ni l’augmenter, ni la diminuer. […] La différence est à la vue comme dans les noms. […] Une grosse houle venait du couchant, bien que le vent soufflât de l’est ; d’énormes ondulations s’étendaient du nord au midi, et ouvraient dans leurs vallées de longues échappés de vue sur le désert de l’Océan. […] Madame de Saint-Pierre, étonnée d’une vivacité qu’elle ne lui avait pas encore vue, crut devoir le punir en le privant de la promenade ; et comme il ne cessait de l’importuner par ses larmes et par ses protestations, elle prit le parti de s’en débarrasser en l’enfermant seul dans une chambre.