Ce sentiment poétique du beau fait partie de notre nature, mais l’éducation le perfectionne et l’agrandit ; elle lui donne, comme flambeau, le goût, qui éclaire et dirige le sentiment : elle prépare ainsi à l’âme les plus vraies et les plus douces jouissances, car la poésie double la vie de l’âme. […] L’humanité a dépassé le sommet de la vie ; elle descend lentement la pente opposée en s’étudiant elle-même, en réfléchissant au passé, en rêvant à l’avenir ; c’est l’âge philosophique. […] Dégoûtée parfois de ces plaisirs factices et énervants, elle va demander à la pastorale de la retremper dans les innocentes émotions de la vie champêtre ; ou bien elle exhale ses douleurs, imaginaires ou réelles, dans les plaintes de l’élégie.
Quel âge et quelle situation de la vie n’ont pas beaucoup à lui emprunter3 ? […] Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés : On n’en voyait point d’occupés A chercher le soutien d’une mourante vie ; Nul mets n’excitait leur envie2 ; Ni loups ni renards n’épiaient La douce et l’innocente proie ; Les tourterelles se fuyaient : Plus d’amour, partant plus de joie3. […] Walckenaer a donné sur lui un livre plein de recherches curieuses : Histoire de la vie et des ouvrages de Jean de La Fontaine.