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210. (1867) Rhétorique nouvelle « Première partie. L’éloquence politique » pp. 34-145

Leur âme, douce comme leur climat, s’ouvre facilement aux impressions de la pitié : ils traitent humainement leurs esclaves, pardonnent quelquefois à l’ennemi terrassé, et, dans la rage du combat, détournent leur lance de la poitrine d’un hôte.

211. (1882) Morceaux choisis de prosateurs et de poètes des xviii e et xix e siècles à l’usage de la classe de rhétorique

Son originalité est double : d’un côté, il porte des vues de génie dans les sujets qu’il traite ; de l’autre, il montre, pour la première fois en France, ce que l’éloquence, sans rien ôter à la science de sa précision, peut y ajouter d’intérêt, d’éclat, de grandeur. […] On donne au cheval de l’éducation, on le soigne, on l’instruit, on l’exerce, tandis que l’âne, abandonné à la grossièreté du dernier des valets, ou à la malice des enfants, bien loin d’acquérir, ne peut que perdre par son éducation ; et s’il n’avait pas un grand fonds de bonnes qualités, il les perdrait, en effet, par la manière dont on le traite : il est le jouet, le plastron, le bardot des rustres221, qui le conduisent le bâton à la main, qui le frappent, le surchargent, l’excèdent sans précautions, sans ménagement. […] Sans doute l’optimisme de Vauvenargues n’est pas aveugle, et il se réserve, en réhabilitant les affections primitives, de les contenir et de les diriger : il ne veut pas, dit-il lui-même, qu’on traite la morale « comme on traite la nouvelle architecture, où l’on cherche avant tout la commodité. » Il est vrai, cependant, que la vertu ainsi rapprochée de la passion se trouve dans un dangereux voisinage, et que la morale, dans ces compromis, risque de perdre de son autorité.

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