L’écrivain en fait usage pour toucher, pour émouvoir, pour maîtriser notre âme, et la mener, pour ainsi dire, au but qu’il se propose : ces figures sont propres aux passions, et sont appelées figures de mouvement ou de passion. […] Elle viendra, dit Bossuet, cette heure dernière ; elle approche, nous y touchons, la voilà venue. […] C’est ici que la poésie et l’éloquence touchent de plus près à la peinture. […] Ici, surtout, l’abus touche de près à l’usage ; et avec l’abus commencent la boursouflure, l’extravagance et le ridicule. […] Corneille, dit Voltaire, a souvent de ces alliances de mots qui touchent le sublime.
On conçoit, par exemple, que l’orateur qui prononce un panégyrique ou une oraison funèbre, peut n’être pas profondément affecté en effet du mérite qu’il loue, ou dont il pleure la perte : il suffit, pour nous toucher, qu’il paraisse touché lui-même ; l’illusion n’en demande pas plus.